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EAN : 9782330129170
176 pages
Actes Sud (25/09/2019)
3.8/5   30 notes
Résumé :
Le vide, comme le temps ou la matière, a hanté l’histoire de la philosophie et celle de la physique. Mais les philosophes et les physiciens parlent-ils de la même chose ? Les premiers considéraient que le vide n’existe pas vraiment, alors que les seconds prouvent son existence au milieu du XVIIe siècle. Étienne Klein nous montre que la vie du vide est contre toute attente une vie dense… Et de plus en plus dense à mesure que la physique progresse. Au XXIe siècle,le v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

Étienne Klein est physicien et philosophe. Une double compétence assez rare mais intéressante. Il applique cela dans ce livre pour présenter le sens du mot "vide" en philosophie et en sciences (physique).

Un verre vide ou le "vide intérieur"...

En philo, le vide serait plutôt ce qui n'est pas. Mais si on peut dire "ce qui n'est pas"... le simple fait de pouvoir le dire, ça dévient quelque chose. Et le néant ? Pareil ! L'être et le néant !!! Ça fait penser à Sartre. Mais pas que. On se cassait la tête depuis longtemps sur ce qui serait le "non être" ou le "néant".

Et en physique ? Un verre vide n'est pas vide puisqu'il y a de l'air. Et si on se dit qu'il serait vide si on arrivait à enlever toute matière, toutes les molécules à l'intérieur... La encore, il y aurait un espace défini en trois dimensions et parfaitement délimité. Mais il ne serait pas encore vide puisqu'il existerait encore des champs magnétiques et de la lumière qui pourraient le traverser.

Alors, si on part dans le domaine de la physique quantique... on apprend que même si on arrivait à enlever toutes les molécules et les atomes d'un espace, il serait impossible de ne plus avoir aucune particule subatomique dans un espace délimité.

On est bien dans le titre du livre "Essai sur le vide et ses métamorphoses". le vide absolu n'existe pas, mais on va pouvoir continuer à utiliser le mot "vide" et on va se comprendre selon le contexte.

Comme quoi... il y a des concepts que l'on ne pense pas qu'il y a autant à dire et surtout avec passion...

Étienne Klein est un très bon scientifique et vulgarisateur. Il est possible que tous ses écrits ne soient pas simples à suivre, mais je me plais beaucoup à le lire.
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Etienne Klein est un formidable pédagogue ! En convoquant les meilleurs philosophes et les meilleurs physiciens, il nous initie, non sans humour, sérieux et style, à la difficile distinction entre le Néant et le Vide.

Le premier apparaît comme la négation absolue de l'être, à telle enseigne qu'il ne devrait même pas être objet de pensée sous peine de n'être plus tout à fait néant, puisque appréhendé par un être pensant qui en définitive le substantialise en objet mental. Au fond, dès qu'un être pense le néant, celui-ci cesse de l'être tout à fait.

Attention, ce Néant qui n'a ni contour ni étendue ni rien en définitive n'est en rien un Rien lequel, est déjà un petit quelque chose ; le Néant n'est donc pas Rien.

Cependant, je ne peux m'empêcher de me demander : Puisqu'il y a quelque chose, à quoi bon réfléchir sur le Néant "ontologique" qui de mon point de vue semble plutôt correspondre à l'angoisse de la finitude de l'être humain pensant et conscient de son retour au néant à l'issue de son existence.

Je n'ai pas été là, comme vous d'ailleurs, durant les 13, 5 Mds d'années qui se sont écoulées jusqu'à ce que j'existe et vous aussi.
Soit 13,5 Mds d'années de néant personnel, alors qu'il y a toujours eu quelque chose !

Pas compliqué à comprendre, le néant, est un sujet personnel, subjectif et non objectif, c'est la conscience que j'ai de ma propre réalité qui n'a pas été, qui est, et qui ne sera plus.

Du reste, plutôt que de parler de l'être et le néant, on devrait considérer l'être et SON néant, inséparable comme les deux faces d'une pièce puisqu'il n'a pas été, est advenu et disparaîtra dans un immense quelque chose qui s'appelle L Univers qui lui, EST.


Le Néant n'existe donc que pour le vivant provisoire que je suis, et non de façon absolue, car de toute éternité il y a quelque chose indépendamment de moi, et de vous...

De plus, ce néant ne saurait se confondre avec le Vide qui ne se conçoit que dans une étendue, c'est-à-dire l'espace ; le Vide, est concret, il est l'expression d'un contenant sans rien dedans.


Mais en est-on si sûr ? Les physiciens ont été obligés d'admettre que le Vide, surtout le vide quantique, contient toujours quelque chose, des petits riens qui traversent fugacement la réalité.

Le Vide, virtuellement plein, révèle ses minuscules secrets à la moindre excitation ; ce qui amène une foule de questions et de débats infinis chez nos grands Cerveaux de la physique et des mathématiques.

Il y a tant de mystères dans cet univers, à la fois vide et empli d'objets, que les savants se perdent en conjectures sur ses origines, son sens, son but. Pourquoi est-il là ? "Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que Rien ?"

Bon, je ne sais pas si vous m'avez suivi, en tout cas, je vous recommande chaudement la lecture de ce petit bijou de réflexion.

Pat
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Avec ce petit livre « léger », façon de parler, disons que le ciel redevient bleu dans l'imaginaire…

Le vide est un « cabinet de curiosités ».

« Dans notre langage est déposée toute une mythologie. » (Ludwig Wittgenstein).

Si vous voulez tout savoir sur le vide, faites le dans votre tête et emplissez la de ce qu'Étienne Klein, qui excelle dans l'art d'expliquer simplement, nous raconte à son propos en faisant le tour de ce « néant », ce « chaos », ce « vide », ce « non-être qui est » décliné en philosophie « en une palette baroque » passant par de nombreux noms des plus célèbres et persiste en physique : « vaste désert géométrique, arrière-monde empli d'entités nomades et léthargiques qui serait la matrice de la matière, sorte d'éther dépourvu de toute matérialité mais pleinement existant, quintessence cosmique dynamisant en sourdine l'expansion de l'Univers… (…) avec ses multiples concepts appelés « temps », « espace », « vide », « matière », « énergie », sans que les mêmes mots recouvrent les mêmes réalités… »

Le voyage d'Aristote à Wittgenstein – en me limitant par ordre alphabétique aux premières lettres du premier et du dernier des philosophes, poètes et scientifiques cités, dont les idées ont traversé et imbibé nos connaissances de ces temps fossilisés à nos jours : Parménide, Levinas, clément Rosset, Artaud, Diderot, Bergson, Démocrite, Platon, Procrus, etc., la liste est longue – est évidemment copieux et savoureux, disséquant notre connaissance sous tous ses impacts sociologiques pour le dire brièvement.

« Les avatars du vide contemporain, au double sens du terme – aventures ou mésaventures, et pluralité d'incarnations – , sont les marqueurs d'un inaboutissement conceptuel : à l'évidence, le « fond du fond des choses » n'a pas été dévoilé, identifié, compris, tant s'en faut. »

Pour ma part j'ai jubilé, je crois bien que le mot n'est pas trop fort, à la découverte du modèle du vide quantique proposé par Paul Dirac (aujourd'hui délaissé) « Une mer inobservable gorgée d'électrons d'énergie négative. » Mais son remplaçant plus « vivant » n'en est pas moins tout aussi jubilatoire me faisant imaginer dans celui-ci les traces de cet inconscient collectif qui nous tiraille… Bien évidemment, cette longue histoire du vide nous transporte vers les trous noirs dont les bords sont gris et d'où s'échappent parfois « des ombres fantomatiques surgissant dans le monde réel. »

« le vide quantique est, nous l'avons dit, un espace empli de paires de particules et d'antiparticules virtuelles qui sans cesse se matérialisent et s'annihilent aussitôt. Mais au bord de la surface d'un trou noir, l'énergie du champ gravitationnel est si intense que les particules et les antiparticules virtuelles qui forment ces couples furtifs (électron/positron) peuvent emprunter une part de cette énergie et se matérialiser pour de bon. »

J'ai également vivement apprécié qu'Etienne Klein pointe du doigt sur l'énorme problématique de la sémantique :

Ces avatars du vide indiquent également la nécessité de revoir certains modes de désignation : trop de significations dispersées sont données à un seul et même mot… Or, comme l'avait déjà noté Antoine Laurent de Lavoisier, l'inventeur de la chimie moderne, la science réclame, lorsqu'elle progresse, que le langage lui-même soit perfectionné : « On ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et quelque certains que fussent les faits, quelque justes que fussent les idées qu'ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n'avions pas des expressions exactes pour les rendre. » de tels propos, tenus au moment de la Révolution française, demeurent d'une grande justesse, alors même que la production des connaissances s'accélère. Irréductiblement, un déphasage s'accroît entre ce qui est communément dit et ce qui est nouvellement su. […]

Une telle continuité sémantique en dépit des métamorphoses du signifié interroge : provient-elle de ce que les concepts physiques fondamentaux sont toujours solidaires de catégories plus générales de la pensée qui, elles, ne varieraient quasiment pas ? Ou bien de jeux de langage peu évolutifs qui orienteraient systématiquement nos façons de dire, par conséquent de réfléchir ?

Conclusion qui s'achève sur l'excellent rappel du Procès de Kafka quand l'homme bloqué par une sentinelle stupide « a attendu en vain, et finit par mourir, sans rien savoir de plus. »
Lien : https://zoegilles.net/des-li..
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En interrogeant « le Néant, le Vide, le Rien », Etienne Klein pousse le profane au bord du « Trop plein », trop-plein d'interrogations, de références et d'ignorance. « le Néant, le Vide, le Rien » agite les réflexions des philosophes. Y réfléchir est donné consistance à des définitions improbables ; l'oxymore naît avec l'éclosion de la pensée. Etienne Klein convoque les grands noms de l'Antiquité à l'époque contemporaine, aborde les perceptions différentes de l'Occident et celles de l'Orient… Galilée, au XVII ème siècle, démontre l'existence du vide ; la Science rompt le discours millénaire et povoque d'autres interrogations. La Physique Quantique ouvre d'autres contradictions… Les recherches en Astronomie multiplient les questionnements. Les mots, les pensées limitent notre intellect. Un livre court, dense, il demande relectures et provoque le vertige devant l'inconnu. La démarche est revigorante.
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On retrouve le style Klein, avec des phrases alambiquées à tiroirs et apories en tous genres se succédant à un rythme soutenu. On s'estime satisfait, quand on a compris une phrase complète ! L'auteur aime jouer avec les mots et en disséquer le sens premier, ce en quoi il n'a pas tort !Il s'appuie sur de nombreuses références philosophiques et dans la deuxième moitié du livre, on renoue avec l'essentiel des théories physiques actuelles qu'il essaie d'exposer aussi pédagogiquement que possible.
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critiques presse (1)
Telerama
17 octobre 2022
Cet habitué des cimes et des ultra-trails a d’abord le don de lever des paradoxes pour nous empêcher de penser en rond. Et de nous entraîner sur les pas de théoriciens qui, depuis toujours, l’accompagnent dans ses réflexions, comme Einstein ou Ettore Majorana. On le lit — même quand il se répète. Ou plutôt on le dévore...
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
“S’il est vrai qu’une grosse pierre se meut, par exemple, avec huit degrés de vitesse et une plus petite avec quatre degrés, que s’ensuivra-t-il si on les attache l’une à l’autre [c’est moi qui souligne]89 ?”

Pour comprendre la démarche, tentons de raisonner comme Galilée : l’ensemble formé par les deux pierres étant plus lourd que la seule grosse pierre, il devra tomber plus vite qu’elle. Toutefois, pendant la chute, la petite pierre chutant moins vite que la grosse va tendre la corde qui la rattache à elle et ainsi faire “parachute”, de sorte que l’ensemble tombera moins vite que la seule grosse pierre. Conclusion : les deux pierres attachées l’une à l’autre tomberont à la fois plus vite et moins vite que la plus lourde… Une contradiction s’était donc dissimulée dans la loi d’Aristote, contradiction que Galilée découvre sans faire d’expérience concrète et qu’à son époque l’observation seule ne pouvait révéler.
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Le vide, c’est à la fois toute une histoire et tout un monde, à la couture de la philosophie et de la physique.
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Une telle continuité sémantique en dépit des métamorphoses du signifié interroge : provient-elle de ce que les concepts physiques fondamentaux sont toujours solidaires de catégories plus générales de la pensée qui, elles, ne varieraient quasiment pas ? Ou bien de jeux de langage peu évolutifs qui orienteraient systématiquement nos façons de dire, par conséquent de réfléchir ? (p. 165).
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l’essentiel de l’atmosphère ne constitue qu’une très fine peau dont l’épaisseur représente moins d’un millième du diamètre de la Terre. Cela ne devrait-il pas nous inciter à davantage en prendre soin ? La mince couche de gaz dans laquelle nous respirons est physiquement impossible à remplacer.
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Videos de Étienne Klein (74) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Étienne Klein
Où en est-on de l'exploration de la planète rouge ? Y enverra-t-on bientôt des hommes ? Comme l'a écrit notre invité Francis Rocard : "Certains pensent que l'entreprise est impossible. Pourtant, l'impossible est aujourd'hui en préparation."
Pour aborder toutes ces questions passionnantes, Etienne Klein reçoit : Francis Rocard, astrophysicien et responsable du programme d'exploration du système solaire au CNES. Virgile Malarewicz, jeune docteur en planétologie martienne, dont le travail de thèse a porté sur la formation et l'évolution de la croûte primitive martienne.
Visuel de la vignette : le film "Seul sur Mars" ("The Martian"), sorti en 2015. L'acteur américain Matt Damon incarne l'astronaute Mark Watney resté seul sur la planète rouge dans un campement. (TWENTIETH CENTURY FOX) / AFP
#mars #astronomie #espace __________ Retrouvez d'autres grands entretiens scientifiques par ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrr_Kd-8Hzj20Jo6qwhHOKI7
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