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Critique de LeCombatOculaire


2064, États-Unis. New York est hyper modernisée, tandis que les autres villes à côté sont redevenues paysannes. Les consommateurs versus les "Bourbeux". Seulement, les matériaux commencent à se faire rare - ou plutôt : la consommation devient trop énorme, il faut donc importer beaucoup. Et surtout, convertir les "sauvages", avant de risquer de se faire complètement assiéger. Voilà la mission d'Alvah, qui doit aller dans les contrées lointaines dans son aérobarge pour jouer les publicitaires.

Un roman court, de 143 pages, qui arrive pourtant à installer un monde riche, une histoire bien pensée, un bon retournement de situation et surtout une réflexion intense. Commençons par ce que découvre Alvah : une civilisation sensée être retardée, et qui pourtant fleurit de manière autonome, sans rien importer ni exporter, sans sur-exploiter ses propres ressources, sans se tuer au travail. Des îlots d'utopie tranquille derrière les buildings. Là où la science-fiction commence, outre le fait que le récit se passe dans le futur, réside dans les matières premières utilisées par les Bourbeux, complètement fantaisistes.

On pourrait difficilement accéder à ce type d'utopie, mais le message derrière n'en reste pas moins pertinent. le récit a été publié en 1954, soit juste après guerre. le rapport à la terre et à l'agriculture devient de plus en plus exigent et le recours aux produits chimiques et à l'agriculture intensive commence à se propager, tandis que les besoins urbains font que la civilisation s'agglutine de plus en plus sur des terres infertiles où ne poussent que les bâtiments, immenses et coûteux en matériaux et énergie. Tandis qu'ici, les Bourbeux sont entièrement versés dans l'utilité, la modération, et ce qu'on imagine être une vision de l'agriculture raisonnée et biologique, rotative. Damon Knight dénonce aussi le rapport au progrès, à la croissance, à la technique, et la course effrénée au toujours-plus. Les Bourbeux ont eux-mêmes leurs propres techniques qui semblent paradoxalement bien plus avancées que celles de la civilisation, il n'est donc pas question d'un retour en arrière, mais plus d'un besoin vital et urgent de repenser le rapport à la consommation, au travail, à l'exploitation humaine et matérielle. Vous retrouverez toutes ces thématiques abordées en fin d'ouvrage - les éditions du passager clandestin remettant toujours les textes dans leur contextes (et c'est très intéressant) !

J'étais un peu dubitative en début de récit car j'avais peur d'une mauvaise réflexion sur les rapports du classisme, mais Damon Knight retourne la situation d'une façon magistrale et ce qui paraît au début être du mépris pour les civilisations apparemment moins évoluées ou moins riches se trouve en fait être une satyre des sociétés qui se prennent de haut. L'histoire se trouve en fait être vraiment drôle, pleine de richesses inattendues, et se trouve être bienveillante et très intelligente. Une poussée de retour à l'état de nature, une invitation à se rapprocher de son environnement et à optimiser ses techniques afin que personne ne manque de rien, à ne pas gaspiller, à ne pas s'essouffler dans une course aussi ridicule qu'inutile et dangereuse. Bref, un texte plus que jamais d'actualité.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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