L’ignorance rend plus sûr de soi que la connaissance.
Si les sachants, les spécialistes, les chercheurs ne sont pas vaccinés contre le narcissisme, ils n'ignorent pas, quant à eux, le contenu des savoirs. Et pour cause : ce n'est qu'au prix d'un long et dur labeur qu'ils ont appris à maîtriser leur discipline. [...] Ce qui ne les exempte en rien des défauts coutumiers de l'homme : mauvaise foi, arrogance, bêtise, cupidité, précipitation, aveuglement, folie...
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Nous nous montrons plus enclins à déclarer vraies les idées que nous aimons qu'à aimer les idées vraies, surtout si celles-ci nous déplaisent.
Il ne suffit pas de croire à l’existence d'un phénomène pour en établir la réalité.
Sur nos paquets de cigarettes, il est écrit non pas ‘’ fumer déplaît à Dieu ‘’ ou ‘’ fumer nuit au salut de votre âme ‘’, mais ‘’ fumer tue ‘’. Preuve qu’un discours scientifique portant sur la santé du corps a fini par détrôner un discours théologique qui, lui, aurait porté sur le salut de l’âme.
Les sciences progressent par l'organisation collective des controverses scientifiques. Elles ne sont pas affaire de proclamations individuelles ni de communiqués autopromotionnels.
Aujourd'hui, la tendance à avoir un avis non éclairé sur tout, et à le répandre largement, me semble gagner en puissance.
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Les lignes de démarcation entre ce qu’on sait, ce qu’on croit savoir, ce qu’on sait ignorer, ce qu’on ignore sans savoir qu’on l’ignore, n’ont cessé de hanter les philosophes.
Quand prendrons-nous enfin sereinement acte de nos connaissances, ne serait-ce que pour mieux vivre dans cette nature dont rien d'absolu ne nous sépare
Dans La Formation de l'esprit scientifique (car oui, il faut une formation!), Gaston Bachelard expliquait que faire de la science, c'est "penser contre son cerveau".