Avec
Triangle,
Mac Barnett et
Jon Klassen signent un album inattendu et désopilant ! Dans cette histoire, il y a
Triangle qui vit dans une contrée où tout (maisons, portes, cailloux, feuilles...) prend une forme résolument triangulaire ; et, au-delà d'une inquiétante zone intermédiaire aux contours indéfinis, Carré, chez qui tout est systématiquement (et presque obsessionnellement) carré. Un beau jour,
Triangle décide de jouer un tour à Carré, mais il pourrait bien être pris à son propre piège !
Cette fable est d'autant plus percutante que le graphisme des dessins est minimaliste : les yeux ronds des deux protagonistes leur donnent tour à tour un air blasé, déterminé (voire un peu psychopathe ?), surpris, effrayé, revanchard… Cette intensité réduite à sa plus simple expression nous a bien fait rire. Et il faut bien dire que les enfants s'identifient facilement à cette histoire de farce douteuse et d'arroseur arrosé ! Mes enfants (plus grands que la cible de l'album avec leurs 8 et 9 ans) ont retrouvé avec plaisir le trait doux, si caractéristique de
Jon Klassen qui a baigné toute leur enfance – mais qui n'est pas, je trouve, sans rappeler celui de Leo Lioni que nous aimons beaucoup aussi.
Peut-être suis allée un peu loin dans l'interprétation de l'album, mais j'y vu, à travers le ridicule de l'aspiration à ne côtoyer que ses semblables, une jolie invitation aux échanges et au métissage.
Seule réserve : la chute, qui m'a semblé tomber un peu "comme un cheveu sur la soupe". Mais nous avons fait l'expérience que cela n'empêche aucunement d'apprécier ce bel objet, y compris, vues la richesse des métaphores et l'ironie du dessin, avec des enfants un peu plus grands.
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