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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'intrigue de ce livre pourrait tenir en quelques lignes. Un honnête marchand, bon père de famille se fait voler deux chevaux par un seigneur du coin se croyant tout permis de par sa naissance. La justice étant sourde à ses réclamations (car pervertie), notre héros va finalement se faire justice lui-même en mettant le pays à feu et à sang.
Kohlhaas soulève une armée de mercenaires, pille, brûle, massacre des innocents pour laver son honneur et cela suffirait à nous le faire haïr. Pourtant, tout au long du récit, on va s'attacher à cet homme ordinaire rendu fou par l'injustice et qui ose défier la noblesse.
Michaël Kohlhaas n'est pas à proprement parler un révolutionnaire car il ne défend que sa cause. Il serait plutôt une sorte de samouraï. Un pur. Et ma foi, entre deux romans modernes peuplés d'antihéros, il était bien agréable de se laisser emporter par l'histoire incroyable d'un héros, un vrai!!!
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En France, Kleist est toujours passé et passe toujours pour un sous-Goethe. Et c'est dommage, car si l'exemple du maître se ressent souvent fortement, d'autres textes révèlent un esprit bien différent, plus terre-à -terre mais moins hautain, agité par des préoccupations moins éthérées mais non moins fin dans ses analyses. Tel le révèle cette nouvelle, revenue un peu à la mode grâce à une adaptation cinématographique en 2013.

Au XVIème siècle, le marchand de chevaux Michael Kohlaas est victime d'une injustice de la part d'un junker (petit noble allemand), qui le force à lui laisser en gage deux de ses plus beaux chevaux, et les lui rend en piètre état. Corrompue et soumise à de multiples influences, la justice s'avère incapable de lui donner raison. Décidé à obtenir réparation quel qu'en soit le moyen, il vend tous ses biens, arme ses valets, recrute une bande à sa solde, et se met en campagne.

Son château est pris et brûlé, mais le junker parvient à s'enfuir. Kohlass le poursuit jusqu'à la ville où il s'est réfugié, y infiltre des hommes qui boutent le feu en plusieurs point. Une troupe envoyée contre lui est écrasée, puis une autre. Sa réputation grandit. le prince de Saxe lui envoie alors des offres de paix, auxquelles il ne répond qu'une chose : qu'on me rende mes chevaux dans l'état où je les ai laissé, et je rentrerai en paix…

Kleist s'inspira d'une histoire vraie, même s'il l'enjoliva un peu. Ce qui le fascine ici, c'est l'affrontement entre la noblesse et la bourgeoisie naissante. Kohlass défend son sens de la justice comme un chevalier d'entant son honneur. Il est prêt à mettre un pays à feu et à sang pour obtenir, en échange, rien que ce qu'on lui a pris. Il risque sa vie pour essayer de convaincre de son bon droit la seule personne dont l'opinion compte à ses yeux, et qui l'a condamné : Luther. Peu lui importe les ravages qu'il sème autours de lui : seule compte sa cause.

La noblesse a failli. Une nouvelle classe sociale se lève. Avec elle, une nouvelle religion, et de nouvelles valeurs qu'elle est prête à défendre jusqu'à la mort. Des siècles d'affrontement s'annoncent…
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Brûlante lecture que celle de la tragédie de Michael Kohlaas, marchand vertueux perdu par son inaltérable droiture et une inaptitude totale à l'agilité politique.
Brûlante parce que fougueuse, violente, intransigeante, et porteuse d'une charge virulente contre la société de la part de l'auteur, dont on comprend qu'il a choisi l'adaptation d'une histoire vieille de plusieurs siècles pour d'autant mieux dénoncer les mêmes travers de pouvoir dans la sienne.
Et d'autant plus saisissante que sa parution a précédé de peu le suicide d'un auteur exalté, rejeté par son maître Goethe et en opposition avec son temps.
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Incipit :

« Sur les bords de la Havel vivait, vers le milieu du XVIème siècle, un marchand de chevaux nommé, Michael Kohlhaas, file d'un maître d'école. Ce fut un des hommes les plus intègres, en même temps l'un des plus redoutables de son époque. »

Conduisant ses chevaux au marché, il se trouva en face d'une barrière qu'il n'avait jamais remarquée. « C'est un privilège seigneurial » ,péage nouvellement institué par le baron, maître du château, à peine eut-il qu'on lui réclama un laissez-passer, puis que le baron de Tronka, ne jeta son dévolu sur deux jeunes et magnifiques chevaux loirs qu'il confisqua, sorte d'otages en attendant que le maquignon ne revienne pourvu du laissez-passer. de retour du marché, Kohlhaas eut la désagréable surprise de voir que son domestique avait disparu et que ses poulains étaient devenus des haridelles épuisées par les travaux des champs.
Kohlhaas n'eut de cesse de saisir la justice pour le préjudice subi. Il rédigea donc une plainte avec l'aide d'un avocat, persuadé de l'appui de nombreux amis et de son bon droit. Des mois passèrent, puis on lui fit valoir que le baron Wenceslas de Tronka était parent de seigneurs influents. Kohlhaas se rendit donc auprès du commandant et rédigea une supplique à l'Electeur de Brandebourg. Cette nouvelle démarche n'aboutit pas plus que la première. Sa femme Lisbeth proposa de porter une nouvelle requête fut repoussée brutalement et décéda du mauvais traitement qui lui fut infligé.
C'est alors que Kohlhaas, sûr de son bon droit, excédé par l'injustice se transforma en justicier de sa propre affaire, détruisit le château du baron de Tronka et entraînant une troupe de valets et d'hommes d'armes incendia Wittenberg et la province, mettant à feu et à sang châteaux et villes mettant en déroute le prince de Meissen venu avec une armée l'arrêter.

« C'est dans ces conjectures que le docteur Martin Luther entreprit d'employer l'autorité que sa position dans le monde lui donnait, à faire rentrer Kohlhaas dans l'ordre en lui adressant des paroles énergiques et propres à réveiller les sentiments généreux dans le coeur de l'incendiaire »

L'intervention de Luther mit fin aux désordres, permit à Kohlhaas de bénéficier une amnistie pour que se tienne enfin son procès. Kohlhaas malgré ses succès militaires ne veut qu'une seule chose : que justice lui soit et que les deux chevaux noirs lui soient restitués dans l'état où il les avait laissés. Cependant, la justice entre un maquignon et de grands seigneurs est bien inégale et les tracasseries ne cesseront pas !

L'analyse dans la préface d'une oeuvre est parfois frustrante, je n'aime pas qu'on me raconte l'histoire à l'avance. La collection MILLE.ET.UNE. NUIT offre une présentation différente. A la fin de la nouvelle (roman ?) tout un dossier concerne l'adaptation cinématographique d'Arnaud des Pallières. Ce dernier explique ses choix, entre autres de dépayser l'action dans les Cevennes, le casting . le long entretien avec Mads Mikkelsen est aussi intéressant ;
Cela me donne vraiment envie de visionner le DVD à mon retour.
J'ai téléchargé le Combat contre le Démon de Stefan Zweig

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Aux dires de la chronique du temps jadis, l'histoire horrifique du maquignon Michel Kohlhass ébranla la paix des terres des princes de Saxe alors que Charles Quint étendait son empire sur l'Europe et que Martin Luther posait les bases d'une foi nouvelle. Pour avoir été victime de l'arbitraire, le bourgeois Kohlhass, dont les chevaux qu'il partait vendre ont été confisqués et dont on a mésusé, réclame qu'il soit rétabli dans ses droits. Débouté et lésé par les manoeuvres du camp adverse, il s'en remet au tribunal de sa conscience, en appelle à Dieu et se fait le bras armé de la justice, l'incarnation de la nemesis vengeresse, prend la tête d'une expédition punitive faite de ses valets, de mécontents attirés par l'appât du butin, de mercenaires sans solde et sème la mort et la désolation sur les terre de Saxe. le sens aigu de la justice qui fit de lui un meurtrier l'amène à se plier à l'autorité supérieure du jugement du représentant du Saint Empire Germanique, qui après avoir donné entière satisfaction sur le différent qui l'opposait aux agissements iniques des von Tronka, le condamne à mort et procède à son exécution pour attentat contre la paix de l'Empire.

A travers la narration de cette révolte du bourgeois contre l'arbitraire des Saxons, Heinrich von Kleist, dans cette oeuvre parue en 1810, se fait le disciple des Lumières, tout en adaptant ses principes aux réalités et aux restrictions de son pays, la Prusse, et illustre la primauté du droit individuel d'entreprendre, de la libre circulation des personnes, des marchandises, sur des coutumes ancestrales amenées à disparaître, basées sur le sang et la lignée. Une oeuvre qui se destine aux étudiants en littérature mais qui n'éveille guerre d'écho passé l'intérêt historique du sujet et la personnalité singulière d'Heinrich von Kleist.
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Vous vous en êtes peut-être rendu compte, mais quand on regarde de plus près le choix éditorial concernant la littérature allemande, une chose est sûre : les éditeurs (ou les lecteurs ?) ont un penchant pour les histoires qui ont un lien avec les guerres mondiales. Afin de présenter des lectures un peu plus variées, j'ai choisi aujourd'hui de vous emmener, grâce à la plume de Heinrich von Kleist, dans l'Allemagne du XVIème siècle pour y suivre le destin de Michael Kohlhaas.

Henrich von Kleist était un écrivain, dramaturge et poète allemand du XVIIIème siècle. En vous baladant dans certaines villes, vous allez constater que de nombreuses plaques rappellent son souvenir et des rues portent son nom, par exemple à Dresden ou à Berlin. Dans les librairies allemandes, vous trouverez ses oeuvres, notamment ses nouvelles, bien rangées dans les rayons scolaires, dans des éditions où le texte est suivi d'analyse et d'interprétation. Heinrich von Kleist, non compris par ses contemporains, est donc lu, étudié et ses oeuvres sont adaptées pour le cinéma ou mises en scène au théâtre.

C'est également le cas de la nouvelle intitulée Michael Kohlhaas – le film est sorti en 2013, réalisé par Arnaud des Pallières, avec un casting intéressant : Mads Mikkelsen et Bruno Ganz.

Certains parmi vous se demandent probablement « Mais pourquoi tourne-elle autour du pot ? » et s'impatientent de savoir « de quoi parle enfin cette nouvelle ». Je gagne en effet du temps, parce que l'histoire est toute simple et se résume très facilement : le héros Michael Kohlhaas est un marchand de chevaux et on pourrait le caractériser d'homme honnête et droit, un réformé. Dans cette période, l'Allemagne est très déchirée et il est difficile de s'y orienter. Aussi, Kohlhaas n'est qu'à moitié étonné quand on l'arrête et on lui demande de payer un péage. Il se rend donc en ville pour s'y procurer de l'argent et laisse ses chevaux en gage en attendant. Et puis, les mauvaises nouvelles s'accumulent : le péage n'était pas légal, les chevaux subissent un très mauvais traitement… Toujours confiant, Kohlhaas cherche de l'aide par les voies officielles, mais tout se retourne contre lui. Jusqu'au moment dramatique où il décide de se faire justice lui-même…

Bien qu'écrit au début de XIXème siècle, la nouvelle traite un sujet intemporel – celui d'un homme désespéré auquel on refuse la justice. La métamorphose de Kohlhaas, très confiant et de bonne foi au début, en un homme prêt à tout, est assez spectaculaire : d'abord l'hésitation, puis le basculement… Il rencontre même Martin Luther… Oui, cette histoire est inspirée des faits réels, ce Michael Kohlhaas a bel et bien existé.

Pour celles et ceux qui préfèrent des histoires plus contemporaines, je précise qu'il existe une autre adaptation de ce roman : Ragtime écrit par E. L. Doctorow et également adapté pour le cinéma par le célèbre Milos Forman.

Je vous conseille néanmoins de revenir vers les sources et découvrir l'histoire de cet homme en face de l'injustice.
Lien : https://evabouquine.wordpres..
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