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EAN : 9782226446244
208 pages
Albin Michel (10/02/2021)
3.42/5   24 notes
Résumé :
«Tout en toi pue la France. Plus d'une fois, mon visage a essuyé la violence de ce crachat. On m'a traitée en paria sous les injures et les coups. Si j'ai décidé de devenir française, c'est par amour pour la France, ses valeurs, ses traditions, sa culture, son passé, et c'est précisément ce qu'on me reproche. En faisant ce choix, je suis devenue Claire, le prénom de la honte.»

Fille d'immigrés turcs, Çigdem Koç, devenue Claire Koç en 2008, va vivre un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Indigeste sur la forme. Effarant sur le fond. La critique est sévère car il n'y a rien, dans ce texte, que je n'ai su apprécier. Ou si peu. Les termes employés sont creux, les concepts ne sont pas maîtrisés et la plume croule sous les généralités. Claire Koç n'a pas réussi à échapper aux chemins brumeux qu'empruntent toutes celles et ceux qui essayent, un jour, de définir l'identité nationale, un concept éminemment politique qui change au gré des saisons et des auteur(e)s. Il ne peut en être autrement quand on sait que la nation est une fiction, une narration que chacun essaye d'imposer dans un combat toujours stérile. Alors qu'est-ce l'identité française? Qu'est-ce qu'être français ?

Sous la plume de Claire Koç, l'identité française se résume à un mode de vie dont, à titre personnel, je peine à tracer les contours. Qu'est-ce qu'un mode de vie à la française ? Une façon de se vêtir, de manger, de boire, de consommer? Mais existe-t-il, en France, une uniformité culturelle que l'on pourrait penser comme une composante de l'identité nationale? Laquelle est-ce? Claire Koç pose l'identité culturelle mais ne définit pas. le propos est donc lacunaire. Il frôle même l'absurde et le ridicule tant il est impossible de penser les modes de vie au singulier. On ne saurait, en effet, définir UN mode de vie français sans se vautrer et se prendre les pieds dans le plat. On ne saurait ainsi bâtir et penser l'identité nationale sans contrevenir à l'objectif premier de la Nation: construire une communauté nationale solidaire.

Sous la plume de Claire Koç, l'identité française est malheureuse car elle se pense et se construit uniquement par opposition à celle de ses parents venus d'un pays, d'une culture réduite à une mysogynie, un conservatisme, une ignorance et une rustrerie. Claire Koç étouffe de ses parents, de sa famille, de ses origines et pense sa libération par une idéalisation de l'identité française. Son monde est binaire donc pauvre. La complexité ne trouve pas sa place dans son discours aride qui caricature "la communauté" (elle n'existe pas au singulier) dont elle se dit origine.

En voulant dénoncer tous ceux qui un jour l'ont fustigé pour son amour pour la France, Claire Koç tombe donc dans les mêmes travers. Elle prend toute sa place dans le combat de coqs qui se mène dans l'espace médiatique. Elle participe à l'appauvrissement du débat. C'est eux contre nous mais qui sont eux, qui sont nous? Qui sont les biens-pensants, les bobos, l'élite mondialisée et internationaliste qu'elle fustige tant? On ne sait guère. Les termes sont creux, vides de sens. Claire Koç navigue dessus avant de s'y noyer. Elle disparait dans ses propres contradictions. J'en énumère quelques-uns : 

- Claire Koç avertit: elle ne fait pas de la politique. Pourtant, son livre est politique, très politique. La gauche est sa cible. 

- Elle met en garde: elle ne généralise pas mais se contente d'évoquer un parcours personnel. Pourtant, tout n'est que généralisation permanente au point qu'on s'interroge sur la nature de son livre. Qu'est-il ? Un témoignage personnel? On ne saurait crier à l'échec de l'assimilation si on n'était pas convaincu par son caractère général. Mais alors comment peut-on généraliser à partir d'un cas personnel? Qu'est-ce que son livre? Un essai sur la politique d'assimilation en France? Mais où sont les études objectives et l'enquête de terrain? Son livre file sur une contradiction permanente. Son livre est une duperie permanente. 

- Claire Koç fustige celles et ceux qui lui rappellent ses origines mais n'hésite pas à rappeler celle des autres: ils sont d'origines polonaises, italiennes ou français de souche. 

- Claire Koç dénonce celles et ceux qui lui imposent une identité mais n'hésite pas à imposer sa définition de l'identité française. "Il faudrait", "y'a qu'à", "faut qu'ils". Elle n'hésite pas non plus à imposer l'identité turque aux Kurdes qui ne lui ont rien demandé. Ainsi, sous sa plume, la question kurde devient un problème "turco-turc", la langue zaza un dialecte turc, le Kurdistan un vaste territoire anatolien, le Kurde un anatolien sans contours précis et le mot "qileri" un mot turc alors qu'il est zaza donc kurde. Sous sa plume, l'alevi est musulman et le kurde n'existe pas. Elle a tant de mal à dire le mot qu'elle fausse L Histoire pour servir son histoire. Je le rappelle à Claire Koç : la répression que ses parents ont fui n'est pas d'ordre religieuse mais ethnique et politique, Dersim étant à la fois Kurde, arménienne, communiste, d'extrême gauche et alevie. Claire Koç fuit la réalité historique pour inscrire son histoire dans une opposition stérile à l'Islam. Elle est donc capable de vider les mots de leurs substances, de tordre le cou à la réalité pour la façonner à sa convenance. C'est affligeant. Elle est loin de l'intégrité intellectuelle et journalistique qu'elle prétend servir.

Ce livre, vous l'aurez compris, est une déception qui ne saurait recevoir mon approbation. Quand bien même j'aurais des points d'accords ci et là, je ne saurais encourager sa lecture car il ne répond à aucune des exigences intellectuelles qui sont les miennes. Je déteste les livres qui vident les mots. Je hais les livres qui ne savent pas les penser. Je rejette les livres qui fuient la complexité. Ce livre échappe à toute idée de clairvoyance et son auteure est loin du compte: elle n'est ni objective, ni apolitique. Elle est, tout au contraire, totalement engagée pour une conception appauvrie de la communauté nationale. 

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Ce livre, qui se lit d'une traite, m'a touché au plus profond de mon être. Il n'y a pas une ligne que je n'ai aimée et savourée. Peut-être parce que j'ai moi -même une origine étrangère.
Bravo à l'auteure pour cette prise de parole. Et aux éditeurs pour avoir eu le courage de publier ce témoignage à rebours des discours essentialistes, racialistes, compassionnels et culpabilisateurs. Car c'est bien d'un témoignage personnel, d'un parcours de vie et d'une prise de parole que je ne peux qualifier que de courageuse qu'il s'agit.
Je ne reviens pas sur le contexte de l'auteure : le résumé Éditeur est là pour le dire.

Claire Koç écrit la plus belle définition de ce qu'est être français. Elle dit : « Être français, c'est aimer la France. Être français, c'est dire « nous », « notre » pays, […] » (Page 197)

Pour moi, c'est juste magnifique. Il n'y a rien à ajouter. L'amour ne s'explique pas avec les mots mais avec le coeur et les actes. Je la remercie d'avoir écrit ces lignes. Dorénavant, je les ferai miennes.

On l'aura compris, c'est un livre coup de poing, un livre militant, un livre témoignage qui, pour une fois offre l'envers du discours général : on peut être venu en France parce que né "ailleurs" et aimer ce pays et se battre pour faire sien son héritage et la belle devise qu'il s'est donnée.

Sur le plan de la langue, c'est plutôt bien écrit, dans un style direct et contemporain. Ce livre se lit avec une grande facilité.

Un livre à verser au débat qui anime - et divise - tant notre société dès lors que l'on réfléchit aux notions d'identité, d'intégration et d'assimilation.



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Çigem Koç, immigrée turque, a troqué son prénom d'origine pour s'appeler Claire. Sa famille vient de la minorité alévie qui à été victime de massacres et qui pratique un Islam modéré qui par exemple, n'interdit pas le jambon.
Il y a 4 thèmes dans son livre, chaque fois exprimés de manière un peu excessive. 1) Une dénonciation de l'obscurantisme de ses parents (qui refusent d'apprendre le français et de s'assimiler), de l'Anatolie, et de l'Islam. C'est un aspect bien documenté (par exemple quand elle raconte son mariage) exprimé avec beaucoup de passion et un rejet très fort de ses parents et de son frère, qui ne sera pas son seul rejet. 2) Un amour immodéré de la France et de la "vie à la française" qui la conduit à vouloir se convertir au christianisme, non pas par conviction, mais pour paraître davantage française (p. 193). 3) Un reniement de ses origines. Il est pourtant normal qu'un immigré russe, italien, portugais, turc ou autre reste attaché à ses racines (littérature, musique, cuisine,...) et soit un pont entre deux cultures. Un immigré italien ne doit pas rejeter la pizza et le chianti pour être pleinement français. 4) Des considérations politiques radicales (pp. 184-188) qui rappellent la façon «gaulliste» dont Zemmour affirme son amour de la France (p. 177) en rejetant l'Europe. Elle dit qu'elle n'a "aucune sympathie pour Marine le Pen" (p. 186) mais trouve bien des vertus au Rassemblement National, vante Donald Trump (p. 184), et semble davantage proche des idées de Zemmour. Ses attaques s'adressent à sa famille, aux immigrés paresseux, à la droite classique, aux écologistes, à l'Eglise, surtout à la gauche «moralisatrice et sectaire... qui a fortement contribué à ruiner le combat féministe» (p. 188), à l'Europe, et bien sûr à la Turquie, mais elle ne dit rien du peuple kurde. Nous ne sommes pas en Russie. Chacun peut donc exprimer ses opinions, mais il y a chez elle une passion et un manque de nuance assez gênant.
Quelques extraits.
Le rejet obtus d'une majorité d'immigrés de s'assimiler (p. 32).
Les mariages mixtes sont très rares chez les Anatoliens, il est même interdit dans l'Islam (sourate N° 2, verset 220).
Ils ont pu nous élever grâce aux allocations familiales et non par les efforts émérites de mon père (p. 90).
Si elle avait eu le malheur de révéler sa relation avec Fouad... elle aurait été la honte d'une famille qui l'aurait mariée séance tenante à un vieillard libidineux du bled (p. 103).
Hatice, mariée de force au bled un été lorsque ses parents l'ont surprise en train de discuter dans la cage d'escalier avec son copain (p. 111).
(Selon Erdogan), l'Islam modéré est un concept trouvant son origine en Occident avec pour seul objectif d'affaiblir l'Islam (p. 157).
La gauche a abandonné le patriotisme à l'extrême droite (p. 172).
En créant l'Europe, ses pères fondateurs... ont surtout acté la fin de la nation... dans cette grande Europe financée en grande partie par le contribuable français – qui se serre la ceinture dès la première semaine du mois -...on contribue aux aides dont bénéficient les agriculteurs polonais. La France paie tout le monde avec l'argent de son peuple... nos dirigeants sont plus soucieux des Indiens d'Amazonie (pp. 174-175).
La jeune Française que je suis ne ressent aucunement son appartenance à quelque identité européenne que ce soit. Je ne connais même pas l'«hymne européen» (p. 176).
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Comme Jeannette Bougrab ou Sonia Mabrouk, la journaliste Claire Koç dérange la bien-pensance : elle ne cadre pas avec l'image de l'immigré(e) qui crache sur une France prétendument raciste et islamophobe. Bien au contraire, elle aime la France, son mode de vie, sa langue, sa culture. Et elle le dit. D'où l'omerta d'une large part du microcosme médiatique.

Fille d'immigrés turcs, elle est arrivée en France à l'âge d'un an. Son père est maçon et sa mère fait des ménages. La famille vit dans des cités HLM, à Rennes d'abord, puis à Strasbourg.

La diaspora d'origine turque se caractérise par une forte cohésion ethnique qui contribue, selon Jérôme Fourquet, à faire de la « communauté turque » un isolat au sein de la société française. L'endogamie atteint un niveau record : 93% des femmes descendant d'immigrés turcs en France épousent un conjoint turc ou d'origine turque. A titre de comparaison, les femmes d'origine marocaine sont 70% à épouser un homme de même origine nationale. Chez les femmes d'origine asiatique, ce pourcentage tombe à 27%.

Les immigrés originaires de Turquie diffèrent des immigrés Africains en ce sens que la langue française leur est totalement étrangère. Jusqu'aux années 80, les familles se groupent autour des programmes télévisuels français, ce qui leur permet de se familiariser avec notre langue ; l'arrivée des paraboles leur permet de regarder les variétés et les films turcs, de se tenir étroitement informées de l'actualité turque et de ne plus s'intéresser à ce qui se passe en France. Çigdem – son prénom originel - Koç se sent à l'étroit dans cet univers replié sur lui-même. Elle aime l'école, a des amis français et entame des études supérieures. Son mode de vie est mal vu de sa famille. Elle raconte comment son entourage l'accuse d'avoir « trahi ses origines » quand elle demande sa naturalisation et abandonne son prénom pour celui de Claire. le point de rupture est atteint lorsqu'elle annonce qu'elle va épouser un Français chrétien. Ses parents et ses frères rompent toute relation avec elle. Plus surprenant, ce reproche est également mis en avant par des collègues journalistes qui s'obstinent à l' « essentialiser » à ses origines turque et immigrée et s'étonnent qu'elle veuille être considérée avant tout comme Française.

C'est un livre fort et courageux, voire iconoclaste. Très instructif, il mentionne au passage certaines dérives du système français qui constituent autant d'obstacles à l'assimilation : ainsi le dispositif Enseignement Langue et Culture d'origine mis en place sans contrôle par l'Éducation nationale, ou le rôle ambigu de certaines associations d'aides aux immigrés. Depuis la parution, Claire Koç a été la cible d'attaques de la part de militants nationalistes turcs et a porté plainte pour "incitation à la haine, harcèlement et menaces de mort".



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Je vous présente là un témoignage courageux, qui souligne les problèmes d'intégration et de racisme.
L'auteure dénonce le refus de l'assimilation de certaines familles arrivées en France, qui ne souhaitent pas s'intégrer.
Le jour où elle a fait le choix de prendre la nationalité Française, envers et contre tous, elle s'est retrouvée isolée. Claire a fait le choix d'aimer la France, de la respecter, de l'honorer. Cette France qui l'a accueillie, comme elle accueille chaque jour de nombreux immigrés, qui, malheureusement, font le choix de ne pas s'assimiler.

Ce témoignage se lit tout seul, j'ai beaucoup appris. Il fait réfléchir et répond à beaucoup de questions sur certains comportements. Je souhaite beaucoup de courage à Claire, qui a dénoncé des faits et discrédité certains jugements de bien pensants qui croient tout savoir et qui croient devoir tout juger.
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critiques presse (1)
Culturebox
11 mars 2021
Cette journaliste, née en Turquie il y a trente sept ans, a grandi en France. Elle raconte aujourd’hui son parcours du combattant pour s’insérer dans la société française contre la volonté de sa famille, qui l’a reniée.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quand les paroles de La Marseillaise touchèrent à leur fin dans la préfecture, je nous considérai tous comme des résistants. Des héros qui réalisaient leur rêve, qui avaient combattu et avaient réussi à devenir Français alors que le monde extérieur insistait pour qu’il restent tels qu’ils apparaissaient aux autres, c’est-à-dire des étrangers, voire des immigrés. J’ai souvent eu l’impression de faire acte de résistance face à ceux qui refusent obstinément de me percevoir autrement que comme une Turque. Chanter La Marseillaise en 2008, pendant cette cérémonie, c’était rejouer la scène des héros de Casablanca qui entonnaient l’hymne national face aux occupants allemands.
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(sur ses parents) S'ils ne parlent toujours pas français après quarante années passées ici, c'est (pour eux) la faute de la France (p. 28).
Les décolonialistes représentent un danger pour la cohésion de notre République (pp. 30-31).
Se choisir un prénom français (elle a troqué son prénom turc pour un prénom français) sous-entend que vous êtes déjà français (p. 73).
En 1986, lorsque le nouveau gouvernement de droite décide de privatiser la plus ancienne chaîne de télévision française... l'information et l'éducation ne sont pas intéressante si elles ne rapportent pas (p. 147).
... la France: le pays des hommes libres, éclairés et dotés de raison (face à l'obscurantisme) (p. 203).
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Vidéo de Claire Koç
"Tout en toi pue la France. Plus d'une fois, mon visage a essuyé la violence de ce crachat. On m'a traitée en paria sous les injures et les coups. Si j'ai décidé de devenir française, c'est par amour pour la France, ses valeurs, ses traditions, sa culture, son passé, et c'est précisément ce qu'on me reproche. En faisant ce choix, je suis devenue Claire, le prénom de la honte."
Fille d'immigrés turcs, Çigdem Koç, devenue Claire Koç en 2008, va vivre un enfer. Famille, amis, collègues, tous l'accusent d'avoir trahi ses origines. À travers ce témoignage sidérant et unique, l'auteur dénonce l'échec de l'assimilation à la française.
Une plongée au coeur du rejet du modèle républicain.
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