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Critique de dbacquet


C'est dans une citadelle assiégée, en proie aux flammes et à des meutes sauvages, que le seigneur de G…, son gouverneur, n'a pu défendre, que la marquise d'O…, sa fille, faillit être violée par des soudards déchaînés. Il fallut l'intervention brutale d'un officier Russe, le comte F…, qui venait de prendre la place, pour les en empêcher ; mais celui-ci, lorsque il éloigna du tumulte la marquise qui le vit d'abord comme « un ange du ciel », ne put pas davantage résister à l'impétuosité de son désir, quand la marquise fut, après tant d'émotions, tout à fait évanouie, elle qui avait mené, après la mort de son mari, une vie retirée et sans reproche dans la maison de son père. le comte F…, qu'on avait cru mort dans un combat, réapparut tel un esprit, et, soit par amour, soit par repentir, voulut l'épouser à tout prix, mais se heurta vite, malgré les sentiments étranges qu'il avait suscités, à son refus. En outre, elle se ressentait de plus en plus de malaises insistants et un médecin lui confirma une grossesse qui pour elle n'était encore qu'un mystère. Elle sera dès lors répudiée par son père avec la plus grande violence et il faudra que le comte F… avoue sa faute pour pouvoir l'épouser enfin.
C'est dans une ville dévastée par un tremblement de terre, Santiago, capitale du royaume du Chili, que deux amants condamnés s'échappent, l'un de sa prison où il voulait se pendre, l'autre de la place publique où on la menait au supplice. le père de Josephe, un homme riche et puissant parmi la noblesse de la ville, chassa Jeronimo, le précepteur de la famille, et mit sa fille dans un couvent, quand il apprit leur union jugée indigne. Mais Josephe qui retrouvait son amant dans le jardin du couvent, tomba enceinte et c'est sur les marches d'une cathédrale qu'elle s'affaissa et enfanta.
C'est à Haïti en pleine révolte des noirs que Toni, une jeune métisse florissante dont on usait des atours, tenta de sauver mystérieusement un Français devenu son amant.
Dans « l'enfant trouvé » une épidémie de peste s'était déclarée.
Dans « Sainte Cécile », durant la guerre de trente ans, trois frères iconoclastes furent empêchés de commettre le crime qu'il projetait dans une église à cause de la puissance du chant et de la musique qui en sortit alors et qu'avait menés une main mystérieuse…
C'est donc dans un monde bouleversé que se jouent, dans les nouvelles de Kleist, les destins individuels. Des personnes se heurtent aux conventions, à une justice humaine qui relève parfois de l'arbitraire. C'est dans un monde bouleversé et d'une très grande violence que les instincts refont surface. Si dans l'oeuvre de Kleist, il est encore des fantômes comme dans « la mendiante de Locarno » et des interventions divines, qui châtient ou protègent, le style est plutôt d'un réalisme si méticuleux et si incisif, qu'il en devient presque brutal ; il s'attache à décrire des caractères, des faits et leurs enchaînements, sans les subordonner complètement à la raison, comme si nous marchions constamment au-dessus d'un abîme dont le fond nous échappe. Kleist s'était vu lui-même mis au ban de la société dont il condamnait la cupidité, les archaïsmes et l'hypocrisie et souffrait de déréliction comme s'il eût perdu toute forme d'idéal. Il avait été condamné par une grande partie de ses contemporains, à cause de la violence qui abonde dans son oeuvre, outrepassant les cadres autorisés du récit, et des éléments pathologiques qui s'y ajoutent. Certains, cependant, reconnurent en lui un écrivain d'exception.
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