A. Un suspens aux petits oignons
Hey, est-ce que tu savais que… j'adore
Stephen King ? Ouais, je sais, ça te choque toi aussi. Bon, si j'aime le King, c'est parce qu'il sait poser une ambiance. Beaucoup râlent parce que soit-disant les 100 premières pages de ses bouquins sont souvent lentes, il se passe rien, blablabla… Non. Y a pas débat, je dis simplement « non ». Il met une ambiance, bordel ! Bon, bah prends cette QUALITE (j'insiste sur le mot) chez lui, pimente ça avec quand même un peu + d'action et tu as
JR Kobencröft.
Il y a une ambiance qui vient s'installer et c'est là où je parlerai de côté « cinématographique » du roman. L'auteur maitrise la description et il l'intègre très bien à l'action ce qui te donne vraiment l'impression de vivre la scène.
Bon, tout le monde n'est pas parfait, et c'est vrai qu'au début du roman, j'ai trouvé l'introduction des personnages peut-être un peu trop artificielle, en mode « coucou, alors lui c'est Truc et il aime le vert, il déteste le jaune…. » Je charrie, mais disons que l'auteur a tendance au début à nous décrire un peu les personnages au lieu de nous laisser les découvrir. Mais une fois passé ce côté-là… Les descriptions des lieux, les descriptions des relations entre personnages, les actions… Tout est très bien maitrisé, et on en oublie totalement que derrière les lignes, il y a un auteur. On oublie que c'est quelque chose qui a été créé pour nous.
On ne voit pas du tout les ficelles qui tirent tout ça, et l'intrigue vient petit à petit. le dosage entre révélation et secret est juste parfait. Ça ne fait pas artificiel, ça arrive au bon moment, le tableau se forme au fur et à mesure. Pas assez vite pour qu'on anticipe, mais pas trop lentement pour qu'on soit frustré. Parfait, comme je te disais.
B. Une sincérité violente
JR (tu me permets ?) sait vraiment te poser un tableau et ça dès le début. D'habitude, j'ai un peu de mal à rentrer dans un roman et il faut attendre le moment où l'enjeu apparait pour que je me sente impliquée. Bon, bah là clairement, dès le début j'étais dedans. C'est simple le premier soir je n'ai lu que 10 pages et j'ai pas pu aller + loin parce que j'étais trop chamboulée. 10 PAGES. Et de quoi elles parlent ? D'une meuf qui revient de chez le coiffeur. Sans rire, il se passe pas beaucoup + de choses, mais pourtant ça m'a retournée. Parce que JR ne fait pas vraiment passer l'émotion dans l'action ou encore dans les mots eux-mêmes. C'est un style simple mais bougrement efficace. Il va te décrire un mec qui attrape une conserve de petit pois et là tu vas te mettre à angoisser sur le sens de ta vie. J'exagère à peine. A peine.
Je sais pas comment il fait… Je dois faire une confidence, pendant toute ma lecture après j'ai essayé de comprendre pourquoi ça me touchait autant. Pourquoi, alors qu'il verbalise pas forcément les émotions, je les recevais de plein fouet ? Et j'ai pas compris. Apparemment, c'est pas une question de période du mois et d'hormones, non parce que je te vois venir… Je crois qu'il faut juste que je me fasse à l'idée que
JR Kobencröft est doué.
Alors, un autre point : Il me semble que c'est le premier roman de l'auteur et ça se sent. Ça se sent, parce qu'il est très viscéral. J'ai relevé des répétitions, des maladresses, des mises en pages assez… audacieuses ? Bref, des trucs qui peuvent en effet confirmer que c'est un premier roman. Et au lieu de jouer en la défaveur du bouquin, ça vient carrément rendre le truc encore + percutant. L'écriture est travaillée, il y a aucun doute sur le fait que l'auteur a bossé pour pondre ça, mais sa plume n'est pas encore polluée par les règles et « l'intellectualisation » de l'écriture. (j'invente des mots aujourd'hui !)
Je m'explique : On sait très bien, au bout d'un moment, les techniques d'écriture à utiliser pour faire ressentir telle chose au lecteur. On sait qu'il vaut mieux éviter les verbes faibles, les gérondifs etc.. et au bout d'un moment on réfléchit trop pendant l'écriture et on manque de spontanéité, de sincérité. Eh bien, JR n'est pas dans ce cas là. Il ne suit pas les règles et comme il parait naturellement doué pour écrire de la bonne came, ça joue clairement à son avantage d'être en dehors de ce mécanisme. Ça rend le tout beaucoup + violent et vrai.
Le mec a réussi à faire du « défaut » des jeunes auteurs une force…
C. Chacun sa route, chacun son chemin ! (me remercie pas pour la musique en tête)
Dans le résumé, on te présente un peu l'histoire comme étant celle de Thomas et d'Alice, alors qu'au final, c'est vraiment l'histoire de toute la ville. La comparaison va être un peu toute pétée, mais j'ai reniflé quelques senteurs à la « Bazaar » de
Stephen King («
Stephen King ? Vraiment ? Mais qui est cet homme dont tu ne parles JAMAIS ??? »). On a une ville, le mal s'y implante et vient vraiment avilir chaque habitant indépendamment.
C'est un point que j'ai beaucoup aimé parce que ça permet d'éviter le schéma du héros seul contre tous ! Et chaque personnage a une vraie personnalité, de vraies aspirations et motivations. Tu as pas l'impression qu'ils sont là pour jouer leur rôle auprès du héros. Ils sont là parce qu'ils existent. Ils ont une vie avant et après le roman et ça se sent tout de suite, il y a pas à dire !
Encore une fois, si tu as capté, l'auteur a créé un roman où il arrive à se détacher totalement des normes, des schémas et où tout semble simplement couler de source.
D. L'après-lecture
C'est une excellente découverte. Franchement, j'ai adoré ma lecture et il faut dire que ce n'était vraiment pas gagné d'avance parce que… Parce que j'avais placé la barre très haut. Je sais, c'est pas bien de commencer un service presse avec des attentes très fortes, mais j'en avais (malgré moi) entendu tellement de bien, et il avait tant attisé ma curiosité que forcément… Je m'attendais au roman du siècle ! Et tu sais à quel point on peut être déçu quand on se lance dans un roman avec cette idée en tête. Donc, si je te dis que je n'ai PAS DU TOUT été déçue, tu captes que c'est de la bonne came !
Pour moi, la sincérité et les tripes d'un auteur, c'est vraiment ce qui prévaut sur tout le reste. Et là, j'ai été servie. Tout ce que j'aime dans un livre, je l'ai retrouvé.
On en parle de cette fin ? J'ai pas eu spécialement de surprise énorme, de « BAM ! » mais par contre, j'ai eu une fin ultra satisfaisante. Pas du tout dans le sens où c'est une happy end, ça serait mal me connaitre ! Non, la fin est jouissive, parce qu'elle est très bien amenée. Souvent, les jeunes auteurs sont trop pressés et la baclent en quelques pages. Ici, elle est maitrisée et JR nous maintient dans l'ambiance jusqu'à la dernière ligne.
Tiens, encore un truc qu'il réussit haut les mains…
E. PÉPITE OU PAS PÉPITE ?
T'es bouché ou quoi ? Bien sûr que c'est une pépite ! Il n'y a aucun doute là-dessus. Et je te dirais même que j'ai senti une évolution de l'auteur au fil du roman, je l'ai senti gagné en puissance. du coup, j'irai même plus loin en m'avançant et en te disant que : Bien plus que
Distorsion, c'est carrément
JR Kobencröft qu'il faut découvrir.
Je veux pas lui foutre la pression ni rien, mais on sent clairement que c'est un auteur puissant qui prend tout juste conscience de son pouvoir et je pense qu'on est pas au bout de nos surprises avec lui !
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