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Mike Kleine (Autre)Quentin Leclerc (Traducteur)
EAN : 9782377560684
142 pages
L'Ogre (21/05/2021)
5/5   2 notes
Résumé :
Dans Le Mont Arafat, il y a toute la littérature, sous toutes ses formes. Dans Le Mont Arafat, des personnages se rendent dans un château. Quelqu’un regarde un Woody Allen, et pleure. Il y a le mont Arafat, où il est dit que Mahomet donna l’un de ses derniers sermons. Un avion disparait. Il y a des univers parallèles, et, bien sûr, des voyages spatiotemporels. Une île avec des prisonniers. C’est très certainement la fin du monde. Des dieux mangent d’autres dieux. Et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est un livre sur la fin du monde.
Encore un, oui.
Enfin non.
Parce qu'aucun livre du genre, aucune fiction encore à ma connaissance, n'avait atteint ce degré à la fois de néant (inévitable à la fin des temps) et de 'plein' total. Tellement/tellement peu de choses dans ce livre où il se passe quasiment rien/quasiment tout.
Trouver un livre comme celui-ci en train d'être écrit aujourd'hui est plus qu'excitant. C'est opaque/c'est lumineux.
Il se compose principalement de phrases déclaratives simples. Très peu de passion s'affiche, même si des personnages aux noms sans visage meurent pour des raisons parfois mystérieuses et parfois évidentes. Mais tout semble tellement évident.
J'ai adoré. Je ne peux oublier cette litanie continuelle.
Et surtout... surtout j'ai ressenti le vide impressionnant et l'horreur cosmique (si, si) de manière bien plus belle/effrayante que toutes les pâles copies de Lovecraft qu'on trouve parfois ici ou là.

Encore un roman des Éditions de l'Ogre qui vient de me retourner profondément le cerveau. Ce que fait cet éditeur est proprement hallucinant. Tout ça en l'espace de 90 minutes de lecture. Il ne me reste plus qu'à me jeter sur l'autre roman de Mike Kleine, LA FERME DES MASTODONTES.
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Voilà un livre dont il faudrait arracher toutes les pages. D'une part parce qu'il fait sûrement partie des textes de la Réserve de la bibliothèque de l'Université de Miskatonic et que ses effets sont au moins aussi dérangeants. A côté le "De Vermis Mysteriis" est un affreux pensum, malgré mon amour pour les vers et pour le mystère. Vraiment. Même les nécromancien.ne.s s'ennuient à le lire celui-ci. Tandis que "Le Mont Arafat" explose d'un rire d'une noirceur cosmique à chaque page. Les formules sont simples, insensées, jubilatoires. D'ailleurs j'ai lu sur 4chan que des zélateurs punaisaient les pages arrachées sur un plan d'ombre selon un plan très précis qui permet de voir se dessiner entre elles, en creux, la silhouette monstrueuse, ineffable, du Mont Arafat, horreur cosmique et matrice du « surréalisme géodésique » qui hante ce texte.

« le paradis est le mont Arafat », est-il écrit. Doutons (on m'a dit que c'était Miami). Bon il y est écrit que c'est aussi l'enfer. le Mont Arafat a cette qualité d'absolu, et d'absolue contradiction.

Ce texte, disais-je. Ces textes. Car "Le Mont Arafat" est définitivement un plurivers agençant des textes n'appartenant pas tous à la même réalité, le seul point de convergence étant cette référence lointaine du Mont Arafat, son château, et les dieux improbables qui les hantent, empruntés à une cosmogonie lovecraftienne dégénérée mêlée de branding (n'appartiennent-ils pas tous deux à la même horreur cosmétique ?). On y aperçoit notamment :

- Shamraat'Dean, dieu des suicides et de la violence cosmique
- Khonsu-Ma'an-Taap, dieu de la Lune
- Bes-Ta'am-Riip, dieu du cosmos
- Al-Sham'raat-Al'Dean, dieu de la téléportation et de l'intégrité cosmique (se désintègre au moment où il est évoqué dans le récit)
- Haruubi-Ma'an Taap
- Elajou-An-Inkh-Tah, dieu de la tromperie et de la cupidité
- Muut'Alal-Piil
- Tekhrit-Al)Ma'arh, dieu des morts montagneuses
- Graam'Al-Faseeque, dieu de la force d'âme et de l'espoir existentiel
- Ra'ammul-Tamp-lin, dieu du noir
- Setesh-Apep)Sekh, dieu des tempêtes du désert et de la violence envers les étrangers
...
- Un petit short Pojagi Jacquard Opening
- Un pantalon minimaliste gris charbon Marc by Marc Jacob
- Une valise Louis Vuitton
- Des sacs Dior-Gucci-Prada-CalvinKlein-Gosha Rubchinsiy
- Des Nike Spike Lee
...

Le ravissement de ce récit n'est pas cette seule manière de pervertir les références, les attendus, mais de constituer réellement l'hyperréel fracturé qui est le nôtre sous forme de fiction, postmodernisme à la pop noire et grinçante qui sait transformer les cultes, les peurs, les désirs du contemporain en des images lointaines, féroces et troublantes, annihilant le récit-univers pour en restituer la violence du multivers derrière lequel plane l'ombre (toujours) de l'Unique du Mont Arafat.

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une suite de récits fragmentaires de fins du monde. Jeu quasi aléatoire de résonances ou de récurrences imagées de motifs et de lieux, le mont Arafat dessine une géographie (une surréaliste géodésie) de la déréliction, comprendre cette éminente, toujours renouvelée, mort des dieux au coeur du sentiment de l'absurde pourchassé par ce roman. Osera-t-on actionner la manette et s'aventurer dans l'univers en perpétuelle implosion de Mike Kleine ?
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Avec le Mont Arafat pour deuxième roman, Mike Kleine a plongé encore plus loin son écriture dans le néant. Il y a peut-être plus de vide que d'encre à travers ces 150 pages. Une mine à fragmentation a explosé au coeur du roman pour tout démembré, tout exsanguiné, tout éclaté.

Il est question dans ce livre d'un culte géodésique, de dieux qui se cannibalisent, de châteaux près du Mont Arafat, du Mont Arafat, de fantasmes filmiques, de mondes parallèles, de meurtres et de morts et de disparitions et de victimes, de messages écrits dans le ciel, de catastrophes naturelles, existentielles, cosmiques... Il y a une horreur qui ne dit pas son nom. Les grands anciens de Lovecraft ne sont pas loin et ils côtoient les grandes marques du grand Capital - y a-t-il caché entre ces lignes une critique de la pop culture récupérant l'oeuvre artistique pour capitaliser un max dessus et titiller la fièvre acheteuse des consommateurs culturels ? Cthulhu se balade sur State Street, des talons Prada rouge sang aux pieds et un sac Gucci parmi ses tentacules.

Mike Kleine affectionne toujours autant le name dropping, les accumulations, les listes vertigineuses, les références culturelles ainsi que le branding de masses. Ses phrases sont lacunaires, liminales, chaotiques… Des effets de style ponctuent un récit en gruyère : des écrans noirs comme passé sous censures, des phrases dont il ne reste que la ponctuation, le nom de dieu rayé (iconoclasme, ou contrats remplis de quelques sicaires Nietzchéen ?)…

Véritable expérience littéraire formelle ; vous n'en tirerez rien. Vous serez perdu dans une galerie de personnage à peine ébauchée, remplaçable et insignifiante. Les phrases s'enchaineront sur le plateau des pages sans grande influence les unes sur les autres ; déclaratives d'une fin du monde multivers, multi temporelle. Reliez les points, remplissez les vides si le coeur vous en dit, peut-être cela calmera votre vertige et votre incompréhension et votre balance karmique et votre portefeuille allégé de 18 balles et votre tendance à la dépression et votre nature à chercher du sens à la vie et votre goût pour les grandes fresques narratives et votre goût pour les messages profond, mais ce qui nous est raconté n'a aucune importance. Deux petite heure de lecture pour une apocalypse dépouillée de héros, aux multiples visages, totale et variable.
Lien : https://disappearagain.wordp..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cormac McCarthy fait paraître *Méridien de sang 2*. Tintin tombe du bord d'une falaise. Saturnin de Kuala Lumpur découvre le réalisme gnostique. Basilide l'homme est banni sur 47 Ursae Majoris. Le dieu Muut'Al'Piil commence son ascension depuis les profondeurs de l'océan. Peter Weir explique la fin de *Pique-nique à Hanging Rock*. A New-York : des boyaux de calamars, partout. Le 11 septembre n'a jamais eu lieu. Harlan voyage dans le passé jusqu'à l'époque des dinosaures. Le triangle des Bermudes et quatre avions. Une troisième Venue. Du ciel : quelque chose avec des crocs aiguisés et neufs yeux. Arthur détruit ses pantalons noirs de la collection Grise Ann Demeulemeester. Pendant cinq minutes, le mont Arafat disparaît. L'eau salée dans l'océan Pacifique se met à bouillir. Des bois et des scènes de crime de partout. L'année 1979. La puce électronique extraterrestre de Napoléon Bonaparte. Une planète natale : détruite. Anders répété. Les ruines d'Armitage. Un nuage dans le ciel. Désintégration. Oubli 3.
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« Avant la fin de chaque journée – peu importe quand, peu importe qui –, il faut simplement actionner le levier. » Owen actionne le levier après le premier jour seulement. Et c’est tout. Les garçons – Damien, Dennis, Eugene, Flat, Henri, Marion, Timor et Rian – marchent tous vers l’océan salé. Main dans la main. Comme pris dans une boucle. Pour toujours. Pas de remords. Joan presse son visage contre le bord du bout du monde, et elle ressent la fraîcheur de la terre – tandis qu’elle s’élève et s’infiltre dans ses pores – à travers son passe-montagne. Caleb saute du haut d’un immeuble de dix-sept étages. Cinq minutes plus tard, la Lune fond. Une licorne, enchevêtrée dans un arbre brise-vent. Brother Cyst et Sister Creature. Des pirates de l’espace et d’étranges bruis venus du cosmos.
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