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Critique de LaBiblidOnee


« C'est parti ! En route pour l'enfer ! »
Ainsi commence ce court roman de 160 pages, qui suffisent effectivement à vous y emmener.


Japon, 1929. Les « fiers navires glorieusement estropiés lors de la guerre russo-japonaise où ils avaient été bateau-hôpitaux ou convoyeurs de troupes, avaient après la guerre été mis au rebut comme des entrailles de poissons, et n'étaient plus aujourd'hui que l'ombre d'eux-mêmes ».


Aujourd'hui recyclés en bateaux-usine, ils servent les profits de patrons sans scrupules exploitant, comme des bêtes, le prolétariat extrêmement pauvre et soumis. Entassés dans « le merdier », ces dortoirs où les conditions de vies sont à vomir, les employés sont chargés de pêcher le crabe et de le mettre en boîte, dans des conditions météorologiques effroyables de la mer du Kamtchatka.


Sur ces cercueils flottants même pas rénovés, pour économiser chaque centime de l'entreprise, n'existe aucune humanité puisque les patrons ne les « considère[nt] pas comme des êtres humains », mais comme de la main d'oeuvre devant se sacrifier pour l'autosuffisance de la patrie et son honneur : des corps à martyriser quand les cadences sont jugées insuffisantes.


A peine nourris, malades, pourrissant vivants et parfois mourant dans leur foutre et leurs excréments, parmi les poux, les puces et les punaises, ils assistent avec écoeurement à la vie de château de l'équipage dirigeant.


Mais dans ce Germinal maritime, aussi cru que poétique, la colère gronde, même si le vent emporte sa rumeur. Si seulement, cette fois, on pouvait récolter ce l'on sème…


Comme l'a écrit, sur la première page de ce roman, le babelami que je remercie pour l'envoi, ce récit aussi noir que la couverture le laisse présager est « Dur mais nécessaire ». Si vous avez aimé A La Ligne, de Joseph Ponthus, ou Germinal, d'Emile Zola, vous ne pourrez que vous intéresser à ces bateaux-usines qui prouvent malheureusement, si cela était encore nécessaire, que l'homme peut-être une ordure avide de pouvoir et d'argent d'où qu'il vienne, et quelle que soit l'époque.
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