Un testament espagnol, d'
Arthur Koestler, est à la fois une autobiographie et un reportage. Ce roman suit les péripéties du jeune homme, correspondant, envoyé en Espagne pour traiter de la guerre civile qui y sévit dans les années 1930. le conflit, les républicains, les Rouges communistes, les franquistes, il faut démêler tout ça. Cette partie du récit relève presque du documentaire et permet de mieux comprendre cette époque troublée. Il se rend jusqu'au front, relate ce qu'il voit, ce qu'on lui raconte. Instructif.
Puis Koestler réussit à entrer dans Malaga et le récit prend une autre tournure. On organise la défense de la cité. Même s'il ne prend pas part directement au conflit, il se lie avec les Rouges et se mérite la haine des franquistes. La ville est livrée à elle-même, coupée du monde. Koestler n'a d'autre choix que d'attendre lui aussi. Pendant ces longs jours, il se rapproche de Sir Peter Chalmers-Mitchell, un riche scientifique anglais qui a élu résidence là-bas. Mais, finalement, la ville tombe aux mains des troupes ennemies. Intéressant.
Lorsque Koestler est fait prisonnier et envoyé en prison, le récit prend une nouvelle tournure. Il documente sur la vie dans les très modernes geôles espagnoles. Un peu à la manière des récits des camps russes de l'Oural (
Dostoïevski,
Soljenitsyne) ou de la
Kolyma (
Chalamov), ou même des camps de concentration nazis (Levi). Il permet de (re)découvrir en quoi constitue le quotidien de ces prisonniers ? La nourriture, les occupations, l'attente des nouvelles de l'extérieur, l'inquiétude, les exécutions, la maladie, l'amitié, la misère, etc. Certains ont de la chance, d'autres, moins. Cette longue attente est aussi le prétexte pour philosopher. Qu'est-ce que la vie, la mort ? Accrocheur et enrichissant.