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Cycle Mon Combat tome 3 sur 6
EAN : 9782207124185
592 pages
Denoël (14/01/2016)
3.99/5   77 notes
Résumé :
Par une belle journée d’août 1969, une famille emménage dans sa nouvelle maison de Tromøya, dans le sud de la Norvège. C’est ici que le fils cadet, Karl Ove, va passer son enfance, rythmée par les expéditions à vélo, les filles, les matchs de football, les canulars pyrotechniques et la musique. Pourtant, le jeune Karl grandit dans la peur de son père, un homme autoritaire, imprévisible et omniprésent.
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La fin du 20e siècle, nous la connaissons suffisamment bien et nous manquons encore de recul pour en apprécier le leg encore largement incertain (quoique Virgine Despentes y soit parvenu, à mon humble avis, avec Vernon Subutex). Donc, à quoi rime Mon combat ? Une autobiographie comme une autre ? Dans tous les cas, Karl Ove Knausgaard a réussi à m'accrocher. Après l'adolescence et la vie de jeune adulte, le troisième tome Jeune homme, raconte son enfance. L'auteur-narrateur décrit son arrivée sur l'île Tromoya en Norvège alors qu'il n'est encore qu'un bambin mais, après la description des lieux et du voisinage, ses aventures ne commencent réellement que lorsqu'il débute l'école. Puis, le temps passe, les années aussi. Mais combien ? Les indices du passage du temps sont vagues. Est-il rendu à six ans, huit ou dix ? Quand il se sent attiré par les filles et qu'il se fait des petites amies, je me dis qu'il n'est plus si jeune. Éventuellement, l'année 1980 est mentionnée puis, peu après, on apprend qu'il a douze ans. le roman se termine alors que, rendu à treize, sa famille déménage à nouveau. Il doit abandonner ses amis et le monde qu'il a connu.

Je suis abasourdi par la précision avec laquelle Karl Ove Knausgaard a réussi à reconstituer cette enfance. Certains événements remonentent à loin, très loin. Par exemple, moi, il me reste quelques souvenirs de mes cinq ans mais pas autant que cet auteur. Je me demande donc si tout est vrai et, sinon, quelle en est la part de vérité ? Par moment, je me demandais aussi si cet exercice de mémoire était un règlement de compte à l'endroit de son père (décédé il ya longtemps). Ce dernier joue le rôle du méchant. Il n'était pas violent physiquement, mais l'auteur-narrateur le dépeint toujours comme quelqu'un de froid, extrêment sévère, le punissant parfois sans raison, l'humiliant souvent, le terrorisant toujours. Même dans les moments plus agréables comme en vacances, il est dépeint comme un monstre, sinon ridiculisé (par exemple, lors de leur sortie en ski). Il faut dire que c'est la mort de ce père tyrannique qui constitue la petite madeleine de cet ouvrage proustien.

Même si le style a encore beaucoup à envier au génie français, Jeune homme est extrêmement bien écrit, mieux même que les tomes précédents qui nous balançait du présent au passé sans crié gare, au gré de… je ne sais toujours pas. Ce roman-ci est complètement linéaire. Et le peu de marqueurs temporels mentionnés plus haut ne nuisent aucunement à la compréhension. En ce sens, ce troisième tome me semble un peu plus cadré. Il y a un début, un milieu et une fin, une ligne directrice. C'est là qu'on reconnaît un esprit classique : malgré toutes les circonlucutions qu'il emprunte et les digressions dans lesquelles il entraine ses lecteur, il revient sans cesse aux mêmes points. Quand j'ai refermé le livre, j'ai vraiment eu le sentiment que Knausgaard avait bouclé la boucle de cet épisode. Un autre chapite de sa vie était terminé, il allait passer au suivant dans le quatrième tome.

Même si ce n'est pas un coup de coeur, Jeune homme reste une lecture agréable. le style est si fluide qu'on se laisse emporter par ces anecdotes sans fin semblables à celles que probablement beaucoup ont vécu eux-mêmes quand ils étaient petits. Il faut dire que Knausgaard-enfant est un personnage assez typique. Il est un garçon comme tant d'autres, il a ses forces et ses faiblesses, il est peut-être un plus intelligent que la moyenne (ou, du moins, il se débrouille mieux à l'école), et conséquemment il se montre vantard sans le vouloir. Et je le trouve un peu pleurnichard, il chiale souvent. À part cela… N'importe qui peut s'identifier à lui. Sinon le prendre en pitié même si parfois il agit de façon insupportable. Il faut saluer l'honnêteté de l'auteur de ne pas se montrer seulement sous son meilleur jour, de s'embellir aux yeux du monde.
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Bien que ce roman soit le troisième d'une série de six tomes, j'ai sauté directement dans celui-ci, qui relate l'enfance du narrateur, c'est-à-dire, l'auteur lui-même. Tout simplement parce que j'aime les récits d'enfance.
Dans les magazines, on a souvent parlé de "Mon Combat" - le titre regroupant les six tomes - comme un équivalent de la Recherche de Marcel Proust. Oh là! Ai-je envie de dire, doucement! Il y a bien six tomes en grande partie autobiographiques regroupés sous un même nom, mais la comparaison s'arrête là! Quoique...
Karl Ove grandit dans les années 70 sur une île norvégienne dans une toute jeune résidence auprès de son grand frère, de sa mère et d'un père enseignant très autoritaire. Tout tourne d'ailleurs autour de lui, oeil plus que vigilant qui perce les moindres secrets et punit à la moindre petite incartade, terrorisant ses fils. C'est d'ailleurs sa mort qui est à l'origine de Mon Combat.
Karl Ove est un garçon très sensible, intelligent, le meilleur de sa classe, et vantard malgré lui ce qui lui attire pas mal d'inimitiés. Il grandit au coeur de son lotissement et de la forêt qui la jouxte, la mer tout autour de lui. Ce qu'il raconte ici n'a rien d'exceptionnel, une enfance qui passe, avec ses douleurs et ses petites joies, la découverte de l'amitié, de la musique, puis des filles, mais aussi de l'injustice et d'une violence latente.
La première moitié est surtout une exposition de faits, de souvenirs, mais la deuxième moitié permet au narrateur de revenir sur ses émotions et la mort future du père qui le lancera dans cette introspection. C'est, pour moi, ce qui sauve ce roman et lui donne sa profondeur.
je ne pense pas encore lire les autres tomes, ou bien plus tard, mais j'ai aimé cette lecture dont on a tant parlé récemment.
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Karl Ove Knausgaard, né en 1968 à Oslo, est un romancier norvégien connu pour son cycle de six romans autobiographiques intitulé Mon combat. Après des études d'art et de littérature à l'université de Bergen il publie un premier roman en 1998 et reçoit pour son livre le prix de la Critique. Karl Ove Knausgaard vit en Suède avec sa femme, elle aussi écrivain, et leurs enfants. Jeune homme, troisième volume du cycle, vient de paraître.
Ce nouveau volet de l'oeuvre autobiographique de Karl Ove Knausgaard revient sur les treize premières années de sa vie, une parenthèse entre deux déménagements, l'un qui ouvre le texte à l'été 1969 et l'autre qui le clôt avec la perte des amis d'enfance, l'entrée au collège, une autre vie qui commence.
Je reconnais avoir été étonné que l'écrivain revienne sur cette période de sa vie, car elle avait déjà été abordée dans la première partie de son premier livre, La Mort d'un père. Certes, ici elle est plus développée, mais bon… première petite déception. Nous retrouvons donc, la famille Knausgaard, le père professeur de collège et membre du conseil municipal, la mère qui s'occupe de personnes dépendantes et Yngve le frère aîné de quatre ans. La vie de l'écrivain n'est jamais extraordinaire, elle est même très commune, nous suivons son évolution qui passe par l'école, ses copains et les virées en vélo, les matchs de football, la musique rock, les filles… Seconde déception, il m'a semblé que le bouquin ne décollait vraiment qu'après la trois-centième page, sans pour autant que l'ennui me gagne je tiens à le préciser.
Mais là, enfin, j'ai retrouvé l'attrait de l'écriture de Karl Ove Knausgaard, un « truc » qui ne s'explique pas, une sensation indescriptible, soudain alors que rien de vraiment original ne saute aux yeux à la lecture des péripéties narrées, le lecteur est pris et retrouve tout ce qui fait le charme de cette saga. Nous découvrons dans ce livre, une facette de la personnalité de l'écrivain encore enfant, un gamin pas sûr de lui, pas bien costaud, pleurant facilement et surtout nous avons des précisions supplémentaires, par rapport aux deux tomes précédents, sur le caractère de son père, un homme très dur, parfois violent, strict dans l'éducation de ses enfants, au point de faire régner une sorte de terreur familiale dès qu'il rentre à la maison. Karl Ove en a peur, lui vouant une haine mortelle d'un côté mais cherchant désespérément à bien faire et obtenir des compliments de sa part, en vain.
L'écrivain le souligne à un moment, pour lui à cette époque il y avait deux mondes, le monde extérieur et celui à l'intérieur du domicile familial. le monde extérieur est vivant, ce qui ne veut pas dire pour autant amusant, les copains, le football etc. mais aussi les vexations ou humiliations subies de la part des autres gamins ; l'autre monde, chez lui, la trouille permanente comme une épée de Damoclès sur sa tête (« Rien que de penser à papa, à son existence, la peur s'empara violemment de moi »), une vie à l'ordre quasi militaire sous la férule d'un père cyclothymique qui interdit tout mouvement déplacé, avec lequel on ne peut discuter ou seulement émettre un avis. Seule la mère apporte un léger réconfort (« Car s'il y avait quelqu'un au fond de ce puits qu'est l'enfance, c'était bien elle, ma mère, maman »), mais pour Karl Ove, ce n'est que de ce père détesté qu'il voudrait obtenir les faveurs.
Encore un bon bouquin de Karl Ove Knausgaard mais, à mon avis, inférieur aux deux volets précédents.
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Troisième volet de l'autobiographie initiée par l'auteur, ce livre revient sur l'enfance de ce dernier. Sachez que le cycle complet comprendra six volumes sur cinquante années de vie.
Knausgaard commence Jeune homme en indiquant qu'il a peu de souvenirs de ses premières années. Les réminiscences les plus anciennes remontent à ses 6-7 ans (exactement comme moi) et c'est donc le point de départ de son roman.

A cette époque, c'est le début de l'école, des amitiés mais aussi d'un caractère qui s'affirme. Karl Ove est le cadet de sa fratrie (Yngve est le grand frère qui ouvre la marche) et est aussi le plus sensible. Il pleure à chaudes larmes à la moindre contrariété, est complexé par son physique (son attribut de petite taille le fait douter de sa virilité) et a beaucoup de mal à être à l'aise avec les filles. Mais le point marquant de cette période, c'est surtout sa grande crainte de son père qui règne en tyran à la maison. Lorsque le père, enseignant, est chez lui, les règles sont strictes : un silence absolu doit prévaloir et il n'est pas question d'inviter quiconque dans le huis-clos. C'en est presque oppressant car certains passages du roman montre un Karl Ove complètement tétanisé face au père impulsif et autoritaire.

Tout comme les deux premiers, ce troisième volet m'a complètement embarquée. Car dans la déconstruction, Knausgaard parvient à maintenir le lecteur dans l'attente de la suite : qu'évoquera-t-elle ? Après le décès du père, la rencontre de son épouse et ses premiers pas vers l'extérieur, que lui reste-t-il pour les trois volumes à venir ?
Mais pour l'avoir conseillé à des personnes proches je peux témoigner que ces livres-ci, soit on les aime, soit on les déteste. Car l'auteur ne cherche pas à plaire et c'est particulièrement vrai lorsqu'il écrit plusieurs pages sur sa passion de la défécation. Ames non scatologiques, s'abstenir !

Après, toute enfance est relativement similaire que ce soit en Norvège ou dans tout autre pays occidental. C'est donc le volume qui, des trois, m'a le moins harnachée même si je continue à trouver en l'auteur un certain génie de la prose.

Merci à Babelio et aux éditions Denoël pour l'envoi de ce livre, dans le cadre de l'opération "Masse critique" !
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Première impression : Alors que rien, dans le titre, le résumé ou une mention quelconque sur la couverture ne le laisse supposer, dès que j'ouvre le livre, deux informations me sautent aux yeux : Livre III et Quatrième partie… Ca refroidit un peu. J'aime bien savoir, avant d'ouvrir un bouquin, qu'il fait partie d'une saga, et encore plus quand ce n'est pas le premier tome.
Mais bon, je ne vais pas me laisser rebuter par cela, peut être que ce livre peut être lu indépendamment des autres.
Alors impression de lecture mitigée : J'ai aimé et je n'ai pas aimé.

Si, c'est possible !

Je n'ai pas aimé la mise en page. On a ici un roman sans chapitres, avec des sauts de lignes très rares. En gros ça fait un peu bloc indigeste.
Mais… Malgré le manque d'aération du texte, l'écriture est fluide et agréable. C'est un roman qui se lit assez vite malgré sa longueur de près de 600 pages. J'ai donc bien aimé le style excepté les premières pages où l'auteur se lance dans un délire philosophique sur le thème est ce que le moi enfant est le même que le moi adulte ou que le moi vieux. Il va jusqu'à dire qu'on devrait changer de prénom au fil de la vie parce qu'on n'est pas la même personne à 7 ans, à 20 ans, à 50 ans… Ce passage était un brin indigeste. Heureusement il ne dure pas.
Les noms norvégiens sont parfois un peu complexes, mais je viens de comprendre d'où viennent les noms des endroits imaginaires ou des races extraterrestres dans les films.
En l'espace de quelques pages, j'ai trouvé Arendal (= Arendel de la reine des neiges) ou encore Asgardstrand (= les Asgard, une des races extraterrestres de SG1)…

En revanche, le plus gros problème que j'ai eu avec le livre (ce qui n'empêche pas d'avoir envie de continuer à le lire) est que Karl Ove, enfant, est tout simplement imbuvable.
A aucun moment je n'ai ressenti la moindre empathie pour lui, bien au contraire, j'ai eu l'impression que son livre n'était qu'un prétexte à la pleurnicherie. Car si l'histoire décrit un enfant de 7 ans c'est bien un adulte qui écrit ces lignes. Et Karl Ove ne semble, à aucun moment, remettre en question son attitude.

S'il est vrai que le père de Karl ove semble être un peu instable et clairement un maniaque du contrôle (le passage où il oblige son fils à manger un bonbon au caramel parce qu'il fait la tête, le démontre bien), il y a quand même un monde entre les privations de sortie ou l'obligation de jeter un sac de bonbons à la poubelle et un comportement violent engendrant la terreur du père comme il le dit à plusieurs reprises (ou même dans le résumé : grandit dans la peur du père).

Il faut préciser aussi que Karl Ove est particulièrement insupportable comme enfant. Au fil des pages, on le voit s'amuser à allumer des feux dans une montagne desséchée, jeter des pierres sur des voitures au risque de provoquer un accident, ou encore lacérer les landaus de poupées des voisines à l'aide d'une branche taillée en pointe avec son couteau.

À chaque fois qu'il se fait prendre dans l'une ou l'autre de ses bêtises, il est indignés de se retrouver puni et trouve cela injuste (et l'adulte qu'il est lorsqu'il écrit ces lignes semble tout autant sûr du bon droit du gamin).

Son caractère n'est pas des plus agréables : il passe son temps à se vanter et à dénigrer ses camarades sous divers prétextes, soit parce qu'un tel a un père alcoolique soit parce que tel autre ne sait pas encore bien lire.

Il est furieux de constater que ses amis s'éloignent de lui à cause de son comportement et il ne se remet jamais en question.

Quand je vois le nombre de témoignages existants sur de véritables enfants maltraités, je trouve ahurissant d'oser comparer cette maltraitance et les punitions, certes parfois injuste, que reçoit Karl Ove.

Qu'il aille dire à des enfants martyres que le pire pour un enfant est de devoir rester tranquille 1h dans une voiture qui roule ou de devoir boire du lait qui vient d'être tiré à la place du lait pasteurisé auquel il est habitué et on verra comment il sera reçu…

En refermant ce livre une seule question m'est venue à l'esprit : pourquoi ? Qu'est ce qu'il se passe dans la vie de se type qui justifie un bouquin de 600 pages sur 6 ans de son enfance ? La réponse : rien…
Il parle pour rien dire, se contentant de se considérer comme une éternelle victime.

Si toute son oeuvre est ainsi une ode à sa personne et aux misères que « les méchants » lui font sans cesse, je ne risque pas de lire les autres « tomes ».
Lien : http://radioselene.hautetfor..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai revu aucun d'eux [mes amis d'enfance] depuis cet été-là et quand je fais des recherches sur Internet pour voir quelle tête ils ont, ou bien ce qu'ils sont devenus, je ne trouve personne. Ils ne font pas partie des gens qu'on peut trouver là, ils appartiennent à une classe dont les parents sont ouvriers ou fonctionnaires, qui ont grandi à la périphérie de tout sauf de leur propre vie. Je n'ai aucune idée de ce que je suis pour eux, sans doute un vague souvenir, quelqu'un qu'ils connaissaient quand ils étaient enfants, car depuis dans leur vie, ils se sont fait tant de choses entre eux, il s'est passé tant d'événements, et d'une telle force, que les petits faits advenus pendant l'enfance n'ont pas plus de poids que la poussière que soulève une voiture en passant ou que le duvet d'un pissenlit fané que le souffle d'un enfant éparpille. Oh, n'était-ce pas une belle image? Les événements ne se succèdent-ils pas en s'éparpillant au-dessus du petit pré de notre histoire, puis retombent en brins d'herbe et disparaissent?
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Le temps ne s'écoule jamais aussi vite que pendant l'enfance, jamais une heure n'est aussi courte que dans ces années-là. Toutes les possibilités sont ouvertes, on court tantôt par-ci, tantôt par-là, on fait tantôt ceci, tantôt cela, et puis sans qu'on s'en aperçoive, le soir est tombé, on se retrouve dans la pénombre, stoppé par le temps comme une barrière devant soi : oh non, il est déjà neuf heures? Mais pareillement, le temps ne s'écoule jamais aussi lentement que pendant l'enfance, jamais non plus une heure ne dure aussi longtemps que dans ces années-là. Que disparaissent cette liberté et la possibilité de courir tantôt par-ci, tantôt par-là, en pensée ou en acte, et chaque minute devient une barrière et le temps un espace dont on est prisonnier.
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La mémoire n'est pas un élément fiable dans la vie, pour la simple raison que la vérité n'y est pas primordiale. Et ce n'est jamais l'exigence de vérité qui détermine si la mémoire se souvient fidèlement d'un événement ou pas, mais l'intérêt de chacun. La mémoire est pragmatique, elle est traitre et rusée bien que sans animosité ni méchanceté, au contraire, elle fait tout pour satisfaire son hôte. Elle refoule certaines choses dans le néant de l'oubli, en déforme d'autres jusqu'à les rendre méconnaissables, se trompe galamment sur d'autres encore, et pourtant elle se souvient de quelques-unes clairement, correctement et exactement. Mais voilà, il n'est jamais donné à personne de savoir ce dont on se souvient correctement.
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C'était étrange de voir à quel point tous les grands arbres avaient une personnalité propre qui s'exprimait par une posture absolument unique et par ce qui se dégageait de l'ensemble formé par leur tronc et leurs racines, leur écorce et leurs branches, et le rapport entre ombre et lumière. C'était comme s'ils parlaient. Non pas avec une voix, évidemment, mais à travers ce qu'ils étaient et qu'ils tendaient en quelque sorte à celui qui regardait.
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J’avais une telle peur de lui que même avec la meilleure volonté du monde je n’arrive pas à recréer les sentiments que j’éprouvais à son égard. Je n’en ai jamais plus ressenti de semblables depuis, pas même quelque chose d’approchant. Ses pas dans l’escalier, est-ce qu’il venait dans ma chambre ? La rage folle dans son regard. Le rictus de sa bouche, ses lèvres qui s’écartaient de façon incontrôlée. Et puis sa voix. J’en pleurerais presque maintenant en l’entendant en moi. Sa colère déferlait comme une vague à travers les pièces et venait me frapper, me frapper et me frapper encore, puis elle se retirait. Et le calme pouvait durer plusieurs semaines. Mais ce n’était pas vraiment le calme car elle pouvait revenir deux minutes comme deux jours plus tard. Il n’y avait aucun signe avant-coureur. Brusquement il était en colère.
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