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Ce gros livre (plus de 800 pages en livre de poche) est proprement effarant. Il décrit avec une profusion de détails la brutalité et la violence avec lesquelles le néo-libéralisme s'est implanté dans le monde depuis les épouvantables dictatures des années 70 en Amérique du sud (Chili, Equateur, Argentine, etc), en Russie après l'effondrement de l'Union Soviétique en 1991, en Irak avec la seconde guerre du Golfe de 2003 jusqu'au tsunami du Sri Lanka en 2004 ou l'ouragan de la Nouvelle Orléans en 2005.

C'est une véritable thèse que propose l'auteure, la canadienne Naomi Klein. Elle repose sur ce qu'elle appelle la stratégie du choc ou le capitalisme du désastre.

Le néo-libéralisme repose sur trois piliers : Privatisation, déréglementation, réduction des dépenses publiques. Développée par l'économiste Milton Friedman et l'Ecole de Chicago, cette politique économique s'oppose frontalement à celle de l'économiste John Maynard Keynes pour qui le capitalisme doit être régulé par l'Etat pour permettre une redistribution des richesses des plus riches vers les plus pauvres, capitalisme qui s'est imposé après la seconde guerre mondiale permettant une nette réduction de la pauvreté et le développement d'une importante classe moyenne (nos trente glorieuses en France).

Le problème de Milton Friedman et de ses élèves était que le néo-libéralisme, qui amène l'enrichissement phénoménal d'un petit nombre et l'appauvrissement de tous, ne pouvait s'implanter que contre les peuples et leur fâcheuse tendance à préférer l'amélioration de leur condition à leur détérioration. le génie de Milton Friedman fut de comprendre que l'on pouvait imposer cette nouvelle voie quand la population était mise en état de choc et de sidération par un événement terrifiant et traumatique. Cet événement peut être soit provoqué (dictature, guerre) soit naturel (ouragan, tsunami, épidémie, etc). C'est la stratégie du choc ou le capitalisme du désastre.

Evidemment, pour parvenir à mettre en place ce capitalisme destructeur, il faut la complicité des gouvernements. En l'occurrence, pour tenter la première expérience de néo-libéralisme, il a fallu la complicité active du gouvernement des Etats-Unis (CIA, services secrets, etc) qui a préparé le coup d'Etat de Pinochet au Chili en étroite symbiose avec l'Ecole de Chicago et Milton Friedman. En aucun cas il ne s'est agi d'un simple coup d'Etat d'une armée désireuse de prendre le pouvoir pour le pouvoir, mais bien de mettre fin à l'expérience de socialisme démocratique du président élu Salvador Allende et de la remplacer par le néo-libéralisme. Tout était prêt au moment du coup d'Etat et, profitant de la terreur infligée par l'armée, la transformation économique commence aussitôt sous la houlette des économistes américains de l'Ecole de Chicago mais aussi d'économistes chiliens formés à Chicago par un programme universitaire financé par les USA plusieurs années auparavant. Les violences atroces perpétrées au Chili à cette époque pour briser toutes les résistances et anéantir l'idée même de révolte, permettront sans difficulté de privatiser toutes les compagnies d'Etat, de déréguler l'économie et de réduire les dépenses publiques à leur plus simple expression. Les grandes multinationales américaines dépèceront le pays en s'emparant à bas prix des entreprises nationales chiliennes. La grande bourgeoisie chilienne profitera également de cette curée, bien heureuse de s'être débarrassée de Salvador Allende, mort dans la prise du palais présidentiel par l'armée.

Milton Friedman est à la manoeuvre et ira même jusqu'à rencontrer Pinochet à Santiago en 1975 qu'il assurera de son soutien dans la poursuite des réformes économiques, lui déclarant en prime (on dirait une boutade cynique) une sorte d'épitaphe concernant Allende et son régime : « Selon moi, l'erreur principale fut de croire qu'il était possible de faire le bien avec l'argent des autres ». le résultat, hélas, est bien connu. Privatisation (licenciement de dizaines de milliers de salariés, baisse des salaires), dérégulation et réduction des dépenses publiques amenèrent un effondrement du niveau de vie de l'immense majorité des Chiliens. Qu'importe ces résultats catastrophiques, les grandes compagnies font des profits considérables et la richesse s'accumule (en haut…) sans jamais profiter à la population.

Je ne vais pas décrire ici tous les exemples donnés par Naomi Klein à l'appui de sa thèse. Elle passe en revue d'autres dictatures du même tonneau en Amérique du sud à la même époque où la même transformation économique s'exerce sous la terreur de l'armée avec l'Ecole de Chicago et Milton Friedman à la baguette. Ensuite, deux exemples sont particulièrement édifiants, celui de la Russie et celui de l'Irak.

Au cours des années 80, Gorbachev arrive au pouvoir à la tête de l'Union Soviétique. Il comprend vite que les choses doivent changer et que la dictature totalitaire dans son pays n'est plus viable à long terme, au risque d'une déflagration sociale qui mettrait en péril tout le système. Il décide de s'orienter vers une nouvelle voie qu'il imagine proche de celle de la Suède, une social-démocratie progressiste, telle que celle orchestrée par le premier ministre de cette époque (Olof Palme). On pourrait dire aussi proche du socialisme démocratique de Salvador Allende. Il engage des réformes basées sur ce qu'il appelle la Perestroïka (reconstruction) et la Glasnost (transparence). Il fait élire librement un parlement représentatif de toutes les régions de la Russie.

Ces changements, appréciés par la population, se brisèrent sur une tentative de putsch de militaires réactionnaires, hostiles aux changements. Quelques chars encerclèrent le parlement nouvellement élu. Boris Eltsine, récemment élu au suffrage universel Président du Soviet suprême de la république socialiste soviétique de Russie, devint célèbre dans le monde entier à cette occasion en montant sur un char et en exigeant le retour des troupes dans la caserne. Curieusement, ceux-ci, sans tirer un coup de feu, obtempèrent et abandonnent la place. Voilà des putschistes peu déterminés dira-t-on, et on peut effectivement s'étonner de la facilité avec laquelle cette tentative de coup d'Etat fut stoppée… Quoi qu'il en soit, Eltsine profite de sa notoriété nouvelle et de son immense popularité dans la population à la suite de ce fait d'armes pour écarter Gorbachev de la présidence du parti communiste, prendre le pouvoir et obtenir les pleins pouvoirs du parlement en 1991.

Il se lance aussitôt, sous la férule des USA, du FMI, de l'Ecole de Chicago et de Milton Friedman, dans des réformes libérales d'une brutalité extrême (privatisation, dérégulation et réduction des dépenses publiques). C'est là que les choses se corsent. A l'époque, selon un sondage, 67% des Russes pensaient que les coopératives de travailleurs étaient la façon la plus démocratique de privatiser les actifs de l'Etat. En 1992, le parlement librement élu s'opposa à ces réformes. Il limogea le ministre de l'économie et retira à Eltsine les pleins pouvoirs qu'il lui avait accordés un an auparavant. La démocratie faisait obstacle au néo-libéralisme.

Eltsine décréta l'état d'urgence et, malgré la Cour constitutionnelle qui statua (à neuf membres contre trois) qu'Eltsine violait la constitution, ce dernier s'engagea dans ce qu'on appelait à l'époque « la solution Pinochet ». Il dissout le parlement et le fait encercler par les militaires. Les moscovites qui venaient soutenir le parlement furent au cours d'une de leurs manifestations pacifiques accueillis par l'armée qui tira dessus à la mitrailleuse (cent morts parmi les manifestants). Puis, Eltsine fit donner l'assaut au parlement. le Boston Globe relate ainsi cet assaut : « Dix heures durant, hier, environ 30 tanks et blindés de l'armée russe ont encerclé l'immeuble du parlement et l'ont pilonné à coups d'explosifs tandis que les troupes d'infanterie l'arrosaient de tirs à la mitrailleuse ». La résistance de la population et du parlement est brisée et Eltsine reprend les réformes néo-libérales à marche forcée.

La stratégie du choc fonctionne parfaitement, les sociétés d'Etat russes sont démantelées, rachetées par des sociétés américaines et d'anciens apparatchiks de l'ex Russie soviétique (qui formeront les fameux oligarques dont on parle encore). le chômage devient vertigineux, le niveau de vie des Russes s'effondre, le pays est dévasté par ces réformes qui provoquent un enrichissement faramineux des sociétés occidentales et des oligarques russes. Quand Eltsine plus tard quittera le pouvoir au profit de son premier ministre Poutine, celui-ci continuera la même politique économique. Avec une nuance, il mettra au pas les oligarques qui le défiaient dans sa dérive dictatoriale, en mis un certain nombre en prison (d'autres prirent le chemin de l'exil) et ne conserva que ceux qui lui firent allégeance.

Un autre exemple édifiant et terrifiant est celui de l'Irak. Après le choc traumatique des attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001, Bush n'eut aucune peine à convaincre la population américaine qu'il fallait combattre le terrorisme. Il envahit d'abord l'Afghanistan pour débarrasser le pays des Talibans et l'Ecole de Chicago fit le reste, dépeçant un nouveau pays au profit des multinationales américaines. Là encore, la thérapie de choc fut brutale, appauvrit dramatiquement une population déjà pauvre et, au lieu d'affaiblir les Talibans chassés du pouvoir par l'armée américaine, les renforça. On connaît le résultat : 20 ans après, ils sont revenus au pouvoir et les américains ont quitté le pays la queue entre les jambes. Mais pourquoi donc, en 2003, attaquer Saddam Hussein, un dictateur laïque qui opprimait les religieux et représentait objectivement une aide dans la lutte contre le terrorisme islamique ?

La raison en est hélas fort simple. Washington pensait qu'il était temps, profitant du traumatisme du 11 septembre dans la population américaine (prête désormais à gober n'importe quelle propagande) d'implanter le néo-libéralisme dans le monde arabe qui constituait un ilot non encore gagné à la « bonne cause » du profit des grandes entreprises privées. A partir d'un seul pays, le néo-libéralisme pourrait ensuite se répandre dans tout le monde arabe, pensaient-ils. On sait maintenant, grâce à de nombreux documents déclassifiés, que les Américains hésitèrent. La Syrie ? le Liban ? L'Irak ? le choix se porta finalement sur l'Irak. Les mensonges les plus absurdes déferlèrent alors sur les médias américains pour préparer l'opinion (armes de destruction massive en Irak, une armée irakienne si puissante qu'elle était la deuxième armée du monde, menace d'un conquérant islamique (Saddam Hussein) se prenant pour un nouveau Saladin sur le point de se lancer dans la conquête de tout le Moyen-Orient, etc).

Sans l'aval de l'ONU (on se souvient du discours de Dominique de Villepin à l'ONU dénonçant le mensonge des armes de destruction massive), les américains et quelques alliés (la Grande-Bretagne comme toujours) attaquèrent l'Irak. Appliquant la stratégie du choc, Bagdad fut bombardé comme jamais. Une terreur aveugle (pire encore que les Russes en ce moment en Ukraine) s'abattit sur la ville. En 2003, on lança parfois plus de 380 missiles de croisière Tomahawk en une journée. Entre le 20 mars et le 2 mai, les américains laissèrent tomber sur l'Irak plus de 30 000 bombes et plus de 20 000 missiles de croisières, soit 65% de la production totale de tels engins depuis leur invention. Ecrasés sous les bombes, toutes communications coupées (plus de téléphone, de radio ou de télévision), incapables de savoir même ce qui se passait, les Irakiens se terraient dans leur cave n'ayant pour seul but que de survivre à cette apocalypse. On imagine mal l'horreur subie par cette population, elle qui de plus souffrait déjà depuis de nombreuses années de la dictature de Saddam Hussein. La résistance de l'armée irakienne fut brisée en quelques semaines. le champ était libre pour imposer le néo-libéralisme au pays tout entier.

La curée commence aussitôt. Prenant en main la gouvernance du pays, les américains vendent à bas prix aux sociétés étrangères (américaines presque exclusivement, même si quelques miettes seront laissées aux alliés) les dizaines de sociétés d'Etat de l'Irak et s'emparent de tous les marchés de la reconstruction du pays (infrastructure type routes, bâtiments, télécommunication, eau, électricité, etc). Ces multinationales licencient à tour de bras et baissent les salaires. Echaudées par l'expérience des oligarques russes dont la plupart ont finalement été éliminés par Poutine et craignant qu'un futur pouvoir nationaliste en Irak ne fasse de même, les autorités d'occupation interdisent aux irakiens (même aux riches irakiens donc) de racheter quoi que que ce soit au moment des ventes d'entreprises ou des prises de marché dans la reconstruction, la totalité des entreprises irakienne et du marché de la reconstruction passant ainsi sous le contrôle exclusif des américains (et de quelques alliés). Les entreprises américaines vont jusqu'à refuser d'embaucher des irakiens dans les grandes enseignes qui débarquent en Irak et n'utilisent pratiquement que de la main d'oeuvre étrangère. Bref, les irakiens sont exclus à la fois du pouvoir et de la reconstruction de leur pays. La misère et le chômage s'installent, le ressentiment et la haine contre les autorités d'occupation aussi.

Il faut bien comprendre le processus complet de cette nouvelle étape du néo-libéralisme ouverte par la guerre d'Irak. Les grandes multinationales privées américaines profitent financièrement de la totalité du processus. de la guerre (par la fabrication et la vente d'armes et par leur industrie dite de la sécurité), puis de la reconstruction des infrastructures que leurs armes viennent de détruire, et enfin de la prise en charge médicale des blessés que ces mêmes armes ont occasionnés. Qui paye tout cela à ces multinationales ? le gouvernement américain essentiellement (c'est-à-dire les contribuables américains), qui transfèrent ainsi l'argent public vers le privé (cf plus loin).

Certaines multinationales émargent sur les trois plateaux, tirant d'immenses bénéfices de chaque étape. Lockeed Martin est un peu le champion de ce capitalisme vertical morbide. Cette énorme société (armes, bâtiments et santé) a profité non seulement de la vente des bombes et des avions de chasse qu'elle fabrique, mais aussi de la reconstruction des infrastructures qu'elle a détruites et des soins prodigués aux personnes blessées (par ces propres armes) et aux soldats et civils traumatisés par les horreurs de la guerre.

Enfin, pour en finir avec cette triste histoire, les Irakiens, à la suite de la chute de Saddam Hussein, dans un élan de liberté retrouvée, avaient élu des assemblées locales. Dès que les Américains s'apercevront que ces assemblés souhaitaient retrouver les sociétés d'Etat pour être embauchés et retrouver leurs jobs, ils annulèrent ces élections et réprimèrent les récalcitrants. Cette répression sera féroce et n'aura rien à envier à celle de l'ancien dictateur Saddam Hussein. Puis, ils finiront par nommer un gouvernement irakien à leurs bottes, constitué essentiellement d'anciens dignitaires du régime de Saddam. C'est le début de la fin. le mécontentement des Irakiens est capté par les mouvements religieux. Peu à peu, la révolte gronde et s'amplifie. Résultat final : le début d'une résistance armée et enfin la constitution de l'Etat islamique avec les horreurs que l'on connaît. Beau résultat en vérité, jusqu'au départ précipité des Américains incapables de tenir le pays (car il est une chose de noyer un pays sous un tapis de bombes, il en est une autre de combattre efficacement une guérilla terroriste).

Je voudrais terminer (et en passant je remercie les rares lecteurs qui auront eu la patience de me lire jusqu'au bout) par la manière dont le néo-libéralisme a évolué pendant cette guerre d'Irak et à la suite. Les gouvernements néo-libéraux sont constitués de plus en plus par des hommes et des femmes qui ne cessent de faire des allers et retours entre de grandes entreprises privées et le gouvernement. Leur action dans ces gouvernements consiste à défendre les intérêts du vrai monde qui est le leur, à savoir celui des multinationales. Les gouvernements sont ainsi, en quelque sorte, privatisés. de plus en plus, ces gouvernements deviennent une sorte de guichet où ces grandes entreprises viennent chercher le pognon (celui des contribuables) sans aucune contrepartie.

Pour conclure, je voudrais dire que, bien qu'ayant été très long, je n'ai donné qu'un aperçu du livre de Naomi Klein. D'autres cas sont traités en détail, en particulier la manière dont le néo-libéralisme se sert des catastrophes naturelles ou des épidémies pour imposer son modèle délétère. Un chapitre sur Israël est aussi particulièrement édifiant.

Un livre magistral, une documentation énorme (presque 100 pages de références), un travail de titan, Naomie Klein a écrit là le livre le plus remarquable et le plus didactique sur l'effrayant capitalisme qui s'est implanté peu à peu depuis les années 80. J'ai appris tellement de choses que j'en reste estomaqué. S'il y a un seul ouvrage à lire sur les méfaits du néo-libéralisme, c'est celui-là.
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Les livres de Naomi Klein sont des pavés (861 pages avec les notes et les références pour La stratégie du choc) qui expliquent de manière claire et bien documentée les problèmes économiques et sociaux de la fin du XXème siècle et du début du XXIème siècle.

Après No Logo (1999) qui décortiquait la mondialisation et le phénomène des "marques", La stratégie du choc (2008) démonte le néo-libéralisme, qui s'impose de manière brutale dans le monde depuis le coup d'Etat de Pinochet au Chili en 1973 jusqu'à la guerre en Irak et les suites de l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis, en passant par le Royaume-Uni de Margaret Tatcher et la Russie d'Elstine (entre autres).

Plus de 10 ans après sa parution, ce livre n'a rien perdu de sa pertinence et de son importance pour comprendre notre société et notre époque.
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Le CHOC de la démonstration !
Ce livre est impressionnant! Merci à Naomi Klein car sans ce livre, QUI parle de cette vision des choses dans sa globalité et ainsi dénoncer un courant de pensée capitaliste utilisant les coups d'Etat, des renversements politiques ou des catastrophes naturelles pour imposer des changements économiques très exigeants aux pays concernés? Leur vision est simple: les riches d'un coté et les pauvres de l'autre. Les différentes techniques énoncées dans ce livre sont effroyables. On n'hésite pas à sacrifier des millions de personnes en détresse pour s'enrichir de plus en plus pour atteindre des montants d'enrichissement jamais atteint. Une société qui ne fait pas rêver. Un système où la solidarité et l'égalité n'existe plus. La santé, l'enseignement, l'armée, l'énergie, tout est privatisé. Si tu n'as pas d'argent, tu rentres dans le cercle infernal: l'enfant d'un pauvre a un enseignement minimum car études trop chères, il a donc un boulot peu qualifié donc mal payé, il meure rapidement car pas de quoi se soigner. Même si on se trouve du bon coté (les très très riches), comment profiter de cet argent quand des personnes crèvent à vos pieds.
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Toujours d'actualité. A lire par tous !
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Essai brillant. Et terrifiant. La crise de la Covid-19 (2020) montre que le "capitalisme du désastre" n'est jamais bien loin — et pas encore derrière nous.
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Un décryptage en profondeur des rouages du neoliberalisme. Une lecture indispensable pour comprendre l'économie moderne et ses travers.
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La nausée. Voilà ce que l'on ressent dès les premières lignes. Naomi Klein explique comment les stratégies ultralibérales inspirées des thérapies de choc électriques de Milton Friedman, économiste vénéré, et de son école de Chicago, sont systématiquement appliquées aux pays en crises: nouvelles dictatures d'abord avec les laboratoires d'expérimentations que furent le Chili, l'Indonésie et l'Argentine puis crises lors de la libération de ces dictatures: nouvelles démocraties qui n'ont pas pu renaître, croulant sous les dettes, manipulées sans avoir compris l'enjeu. But: sous prétexte de démocratie et de libéralisation, plumer des pays émergeant, de nouvelles démocraties en les obligeant à privatiser tous leurs biens, à les vendre à l'extérieur. Des criminels qui se font passer pour des sauveurs, honorés par des prix prestigieux, coupables de véritables génocides...

Un profond malaise en lisant ce texte - non pas une découverte mais la réalisation de l'infinie profondeur du cynisme ultralibéral et , oui, de l'aveuglement des médias, des analystes, des historiens - de tous ceux qui e sont concentrés sur les faits historiques et ont laissé de côté leur cause: la stratégie économique. A hurler, à pleurer.
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"Ordo ab chao : l'ordre naît du chaos" si l'on devait écrire une seule phrase concernant "la stratégie du choc" ce serait peut-être celle-çi
Un livre d'une grande richesse au niveau des recherches, analyses..
au même rang que ceux de Noam Chomsky, ce n'est pas par hasard s'ils ont collaboré pour ce livre : "11 septembre 2001, La fin de « La fin de l'histoire »".
L'enquête commence avec les expériences qu'on effectué des agents de la CIA : privation sensorielle, etc. Cela doit peut-être continuer en notre époque, voir pour info : "KUBARK le manuel secret de manipulation mentale et de torture psychologique de la CIA."
Naomi Klein (journaliste canadienne) expose ensuite sa théorie avec comme exemples pour étayer ses écrits, des événements historiques. (catastrophes naturelles, changements de régime, attentats), qui conduisent à des chocs psychologiques, permettent aux capitalistes d'appliquer leurs lois.
Après les 700 pages lus, j'ai eu envie de me documenter un peu plus sur le sujet, et je suis "tombé" sur des livres tels que "Gouverner par le chaos - Ingénierie sociale et mondialisation" (Anonyme). "L'insurrection qui vient" (Comité invisible). ou encore l'excellente bande dessinée : "Une histoire populaire de l'empire américain". (Paul M. Buhle et
Howard Zinn).
Je recommande cette lecture pour ceux et celles, souhaitent comprendre un peu mieux les rouages de la géopolitique.
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Un pavé sur l'envers (?) de l'impérialisme américain, le dessous de l'horreur des dictatures sud-américaines au service des lobby affairistes américains. Enquète énorme, arguments solides, investigations au plus pret des sources, Naomi Klein nous embarque comme dans un Thriller.
On a envie de vomir quand on pense au prix nobel d'économie à Friedman inspirateur de cette confiscation des richesses des chiliens, argentins....
Encore plus avec le prix nobel de la paix à Henry Kissinger qui a carrément du sang sur les mains, pour ses coups d'états et les dictatures sanglantes.
Dans tous les pays qui ont vécu des transformations (Bloc de l'est, Philippines, Afrique du sud, Irak... , partout dans le monde les requins inspirés par les chicagos boys de Friedman sont à l'affut (parfois ça foire comme en Russie, mais ils ont été doublés par plus malins qu'eux, avec les mêmes méthodes)
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plein d'informations historique
un livre à lire absolument
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