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Critique de Eric75


Je suis devenu un fan inconditionnel d'Étienne Klein depuis quelques temps ; comment ne pas l'être en considérant la qualité de sa production et ses prouesses pédagogiques, rendant accessibles des thèses scientifiques de très haute volée qui pourraient passer pour du chinois aux yeux des vulgaires pékins (vulgum pecus) que nous sommes ? Étienne Klein est professeur à l'École centrale et docteur en philosophie des sciences, il dirige le Laboratoire de recherches sur les sciences de la matière du CEA, qu'il a lui-même créé, et en tant que vulgarisateur et auteur d'ouvrages scientifiques, il impose désormais son style, fait d'un habile mélange de sérieux et d'humour.
De l'humour, on en trouve à revendre dans cet ouvrage, et plutôt sept fois qu'une.
Étienne Klein replace les avancées scientifiques considérables que furent la physique quantique et la relativité générale dans leur contexte historique du début du XXe siècle, relate les parcours individuels, les intuitions et les découvertes, indissociables du mode de vie des savants de l'époque : ces messieurs voyageaient beaucoup d'un pays à l'autre, donnaient ou assistaient à des conférences, s'échangeaient de nombreux courriers, s'invitaient entre eux, s'auto-congratulaient à qui mieux-mieux à chaque fulgurance de leur indéniable génie, mais c'était bien là la moindre des choses. Étienne Klein a choisi de parler de sept d'entre eux : George Gamow, Albert Einstein, Paul Dirac, Ettore Majorana, Wolfgang Pauli, Paul Ehrenfest et Erwin Schrödinger.
George Gamow a été LE précurseur de la vulgarisation des théories révolutionnaires qui ont émergé au début du siècle. On se souvient des fameuses aventures de Mr Tompkins au pays des merveilles, imaginées par George Gamow, qui fit briller dans nos yeux de jeunes lecteurs les étoiles du cosmos et du big-bang dont il savait si bien parler. Étienne Klein rappelle qu'avant d'être un vulgarisateur de talent, Gamow fut le premier à entamer des recherches en physique nucléaire (à s'intéresser au noyau de l'atome), à découvrir l'effet tunnel, à expliquer la radioactivité alpha et à explorer les premiers instants de l'Univers en associant la cosmologie à la physique des particules.
Albert Einstein, que l'on ne présente plus, était obsédé par la synchronisation des horloges (on apprend que c'est là un objectif stratégique militaire, lancé en Allemagne par le comte von Moltke en 1891) et au-delà, par la signification conceptuelle du temps et de la simultanéité des événements. Ses réflexions et ses expériences de pensée le conduisirent à révolutionner totalement notre compréhension de l'espace et du temps en 1905.
Paul Dirac, fervent amateur d'esthétisme dans les équations, conçut une équation d'onde relativiste de l'électron et découvrit l'antimatière de façon théorique en 1931 avant qu'on ne la détecte en laboratoire des années plus tard.
Ettore Majorana (le moins connu des sept, mais il en faut bien un) fut le prophète du neutron, il rédigea seul dans son coin une théorie totalement en avance sur son temps de l'électrodynamique quantique qui ne sera découverte qu'après sa mort, sa disparition mystérieuse masquant un suicide probable.
Wolfgang Pauli, le petit génie des maths, inventa le principe d'exclusion qui porte aujourd'hui son nom et le neutrino. le neutrino fera son apparition pour la première fois dans un réacteur nucléaire vingt-cinq ans plus tard.
Paul Ehrenfest, dans l'ombre de son ami de toujours Albert Einstein, se voyait comme un physicien raté malgré les découvertes mises à son actif. Comme Majorana, son destin raconté ici avec beaucoup de pudeur sera des plus tragiques.
Erwin Schrödinger, célèbre pour son équation et son chat qu'il aimait mettre en boîte, était également un coureur de jupons invétéré. Il mit au point son équation ondulatoire de l'électron lors d‘une escapade en galante compagnie. On lui reconnait donc un petit faible, voire une obsession quasi-libidineuse, pour tous les états superposés quels qu'ils soient.
Étienne Klein nous parle de l'histoire des sciences fondamentales à travers ces sept destins de savants hors du commun. Riche en anecdotes originales et parfois burlesques, toujours étayé et référencé par des notes, son récit est pétri d'un humour de bon aloi voire potache (humour souvent dû aux personnalités des savants eux-mêmes), qui parvient à gommer tout aspect rébarbatif traditionnellement dévolu à ce type de lecture. Un essai passionnant et accessible à tous.
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