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Critique de motspourmots


En ces temps mouvementés où les blocages peuvent dégénérer et les grèves s'éterniser, ce livre tombe fort à propos. Loin du traitement sous forme de polar catastrophe de Black-out, la panne d'électricité est ici l'opportunité de jeter un regard amusé sur notre société et de s'interroger sur le sens du progrès sans en faire un débat manichéen. Replonger dans le noir pour mieux retrouver la lumière ?

Il faut quand même se concentrer un peu pour ne pas perdre le fil quand l'auteur nous balade dans le temps et dans l'espace. Entre Paris, l'Italie et l'île de Sein, avec des bons de dix ans sans crier gare (au point qu'on se surprend à revenir jeter un coup d'oeil à la date en tête de chapitre). Il faut dire que passé et présent sont tellement imbriqués que la tentation est grande de les réunir. Bref. Dans le présent, suite à une explosion dans une mine de graphite désaffectée en Italie, un nuage fait des ravages à chaque fois qu'il rencontre une ligne à haute tension, provoquant incendies et dévastations. L'Italie a donc décrété le black-out mais le nuage, poussé par vents et courants se déplace vers la France qui se prépare à son tour à couper l'électricité sur tout le territoire. Une cellule de crise pilotée depuis l'Elysée est chargée d'anticiper les risques, sans pour autant être parfaitement exhaustive sur la question. Voleurs, arnaqueurs et activistes en tous genre pourraient très bien tenter de profiter de la situation. Pour plus de sûreté, le gouvernement est installé provisoirement sur l'île de Sein, le bout de la France...

Ce qui fonctionne dans ce bouquin c'est que chaque situation est juste un brin décalé créant ainsi un point de vue inattendu. Les arcanes du pouvoir transposées sur un mini territoire, c'est un peu comme ces parcs à thèmes, la France ou l'Italie miniature où l'on passe de la Tour Eiffel au Château de Versailles en deux pas. Sur Sein, Matignon est dans l'école et l'Elysée dans un hôtel, tandis que les membres des différents cabinets se prennent à rêver de transposer une fluidité retrouvée lorsqu'ils réintègreront leurs palais respectifs. On a beau être en situation de crise, la vie continue, les histoires sentimentales aussi. Autre bonne idée, ce journaliste qui décide pour l'occasion de pallier l'absence d'internet et de recréer un journal à l'ancienne, imprimé sur ronéo et alimenté par pigeons voyageurs. A travers ses articles quotidiens, la vie des français sans électricité se suit avec passion et intérêt avec pas mal d'effets bénéfiques comme celui de retrouver le goût des livres. On croise également un révolutionnaire qui rêve de refaire la Commune sur les collines de Belleville, des énarques un peu déboussolés, des jeux d'espions, un Président de la République cyclothymique, une guerre des polices et un écrivain en mal d'inspiration. Autant dire que l'on ne s'ennuie pas.

Pas de catastrophe donc, mais des personnages qui prennent un peu plus de temps pour explorer le passé et en tirer de l'inspiration pour l'avenir. Une réflexion sur les chemins que chacun emprunte sans trop savoir où ils le mèneront, sur l'importance de voir clair en soi même lorsque la lumière est éteinte.

La grande panne ne donne ni dans le gadget, ni dans la terreur mais propose un habile renversement de panorama sur les faibles êtres humains que nous sommes. Ce qui ne peut nous les rendre que plus sympathiques.

Je ne peux que vous encourager à vivre l'expérience, à éteindre la lumière et à vous plonger dans cette grande panne à la lueur d'une bougie. Pour votre plus grand plaisir.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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