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Céline Maurice (Traducteur)
EAN : 9782265155329
240 pages
Fleuve Editions (19/11/2020)
3.46/5   13 notes
Résumé :
« La révolution est une chanson d’amour qui nous invite à danser sur les ruines de l’Ancien Monde. »

Alors que des milliers de personnes se noient en Méditerranée, cherchant à atteindre l’Europe pour y trouver refuge, une femme capitaine décide de prendre la mer avec son équipage. Elle refuse d’accepter que l’Union européenne ait décidé de laisser les gens mourir en toute connaissance de cause.

Mais quand leurs opérations de sauvetage... >Voir plus
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Arène par Djavadi

Arène

Négar Djavadi

3.80★ (636)

Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
En tant que militant pour l'accueil des réfugiés dans la dignité, et moi-même scandalisé par le non-respect par l'Union européenne des conventions internationales sur le droit des demandeurs d'asile, et plus grave encore, sur le droit de tout naufragé à être secouru, je ne pouvais qu'être très intéressé par ce livre de Pia Klemp qui, à l'instar de sa compatriote Carola Rackete, a défié l'abjection des gardes-côtes italiens, le silence complice de la France, de Malte, de l'Espagne, et d 'une façon générale la complicité coupable de toute l'Europe, jusqu'à être poursuivie en justice pour "trafic d'êtres humains", elle qui au contraire ne cherche qu'à les empêcher de se noyer — un comble.
Finalement, le livre fait la part belle aux pérégrinations en Italie, Allemagne, Espagne, Portugal d'une capitaine-militante-SDF, et l'on ne passera qu'environ la moitié des pages de ce récit assez court sur le bateau, et le plus souvent pour jouer au chat et à la souris avec ses correspondants à Rome et avec les gardes-côtes italiens et libyens, dont le comportement se révèlera lamentable. La question des rapports entre les sauveteurs et leurs "invités" (c'est comme ça qu'ils les appellent) est elle-même survolée. La narratrice a l'honnêteté de le dire : c'est "facile" de les sauver, c'est l'évidence, mais se mélanger avec eux, c'est plus difficile, et même, disons-le franchement, elle n'en a pas vraiment envie.
En fait, c'est sur tout ce qui gravite autour de ces affaires de sauvetage, sur le tempérament et les opinions très tranchées de la narratrice que je suis vraiment très mitigé. Ce livre est présenté comme un roman, mais disons-le bien, il respire fort l'autofiction, voire parfois le journal intime. Je serais curieux de savoir ce qu'il y a de Pia Klemp dans cette narratrice. Si c'est vraiment elle, alors malgré mon respect pour son combat, je n'ai pas très envie de la rencontrer. Si ce n'est pas elle, et qu'elle a largement "grossi le trait" de ses outrances, alors je prendrais volontiers un café avec elle pour lui dire que j'ai bien souvent eu envie de coller des baffes à son "personnage" de "véganar" jusqu'auboutiste qui ne respecte rien ni personne.
"Tant que tout le monde ne sera pas véganar comme nous, ce sera la merde.", dit-elle. Oui, mais vouloir forcer tout le monde à l'être, n'est-ce pas déjà de l'oppression ?
Madame ne veut pas que de la viande monte à bord de son bateau, faisant peu de cas du régime alimentaire de ses "crew", dont certains ont pris un congé sans solde pour venir sauver des réfugiés.
Elle fustige les lois anti-tabac, ce qui veut dire qu'elle ne pense pas que la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Va même jusqu'à dévisser le détecteur de fumée pour pouvoir cloper dans sa chambre d'hôtel.
Ce n'est pas trop la définition que je me faisais du libertarisme, mais je peux me tromper.
Elle et ses potes, on a vraiment l'impression qu'ils passent leur journée à fumer des clopes ou des joints, à s'enfiler bière sur bière (même chaude, elle le dit souvent, ça relève vraiment du besoin irrépressible, donc) et les bitures à l'alcool fort se succèdent. Ne sait-elle donc pas que les addictions sont aussi des formes d'oppressions que l'homme s'inflige à lui-même ? Ou pire, que les producteurs de tabac ou d'alcool, ces fucking capitalistes, infligent à leurs consommateurs ?
Il en est de même de ses délires sur le patriarcat, qui occasionnent plus d'une fois une véritable fureur vengeresse. Je ne conteste pas que le patriarcat soit un problème, mais de là à le voir partout... Et puis, est-ce que roter, péter, dire qu'on « va chier » ou « qu'on se ferait bien baiser, tiens », bref, parler, écrire et agir comme une certaine partie de la gent masculine, est la meilleure façon de lutter contre le patriarcat ? "Le personnage" semble le croire, en tout cas. Ce qui m'amène au point suivant : la vulgarité qui émaille ce texte. Or, je n'aime pas la vulgarité gratuite, et ceci que l'auteur soit une femme ou un homme, je préfère le préciser.
En fait, "le personnage" recherche la quintessence d'une vie sans contradictions, et plus grave, s'en prend avec véhémence à ceux qui lui adressent des contre-arguments (ce n'est pas difficile d'en trouver), sauf qu'une vie sans contradictions est impossible. Tout cela manque donc, au minimum, d'autodérision, même si on en trouve quelques bribes ici et là, mais pas assez à mon goût.
Je respecte le militantisme, mais je n'aime pas les donneurs (et donneuses, donc) de leçons.
Je remercie les éditions Fleuve et Babelio, pour ce livre lu dans le cadre de la masse critique.
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Le quatrième de couverture annonçait une femme capitaine qui refuse de laisser se noyer les émigrés en Méditerranée. Enfin c'est peut-être seulement mon interprétation... Lu une cinquantaine de pages peuplées de vulgarité. Sur le bateau ça parle de baise, alcool et autre. « trou du cul » déjà cité trois fois. J'arrête à la page 49 sur, je cite :
- Tu crois qu'il aurait les couilles de faire du rentre-dedans à son capitaine ?
- C'est bien le problème, je n'ai pas encore eu l'occasion d'examiner ses organes géniaux.
Ni les miens, bordel.
- Tu parles d'une mission humanitaire ! Mensonges, tout ça ! Me voilà, j'en ai besoin d'urgence, et personne ne fait rien.
- le droit de la femme à l'orgasme multiple ?
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On se souvient qu'en 2019, Pia Klemp, capitaine allemande de plusieurs navires de sauvetage de migrants, avait défrayé la chronique judiciaire un peu malgré elle en étant accusée par la justice italienne de "suspicion d'aide et de complicité à l'immigration illégale", posant ainsi la question de la judiciarisation du sauvetage des migrants.

Puis l'année d'après, en août 2020, on a reparlé de Pia Klemp, lorsque le génial street-artiste Banksy avait financé un nouveau navire pour porter secours aux migrants en Méditerranée.

Baptisé du nom de « Louise Michel », la militante anarchiste française du XIXe siècle, le navire décoré d'un graffiti de l'artiste britannique était commandé par Pia Klemp en personne.

Il faut dire que cette activiste allemande, au caractère et convictions bien affirmés, a sauvé de la noyade plus d'un millier de migrants, égarés en Méditerranée par des passeurs sans scrupule.

Tout cela, elle le raconte sous le prisme de la fiction, dans son premier livre , Les vivants les morts et les marins , paru chez Fleuve ( sic) éditions depuios le 14 janvier 2021.

Un livre dont le titre paraphrase évidemment la fameuse citation d'Aristote « Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer ».Sur ce sujet ô combien d'actualité, le sauvetage des migrants en Méditerranée, Pia KLEMP, qui met en scène un personnage de capitaine de bateau qui lui ressemble énormément, livre un roman humaniste qui est totalement fidèle à ses valeurs et son engagement, porté par une langue puissante et révoltée .

Modifiant quelques situations à ce qu'elle a réellement traversé et créant des personnages de fiction, Pia Klemp montre aussi à quel point l'aspect roman permet ainsi d'entrer en empathie avec le destin de ces hommes et femmes qui font des milliers de kilomètres à la nage pour fuir leur quotidien et d'éveiller les consciences plus fortement qu'avec une news des infos

Un roman entre le récit et la fiction salutaire et permettant de mettre un coup de projecteur sur ce personnage atypique et indispensable qu'est Pia Klemp.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est un roman brut que Pia Klemp nous propose. Un récit à la 1ère personne, qui nous immerge totalement dans la tête de la narratrice et dans ses pensées les plus intimes, sans filtre aucun.
C'est le type de personnage qui ne plaira pas à toute le monde : une femme capitaine rugueuse, authentique, parfois vulgaire, qui ne mâche pas ses mots et qui assume – la plupart du temps – sa personnalité. On se demande d'ailleurs si ce type de caractère n'est pas essentiel pour réussir à s'affirmer en tant que femme dans un milieu encore très masculin, surtout à son poste.
On sent toutefois poindre parfois la difficulté de s'intégrer dans des nouveaux cercles sociaux avec une personnalité et des convictions très fortes. Elle essaye de se réfréner pour ne pas attaquer les gens avec le veganisme (mais échoue en général car c'est plus fort qu'elle). Il y a une réelle difficulté de se lier au reste du monde, après avoir vécu une vie atypique bien loin du métro boulot dodo et de la petite vie de famille tranquille. On a l'impression qu'elle n'est à l'aise que quand elle est en mission ou dans des actions militantes.


Bien évidemment, le thème central du roman reste, comme annoncé sur la 4ème de couverture, le quotidien de ces sauveteurs en mer méditerranée - leurs joies comme leurs peines, les horreurs qu'ils voient. Ils ne se prennent pas pour des héros, sont conscient de leur chance d'être du côté de ceux qui assistent et sauvent plutôt que de vivre des atrocités, risquer sa vie au quotidien et devoir être secourus.
Avec l'équipage, on subit aussi les bâtons dans les roues de la part des autorités italiennes et de l'UE, qui ne veut pas réellement s'occuper du problème des migrants en mer pour ne pas devoir les accueillir. Tout est fait pour dissuader ces gens de partir en mission pour sauver la vie des migrants en mer, jusqu'à leur coller un procès pour trafic d'être humain, alors qu'ils se battent justement en partie contre le fléau des passeurs.

C'est un roman dont la limite entre fiction et récit est dur à cerner, car on sait que c'est tout de même inspiré de la vie de l'autrice. Quelle part est romancée, quelle part lui est réellement arrivé, à quel point Pia Klemp se retrouve dans sa narratrice ? Il est toujours difficile de faire la part des choses dans ce type de roman hautement inspiré de la vie de son auteur. Mais après tout est-ce réellement important ? Que ce soit grandement romancé ou non, cela n'enlève pas l'impact du propos de ce livre.

Lien : https://leschasseusesdelivre..
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La boss nous raconte ses interventions en mer pour récupérer des migrants qui décident de quitter leur pays pour un monde qu'ils croient meilleurs, mais elle relate aussi les interventions des polices côtières et le déroulement des interpellations.

Un livre brut, violent parfois sans langue de bois. Un cri du coeur pour ne pas dire de l'âme. Un livre d'adrénaline quand la boss et son équipage interviennent sur des sauvetages mais aussi de patience lors des longues attentes nias les couloirs des services de police.

Un livre où l'auteure nous parle de joies et de fraternités qui existent entre les membres de l'équipage mais aussi la difficultés d'être femme et capitaine d'un bateau, d'être une femme engagée aussi bien envers les migrants que dans son choix d'alimentation.

J'ai aimé l'ambiance générale qui m'a rappelé le grand marin de Catherine Poulain, mais je me suis parfois lassée des pensées non constructives qui tournaient dans la tête de la boss, de ces moments d'attente où elle ne faisait que ressasser et tourner autour de son nombril sans réellement assumer ses choix. Bien sur ce n'est que mon ressenti et je pense que c'était aussi voulu de mettre en parallèle ces moments d'intenses activités, de dépassement de soi pour sauver l'autre et ses longues plages d'attente où il ne se passe rien ou presque.

Un sujet fort qui nous montre les dessous de ce que l'on ne veut pas nous montrer.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le Zodiac repart à la recherche des cadavres, et en trouve. La plupart coulent et restent au fond ; la mer se moque bien des passeports, elle accueille tout le monde sans préjugés. Tout ce que nous pouvons faire, c'est examiner les corps à la recherche de signes distinctifs, leur enfiler un gilet de sauvetage et signaler leur position. Évidemment, ni militaires ni garde-côtes ne viendront les repêcher. Un cadavre noir, ça n'intéresse personne. La dernière chose que nous pouvons faire pour eux, c'est les changer en un numéro dans le système. Sinon, ils ne seraient même plus cela, ils disparaîtraient complètement, n'auraient jamais été là.
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A la fin de la journée, nous avons près de quatre cents invités à bord. Nous en remorquons certains dans des radeaux de sauvetage – pas assez de place sur le pont. Sur chacun des radeaux puant le PVC moisi, nous postons un membre d’équipage armé d’une lampe et du fol espoir que tout le monde survive. Chaque seconde passée dans ces lugubres piscines gonflables est un calvaire. Je ne sais pas comment ils font. Finalement, ce sont peut-être des héros, tout simplement. Rome nous promet de nous envoyer de l’aide, des bateaux des garde-côtes qui emmèneront les gens en Italie. Mais comme toujours, ils ne nous disent pas quand. Ça fait vingt heures que l’équipage est en service ininterrompu. Et nos invités ? Ils viennent de subir des mois de fuite et de tortures, et d’y survivre. Nous ne nous plaignons pas, reconnaissants de ne même pas pouvoir imaginer ce qu’ils ont vu.
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Une journée et une nuit passent. Nous remplissons les heures interminables de solidarité et d’amitié. L’univers affiche une indifférence perfide face à la précarité de notre situation et de la leur.
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Le bateau scintille comme un sapin de Noël alors qu'on est reliés au courant de quai qui coûte une fortune. Putain... J'aime ces gens de tout mon cœur, mais j'ai parfois envie de leur en coller une. Ils n'apprendront donc jamais ? Je me demande de temps en temps si ma misanthropie n'est pas incompatible avec le travail humanitaire.
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— Si le patriarcat, ça veut dire aussi entretenir la femme pour qu'elle éduque les enfants, le problème devrait se résoudre de lui-même.
(...) Les femmes restent à la maison avec les enfants depuis des générations. Elles passent la majeure partie de leur temps avec eux. Et qu'est-ce qu'elles leur apprennent ? Elles pourraient faire des féministes de leurs fils et des chevaliers de leurs filles. Pourquoi on se refuse ça à nous-mêmes ? La solution devrait justement se trouver dans le problème même de cette saloperie de répartition des rôles.
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