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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« le bateau-usine » de Takiji Kobayashi m'a fait sombrer. J'ai appris en cours de lecture que cet écrivain était mort sous la torture du fait de ses écrits en 1933. Il avait à peine trente ans. Je l'ai fini encore plus bouleversée…
Ce livre fut censuré dès sa parution en 1929, avant d'être redécouvert et de devenir à la fin des années 2000 un best-seller au Japon, de devenir culte sur son île d'origine d'Hokkaido, la crise économique violente traversée par le pays et le manque de repère de la jeune génération japonaise expliquant sans doute cet engouement.

La littérature japonaise que je lis habituellement est tout en non-dit, en retenue, en délicatesse. Une écriture épurée, souvent onirique, où peu est dit mais beaucoup est deviné, en filigrane, presque entre les mots, dans certains silences. Là ce n'est pas du tout ça. Mais pas du tout. Ce livre m'a sauté à la gorge, tant il raconte crument et brutalement. Une claque !

Je n'ai jamais lu un livre en étant aussi oppressée, en ayant autant la nausée. Chaque image, chaque mot semble être placé là précisément pour produire cet effet, le but étant de faire sentir aux lecteurs combien les conditions de travail des gens que nous découvrons sont inacceptables, que la seule voie possible est de se rebeller. Ou de mourir. Une écriture implacable et sans échappatoire, qui ne nous épargne pas, pour que nous soyons obligés, nous lecteurs, d'être dans l'empathie. @Bobfutur parle d'un chef d'oeuvre prolétaire maritime. Onee de Germinal maritime. Ils ont tous deux trouvé les mots justes. C'est un livre qui dénonce en effet les dérives du capitalisme et la course effrénée à la productivité, qui montre comment des travailleurs, pourtant japonais, donc habituellement respectueux de l'ordre, en arrivent à l'envie de s'unir pour la rébellion. Car ils vivent, et nous vivons avec eux, un enfer.

Comment s'y prend l'auteur, Takiji Kobayashi, pour faire comprendre aussi brillamment au lecteur cette nécessité de la révolte ? Comment fait-il pour nous révolter nous-même tant nous devenons au fur et à mesure de la lecture écoeurés, abasourdis, terrassés ? En plongeant ses lecteurs dans les bateaux-usines, ces épaves retapées « telles des prostituées syphilitiques dissimulant habilement leurs disgrâces sous d'épais fards », ces vieux navires estropiés qui pêchent le crabe dans la mer de Kamtchatka et le met en conserve. En enfouissant le lecteur corps et âme bien profond dans le « merdier », cette « tanière » des pêcheurs et surtout en utilisant différentes figures de style permettant au fond et à la forme de s'épouser, de se servir l'un et l'autre, comme :

- de nombreuses métaphores et personnifications, souvent très sombres et imagées :

« La "tanière" des pêcheurs était éclairée de lampes en forme d'églantines. À cause du tabac et de la promiscuité, l'air était trouble et empestait ; le dortoir tout entier était un immense "merdier". Dans les couchettes, des êtres humains fourmillaient comme des asticots.»

« Toute la nuit, ils étaient persécutés par des poux, des puces, des punaises qui sortaient d'on ne sait où. Ils avaient beau inlassablement repousser leurs assauts, c'était sans fin. Debout dans les couchettes sombres et humides, ils voyaient aussitôt rappliquer des dizaines de puces qui leur grimpaient sur les jambes. C'était à se demander si leur propre corps n'était pas en train de pourrir, au bout du compte. Ca faisait une drôle d'impression quand même, d'être en quelque sorte devenu un cadavre en décomposition, rongé par la vermine.»

- Des répétitions incessantes sur la puanteur abjecte du « merdier », une odeur écoeurante d'entrailles de crabes, sur la crasse des lieux et à celle des travailleurs aux effluves pestilentielles, qui peu à peu infeste nos narines au fur et à mesure de la traversée :

« Avant de dormir, les hommes ôtaient leurs chemises de tricot ou de flanelle, rêches et informes à force d'être crasseuses. On aurait dit des calamars séchés. Ils les étalaient sur le poêle puis s'asseyaient tout autour, chacun soulevant un bout de vêtement, comme on le fait en famille avec la couverture de la table chauffante. Quand les vêtements étaient chauds, ils les secouaient. Des poux et des punaises tombaient alors sur le poêle avec un petit bruit sec et une odeur forte de chair humaine grillée ».

« Les hommes, eux, étaient contraints de rester enduits de jus de crabe pendant des jours et des jours. Pas étonnant qu'ils attirent des cohortes de poux et de punaises ».

- La mise en valeur des conditions de travail extrêmement difficiles de travailleurs jetables comme des mouchoirs, conditions de travail marquées par le froid, l'humidité, le manque de nourriture et l'impératif de productivité. Sans oublier la maladie, notamment le béribéri provoqué par le manque de vitamines B1. D'ailleurs les malades sont obligés de travailler et ensuite, par manque de temps, leurs éventuels cadavres sont laissés sur place plusieurs jours. Les chefs n'hésitent pas à mettre en oeuvre les pires pratiques pour obtenir de plus gros rendements de leurs salariés, que ceux-ci soient malades ou pas :

« L'intendant placarda aussi une affiche annonçant que ceux qui, à l'inverse, auraient le moins travaillé subiraient “la brûlure”. Il apposerait sur la chair nue une barre de fer chauffée au rouge. Dès lors, leurs journées de travail furent hantées par cette menace de la brûlure qui les suivait comme leur ombre et qu'ils ne pouvaient fuir nulle part. Les résultats sur la productivité furent spectaculaires ».

Ces conditions extrêmes sont l'occasion pour l'auteur de dénoncer le système capitaliste entretenu au maximum du fait de la rivalité géopolitique avec les russes où il s'agit de montrer qui est le plus fort sur une mer à la position stratégique exceptionnelle, et tant pis s'il y a des victimes humaines :
« C'est un duel entre eux et nous ! Et s'il arrivait que, – je dis bien ‘si' parce qu'évidemment c'est impossible –, si le Japon perdait, alors vous, fils de l'Empire, vous vous retrouveriez les couilles ballantes et n'auriez plus qu'à vous tailler le ventre avant d'aller finir au fond de la mer du Kamtchatka ».

La révolte se fera doucement, d'abord en ralentissant le rythme, imperceptiblement, afin de ne pas se faire prendre. En restant docile, en ne protestant pas mais en ralentissant la cadence de sorte que la production baisse ostensiblement. Puis en faisant front de façon unie, les ouvriers prenant conscience de leur nombre (autour de quatre cent) contre une poignée de « maîtres ». L'éclosion de ce mouvement est superbement décrite par l'auteur.

Un récit de mer militant extrêmement poignant et poétique sur un univers clos et oppressant, dans lequel l'écriture fait corps avec le fonds. Un véritable chef d'oeuvre qui me hantera longtemps ! Une lecture très éprouvante mais nécessaire !!
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On considère souvent les Japonais comme un peuple dévoué, travailleur, structuré, respectueux; cette forme de vérité ferait presque oublier son histoire contestataire du XXème siècle, faite de grèves ouvrières et de révoltes étudiantes, avec l'année 1969 comme point culminant d'une quasi-décennie de luttes.
Je vous conseille vivement un plongeon dans ces évènements complexes, où des factions rivales reconnaissables à leurs casques de couleurs, chacune représentant une engeance politique, s'affrontaient à la police à l'aide de longues gaules. Je suis à la recherche de ce documentaire fascinant vu il y a quelques temps sur le sujet (j'ajouterai le lien sitôt trouvé).
...
Ce livre est bien un classique, merci Allia, ajoutant au passage un diamant à son catalogue.
La dernière phrase, de la fort intéressante postface d'Evelyne Lesigne-Audoly, est questionnante :
Au sujet de l'oeuvre de Kobayashi Takiji, elle écrit qu' « elle a conservé intacte sa puissance en dépit du passage du temps et du statut de classique auquel l'avaient condamnée les manuels scolaires, demeurant ainsi, aujourd'hui encore, un symbole. » Etre un classique, comme l'oeuvre de Zola par exemple, en retirerait du même coup l'aspect contestataire ? Un changement de paradigme doit-il être nécessairement issu de la marge ? C'est peut-être au final un piège de qualifier cette littérature de prolétarienne, voir de marxiste, comme pourrait l'être aujourd'hui la notion écologiste, comme si cela relevait de l'opinion…
L'opinion vient quand il y a débat, complexité. Pour ce qui est de l'exploitation insoutenable de l'Homme par l'Homme, de la Nature par l'Homme, de la planète toute entière, le débat est inacceptable. Les lois de la physique sont là. La morale peut même rester chez elle; s'en servir relève déjà d'une forme d'opinion, laissant la place aux réponses inactivantes.
...
L'indispensabilité de ce genre de livre est scellée par sa terrible beauté formelle, par la limpidité de son histoire, en plus de son importance historique dans la construction d'un humanisme international.
...
L'auteur y aurait sans doute ajouté une dimension « lorenzaccienne » s'il avait pu reprendre ce texte avec les années, si son destin n'avait rapidement tourné funeste. Dans le drame d' Alfred de Musset, la question du meurtre du tyran devient vacuité; inutile, car aussitôt remplacé par un autre, comme aurait pu l'être celui de l'ignoble intendant, que de prime abord le lecteur espère voir le corps passé par dessus bord. La fin n'en fait qu'un pion, dévoilant l'un des drames du système : cette pyramide hiérarchique déchargeant de ses responsabilités jusqu'à sa pointe acérée.
...
On évoquera pour finir un autre chef-d'oeuvre « prolétaire » maritime, lui sans aucun vernis romantique, le « Sans patrie ni frontières » de Jan Valtin, long et indispensable récit d'un marin agent-provocateur du Komintern, des désillusions de la révolution mondiale d'entre-deux-guerres, de l'humanisme farouche des gens de mer.
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"C'est parti ! En route pour l'enfer !"
Accoudés au bastingage, les deux pêcheurs contemplaient Hakodate. La ville embrassait la mer de son corps d'escargot s'étirant hors de sa coquille. L'un des deux cracha une cigarette fumée jusqu'à la base des doigts, qui fit plusieurs pirouettes en tombant le long de la haute coque du navire. L'homme puait l'alcool de la tête aux pieds. » (Incipit)

Damned ! L'enfer est presqu'un euphémisme tellement les conditions de travail de ces hommes sont effroyables, intolérables, inhumaines. Je me doutais qu'en embarquant sur le Hakkô-maru parmi ces pécheurs de crabes dans le Japon des années 1930 ce ne serait pas une croisière de plaisance mais je ne m'attendais pas à un tel choc !

« – Mais c'est pas possible de se foutre de la vie des hommes à c'point !
– La vie des hommes ?
– Ouais !
– Mais voyons ! Asakawa ne vous considère pas comme des êtres humains !»

Ces travailleurs, issus de différentes strates de la société (ex-mineurs, ex-ouvriers, ex-paysans, ex-étudiants…) ne sont ni plus ni moins traités comme de la chair…à profit. Il y a plus de décès consécutifs aux coups et mauvais traitements, pour ne pas parler de tortures, qu'au travail en lui-même. Mais qu'importe, tant la rentabilité est là.

« Pour un patron dans son bureau de Tôkyô, qu'est-ce que la mort de quelques travailleurs en mer d'Okhotsk ? »

A mi-chemin entre le livre militant anticapitaliste et la critique sociale ce livre est d'une dureté impitoyable avec ses images si suggestives et ses dialogues sans concessions. J'ai beaucoup aimé ce style. L'auteur reproduit un microcosme de la société japonaise dans lequel il dénonce avec virulence les rouages du capitaliste et les ressorts de l'exploitation. Des rouages qui trouvent d'ailleurs encore un écho à notre époque. Les méthodes ont certes évolué mais les objectifs sont identiques.

Ce livre m'a fait passer par tout un tas émotions : incrédulité, écoeurement, révolte etc... Mais impossible de quitter le navire. Quand on embarque sur le Hakkô-maru, c'est à la vie, à la mort. Nous sommes plongés dans le quotidien d'un groupe d'hommes aux prises non seulement avec des conditions maritimes difficiles mais plus encore avec l'appât du gain des hommes.

J'ai particulièrement aimé le cheminement de l'éveil des consciences de ces hommes, du stade de la résignation à la révolte, et dans une certaine mesure de l'individualisme au collectif. Sur la fin, cela prend peut-être un peu trop l'apparence d'un petit manuel sur l'organisation d'une révolte mais comment ne pas vibrer avec ces hommes qui ne demandent pas grand-chose, si ce n'est juste d'être traités comme des êtres humains ?

Censuré pendant des décennies, ce livre fort, révoltant, prend aux tripes. Il prend une dimension encore plus douloureuse quand on sait que l'auteur, Takiji Kobayashi a péri sous la torture pour ses convictions. Il avait 29 ans. Et un p….. de talent ! A découvrir.
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Ca fait un moment que j'ai envie de lire ce livre.... Finalement ma fille aînée l'a commandé pour elle.... Ce livre est un coup au coeur, violent, indiscutable, qui vous laisse pantois, complètement atterré face à ce qui est raconté.
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Fin des années 20. Japon. L'auteur va nous raconter ces "bateaux-usines" qui transforment les crabes du Kamtchatka en boîte de conserve. Un récit glaçant. Cette description d'une vie d'esclave a valu à l'auteur en 1933 arrestation et mort sous la torture. le pire : je ne crois pas que ce soit cette description de la vie sur le bateau qui ait posé problème (c'est normal, non ? on martyrise des ouvriers et alors ?) mais plutôt la révolte décrite.....
Car oui on est dans l'horreur absolue. le livre débute d'ailleurs avec "C'est parti ! En route pour l'enfer !". Cette phrase signifie tout mais est encore en-dessous de la vie de ces hommes.... Ouvriers, pêcheurs, marins sont censés être des salariés. Mais leur vie n'a aucune valeur.... Ils sont fouettés, battus, sous-nourris parce qu'au fond s'ils meurent avant le retour c'est tout bénéf : aucune paye à verser ! Même un esclave avait (vaguement !) une valeur marchande... Là je suis restée consternée dès les premières pages....
Je m'étais dit que même si le livre est court, si le récit est trop dur, je ferai des pauses. Mais je n'arrivais pas à m'éloigner de ce récit. Ces pauvres hommes, malades, dénutris, soumis à l'autorité et victimes de l'endoctrinement. Car oui si on ne travaille plus assez, si on est malade, on va à l'encontre de la gloire du Japon (et surtout des bénéfices du patron....) et si on arrête, si on ne va pas assez vite, si on est malade, alors on n'est pas digne d'être Japonais....
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Ce livre est un véritable uppercut. L'image d'une société hiérarchisée où le profit est roi, où la vie humaine n'a aucune valeur.... Une impression d'actualité ? Pourtant un siècle nous sépare du récit....
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BIENVENUE DANS LE «MERDIER» !

Vous est-il déjà arrivé de découvrir un texte dans lequel chaque mot semble avoir si délibérément, si précautionneusement, si savamment choisi que l'ensemble vous semble à deux doigts de devoir, page après page, vous sauter à la figure ? Vous est-il souvent arrivé de lire ce genre de texte et d'en frémir d'autant plus que tout ce qui s'y trouve écrit est vrai dans son abjection, totalement véridique dans le récit terrible qui nous est donné de cette réalité, vérifié et vérifiable dans la presse de son époque, purement terrifiant humainement parlant ?

C'est exactement ce qu'il ressort de ce récit poignant. Et quel récit ! Ce témoignage indirect, précisons-le tout de même, son auteur, le japonais Takiji Kobayashi, ayant fait oeuvre de réécriture dans ce somptueux et presque insoutenable «Le bateau-usine». Réécriture, sans doute, mais tous les faits évoqués ici sont exacts, corroborés, tirés tant de la presse de son époque - parfois de simples entrefilets faisant aussi peu parler d'eux que possible, telles ces grèves jugées honteuses et indignes du peuple japonais, tellement vaillant, tellement courageux, tellement patriote, tellement... -, issus d'une enquêtes minutieuse de l'écrivain auprès de témoins aussi directs que possibles, dans les villages, auprès des syndicats, etc.

Ainsi, est-on très rapidement plongé dans cette ambiance de bagne n'ayant d'autre condamnation que celle de la misère et de la faim. Car tout l'art de Takiji Kobayashi réside dans cette écriture d'une violence à peine mesurée - puisque les faits eux-mêmes le sont, mais retranscrit avec un talent rare -, dont la dimension poétique n'est pas absente, textuellement, et qui apporte son lot de puissance évocatrice et de féroce beauté à l'ensemble. Qu'il évoque la peur incommensurable des pêcheur envoyés presque comme à l'abattoir en pleine tempête dans les eaux glacées du Kamtchatka ; qu'il dresse le portrait de cet homme à peine humain qu'est l'intendant Asakawa - un véritable garde-chiourme d'une violence à peine croyable, intraitable, complètement insensible envers son semblable, retors, mais qui peut se faire le plus mielleux, le plus hypocrite, le plus cauteleux des hommes dès qu'il s'adresse à un représentant des propriétaires ou de l'armée ; qu'il raconte comment de jeunes étudiants désargentés se sont fait avoir éhontément par cette promesse d'embauche accompagnée de quelques yens - moins que ce qui leur permet de rejoindre la flottille de pêche et qui finissent ainsi par tous s'endetter auprès des compagnie pour seulement pouvoir travailler, puisque désormais endettés ; qu'il décrive l'état de morbidité innommable dans laquelle est retrouvé un pêcheur mort d'un accès de béribéri (précisons que ce trouble est lié à une sous-alimentation et une carence en vitamine B1. Si la cause véritable n'en était pas encore connue à l'époque, on savait depuis la fin du siècle précédent qu'une alimentation plus complète que le seul riz blanc, un apport en orge, d'un peu de viande, entre autres, pouvait l'éviter...) et abandonné à son triste sort par ce fameux intendant ; qu'il nous décrive ce fameux «merdier» qu'est, tout simplement, le dortoir des ouvriers et des pêcheurs :

«La "tanière" des pêcheurs était éclairée de lampes en forme d'églantines. À cause du tabac et de la promiscuité, l'air était trouble et empestait ; le dortoir tout entier était un immense "merdier". Dans les couchettes, des êtres humains fourmillaient comme des asticots.»

pour, un peu plus tard, lorsque quelques semaines de campagne ont passé, nous décrire le grouillement de la vermine sur ces mêmes couches et sur les hommes...

Takiji Kobayashi ne nous épargne rien de cette espèce de cour des miracles embarquée, toute dévouée à un seul dieu : celui du Capitalisme, des propriétaires et des dividendes à reverser, tout en se servant, pour retourner les plus hésitants, les plus faibles, et sans vergogne, d'un imbécile et mortifère patriotisme que même les plus malheureux de ces hommes semblent devoir respecter, au moins jusqu'à un certain point. Car pour faire appliquer une discipline d'acier, des cadences infernales, des journées interminables de douze, treize, parfois quinze heures, en pleine tempête ou, au moins, par gros temps, le tout dans un état d'insalubrité et de malnutrition invraisemblable, les riches financiers s'en remettent à cet homme à poigne qu'est l'intendant. Sauf qu'à force de tirer sur la corde, les marins finissent peu à peu par prendre conscience du peu de cas qui est fait d'eux, mais aussi de leur relative puissance - ne sont-ils pas quelques trois ou quatre cent contre une poignée de "maîtres" ? - du moins, à partir du moment où ils comprennent qu'ils doivent montrer un front uni et aucune prise individuelle dans leur lutte pour un peu de justice, de reconnaissance, d'humanité dans le labeur et de nourriture, des changements semblent pouvoir apparaître.

Ce livre est dur, terriblement dur car si l'auteur fait de plusieurs faits et cas avérés de monstruosité dans ce monde méconnu de la pêche industrielle de l'époque une seule et même aventure, le dixième de ce qui y est conté ferait déjà frémir les âmes les plus sensibles et se révolter tout individu ayant quelque sens humain. Et pourtant, à y bien réfléchir, en est-il si différemment dans certains pays de notre monde d'aujourd'hui où des êtres humains, sous prétexte que leurs pays sont devenus les "usines du monde" (on pense au Bangladesh, à l'Inde, à la Chine malgré quelques progrès. Bientôt à un nombre grandissant de pays de l'Afrique sub-saharienne, etc) sont exploités, avilis, font plus d'heures, d'un labeur totalement déshumanisé, que beaucoup d'entre nous en quinze jours sous nos latitudes ? N'y a-t-il pas, sans en arriver à ces extrémités, la résurgence de ce que Engels appelait le lumpenprolétariat jusque dans nos pays occidentaux supposés riches, avec la multiplication des "petits boulots", des stages à tout faire et autres formations qui n'en ont parfois que le nom ?

Découverte étonnante, forte, de cette oeuvre d'un des grand représentants - avouons notre surprise de l'entrevoir - de ce qui fut baptisé "Littérature prolétarienne" par l'écrivain français Henri Poulaille (qu'il n'eût de cesse de diffuser) mais qui préexistait bien entendu dans des oeuvres venant du monde entier comme le passionnant "Le peuple d'en bas ( le peuple de l'abîme )" de Jack London, d'un "Même les orties fleurissent" (plus récent) du suédois Harry Martinson et bien entendu des textes immédiatement contemporains d'Henri Barbusse dont cet écrivain engagé du Japon d'entre deux guerre était un fervent lecteur. Cette littérature prolétarienne a donc, un court mais intense moment, existé dans ce Japon que l'on voit, pas forcément à tort, comme si respectueux des traditions, attaché même dans l'horreur à son empereur, facilement militariste et fiers de son armée (la scène où ces malheureux prolétaires comprennent que la troupe appelée par l'intendant ne vient pas pour les défendre contre les mauvais traitements subis mais au contraire pour les remettre, manu militari, au travail est éloquente à ce propos) et pour tout dire, relativement réactionnaire. Cette littérature aurait peut-être pu faire des petits, y compris politiquement, mais le pouvoir en place en décida, très vite et sans doute aussi en examinant le cas soviétique géographiquement très proche (les bâtiments de pêche s'approchent dangereusement, voire dépassent, la frontière maritime d'avec l'URSS, au risque d'être abordés ou coulés. Voir aussi à ce sujet l'expérience de Jack London dans ces eaux très poissonneuse mais gaillardement protégées) d'en couper, pour ainsi dire au sens strict, les têtes pensantes. Ce fut ainsi le cas du jeune Takiji Kobayashi qui fut questionné, torturé, assassiné par la police politique de l'Empereur. Il n'avait pas trente ans.

Etant l'une des têtes de proue de ce mouvement, celui-ci perdit très vite de sa force dans ce Japon de plus en plus militarisé, engagé dans une politique monstrueuse de colonisation à outrance dans toute sa sphère d'influence Pacifique, jusqu'à son engagement fatal dans la seconde guerre mondiale.

Cela ne fait que quelques décennies que l'oeuvre et le parcours singulier de cet écrivain de très grand talent est redécouverte dans son pays. La crise économique longue, dure, larvée que le pays connait après avoir eu quelques trente années de croissance phénoménale n'y est sans doute pas pour rien. L'écho que provoque la redécouverte de ces textes là-bas y est puissant. Signe des temps, c'est aussi maintenant que cet auteur connait un cycle jamais vu de premières traductions - comme en France - ou de retraduction - en Allemagne...-. Serait-ce à dire que ces ouvriers meurtris, esclavagisés de la fin des années vingt ont encore des choses à nous dire sur notre présent...? C'est, à tout le moins, fort possible !
Quoi qu'il en soit, "Le bateau-usine" est de ces ouvrages qui ne peuvent laisser indifférent.
Beau et terrible à la fois, ce "merdier" !
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Imaginez que vous appartenez à une famille pauvre comme beaucoup dans votre contrée, issue de la classe ouvrière ou même du milieu paysan. Vous subissez une violence extrême venant d'un système économique et de ses bras armés (gouvernement et entreprises privées).
Vient un jour où ce système qui vous accable quotidiennement vous vend un travail bien payé dans un bateau-usine afin de pêcher le crabe dans les eaux glacées aux frontières de l'ennemi du moment, la Russie communiste. En proie à la misère, vous acceptez la proposition. Vivant désormais dans le délabrement inouï de ce bateau-poubelle qui navigue ou plutôt qui titube comme un ivrogne dans une ruelle malfamée, dans une saleté indescriptible et subissant une hiérarchie violente et extrême afin de satisfaire la cadence qu'exige le capitalisme vous êtes emprisonnés dans ce sombre quotidien et promis à un avenir plus sombre encore.
Voilà, grâce à Kobayashi Takiji vous y êtes et ça pour le pire. Vous voulez un petit avant-goût ?

« L'intendant avait déshabillé l'ouvrier, ne lui laissant que sa chemise de corps. Il l'avait fait entrer de force dans l'un des deux cabinets et fermé le verrou de l'extérieur. Au début, tous les autres se retenaient d'aller pisser. Ils redoutaient d'entendre les lamentations poussées juste à côté. Au deuxième jour, les cris n'étaient plus que des râles affaiblis. Puis de plus en plus espacés. Dans la soirée, un pêcheur qui avait terminé son travail se dépêcha d'aller du côté des cabinets voir ce que devenait Miyaguchi, mais il n'entendît plus les coups frappés de l'intérieur contre la porte. Même s'il tapait pour lui faire signe, Miyaguchi ne répondait plus. - Plus tard dans la soirée, on sortit Miyaguchi de là. Il s'était écroulé, la tête dans la boîte du papier hygiénique, une main en guise de cache-sexe, ses lèvres comme maculées d'encre. Un vrai cadavre. »

Un texte court mais d'un réalisme poignant, une immersion dans le quotidien des pêcheurs, des ouvriers et de tout ce monde quasiment réduit à l'esclavage au nom du progrès mais surtout encore et toujours au nom de l'argent.
Comment honorer Kobayashi Takiji qui est mort pour ses idées, pour les autres mais surtout pour ses oeuvres ? La réponse est pour moi évidente, je pense qu'il faut partager ses oeuvres et en particulier « Le bateau-usine » afin de ne jamais oublier le combat de nos ancêtres contre la tyrannie barbare de certains personnages du passé, du présent et du futur. Ce livre est plus un témoignage qu'un roman, il traverse les époques et nous interpelle dans nos vies capitalistes contemporaines.

J'ai une grande admiration pour cet esprit créatif courageux qui a pris la plume -au risque de sa vie- pour exposer une société qu'il voulait changer.
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Je ne sais pas ce qui est le plus intéressant, le récit ou les explications de la traductrice : dix feuillets passionnants en fin de volume qui permettent de se faire une idée du phénomène lié à ce livre. J'étais enclin à penser avant de lire ces lignes étonnantes qu'il s'agissait d'un roman exhumé du passé, une trouvaille d'éditeur destinée aux bibliophiles curieux attirés par la littérature japonaise. Erreur totale : ce roman est génial et peut être accueilli par bien des passionnés de littérature Je comprend également qu'il ait trouvé un énorme écho dans le Japon actuel soumis depuis les années 2000 aux travailleurs pauvres, aux précaires et sans-logis. En 2008, c'est 500 000 exemplaires vendus en quelques mois, un million en fin d'année et des traductions dans une multitude de langues. Évelyne Lesigne-Audoly, auteure de cette superbe traduction écrit :

« Surtout, ce phénomène médiatique a eu le grand mérite de faire revenir en pleine lumière un chef d'oeuvre violent et poétique, fleuron de ce courant littéraire fécond que fut la littérature prolétarienne japonaise. »

C'est le retour sur le devant de la scène d'un texte ayant connu un grand succès à sa parution dans la revue Senki, en 1929. L'ouvrage avait été rapidement censuré, son auteur jeté en prison avant une libération suivie de clandestinité pour activité politique illégale. le 20 février 1933, Takiji Kobayashi tombe, à 29 ans, dans un guet-apens de la police et meurt sous la torture. J'ai été très étonné de lire qu'« Aujourd'hui encore, le 20 février est tous les ans l'occasion de commémorations sur sa tombe à Otaru, où l'on vient déposer, au milieu de la neige épaisse, des oeillets rouges. »

Dès les premières lignes j'ai été embarqué avec ces marins pour une saison de pêche à hauts risques, envoûté par les images que suscite l'auteur : description à grands traits, mouvements saisissants, odeurs prégnantes. Ce que la traductrice définit ainsi : «  Inspiré par le cinéma, l'esthétique du collage et des photomontages, il invente une écriture violente, expressive et saturée d'images. »

Chacun est présenté par sa fonction actuelle ou passée, sa nationalité ou son âge : « l'homme », « un autre gars », « le nouveau », « ses camarades », « un jeune pêcheur », « l'ancien ouvrier de Shibaura », « l'intendant », « le capitaine ». le premier à avoir un nom, et encore en réponse à une question d'un étudiant, est l'intendant Asakawa, régnant d'une main de fer sur le monde clos du bateau-usine. Ensuite ce sera le malheureux Miyagushi, victime des sévices de l'intendant Asakawa. Puis Yamada meurt du béribéri, la nourriture étant essentiellement composée de riz. La compassion des marins et des pêcheurs face à la souffrance est exprimée par ces noms enfin dévoilés. L'intendant le répète souvent : la production, le rendement importent plus que les quelques bougres qui vont laisser leur peau dans ces eaux glacées et dont il n'a rien à faire. Toute dignité est retirée aux hommes d'équipage par le commandement du bateau-usine.

Le récit est basé sur des faits réels. le « Hakuai-maru » a bien existé. Ces bateaux-usines étaient d'anciens bâtiments russes récupérés par le Japon comme prise de guerre. Des lieux de non-droit car la réglementation générale ne s'appliquait pas. Tout était permis et ils étaient escortés par un destroyer de l'armée du fait de la pêche à proximité de la Russie, prêt aussi à mater les tentatives de grève ou de révolte.

Un roman surprenant qui permet de parcourir ces mers lointaines entre le Japon et la Russie. Départ à Hakodate sur l'île de Hokkaido vers la mer d'Okhotsk, le long des côtes du Kamtchatka dans des conditions extrêmes en saison hivernale. Ils sont étudiants, paysans-pêcheurs et donnent leur force de travail pour une campagne de pêche aux crabes à haut risque. Sur cette usine flottante se donne à voir la mécanique tragique d'un capitalisme obsédé par le profit, niant les hommes et redoutant que ceux-ci s'organisent afin de réclamer le respect de leur dignité ou tout simplement pour sauver leur vie. Ce qui va se passer au cours du voyage...

Papier, typographie et format agréables ajoutent au plaisir de ce livre intemporel, récit authentique de rapports économiques toujours d'actualité – je pense aux chantiers du Qatar pour la coupe du monde de football… Un petit livre que je recommande vivement. Les mots en disent plus que les images quand l'écriture atteint cette puissance.

Avez-vous eu connaissance de ce phénomène médiatique au Japon ? Est-ce que ce récit vous tente ?
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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C'est un roman issu du courant prolétaire. Basé sur des faits réels, il témoigne de l'inhumaine dureté de la vie des marins partis à la pêche au crabe sur des bateaux-usines.
Tout le sépare des autres romans japonais que j'ai lus pour le moment.

Pas d'individus, mais des groupes.

Quand des individus émergent quand même dans le récit, ils n'ont pas de nom ou presque, des surnoms au mieux (l'étudiant, le bègue…)
Seule une personne est nommée : l'intendant.
Bras armé du propriétaire exploitant (dans tous les sens du terme) les hommes.
Il ne reste donc que les marins, les pêcheurs, les machinistes et l'intendant.

Pas de faux semblant. C'est direct.

On suit principalement la très dure (euphémisme) vie des pêcheurs.
La vie à bord est inhumaine : rythme de travail épuisant, brimades, sévices, torture, mépris pour la vie humaine, maladie, mort.
Même le capitaine ne peut se rendre au secours d'un autre bateau-usine entrain de sombrer.
Seul compte la quantité de crabes et donc le profit.
Une chaloupe vaut plus que les hommes à son bord.

L'exploitation sans limites morale de l'homme, pour le gain.

Le récit se termine par un espoir. L'espoir que le groupe s'unisse pour renverser cette exploitation.
En conclusion

Un roman japonais fort, réaliste, témoignage d'une réalité : l'exploitation inhumaine du fait de l'Homme.
Un livre qui parle de son temps, mais qui est intemporel.
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Intense et éprouvant, un huis-clos en mer d’une portée universelle.

Le deuxième roman de Kobayashi Takiji qui mourut torturé par la police en 1933 à l’âge de vingt-neuf ans, fut censuré dès sa parution en 1929, avant d’être redécouvert et de devenir à la fin des années 2000 un best-seller au Japon, porté par une nouvelle génération japonaise subissant à son tour une crise économique d’une grande violence.

Ce récit radical et cru, servi par une langue imagée et superbe, décrit l’univers clos d’un bateau-usine, symbole du système capitaliste, sur lequel 300 pêcheurs sont embarqués pour aller pêcher le crabe près de la péninsule du Kamtchatka. Ils vont se battre à bord contre le froid polaire et la tempête, et surtout contre l’oppression de patrons représentés par un intendant barbare, infiniment plus cruel que les flots déchaînés.

«Dans la mer d’Okhotsk, la couleur des eaux se changea brusquement en gris. Le froid piquant transperçait les vêtements des ouvriers, dont les lèvres étaient violettes. Plus l’air devenait froid, plus soufflait en bourrasque une neige fine, sèche comme du sel. Les hommes au travail sur le pont devaient se recroqueviller à plat ventre pour éviter les attaques des flocons qui venaient se planter dans les mains et les visages comme autant de minuscules éclats de verre. Les vagues qui léchaient le pont se figeaient aussitôt en une couche glissante. Les hommes tendaient des cordages d’un pont à l’autre et devaient s’y suspendre comme des langes pour travailler. L’intendant vitupérait en brandissant un gourdin à saumon.»

S’il forme un récit de mer impressionnant, la tempête dans laquelle ce navire-épave menace de se rompre à chaque vague et le froid cruel ne sont rien en comparaison des mauvais traitements que subissent les pêcheurs et les marins corvéables à merci, déshumanisés par l’exploitation, parfois «battus à mort, avec plus de mépris que les poux qu’on écrase». Dans cet enfer sur mer, cette main d’œuvre est volontairement recrutée d’origines très diverses, afin d’éviter toute action collective : paysans trop pauvres ou pionniers expropriés, travailleurs itinérants employés pour construire des routes ou des voies de chemin de fer dans les régions reculées d’Hokkaidō, étudiants ou enfants embarqués car leurs familles ne peuvent plus les nourrir.

«L’intendant estimait savoir mieux que ses hommes jusqu’à quelles extrémités on peut forcer le corps humain. – Une fois le travail terminé ils s’écroulaient sur leurs couchettes raides comme des pieux, laissant machinalement échapper un râle.
L’un des étudiants se souvint d’une représentation des enfers qu’il avait vue étant enfant dans un pavillon mal éclairé d’un temple bouddhique où sa grand-mère l’avait emmené. Avec ses yeux d’enfant, il avait cru voir des sortes de pythons rampants dans les marécages. C’était un tableau tout à fait similaire qu’il avait maintenant sous les yeux. – La fatigue du surmenage les empêchait paradoxalement de dormir. Au beau milieu de la nuit la pénombre du « merdier » était pleine de bruits. Il y avait des grincements de dents lugubres, stridents comme des coups de lame sur du verre, des gars qui parlaient en dormant, des cris soudains provoqués par les cauchemars.»

Récit militant qui appelle à la révolte et dit la nécessité d’une action collective, «Le bateau-usine», lecture indispensable, continue d’avoir une portée universelle au-delà de sa beauté brute et du choc de sa lecture.
Emblématique d’une forme de soumission aux intérêts économiques au détriment des intérêts humains, avec le capitaine soumis au bon vouloir de l’intendant qui refuse, au nom de l’efficacité économique, que le bateau se déroute pour porter secours à un chalutier en perdition, «Le bateau-usine» dénonce aussi la colonisation avec les excès du « développement » et de l’exploitation des travailleurs et paysans d’Hokkaido par le pouvoir central, et dénonce enfin la collusion d’intérêts entre les pouvoirs économique et militaire, au travers de l’alliance entre l’intendant et un navire de guerre japonais, sur fond de conflit russo-japonais.

«Toute la nuit, ils étaient persécutés par des poux, des puces, des punaises qui sortaient d’on ne sait où. Ils avaient beau inlassablement repousser leurs assauts, c’était sans fin. Debout dans les couchettes sombres et humides, ils voyaient aussitôt rappliquer des dizaines de puces qui leur grimpaient sur les jambes. C’était à se demander si leur propre corps n’était pas en train de pourrir, au bout du compte. Ca faisait une drôle d’impression quand même, d’être en quelque sorte devenu un cadavre en décomposition, rongé par la vermine.»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/06/16/note-de-lecture-le-bateau-usine-kobayashi-takiji/
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Classique douloureux de la littérature militante qui traverse le monde. le récit de la vie sur le bateau usine japonais déverse ses in-sup-por-tables conditions, et enfin la révolte gronde, la révolte gonfle, la révolte nous possède tous à l'unisson tellement le huis clos de ce roman nous prend à la gorge. Abominable.
A lire si on a besoin (encore) de se rappeler que tout ça c'est la vraie vie, que les combats sont encore (et encore!) à mener.
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