![]() |
Considéré par beaucoup aujourd'hui comme l'un des écrivains français majeurs des littératures de l'imaginaire, au même titre que Jean-Philippe Jaworski (« Gagner la guerre ») ou encore Stéphane Beauverger (« Le Déchronologue », Laurent Kloetzer est incontestablement un auteur atypique. Déçue par ses « Royaumes blessés », déroutée par les nouvelles de ses « Petites morts », c'est non sans une certaine appréhension que je me suis lancée dans la lecture de cette très encensée « Voie du cygne ». Allais-je encore une fois louper le coche ? Et bien non. Soulagement dès les toutes premières pages : cette fois, je suis moi aussi totalement tombée sous le charme du roman Laurent Kloetzer. Un récit à mi-chemin entre la fantasy et le polar se déroulant dans le même univers atlan que la plupart des autres ouvrages de l'auteur et mettant en scène une galerie de personnages impressionnante car particulièrement soignée. En ce qui concerne l'intrigue, Laurent Kloetzer n'hésite pas à allègrement piocher dans la mythologie grecque : des labyrinthes, un monstre, un vieux roi tyrannique et cruel, un inventeur ferru de machines volantes..., bref, vous aurez sans mal reconnu le mythe du Minotaure que l'auteur se rapproprie ici avec brio en le mélangeant à des histoires de cour et de meurtre. Le symbolisme tient également une place de choix dans ce roman où tout est à double sens et rien jamais certain. Laurent Kloetzer dispose d'un talent indéniable pour manipuler ses lecteurs jusqu'à les rendre presque fébriles et incapables d'émerger de la toile redoutable qu'il a patiemment tissé. Ne vous fiez pas à l'apparente lenteur des premiers chapitres, car une fois les personnages présentés et le décor posé, le rythme se fait endiablé, action, révélations et rebondissements inattendus s'enchaînant de façon de plus en plus précipité et toujours aussi maîtrisée. le talent de l'auteur réside également dans sa capacité à faire peser sur son récit une ambiance très particulière, comme si les personnages comme le lecteur oscillaient sans cesse entre rêve et réalité. Un onirisme que l'on retrouve d'ailleurs dans la plupart de ses autres romans, qu'il s'agisse du recueil « Petites morts » ou de « Mémoire vagabonde ». « La voie du cygne » m'a à ce propos beaucoup fait penser à l'excellente « Mademoiselle Belle », nouvelle du même auteur mettant en scène une soirée de fête et de jeux dans un jardin aussi merveilleux qu'inquiétant. le principe est un peu le même ici, avec cette partie de l'oie mortelle réunissant les protagonistes. Un jeu au premier abord tout à fait banal et quelque peu ennuyeux mais que l'auteur parvient à rendre captivant et d'une subtilité insoupçonnable. Avec « La voie du cygne », Laurent Kloetzer signe un excellant roman possédant plusieurs niveaux de lecture et proposant un dosage parfait entre action et subtilité. L'intrigue, le rythme, le décor, les personnages..., tout est maîtrisé à la perfection afin offrir au lecteur une histoire passionnante, sans aucun temps mort. Me voilà impatiente de découvrir les prochains ouvrages de l'auteur ! Merci à Arakasi pour m'avoir incitée à surmonter mes réticences et à sauter le pas grâce à son élogieuse critique. + Lire la suite |