J'ai malheureusement arrêté de lire ce livre vers la page 200. Marquée par ma lecture de "
No logo", j'attendais beaucoup de celui-ci et son volume ne m'effrayait pas (plus de 600 pages). En « bonus » de crédibilité, beaucoup de notes, un index foisonnant, une liste des sigles et acronymes,... le livre s'annonçait bien.
Mais j'ai été déçue.
D'abord, j'ai trouvé que, malgré les citations et l'aspect « concret »,
Naomi Klein cherchait plus à donner son avis qu'à étayer son propos. Je partage la plupart de ses raisonnements mais j'aurais aimé avoir des faits, des exemples concrets plutôt que des projections parfois utopiques. "Si... si... si..." ne bâtit pas une solution.
Par exemple, « Nombreux sont les industriels d'alors qui n'auraient pas souhaité (…) s'il leur avait fallu (…) . (…) on aurait pu offrir aux travailleurs de ces ateliers (…). Si un projet d'une telle cohérence et d'une telle envergure s'était imposé (…). Tout le monde aurait compris (…). Pour que les événements prennent cette tournure, toutefois, il aurait fallu (…) une audacieuse planification (…) des mouvements sociaux capables de mobiliser des gens en masse (…) » P. 148 et 149. Oui, dans le meilleur des mondes, tout est possible…
Voici un autre exemple, « on a demandé aux électeurs s'ils soutiendraient un programme qui « forcerait les sociétés pétrolières et charbonnières à fournir les fonds nécessaires pour réparer les dégâts causés par la pollution dont elles sont responsables, en encourageant la création d'emplois et le recours à des sources d'énergie comme l'éolien, le solaire et le nucléaire. le programme en question ne pénaliserait pas les travailleurs ni leurs familles, car ces revenus seraient retournés à la population américaine, par exemple sous la forme d'un remboursement d'impôt. » » (p. 142). Si on observe quelques instants la question, elle est loin d'être neutre (les sociétés sont précisées comme responsables, utilisation du mot « réparer » et promesse de zéro pénalisation pour les travailleurs et leurs familles – voire un bénéfice pour eux).
Naomi Klein est enthousiaste « les trois-quarts des sondés (…) ont répondu en faveur du programme ». Personnellement, je me demande pourquoi 11% s'y sont opposés…
Ensuite, ce livre a une vision très américaine du problème. Si, bien sûr, c'est intéressant dans un contexte de mondialisation, il reste important de noter que tout ne peut pas être apposé sur nos sociétés européennes : nous n'avons pas les mêmes rapports, entre autre, avec la pauvreté, la protection sociale, le communisme... Et n'ayant jamais vécu aux Etats-Unis, je trouve certaines choses difficiles à juger ou de moindre intérêt à connaître.
Enfin, ce livre a 10 ans… Depuis son édition, il y a eu la crise du Covid (entre autre), la crise énergétique et l'arrivée de la crise de l'eau… Peut-être qu'une partie de ce livre est déjà obsolète.
Pour conclure, je pense que ce livre peut être intéressant mais, parce que je ne trouvais pas ce que je cherchais dans le premier tiers d'un volume imposant, je me suis arrêtée dans sa lecture.