La tête hors de l'eau, tome 1 : La rivière des souvenirs

En VO, cette histoire n'est pas divisée en deux romans. L'éditeur a expliqué son choix de le publier en deux parties puisque c'est un petit pavé de plus de 700 pages que nous a écrit TJ Klune. Je sais qu'on peut facilement contester le procédé… mais j'ai fait le choix de me procurer cette merveille malgré cela.

Je vais donc concentrer mon retour sur le premier tome pour limiter les spoils.

Notre héros et narrateur, Benji, a perdu son père des années plus tôt et n'a pas fait le deuil de ce dernier. L'accident de son père le ronge tellement qu'il est persuadé qu'il s'agit d'un acte criminel.

Benji n'est pas certain de ce qui lui arrive mais remet en cause sa santé mentale alors qu'il fait d'étranges rêves et éprouve de drôles de sensations. Tout cela semble s'accentuer.

Au départ, TJ Klune nous propose un roman sur le deuil, sujet qu'il a bien traité selon moi. Benji et Big Eddy étaient très proches et fusionnels. Eux ainsi que Lola, la mère de Benji, formaient une famille aimante et unie, sans parler du Trio de tantes de Benji qui dynamise le texte. Évoquons notamment l'une d'elles, atteinte du syndrome de Down, d'apparence naïve et fragile, qui sera l'un des personnages les plus touchants et surprenants de cette histoire. TJ Klune offrant à nouveau la possibilité à tous de recevoir la reconnaissance et la légitimité qu'ils méritent. Différents, d'accord, mais pas moins considérables.

Revenons au deuil qui ne va pas se faire trop vite et cela même si ça fait cinq ans que Big Eddy les a quittés. Benji a beaucoup de travail à effectuer sur lui-même à ce sujet. L'évolution de son enquête personnelle sur le décès de son père va renforcer tous les faits étranges qui se passent autour de lui. Il faudra attendre quasiment la fin de l'histoire pour que Benji lâche prise.

L'enquête, quant à elle, n'est pas tirée par les cheveux et reste très crédible. On aurait pu penser l'inverse vu la tournure fantastique que prend le texte.

La dimension surnaturelle de l'histoire devient explosive à l'apparition de Calliel, personnage que l'on verra plus évoluer dans le second tome. L'absence du point de vue narratif de Calliel renforce le sentiment mystérieux qui entoure la ville de Roseland. Et même si le statut paranormal de ce dernier laisse à penser à qu'il est du côté du bon et du juste, il montre souvent une facette sombre, accentuée par la possessivité de Calliel vis-à-vis de Benji. Tout cela pour vous évoquer des éléments importants du texte : les frontières entre bien et mal et celles entre folie et raison sur lesquelles l'auteur joue par moment car les personnages vont devoir faire des choix, user de leur libre-arbitre à des degrés divers au fil du récit et réfléchir aux conséquences de leurs actes.

Si vous êtes réfractaires à la religion, passez votre chemin. TJ Klune fait la part belle aux anges et à la hiérarchie divine. C'est un point que j'ai beaucoup aimé et qui rend le cheminement du deuil plus fort d'une certaine manière.

Côté romance, elle n'est pas tout à fait au premier plan et se déroule à la fois très rapidement lorsqu'elle démarre pour ralentir plus tard. Ce n'est pas le point principal de la tête hors de l'eau. le couple Benji/Calliel surprend au premier abord mais tout ce qui paraît les opposer s'estompe. Il y a une évolution perceptible chez ces personnages.

J'ai été très touchée par ce roman, qui nous partage beaucoup d'émotions, des passages m'ont donné envie de pleurer. D'ailleurs, TJ Klune nous a aussi habitués à des histoires pleines d'humour alors qu'ici, le ton n'est pas trop à la rigolade. Néanmoins, j'ai vécu cette lecture aux côtés de Benji et des habitants de Roseland, espérant, priant avec eux et totalement imprégnée de l'ambiance, vous l'aurez compris.

Ce n'est pas un coup de coeur mais on n'en est pas loin. Je vous recommande ces livres si le sujet vous tente.

T.J. Klune : 5* / Éditeur : 0 pointé ! Résultat 1* …


J'ai hésité à acheter ce livre, peut-être aurais-je dû préférer la version anglaise. Encore une fois un éditeur fractionne artificiellement un livre en deux tomes, ceci ajoutant à l'inconvénient du prix doublé celui d'attendre la parution du second tome pour enfin pouvoir finir le livre !
L'autre défaut chez ce groupe d'édition est l'absence de parution simultanée de l'édition papier avec l'e-book, Je préférerais acheter les Klune en papier, mais il est hors de question que je le fasse après avoir acheté la version électronique … décidément il va falloir que je me remette à la lecture en anglais!
Évidemment le livre se termine de manière abrupte en queue de poisson, pour le terminer réellement il faudra patienter jusqu'à ce que l'éditeur se décide à publier la fin du livre, une occasion de nous faire passer une seconde fois à la caisse.
Je ne peux que déconseiller ce livre afin de ne pas encourager cette démarche abusive qu'ont certains éditeurs. Personnellement je pense me tourner vers la version complète du livre en Anglais, qui de toute façon est moins onéreuse que cette moitié de livre …


Le livre :
Pour Benji les jours se succèdent monotonement, tristes et moroses depuis le décès de son père il y a cinq ans, noyé lors d'un mystérieux accident de la route alors que son fils avait seize ans. Maintenant Benji partage sa vie avec sa mère et ses trois tantes et s'occupe du garage-épicerie qu'il a hérité de son père. Sa mère l'a bien presque forcé à tenter l'université mais il n'a tenu que trois mois avant de revenir dans son village de huit cents habitants perdu dans la campagne de l'Orégon, un village dont il se sent faire partie. Petit à petit il a la sensation d'une présence qui le réconforte lors de ses moments les plus douloureux accompagnée d'une lueur bleue, elle se manifeste de plus en plus fréquemment alors que la dépression du jeune homme s'accentue, jusqu'au moment ou il trouve une plume bleue au sortir d'un rêve. Depuis si longtemps qu'il est esseulé sa vie va prendre un tournant le jour où un bel inconnu lui tombe du ciel …


L'auteur, dans son style particulier commence la narration par une description du décor et des personnages, ceci avec un petit côté décalé et une pointe d'humour bienvenue, subtilement l'ambiance et les émotions prennent vie, l'état d'esprit des protagonistes prend du relief nous préparant aux développements. Benji est incapable de faire le deuil de son père qu'il adorait, jamais il ne saura l'accepter, d'autant que l'enquête qui a conclu à un accident de la circulation ne le satisfait pas. Peu à peu un élément surnaturel se glisse dans le récit, qu'en est-il de cette main sur son épaule qui le réconforte dans les moments de détresse, accompagnée d'un éclair bleu ? a-t-il des hallucinations ? est-ce le fantôme de son père ? Benji est cartésien et doute de ses perceptions, mais au fil du temps cette présence se manifeste de plus en plus souvent, comme ses moments de détresse. Lorsqu'il rêve d'une pluie de plumes et qu'au réveil il trouve une magnifique plume bleue les choses s'accélèrent jusqu'à ce qu'un homme magnifique lui tombe du ciel pour briser sa solitude et son abstinence de cinq ans.
À partir de ce moment le récit se diversifie et le rythme de la narration s'accélère pendant que la romance, avec ses haut et ses bas générés par l'incrédulité qui torture Benji devient prépondérante. Mais Dieu est-il responsable du décès de son père, à moins que ce ne soit ceux qui semblent gérer un trafic de drogue depuis le village, et qu'en est-il de ces deux mystérieux hommes qui interrogent les habitants au sujet de Calliel ?
… c'est à ce moment que l'éditeur a choisi de scinder le roman, alors restez sur votre faim pendant quelques mois à attendre la parution du contrefait "tome 2" !


Au final un livre qui semble excellent, mais dont le plaisir de lecture est gâché par une scission arbitraire …



PS : J'ai renoncé à commenter les défauts de traduction ou d'orthographe qui semblent une norme chez les éditeurs de m/m, ici encore les correcteurs ont bâclé le travail en nous laissant une multitude de "é" à la place de "ais" ("hallunigé-je") …

Benji est un jeune homme de 21 ans qui vit dans une petite ville tranquille avec sa mère et ses trois tantes. Il tient la station service qui appartenait il y encore quelques années à son père décédé.

Benji est un jeune homme en souffrance. Il cache assez bien son versant dépressif, mais le lecteur qui est dans son esprit le subit de plein fouet. Il n'a pas fait le deuil de son père et le comportement plus que louche du shérif à son égard, éveille en lui des soupçons quant aux circonstances de l'accident de voiture de son paternel. Benji est empli de cette haine de l'injustice d'avoir perdu son père et meilleur ami à la fois. Il en rend chaque personne responsable inconsciemment.

Alors que le roman débute comme une vraie romance contemporaine, j'ai été totalement décontenancée lors de l'arrivée fracassante d'un nouveau personnage surnaturel, tombé du ciel. Je me suis dit que c'était un gros délire et j'ai laissé la chance à l'auteur de me convaincre au fil des pages.

Malheureusement, la magie mystique et virile de ce nouveau personnage n'a pas pris sur moi. Je l'ai trouvé en décalage avec les autres personnages de l'histoire, qui eux présentent des personnalités intéressantes et fouillées. J'ai eu finalement l'impression que cet être surnaturel n'était là que pour apporter un peu de testostérone à l'histoire et poser la romance gay.

Pour autant, j'ai ressenti une réelle implication émotionnelle de la part de l'auteur, qui se confesse notamment en préface sur la perte de son propre père. Toutes les émotions retranscrites sont belles et crédibles, rendant le personnage de Benji tellement touchant. J'ai beaucoup aimé également les tantes de Benji, qui m'ont fortement rappelé "nous les reines" dans son roman " Comment se comporter comme personne normale".

Finalement, je n'ai pas été plus emballée que ça par cette nouvelle homoromance paranormale, qui s'étire notamment sur un prochain tome. Pour autant, je l'ai lu rapidement, car la plume de TJ Klune reste toujours aussi belle et impertinente. Toutefois, des longueurs et des répétitions sont venues se rajouter à un contexte fantastique qui ne m'aura pas convaincu. C'est vraiment dommage.
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