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EAN : 9782366240672
480 pages
Cambourakis (13/11/2013)
4.12/5   8 notes
Résumé :
Josef Kjellgren nous embarque – avec la "certitude du réel" de celui qui a vécu cette expérience – sur le pont et dans les entrailles de L’Émeraude, cargo à vapeur suédois traînant sa carcasse rouillée sur la vaste poitrine des océans du monde peu avant la Seconde Guerre mondiale. À son bord : un capitaine, des officiers et des hommes d’équipage ; des travailleurs liés par une solidarité profonde face à l’avenir et au danger. Ce livre épouse le rythme millénaire et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Automne 1938, Océan Atlantique
Santa Cruz, Ténérife, embarquement immédiat sur l'Eméraude, un navire à vapeur marchand, un « tramp » cabotant en fonction des livraisons et des cargaisons à pourvoir.
Un énorme bateau, dégradé, usé, rouillé arborant fièrement les couleurs bleu et jaune du pavillon suédois où plus de vingt hommes s'activent. Un monstre marin à bout de souffle. Une bête de somme épuisée à laquelle donne vie Josef Kjellgren car « Chaque navire est un être vivant. »


Au gré des relèves et des quarts passés à bord, l'Emeraude livre ses secrets et ses hommes leurs espoirs et leurs souvenirs. le capitaine fort d'une expérience de plusieurs années pressent une certaine agitation, peut-être une mutinerie en préparation. le monde se transforme, à bord les prémices de la seconde guerre mondiale sont palpables (montée du nazisme, lutte des Républicains espagnols) grâce aux journaux que les marins trouvent à quai. Tout l'équipage est aux aguets et leurs aspirations sont de plus en plus vindicatives et constructives. Les conditions de travail sont dangereuses et les conditions sanitaires exécrables (humidité, chaleur, paludisme, rats, tuberculose) peu à peu de nouvelles idées germent dans la tête de nos marins.

De beaux portraits et de curieux sobriquets permettent de nous familiariser très vite avec le rôle de chacun des membres de l'équipage et de mesurer leur solitude qu'il soit capitaine, mécanicien ou soutier tout en appréhendant leur quotidien dangereux et pénible dans les entrailles de l'Emeraude. Un univers masculin où la présence féminine ne se dessine que dans les bouges et dans les bars des bouts du monde lors de trêves attendues.


Un récit maritime puissant, plein d'énergie, nourrit de l'expérience de Josef Kjellgren (1907-1948) ancien marin, ouvrier, poète et écrivain, où il dévoile ses convictions, ses idéaux : amitié, camaraderie, courage, fraternité, solidarité. Autodidacte et représentant au même titre que Harry Martinson de la littérature prolétarienne l'auteur transcrit avec fort réalisme mais aussi des temps poétiques et lyriques les respirations et palpitations de ses compagnons, « Les hommes de l'Emeraude » et les vagissements et pulsations du navire se faisant ainsi le chantre du « foyer du peuple flottant ».


Josef Kjellgren signe dans ce volume la première partie d' une épopée maritime, une aventure humaine captivante aux portées universelles qui s'achève dans La chaîne d'or.

Une traversée longitudinale exceptionnelle frénétique et palpitante. au près de héros du quotidien, fils du vent et de la mer et citoyens du monde. Un miroir fidèle, sincère de la condition de marin et par extension de la condition humaine. Une immersion dans le monde des travailleurs de la mer.

De tragédies individuelles au drame collectif, la trame narrative nous conduit jusqu'à une fatalité inexorable. Magnifique.

L'histoire de ce vapeur suédois et de ses hommes est à découvrir.
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Dans la littérature maritime, il semblerait qu'il existe un sous-genre, celui de la littérature du prolétariat maritime. Les principaux représentants en sont probablement [Le Vaisseau des morts] de B. Traven (que je n'ai pas encore lu, bien qu'il soit sur mes étagères) et [Le Bateau usine] de Kobayashi Takiji (que j'ai lu il y a déjà un petit paquet d'années). Alors lorsque j'ai vu ce livre sur une table thématique (enfin, techniquement c'était plutôt un mur) de la nouvelle librairie qui vient d'ouvrir pas très loin de chez moi, je n'ai pas pu résister, et me voilà à embarquer avec les marins de L'Emeraude, un vieux rafiot de la marine de commerce suédoise, pour un voyage dans l'Atlantique, en direction du Nord, en ce mois de novembre 1938.
Josef Kjellgren, dont le lectorat français ne peut lire que ce roman et sa suite ainsi qu'un recueil de poèmes, est un auteur autodidacte, et je crois que cela se sent dans son écriture. On a l'impression, parfois, que ce livre a été écrit lorsqu'il avait un peu de répit, lors d'un quart ou d'une escale. En effet, il y a de temps à autres des coupures dans le style, comme si le livre avait été écrit en plusieurs fois, et n'avait pas bénéficié d'une dernière lecture qui aurait harmonisé cela. Mais je n'ai pas trouvé cela gênant, au contraire presque, j'ai plus eu l'impression de lire un travail encore rugueux, avec des aspérités, mais plein de sincérité et de simplicité aussi.
Les hommes de L'Emeraude, donc… Avec leurs noms, leurs surnoms et leurs postes, c'est parfois un peu difficile de s'y retrouver et le rôle d'équipage que le traducteur ou l'éditeur a jugé bon de mettre au début du livre est bien utile pour s'y retrouver. Il y a le capitaine, incarnation de l'autorité et de la compétence, il y a le second, taciturne et conscient de son devoir, le commis et ses petites combines, les marins de pont avec leurs personnalités et leur esprit de corps, les gars des machines avec leur fierté et leur désir de reconnaissance. Ce livre est présenté comme un roman, mais c'est plus une galerie de portraits, plus ou moins détaillés, plus ou moins reliés les uns aux autres.
Et de ce livre à la structure un peu impressionniste se dégage l'image d'une marine marchande en plein changement : les plus anciens des marins se souviennent encore de la marine à voile, les plus jeunes ont fait la guerre, d'autres l'ont passée sur les navires d'une nation neutre à la merci d'un sous-marin. Et la seconde guerre mondiale n'est pas loin, la propagation des théories socialistes et communistes dans les milieux ouvriers commence à atteindre quelques recoins.
C'est tout cela que Josef Kjellgren a mis dans ce livre, des marins fiers. Fiers de leur histoire, fiers aussi de jouer leur partie dans le concert du monde. C'est l'histoire, le monde qui bouge, et des hommes qui veulent en faire partie, des hommes qui connaissent leur place, mais qui savent aussi remettre en question les us de leur monde. Un livre tout en rugosité et en subtilité à la fois, si cela est possible. Un livre qui s'apprécie à petite dose et qui demande qu'on lui laisse le temps de diffuser son atmosphère et de laisser ses non-dits se révéler peu à peu.
Ce livre, c'est trois semaines de la vie à bord de l'Emeraude, trois semaines pleines d'événements petits et grands, et qui finissent de façon un peu abrupte, mais j'ai apprécié être la passagère de ce navire vieillissant, de pouvoir être comme une présence invisible dans le carré des officiers, sur le pont, dans la salle des machines et dans celle des cartes, parmi les marins prenant un peu de bon temps… Un livre étonnamment doux, pour ceux qui aiment le genre, peut-être pas celui des livres du prolétariat maritime, mais plutôt celui des livres de mer qui aiment leurs personnages et les respectent.
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"Il y a 3 sortes de gens : les morts, les vivants, et ceux qui sont en mer..."" Si cet été vous voulez sillonner les mers et partager le quotidien d'hommes de la marine marchande, ce roman est fait pour vous !
A l'orée de la Seconde Guerre Mondiale, vous embarquerez avec eux à bord de L'Emeraude. Dans la première partie du roman, Josef Kjellgren, ancien marin, vous fera vivre au rythme du bateau, entre les temps forts quand la navigation exige la mobilisation de tous et les temps faibles où les marins peuvent faire une pause pour parler de leur condition de vie. Une vraie immersion dans la vie quotidienne des travailleurs de la mer de cette époque. Dans la seconde partie, un naufrage oblige les membres de l'équipage et quelques passagers à attendre des secours. L'auteur en profite pour développer leur psychologie avec un retour sur leur passé. Un regard profond, humaniste sur toute cette galerie de personnages.
En plus d'être un très beau roman maritime, c'est également une lecture très touchante où l'on ressent la générosité de coeur de l'auteur envers toute cette humanité du peuple de la mer."
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Pas noté, car arrêté trop rapidement.
Malgré le thème intéressant sur la vie de l'équipage de L'Emeraude un cargo suédois en fin de vie, juste avant la deuxième guerre mondiale, malgré les critiques encourageantes, ce "roman" m'est malheureusement assez vite "tombé des mains".
Je me souviens avoir lu, ado, "Naufragé volontaire" d'Alain Bombard, "L'expédition du Kon Tiki de Thor Heyerdahl et aussi l'histoire d'un jeune mousse sur un baleinier au début du 20e siècle (quel titre ? Quel auteur ? Il est dans ma bibliothèque, mais je n'ai pas pu le retrouver).
Des décennies plus tard, en dépit de la promesse d'humanisme et de camaraderie virile (terme absolument pas ironique, au contraire), le style, les longueurs m'ont rebutés, je n'ai pas eu la volonté d'insister.
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En 1938, la magnifique odyssée des forçats de la mer d'un vieux cargo suédois cabotant le long de l'Europe.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/03/23/note-de-lecture-les-hommes-de-lemeraude-1-josef-kjellgren/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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critiques presse (1)
Actualitte
18 février 2014
Là encore, le roman a ce goût d'authenticité et d'exaltation qui capte l'attention jusqu'aux pages finales, pressenties car simplement conformes au réel.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Peu après, le Bouc se retrouva devant l’auberge du Rossignol. Il connaissait Rosie la Rousse depuis de nombreuses années.
– Salut, dit-il en entrant dans la salle.
– Salut, Charlie ! dit Rosie.
– Deux doubles whiskies, dit le Bouc. – Un pour toi, Rosie, et un pour moi !
Elle apporta la commande, posa l’un des verres sur la table et leva l’autre en signe de bienvenue, la main droite sur la hanche à la mode irlandaise.
– À la tienne, mon vieux, dit-elle. Ça fait longtemps !
– À la tienne, Rosie ! Je savais bien que tu m’attendais.
La fille et le marin vidèrent leurs verres.
– Encore deux comme ça, dit le Bouc. – À mon compte. Et puis ensuite encore deux : un à ton compte et un au mien ! Ça te va, Rosie ?
– Ça me va, Charlie, dit Rosie.
Le Bouc avala les deux doubles whiskies.
– Ah, cette eau salée, dit-il, j’en ai avalé de ces quantités !
– Vas-y, Charlie, bois, dit la fille. – Je le connais moi aussi, le goût de l’eau salée.
– Allez, on trinque encore une fois. À la tienne, Rosie ! – Tu es une chic fille. Ça fait longtemps que j’ai envie de venir te voir !
– À la tienne, Charlie, tu es un bon gars ! Tu es toujours le bienvenu chez moi.
Après cela, le Bouc se rejeta en arrière et regarda autour de lui, l’air satisfait. Tout à coup, il remarqua qu’il était seul dans la salle de l’auberge.
– C’est bien vide et silencieux, dit-il.
– Les descentes, dit Rosie.
– Les descentes ? demanda le Bouc, étonné mais un peu distrait.
Visiblement, la bonne rincée de whisky dont il s’était gratifié commençait à produire son effet.
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[Ces vieux navires] ont été endommagés par d’innombrables tempêtes, entre les bras de l’océan toujours aussi impatient. Et pourtant, dans tous les ports, on voit chaque soir leurs feux s’allumer sur leurs écrans. D’abord le feu vert. Puis le feu rouge. Et enfin le fanal de tête de mât, le plus brillant de tous. - Et ces navires, chargés jusqu’à la lisse de pavois, quittent lentement le quai pour gagner une fois de plus le large, lentement et comme à regret, ans l’obscurité et dans la nuit, sous une voie lactée d’étincelles et de flammèches qui sortent de leur cheminée, afin de faire user un peu plus encore le fond de leur coque par la mer.
On entend encore la drosse racler, maille après maille, pour chercher le nouveau cap.
On entend encore le bruit des pas de millions d’hommes de quart qui arpentent le pont de leur navire depuis des journées sans nombre.
Et l’on entend même encore l’écho de chacune des voix humaines qui a retenti à bord. (p. 215-216).
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L’Émeraude doubla prudemment l’entrée du port en piquant de la proue. Dès qu’elle fut visible, une demi-douzaine de barques partirent à sa rencontre. L’employé de la firme de courtage Siemen et Fils, qui attendait impatiemment l’un des paquebots en provenance du continent européen, fourra dans sa poche une feuille de dossier et grommela d’étonnement : – Qu’est-ce qu’il vient fiche dans le port, celui-là ?
L’Émeraude n’était pas attendue à Tenerife. Dans toute la ville de Santa Cruz, noyée de soleil, personne n’avait jamais entendu parler d’elle. Mais elle était pourtant là, après trois semaines de cabotage. Sur la passerelle, le transmetteur d’ordres tinta pour la dernière fois. Le timonier pouvait lâcher la roue. Le quart était fini. Déjà une vingtaine de brasses de la chaîne de l’ancre de droite filaient en cliquetant par l’écubier. L’ancre de gauche suivit aussitôt après. Sous l’effet du frottement, des étincelles jaillissaient entre les plaques de rouille. Sur le pont des embarcations, la petite baleinière était suspendue dans le vide au bout de ses bossoirs. Les cordes des palans se trouvaient déjà entre les mains de volontaires, tant du pont que de la machine. À ce moment précis, il y avait sur le pont de cette vieille bête de somme malmenée par les flots plus d’hommes qu’il n’en fallait véritablement.
À l’arrière flottait le drapeau bleu à croix jaune. De chaque côté, de la proue à la poupe, le flanc du navire était également peint en bleu et jaune. Même les prélarts un peu trop grands qui maintenaient en place la pontée portaient les couleurs suédoises. Ceci avait été imaginé à l’intention des avions qui, eux, portaient dans leurs flancs des cargaisons de bombes. Rien n’avait été épargné de ce qui pouvait placer L’Émeraude sous la protection de la neutralité de son pays d’origine.
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