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EAN : 978B08BH4NYB3
311 pages
(17/06/2020)
4.17/5   12 notes
Résumé :
1993. Dans les sous-sols de Saline, ville semblable à tant d’autres, noyée sous la pluie, les dealers distribuent bien autre chose que de la dope. C’est du miracle en barre, qui s’installe en vous et vous métamorphose.
Pour Alice et Thomas, grunges à la dérive, c’est tout le quotidien qui s’embrouille, à l’image des visages de ceux qui les entourent. Entraînés malgré eux dans une descente - une traque - au cœur même de leurs angoisses, ils devront faire face ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime la littérature horrifique, mais je dois dire que j'ai de plus en plus de mal à trouver des textes qui m'interpellent. C'est en me baladant sur Instagram, que je suis tombée sur ce bouquin. Et puis ce qui m'a vraiment intrigué, c'est le fait que ce soit de l'autoédition. En un clic, il était dans ma liseuse et je dois dire qu'il n' pas attendu trop longtemps à sortir de ma PAL vertigineuse.

En général, je me méfie, je n'ai pas l'automatisme de lire l'extrait, je prends le livre et je vois après. Parfois, il y a de mauvaises surprises, donc je m'attends à tout en auto édition, mais encore plus que c'est ce genre littéraire. Pourtant, j'ai été agréablement surprise…

J'ai lu les 40 premières pages, alors que j'étais déjà en train de lire deux autres livres, je l'ai mis de côté, pour ne bâcler aucune de mes lectures. Je voulais lui donner une chance en me consacrant à lui, sans rien laisser me parasiter. Je suis contente de l'avoir fait, car je l'ai lu sur 2 jours, malgré mes journées de boulot à rallonge.

Classé comme un livre d'horreur, Distorsion ne m'a pas fait peur, certainement parce que c'est un genre que je lis depuis des années et que pour retrouver ces sensations de frousse terrible, il faut que je remonte à mon adolescence. Autant dire que cela fait un bail… Donc, je n'ai pas eu peur, mais j'ai passé un excellent moment de lecture !

J.R. Kobencröft immerge directement le lecteur dans le décor, avec une ambiance sombre, poisseuse, dans une petite ville perdue, où l'ennuie suinte dans chaque description, c'est gris, c'est terne, et la météo est des plus médiocres. La grisaille du ciel se confond avec la vie de ces habitants, de ces ados qui tentent de se sortir de ce quotidien morose, sans espoir, et sans possibilité de voir le soleil briller, ou le bout du tunnel. Cette spirale infernale les entraîne dans le fond du gouffre, dans tous les sens du terme…

L'horreur, c'est ce quotidien sans espoir, auquel le fantastique va venir se greffer. Et là, on bascule dans un univers où la distorsion prend tout son sens…

La plume de l'auteur est belle, travaillée et c'est une qualité assez rare pour le souligner. C'est écrit sans fioritures, sans être bardé de phrases imagées, comme on en trouve trop souvent. En un mot : c'est fichtrement bien écrit ! Chaque mot trouve sa place et s'imbrique parfaitement à l'intrigue. La construction narrative et l'utilisation de la langue sont diablement bien associées, et rien que pour ça on a envie de plonger un plus dans l'univers que propose l'auteur.

Rien n'est laissé au hasard, la plume est très visuelle et la réalité n'est pas loin. Aucune longueur dans les descriptions que l'auteur arrive à intégrer à son récit, chaque mot, chaque phrase sert l'intrigue sans jamais tomber dans l'extravagance que l'on trouve trop souvent chez beaucoup d'auteurs et cela qu'ils soient édités ou non.

Chaque personnage a un caractère bien décrit avec une psychologie fine, permettant de les associer, sans jamais en faire trop. Chacun apportant sa pierre à l'intrigue, permettant d'arriver à un final digne des grands auteurs de la littérature horrifique.

L'auteur maîtrise la mise en place d'une ambiance bien glauque, mais maîtrise encore mieux sa plume. Ce qui ne gâche rien, la musique est très présente et elle nous guide à travers les pages jusqu'au final…
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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A. Un suspens aux petits oignons

Hey, est-ce que tu savais que… j'adore Stephen King ? Ouais, je sais, ça te choque toi aussi. Bon, si j'aime le King, c'est parce qu'il sait poser une ambiance. Beaucoup râlent parce que soit-disant les 100 premières pages de ses bouquins sont souvent lentes, il se passe rien, blablabla… Non. Y a pas débat, je dis simplement « non ». Il met une ambiance, bordel ! Bon, bah prends cette QUALITE (j'insiste sur le mot) chez lui, pimente ça avec quand même un peu + d'action et tu as JR Kobencröft.

Il y a une ambiance qui vient s'installer et c'est là où je parlerai de côté « cinématographique » du roman. L'auteur maitrise la description et il l'intègre très bien à l'action ce qui te donne vraiment l'impression de vivre la scène.

Bon, tout le monde n'est pas parfait, et c'est vrai qu'au début du roman, j'ai trouvé l'introduction des personnages peut-être un peu trop artificielle, en mode « coucou, alors lui c'est Truc et il aime le vert, il déteste le jaune…. » Je charrie, mais disons que l'auteur a tendance au début à nous décrire un peu les personnages au lieu de nous laisser les découvrir. Mais une fois passé ce côté-là… Les descriptions des lieux, les descriptions des relations entre personnages, les actions… Tout est très bien maitrisé, et on en oublie totalement que derrière les lignes, il y a un auteur. On oublie que c'est quelque chose qui a été créé pour nous.

On ne voit pas du tout les ficelles qui tirent tout ça, et l'intrigue vient petit à petit. le dosage entre révélation et secret est juste parfait. Ça ne fait pas artificiel, ça arrive au bon moment, le tableau se forme au fur et à mesure. Pas assez vite pour qu'on anticipe, mais pas trop lentement pour qu'on soit frustré. Parfait, comme je te disais.

B. Une sincérité violente

JR (tu me permets ?) sait vraiment te poser un tableau et ça dès le début. D'habitude, j'ai un peu de mal à rentrer dans un roman et il faut attendre le moment où l'enjeu apparait pour que je me sente impliquée. Bon, bah là clairement, dès le début j'étais dedans. C'est simple le premier soir je n'ai lu que 10 pages et j'ai pas pu aller + loin parce que j'étais trop chamboulée. 10 PAGES. Et de quoi elles parlent ? D'une meuf qui revient de chez le coiffeur. Sans rire, il se passe pas beaucoup + de choses, mais pourtant ça m'a retournée. Parce que JR ne fait pas vraiment passer l'émotion dans l'action ou encore dans les mots eux-mêmes. C'est un style simple mais bougrement efficace. Il va te décrire un mec qui attrape une conserve de petit pois et là tu vas te mettre à angoisser sur le sens de ta vie. J'exagère à peine. A peine.

Je sais pas comment il fait… Je dois faire une confidence, pendant toute ma lecture après j'ai essayé de comprendre pourquoi ça me touchait autant. Pourquoi, alors qu'il verbalise pas forcément les émotions, je les recevais de plein fouet ? Et j'ai pas compris. Apparemment, c'est pas une question de période du mois et d'hormones, non parce que je te vois venir… Je crois qu'il faut juste que je me fasse à l'idée que JR Kobencröft est doué.

Alors, un autre point : Il me semble que c'est le premier roman de l'auteur et ça se sent. Ça se sent, parce qu'il est très viscéral. J'ai relevé des répétitions, des maladresses, des mises en pages assez… audacieuses ? Bref, des trucs qui peuvent en effet confirmer que c'est un premier roman. Et au lieu de jouer en la défaveur du bouquin, ça vient carrément rendre le truc encore + percutant. L'écriture est travaillée, il y a aucun doute sur le fait que l'auteur a bossé pour pondre ça, mais sa plume n'est pas encore polluée par les règles et « l'intellectualisation » de l'écriture. (j'invente des mots aujourd'hui !)

Je m'explique : On sait très bien, au bout d'un moment, les techniques d'écriture à utiliser pour faire ressentir telle chose au lecteur. On sait qu'il vaut mieux éviter les verbes faibles, les gérondifs etc.. et au bout d'un moment on réfléchit trop pendant l'écriture et on manque de spontanéité, de sincérité. Eh bien, JR n'est pas dans ce cas là. Il ne suit pas les règles et comme il parait naturellement doué pour écrire de la bonne came, ça joue clairement à son avantage d'être en dehors de ce mécanisme. Ça rend le tout beaucoup + violent et vrai.

Le mec a réussi à faire du « défaut » des jeunes auteurs une force…


C. Chacun sa route, chacun son chemin ! (me remercie pas pour la musique en tête)

Dans le résumé, on te présente un peu l'histoire comme étant celle de Thomas et d'Alice, alors qu'au final, c'est vraiment l'histoire de toute la ville. La comparaison va être un peu toute pétée, mais j'ai reniflé quelques senteurs à la « Bazaar » de Stephen KingStephen King ? Vraiment ? Mais qui est cet homme dont tu ne parles JAMAIS ??? »). On a une ville, le mal s'y implante et vient vraiment avilir chaque habitant indépendamment.

C'est un point que j'ai beaucoup aimé parce que ça permet d'éviter le schéma du héros seul contre tous ! Et chaque personnage a une vraie personnalité, de vraies aspirations et motivations. Tu as pas l'impression qu'ils sont là pour jouer leur rôle auprès du héros. Ils sont là parce qu'ils existent. Ils ont une vie avant et après le roman et ça se sent tout de suite, il y a pas à dire !

Encore une fois, si tu as capté, l'auteur a créé un roman où il arrive à se détacher totalement des normes, des schémas et où tout semble simplement couler de source.

D. L'après-lecture

C'est une excellente découverte. Franchement, j'ai adoré ma lecture et il faut dire que ce n'était vraiment pas gagné d'avance parce que… Parce que j'avais placé la barre très haut. Je sais, c'est pas bien de commencer un service presse avec des attentes très fortes, mais j'en avais (malgré moi) entendu tellement de bien, et il avait tant attisé ma curiosité que forcément… Je m'attendais au roman du siècle ! Et tu sais à quel point on peut être déçu quand on se lance dans un roman avec cette idée en tête. Donc, si je te dis que je n'ai PAS DU TOUT été déçue, tu captes que c'est de la bonne came !

Pour moi, la sincérité et les tripes d'un auteur, c'est vraiment ce qui prévaut sur tout le reste. Et là, j'ai été servie. Tout ce que j'aime dans un livre, je l'ai retrouvé.

On en parle de cette fin ? J'ai pas eu spécialement de surprise énorme, de « BAM ! » mais par contre, j'ai eu une fin ultra satisfaisante. Pas du tout dans le sens où c'est une happy end, ça serait mal me connaitre ! Non, la fin est jouissive, parce qu'elle est très bien amenée. Souvent, les jeunes auteurs sont trop pressés et la baclent en quelques pages. Ici, elle est maitrisée et JR nous maintient dans l'ambiance jusqu'à la dernière ligne.

Tiens, encore un truc qu'il réussit haut les mains…

E. PÉPITE OU PAS PÉPITE ?

T'es bouché ou quoi ? Bien sûr que c'est une pépite ! Il n'y a aucun doute là-dessus. Et je te dirais même que j'ai senti une évolution de l'auteur au fil du roman, je l'ai senti gagné en puissance. du coup, j'irai même plus loin en m'avançant et en te disant que : Bien plus que Distorsion, c'est carrément JR Kobencröft qu'il faut découvrir.

Je veux pas lui foutre la pression ni rien, mais on sent clairement que c'est un auteur puissant qui prend tout juste conscience de son pouvoir et je pense qu'on est pas au bout de nos surprises avec lui !
Lien : https://www.melaniedesforges..
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Distorsion… Comme son nom l'indique, c'est une p**** d'histoire tordue en effet !
Une immersion dans les années 90 plus que réussie, emplie de détails de l'époque, que j'ai bien connus, ce qui a rendu la lecture presque nostalgique, surtout avec la bande sonore alliée (il y a d'ailleur la playlist dispo sur spotify, dispo en fin de l'ouvrage, excellente initiative).

Distorsion, c'est l'histoire de Thomas, habitant de Saline, qui se retrouve mêlé (avec d'autres habitants et Alice, sa petite amie) dans un truc de malade. Une histoire de torsion de la réalité, torsion tout court d'ailleurs, de voyages dans des sous-sols vampiriques, (au sens figuré du terme), de magie noire, de folie. Quelque chose pousse certains habitants à rejoindre des rangs douteux, à en tirer des bénéfices qui, à la longue, altèrent la ville et l'âme des gens. Thomas et Alice (et leur bande d'amis) s'y trouvent confrontés. Et pas qu'un peu.

“ça”, Buffy (peut-être ? en tout cas c'est aux gentlemens que j'ai pensé à la description de l'Homme-Chose) (pour “ça” aussi d'ailleurs, peut pas en dire plus) et d'autres du genre, nous avons dans ce roman beaucoup de références culturelles de qualité qui donnent à l'ouvrage un sens réel agréable car bien exploitées sans copiage malvenu.

J.R Kobencröft nous livre ici un récit fantastique, bourré d'une imagination débordante et bien ficelée, tout s'entrelace à merveille, les personnages sont profonds. Des scènes d'action formidables. (par contre faudra qu'on m'explique pourquoi les gens mettent un point d'honneur à exploser des gueules de cette façon : claquer des têtes sur quelque chose… punaise j'ai horreur de ça, c'est dégueulasse bon sang ! mais sacrément bien décrit)

Les créatures sont très imaginatives, le monde décrit est complet, des dimensions horribles, sales, des rituels sombres… Très prolifique, J.R a amené plusieurs éléments dans ce roman qu'il a su maîtriser. Une fin inattendue qui semble finalement logique après coup, bien que tristoune...
Les passages horrifiques le sont vraiment et les sensations retirées à la lecture sont froides, glaçantes. Tout est bien travaillé hormis un détail qui m'a pas mal perturbée et qui peut le faire pour d'éventuels futurs lecteurs.

J'explique : le début de l'ouvrage. Il peut paraître en effet monotone avec une répétition de “elle” en de courtes phrases qui peut faire penser que tout l'ouvrage sera construit de cette façon, hors il n'en est rien. Je pense, après lecture, que c'est peut-être justement l'effet voulu. En effet, ce premier chapitre démontre l'ennui profond de la vie d'une femme. Je n'aurais pas choisi cette accroche personnellement ceci dit, mais ça n'a en rien gâché ma lecture par la suite. Et pour un premier roman si complexe, c'est, au pire, un moindre mal.

Donc mon message pour ceux qui se tâtent : ne pas s'y fier. La suite du livre fait monter crescendo l'ambiance, l'ennui ressenti à la place des habitants qui se morfondent laisse place à l'action, à l'horreur… Tout monte au fur et à mesure et l'effet est donc plus que saisissant. C'est très bien mené et j'dois avouer que j'admire encore une fois l'imagination de l'auteur.


J'ai donc découvert un auteur à suivre à travers cette histoire palpitante et un excellent premier roman !
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Distorsion est peut-être un livre d'horreur, mais ce n'est pas ce qui a compté pour moi. J'avoue que, si après lecture de ce livre je regarderai d'un autre oeil les pubs du professeur Cicé M'Béré et sa fameuse formule de désenvoûtement de carte SIM, je n'ai pas été franchement surprise par l'histoire. Il faut dire que le genre était celui que je lisais le plus à l'adolescence et qu'il faut se lever tôt pour me surprendre. Pour autant, c'est bien mis en place, bien mené, bien construit, rien à y redire. Et si par ailleurs vous êtes de ma génération, plein de souvenirs de l'adolescence dans les années 90 vont vous sauter à la figure.

Alors pourquoi j'ai franchement aimé ce livre ? Pourquoi il n'a pas été jeté aux oubliettes dans le premier tiers comme la majorité de ceux que je prends sur ma liseuse ?

Déjà, parce que c'est bien écrit. Eh oui, il y a de belles et longues phrases bien construites, pleines de virgules et ça fait du bien. Je ne pense pas pouvoir dire qu'il y ait un style vraiment singulier ni un vocabulaire plus poussé qu'ailleurs (je connais certaines gens qui lisent mes articles, je pare), mais j'ai trouvé ça franchement bien écrit, malgré quelques petites choses que je n'ai pas comprises (certains emplois de l'italique par exemple, mais bon, hein, j'ai aussi le droit de passer à côté de certains trucs).

Ensuite, et voilà à mon avis le plus important : JR Kobencröft sait rendre les choses réelles. le Diable est dans les détails, dit-on. Et se sont les détails qui font passer un roman d'une histoire racontée à un univers. Ce sont aussi les détails qui rendent les personnages réels. Tout ce qui est nécessaire à voir la scène est ici parfaitement décrit et toutes les descriptions sont parfaitement intégrées, jamais longues, en quelques mots on y est. Et là, je peux vous assurer que la majorité des auteurs (indés ou pas) peuvent aller prendre quelques leçons dans ce bouquin. Tout comme pour les personnages...

Deuxième énorme point fort : tous les personnages sont suffisamment et correctement fouillés ; chacun a un passé, un caractère et une psychologie, chacun agit parfaitement en adéquation avec cela et je n'ai à aucun moment eu l'impression qu'ils tombaient dans le cliché. Tout ou presque est amené au fil du texte, sans gros sabots, et si quelques explications sont bien sûr parfois nécessaires, ce sont leurs actes avant tout qui montrent qui sont ces personnages (la fameuse règle du show don't tell, vous voyez ?). J'ai vraiment beaucoup aimé suivre (et m'attacher) à chacun d'entre eux.

Un livre à découvrir et un auteur à suivre, assurément !
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Distorsion : Horreur made in 80
L'ambiance. En voilà un aspect difficile à mettre en oeuvre que ce soit dans la littérature ou dans le cinéma. Celle-ci est encore plus difficile à définir et à capter dans le monde du fantastique et de l'horreur. Chaque année, on nous vend des romans à l'ambiance prenante… Ceux-ci font rêver sur le papier et on est vite déçu au final. Bien évidemment, l'ambiance est propre à chaque auteur, chaque situation et à chaque lecteur et/ou spectateur. Distorsion de J.R. Kobencröft fait parti de ces oeuvres qui arrivent immédiatement à planter un décor, une sensation, une atmosphère, une ambiance lourde, menaçante, électrique, bizarre. L'auteur nous plonge dans une toute petite ville de province des années 90 où l'ennuie se confond avec le mauvais temps perpétuel. Les ados sont désoeuvrés. Ils s'ennuient, accumulent les petits boulots pour s'en sortir, pour sortir de cette ville morose, de ce quotidien mortifère. L'horreur n'arrive pas tout de suite dans le récit, mais on peut dire qu'il est quand même déjà bien présent dans ces quelques pages. L'horreur d'un quotidien ennuyeux, gros, terne, sans espoir, sans véritables loisirs.


J.R. Kobencröft nous invite à suivre une bande de jeunes adolescents qui se retrouvent chaque semaine, voire chaque soir pour prendre un peu de bon temps au skate-park. Alcool, drogue, premier amour et musique sont au programme. Inutile de le nier, on se retrouve assez facilement dans ce décor, même si nous n'avons pas vécu dans les années 90. La musique prend une part importante dans le récit, même si je ne vais pas vous en dévoiler la finalité. Cette musique rythme le récit et découpe les différentes parties de cette distorsion. Quel plaisir de voir le morceau Sober de Tool ou encore quelques références à d'autres choses plus obscures encore ou plus commercial. La musique, le grunge, le rock alternatif, le metal, c'est une partie de l'ADN de ce roman.
La seconde partie réside dans son travail sur le fantastique qui se mêle à l'horreur. Autant vous dire de suite que l'auteur en connaît un rayon et que l'on sent qu'il a été et est encore biberonné au cinéma et à la littérature de ce genre. Distorsion de J.R. Kobencröft transpire le cinéma fantastique de ces années de rêve, ne serait-ce qu'avec le côté gore et délirant d'un Sam Raimi. Mais il suinte également l'influence de Stephen King avec l'utilisation d'adolescent en proie à une force supérieur et qui réveille les plus bas-instincts de l'humain, mais aussi en terme de rythme. L'auteur sait prendre son temps pour faire monter la pression. Les scènes bizarres s'accumulent jusqu'à la longue explosion finale dans les entrailles d'un monde en perdition.

Que dire de plus au sujet ? Tellement de choses, mais en même temps, je me restreins. Parce que Distorsion est un roman à découvrir sans en savoir trop, puisque l'auteur souhaite vous faire entrer dans sa danse, dans son ambiance et dans cette noirceur. Je peux vous dire que l'effet est garanti, puisqu'il est impossible de lâcher cette histoire en cours de route. le mystère plane au-dessus de nous et on vient à se poser de nombreuses questions quant aux différents chemins que pourrait prendre ce roman. J.R. Kobencröft a tout ce qu'il faut pour offrir une suite, voire une saga à l'image de celle du bourbon Kid. C'est un beau mélange que nous offre l'auteur et j'ai clairement eu l'impression, par moment, de me promener dans un long-métrage de Lamberto Bava.

Je ne vais pas vous en dire plus, histoire de ne pas vous gâcher la surprise de la découverte d'un auteur de talent. L'intensité d'un bon récit est présente. On s'attache aux personnages. On rit, on peut craindre certaines lumières. On s'immerge dans un univers angoissant (vous ne verrez plus les mannequins des grands magasins de la même façon) et on a du mal à en revenir. J.R. Kobencröft imagine un monde assez sombre avec brio. Rien est à jeter dans ce qu'il propose et c'est ce qui fait, pour moi, la force de ce roman. Bref, vous l'aurez compris, mais Distorsion est un roman qui devrait plaire aux amateurs de cinéma horrifique datant des années 80. Aussi généreux que perturbant, ce roman ne vous laissera pas tranquille.
Lien : https://tomabooks.wordpress...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ainsi donc, cette bonne ville de Saline avait un cadavre sur les bras. L'identité de la victime était inconnue et si l'on ne précisait pas les causes du décès, l'article mentionnait d'atroces mutilations. Le journal relayait l'appel de la police à signaler toutes disparitions d'un proche, réelles ou supposées. Thomas était prêt à parier qu'on allait parler de cette histoire jusqu'au printemps prochain, voire au-delà, et que si elle connaissait d'autres développements aussi spectaculaires elle deviendrait même une foutue légende. Il avait passé le plus clair de son temps de sa vie ici, et le seul fait divers approchant dont il se souvenait (dans la catégorie mort et effroi) était le carambolage entre un poids lourd et un transport de bétail sur la nationale 11, il y avait de ça près de quatre ans. Saline n'était pas une grande ville. Elle n'était pas petite non plus. C'était un morceau de civilisation quelconque, médiocre, morne et fonctionnel dans son ensemble, étendu, mais aux proportions encore assez humaines pour qu'une telle horreur l'ébranle durablement.
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