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EAN : 9782021494105
352 pages
Seuil (19/08/2022)
3.31/5   27 notes
Résumé :
Le corps, noir comme la pluie et l'éclair, refuse de grandir. Armée de l'art de la dissociation, d'une liasse de billets volée et d'un Manuel mouillé, une naine prend la fuite à la pointe du jour. Des corons du Nord aux tours HLM de la banlieue parisienne, d'un squat d'artistes à un cagibi de chambre d'hôtel, d'un foyer de la Poste du XVIe arrondissement à une utopie anarchiste née du béton d'Ivry, de la débine à la débrouille, de la lutte à la révolution, c'est l'h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Si elle a quelque chose en moins, les centimètres qui lui auraient permis de se fondre dans la masse, elle a aussi quelque chose en plus. Recueillie par sa grand-mère par!ès le décès de ses parents, l'enfant se confie dans un carnet, réceptacle de toutes ses observations et de tous ses délires et ses élans poétiques.
A quinze ans, forte d'un larcin chez le voisin, et lasse de l'ambiance délétère de son quartier d'enfance, elle part à la découverte du monde.

Des rencontres successives, elle apprendra la force de l'amitié, les affres de la trahison avant d'arriver dans une communauté solidaire qui met un point d'honneur à respecter les règles qu'elle s'est inventée.

Si les débuts évoquent Dickens, la fable construite autour de ce personnage atypique rejoint l'univers des utopies construites sur une révolte sourde et désespérée.

Le récit des aventures de la narratrice alterne avec les écrits de son précieux carnet. Mais peu à peu, les repères deviennent plus flous, et entraîne le lecteur aux confins de la folie.

L'originalité du propos et l'audace de l'écriture sont tout à fait remarquables dans ce premier roman inspiré.

Une autrice à suivre

352 pages Seuil 19 Août 2022
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Une lecture tout à fait singulière, à mi-chemin (avec un S) entre le conte, la fable, la philosophie, l'initiation, le fantastique … Pas évident de classer ce livre dans une case, enfin s'il le fallait.


C'est le premier roman de l'autrice, et je pense que je lirais autre chose pour confirmer l'impression que j'ai eu en lisant ce livre.


Alors on va suivre notre héroïne, une jeune fille qui n'aura jamais grandi, qui se caractérise elle-même comme naine, qui se sent coincée là où elle vit en plus des discriminations qu'elle subit à cause de sa taille et sans doute aussi à cause de sa couleur de peau. Elle va découvrir très tôt qu'elle a la faculté de « quitter » son corps, ce qu'elle appelle la dissociation, celle du corps et de la pensée. Son corps malchanceux n'est qu'une enveloppe pour un esprit qui va chercher des « idées » dans ses pérégrinations en tant que pensée. Cet aspect du roman est assez étrange, car ces fameuses idées ne semblent pas avoir d'impact tant que ça dans le déroulé de la vie de l'héroïne (n'attendez pas que je la nomme, à aucun moment, nous n'apprendrons son prénom ou son nom.).

Les idées sont en quelques sortes un parallèle philosophique ou un idéologique fantasmé par notre narratrice, comme des conclusions disséminées parfois avant ou après le parallèle vécu dans la vraie vie.

Je ne sais pas si je suis clair, mais en écrivant ses lignes, je me demande si moi-même, j'ai tout saisi ce que j'ai lu. Car ce qui amène encore un peu de confusion, ce sont les passages d'un cahier qu'elle porte en permanence avec elle et ou elle note ses idées, il est nommé le manuel. Ces passages sont parfois assez troublants, car ils paraissent en décalage avec la trame de l'histoire en elle-même.

Les aspects du roman que je viens de traiter sont la partie qui fait réfléchir et perturbe la linéarité du roman. Car l'histoire de notre petite personne est là, digne d'un conte ou d'une fable ! Et c'est tout simplement excellent. C'est comme lire un conte contemporain, une succession d'endroits insolites de personnes sont rencontrés et partageront un bout de la vie de notre protagoniste, avec son lot d'idéaux et de morale. le tout saupoudré de fantastique de mystique. Rien ne sera facile pour l'héroïne, partout ou elle passe les épreuves seront sur son chemin. Il y a des événements tout le long de ce roman que je ne saurais classer du fait de la dissociation, ou tout simplement de nature fantastique, comme une frontière intangible qui maintient notre imaginaire en équilibre.

Ça restera une lecture jouissive pour la partie conte, mais assez ambiguë sur l'endroit précis ou veut nous amener l'autrice, qui au passage à une plume qui étaye parfaitement son ouvrage au genre non identifié.

Ah oui et une chose assez déstabilisante sont les passages du roman en italique qui des fois vous font sortir du PDV unique de la narratrice, mais vous le comprenez après quelques lignes et vous êtes traversé par le sentiment (passager) étrange d'être perdu dans votre lecture.


En somme, si vous voulez une lecture sans réfléchir, ce ne sera pas ce roman.
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Conte des temps modernes, La Dissociation marque forcément les esprits grâce à cette forme romanesque réinventée.
La Naine, héroïne, maîtrise l'art de la dissociation : s'évader par l'esprit où qu'elle soit.
Mais la dissociation n'est rien sans les Idées qui « ne naissent ni du travail ni de l'étude. Elles ne nécessitent ni lecture ni labeur. Elles surgissent des corps abattus, quand il n'y a plus d'espace pour s'échapper. Elles arrivent, bouleversent l'ordre, ouvrent en grand portes et fenêtres. »
La dissociation et l'Idée, deux thèmes intrinsèquement liés et souverains dans ce roman, vous l'aurez compris.
Ne vous attendez pas, cependant, à un voyage totalement magique, non. C'est bien la force de cette oeuvre. A travers des portraits réalistes de personnages en marge de la société, un monde nouveau se dévoile. Comme si la réalité brutale de ces gens qui font tache parce qu'ils sont différents créait une faille dans la Terre.
Vous ferez la rencontre (j'insiste bien sur ce mot de « rencontre ») de la Naine, venue du Nord de la France, appauvrie par les fermetures d'usine, d'un artiste, de gardiennes de Cité, d'immigrés et j'en passe. Des régions minières d'hier aux banlieues d'aujourd'hui, c'est une galerie de personnages marquant par leur Idées et leur volonté de se trouver leur place dans le Monde. Notez bien le Monde, pas la société...
Il faut bien l'avouer, parfois, il m'était difficile de tout comprendre car c'est une certaine philosophie qui se déroule entre toutes ces rencontres, jusqu'à la fin.
Certains passages m'ont laissée sans voix car l'écriture prend aux tripes, dans toute sa violence et son réalisme. Les meilleurs passages, stylistiquement parlant, font écho dans mon esprit à Aimé Césaire. Disons qu'ils ont la même capacité de réveiller, de frapper.
Quant à la frontière ténue entre rêve et réalité, incontestablement, c'est à Murakami que je pense. Happée par l'intrigue même si la situation m'échappe parfois. C'est la même force puisée dans les entrailles du lecteur.
Je garde précieusement ce roman car il me sera nécessaire, à coup sûr de le relire. Je remercie évidemment l'auteure pour ce voyage des plus dépaysants (démondialisants même !), ainsi que Babelio et les éditions Seuil. Les masses critiques réservent toujours de belles surprises.
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Honnêtement, j'ai voulu lire ce livre parce que j'avais la possibilité de l'avoir entre mes mains avant sa sortie officielle et parce qu'il promettait de faire un peu de bruit dans la presse. Je voulais donc avoir mon avis dessus, mais je n'avais aucune idée dans quoi j'allais tomber.

Dans ce roman, on suit une jeune femme qui, un beau jour décide de prendre la fuite pour s'échapper de sa condition et de la folie de sa grand-mère avec qui elle grandit. Cette jeune femme possède deux particularités : elle est de très petite taille, et surtout, elle possède un don : celui de la dissociation, c'est-à-dire qu'elle a la capacité de s'extraire de son corps pour s'engouffrer dans le monde des idées, un monde imaginaire et plein de surprises.

On suit cette jeune femme, depuis sa petite taille, au gré de ses aventures, de ses rencontres, mais aussi de ses notes (qui sont restées assez énigmatiques pour ma part) qu'elle prend soigneusement dans son carnet violet.

On plonge au fil des pages dans une aventure de plus en plus loufoque et picaresque marquées de rencontres. le réel poignant se mêle à un fantastique décalé si bien que l'on sait de moins en moins ce qu'il se passe et où l'on se trouve en compagnie de ce personnage aussi déterminé que barré. Mais ça fonctionne. L'écriture de Nadia Yala Kisukidi nous prend et nous emporte dans ce récit de folie.

Les personnages sont à la hauteur du récit. Profonds, marquants et dérangeants, ils sont tous en quête d'un idéal, ou peut-être d'un rêve. La personnage principale, semble quant à elle, à la recherche d'une place, d'un « chez elle », physique ou métaphysique, qu'importe puisque peut-être que finalement, c'est la même.

Ça porte une odeur d'apocalypse, ça sent les limites et la rupture. Comment ça finira, ça, je vous ne le dis pas. Ce que je peux vous dire, c'est que ce livre vaut le coup d'oeil. J'étais un peu décontenancée après l'avoir terminée. C'est une expérience qu'il faut avoir tentée. C'est parfaitement maîtrisé, si bien que, parfois, ça a pu m'échapper.
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Chers futurs lecteurs, préparez-vous à faire un saut dans le monde des Idées de la narratrice. Acceptez de lâcher prise, de ne pas tout comprendre, et laissez-vous embarquer dans ce récit perché et philosophique !

La narratrice, une jeune femme noire et de très petite taille (certains diront « naine » mais la maladie n'est jamais évoquée) vit avec sa grand-mère dans l'Ouest de la France. Cette jeune femme a un don, celui de la dissociation. Elle a la capacité de s'extraire de son corps pour pénétrer dans le monde des Idées.

Un jour, elle vole une liasse de billets et s'enfuit dans le Nord de la France. C'est le début de son voyage, et le développement des Idées, qui vont prendre de plus en plus de place dans la vie de notre narratrice.

J'ai beaucoup aimé ce roman et pourtant, je n'ai pas tout compris. Il y règne une ambiance picaresque (sans doute grâce aux personnages souvent loufoque, Luzolo l'artiste qui n'aimait pas l'art, Petit-Chat, Jeanne-Marie ou encore Rime et Selima). L'autrice est spécialiste de la pensée de Bergson et c'est vrai que pour son personnage, « la conscience est coextensive à la vie ».

Ce n'est pas un essai et c'est bien un roman, avec un fil narratif poétique, et gai ! J'ai trouvé la plume de l'autrice sublime. C'est un vrai moment hors du temps, une échappée foldingue !

Un grand merci @babelio et aux @editionsduseuil pour l'envoi de ce roman, une très belle surprise !
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critiques presse (5)
RadioFranceInternationale
31 octobre 2022
Ambitieux et profondément poétique, structuré en strates mêlant idées, politique et mythes, La Dissociation est un roman total sous la plume d’une philosophe qui n’en est pas moins une conteuse hors pair.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
RadioFranceInternationale
19 septembre 2022
Si jamais vous faites vos courses en cette rentrée littéraire, vous pourrez faire le plein de choses essentielles. Grâce à un seul roman, où il est question de joie, de rêve éveillé, de folie assumée, d’utopie politique et d’échappée merveilleuse...
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LePoint
09 septembre 2022
Miroir de notre temps, satire de nos errements, chant d’amour à l’imagination, « La Dissociation » est aussi un formidable roman picaresque.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
08 septembre 2022
Tout au long du récit, qui s’apprécie comme une série, la naine montre une qualité singulière qui donne son titre au livre: l’art de la dissociation.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
29 août 2022
La philosophe signe un premier roman bergsonien en diable, une fiction métaphysique dans la France d’aujourd’hui.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
On peut m'appeler comme on veut. Ça m'est égal. Je n'aime pas les impératifs. Un nom, c'est une saloperie, qui te force, qui te contraint : on te l'a donné, tu ne peux pas lui échapper ! Échapper à ton père, à ta mère ! À ta famille ! Tu ne peux pas balayer une longue lignée de ancêtres qui ont placé leurs espoirs en toi.
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Personne ne sait comment se termine cette vieille fable. (...). Mais moi, je la connais. Parce que je suis attentive à ce que murmure le monde. Attentive aux cyclones, aux tempêtes. Aux éboulements, aux averses. La surface est couverte de cicatrices. J'entends la rumeur du sous-sol. Les littoraux sont léchés par les marées de sel. La banquise se morcelle, pendant que fondent les neiges. La terre, une nouvelle fois, sera recouverte. Une nouvelle fois, le monde connaîtra la montée des eaux. Et l'orage, devenu fou, nettoiera tout.
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Les Idées ne naissent ni du travail ni de l'étude. Elles ne nécessitent ni lecture ni labeur. Elles surgissent des corps abattus, quand il n'y a plus d'espace pour s'échapper. Elles arrivent, bouleversent l'ordre, ouvrent en grand portes et fenêtres.
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Je suis née dans une ville d'Europe. Ces villes ont toutes les mêmes rues, les mêmes architectures, les mêmes haines, les mêmes frousses. Elles grondent sous les pavés, sous les places fleuries et ombragées. Fracassent les avenues bourgeoises et opulentes ; pourrissent dans la lumière des faubourgs. (11)
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La mémoire ne fait rien avec les trous. Soit elle invente, soit elle abandonne. Mais un trou n'est ni une perte, ni un manque. C'est une échappée, le point dans lequel se glisse le récit pour filer ailleurs. Il ne suit pas une ligne, il s'enfonce. Il navigue comme un bateau déchainé, qui s'écrase contre la houle et jaillit de l'autre côté des vagues.
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Videos de Nadia Yala Kisukidi (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nadia Yala Kisukidi
avec Arthur ASSERAF, Guillaume BLANC, Patrick BOUCHERON, Guillaume CALAFAT, Krystel GUALDÉ, Nadia Yala KISUKIDI, Malika RAHAL, Pierre SINGARAVÉLOU, Sylvie THÉNAULT et Emmanuel LAURENTIN
À l'occasion de la publication de l'ouvrage : Colonisations. Notre histoire dirigé par Pierre Singaravélou (Le Seuil)
Réunissant les meilleurs chercheurs spécialistes des questions coloniales en France et dans le monde, l'ouvrage collectif dirigé par Pierre Singaravélou, entend rendre compte de manière accessible du profond renouveau de la recherche en histoire, dans les sciences humaines et les arts ces trente dernières années.
+ Lire la suite
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