La maison au milieu de la mer céruléenne est un petit roman de fantasy très plaisant baigné dans la tolérance et l'ouverture d'esprit, un one-shot militant qui rappellera des oeuvres comme Edward aux mains d'argents ou la fameuse série de romans Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ramson Riggs de par son ode à la différence...
Ecrivain à coeur de défendre la cause LGBTQ,
TJ Klune dresse ici une fantasy colorée, militante , un peu trop sucré sur les bords mais qui s'avère bien divertissante avec son lot de bons sentiments et son petit groupe de personnages aussi singuliers qu'attachants.
Nous suivons le quotidien de Linus Baker, un employé solitaire du Ministère de la Jeunesse Magique dont le travail se résume à surveiller les bonnes conditions des orphelinats magiques et à rédiger des rapports détailles et en toute objectivité. L'empathie naturelle de Linus lui permet de se voir confier (un peu contre son gré) une mission de la plus haute importance par les Cadres Extrêmement supérieurs : dresser un rapport sur un foyer dans lequel réside six jeunes êtres magiques mises au ban de la société en raison de leur supposé dangerosité. Ces six jeunes sont sous la tutelle de l'énigmatique Parnassius.
Linus Baker n'est pas au bout de ses surprises avec cette mission qui le métamorphosera complètement.
Pour plaisant qu'il soit, j'ai trouvé que
La Maison au milieu de la mer céruléenne démarre sur des bases un peu fragiles. Nous retrouvons un schéma typiquement burtonien entre opposition d'une "normalité ", univers grisâtre de la bureaucratie et cette maison pleine de couleurs, si gay, pleine de vie dans laquelle Linus Baker va trouver l'amour et aussi son épanouissement malgré un groupe de villageois bien véner qui ne supporte pas la présence de ces orphelins magiques. Un schéma de déjà-vu qui m'a fait un peu grincer les dents par cette opposition presque caricaturale de deux mondes. de plus, cet univers de fantasy n'est pas des plus étoffé. Les environnements bureaucrates sont forcément atones excepté cette belle île de Marsyas pleine de couleur, planté au milieu d'une belle mer bleue... Derrière ces descriptions, on devine aisément l'engagement de l'écrivain. Ce qui n'est pas un mal en soi, bien au contraire ! L'auteur n'hésite pas à utiliser l'allégorie de la fantasy pour mettre en valeur ses idées et construire des personnages jugés marginaux , bien sûr , il y un écho à l'intolérance de notre temps. Et cela donne un ton assez savoureux à ce roman qui utilise directement l'allégorie de la fantasy, de l'imaginaire en général. C'est un bon roman de fantasy car l'auteur en s'approprie l'imaginaire pour en délivrer un conte social qui fait du bien à lire même si il a parfois un peu trop le goût d'un bonbon sucré, acidulé, sirupeux...
Ce qui me dérange un peu plus, c'est que cet engagement est quelquefois un peu trop flagrant ou mal mis en scène ce qui ramollit le pur enchantement de la fantasy.
Ainsi, nous avons droit à de grands discours sur la tolérance et le bien-être des enfants à tel point que j'ai cru entendre une petite douce musique au piano
le discours final de Linus aux Cadres, nous avons droit à un portrait figé et guère nuancé de la bureaucratié déjà vu et revue mille fois. Et enfin, dans l'ensemble,
La maison au milieu de la mer céruléenne ne propose pas de réelles magies. Ce sont uniquement ses personnages qui sont magiques comme si
TJ Klune avait surtout voulu recentrer sa magie "militante" sur ses personnages Ce sont cependant des êtres vite attachants et adorables mais leur différence est tournée de telle manière qu'elle fait un peu grossièrement écho à l'actualité et de manière un peu sirupeuse avec les beaux discours, l'harmonie de la famille et la figure habituelle des "normaux intolérants". J'ai préféré aux beaux discours quelques moments de poésie comme la traversée de la mer sur une route de sel ou des moments de joies comme les simples aventures de nos orphelins.
Je me répète mais les personnages sont encore une fois très sympathiques avec une bonne synergie entre eux et menés par des dialogues qui font mouche. L'humour noir de Lucy est très sympathique. Cela dit, on sent que l'auteur ne cherche jamais à les égratigner ce qui fait que la fantasy tombe un petit peu dans trop d'innocence sans présenter de grandes menaces.
En somme,
La Maison au milieu de la mer céruléenne est un roman de fantasy young adult tout à fait plaisant colorée et tendre malgré une magie qui est un peu étouffée et des beaux discours de tolérance au parfum sirupeux de déjà-vu.