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sur 685 notes
Arthur Koestler écrit ce magnifique roman en 1938 telle une déclaration où il rompt définitivement avec ce qu'est devenu alors le communisme. Les procès de Moscou viennent d'avoir lieu. Il assiste à la dérive totalitariste de l'État. le zéro et l'infini deviendra un classique de l'antistalinisme. Même s'il semble qu'il ait été utilisé par une certaine propagande lors de la Guerre froide, le discours qu'il contient est d'un autre ordre. On y trouve le tourment et les réflexions de l'officier Roubachof emprisonné par son propre clan et amené à avouer son intelligence avec l'ennemi du Parti. On y assiste aux interrogatoires menés par un ancien camarade et aux discussions qu'ils ont sur le sens des actions du Parti. Voilà, à n'en point douter, une oeuvre majeure à relire en ces temps obscurs où le totalitarisme, sous des formes nouvelles et inattendues, émerge à nouveau.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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La problématique de savoir comment de simple numéro on peut échapper aux réquisitoires foudroyants de la machine à penser à notre place préfiguree par la toute puissance que lui confère le pouvoir
Machine à broyer toute identité voulant essayer de se démarquer
la question de la place de l'individu sa problématique culpabilisation dirigée intentionnellement
Un livre abordant sous un angle terrifiant les faits et actes des sociétés des dirigeants notamment outrepassant leur pouvoir pour imposer leur domination parfois au détriment des peuples c.
Puissant réquisitoire en vérité de la liberté, ce livre nous livre comme un cri des libertés bafouées
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Malgré le fait que les protagonistes et les situations de ce roman soient imaginaires, comme le dit en exergue l'auteur, « les circonstances historiques ayant déterminé leurs actes sont authentiques ».

L'histoire met en scène un ancien héros de la Révolution russe de 1917 dénommé Roubachof, mis en examen pour pensées, intentions et actes contre-révolutionnaires. Des débuts de sa détention lorsqu'il croupit dans sa geôle, des discussions avec son voisin de cellule, en passant par l'interminable interrogatoire jusqu'à la grande mascarade du procès.

Ce livre est d'une justesse remarquable en ce qui concerne la description de l'idéologie marxiste-léniniste qui primait dans ces années 30. Tout y est décrit minutieusement, l'individu n'est rien, le « je », la première personne du singulier, est d'ailleurs proscrit, seul compte l'avis du parti, l'infini. On se rend compte à quel point la croyance en Dieu a été remplacé par un pouvoir politique à la logique inhumaine et implacable, qui décide de tout, de sacrifier des vies pour son idéal s'il le faut parce que seul compte, au sens de Machiavel, l'aboutissement, « la fin justifie les moyens ».

Un livre à ranger précieusement entre « La ferme des animaux » et « 1984 » de Georges Orwell, il s'agit presque d'un cours d'histoire sous la forme romanesque, à compléter tout de même avec de la documentation sur cet événement historique.
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A partir du moment où Dieu se fait homme et partage la condition humaine chaque être humain devient une histoire sacrée. C'est la préoccupation sociale jusqu'à l'infini. le marxisme lénino-stalinien prend l'exact contre pied de cette vision: le parti c'est Dieu, c'est l'infini . L'être humain ne compte plus, il est totalement assujetti au parti, il n'est rien , c'est le zéro.
Dans ce roman écrit à l'origine en allemand sous le titre Sonnenfinsternis que l'on peut traduire par éclipse de soleil, le personnage principal , Roubachof se retrouve incarcéré malgré son dévouement à son parti. L'homme qui l'interroge s'appelle Ivanof. Il est chargé de lui faire avouer son appartenance à un parti clandestin d'opposition. C'est évidemment faux mais on comprend au fil de la lecture du roman que Roubachof a oseé s'interroger ouvertement devant sa secrétaire sur le bien fondé de la politique du parti. Ivanof exerce un chantage laissant entendre que des aveux le sauveront du peloton d'exécution. Roubachof dont les conditions de détention sont très dures, finit par céder. Dès lors, ses conditions s'améliorent mais il apprend l'élimination d'Ivanof et son remplacement par Gletkin. Si vous voulez connaître la fin lisez ce chef d'oeuvre. Car, à l'instar d'un Camus ou d'un Malraux, Koestler ne se contente pas de raconter une histoire qui vous prend aux tripes, il émaille son récit de questions fondamentales.
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Roubachov, un ancien commissaire du peuple est emprisonné pour être jugé selon la technique en vigueur dans l'Urss de l'entre deux guerres. Selon la technique de l'arroseur arrosé, Koestler nous livre une vraie réflexion sur le pouvoir et la chose politique.
Sans vraiment s'en cacher, il critique le système soviétique poussé à sa plus absurde logique. Dictature du peuple, mais dictature tout de même.
Le propos peut se résumer à cette simple question : sacrifieriez-vous dix personnes si cela peut en sauver un million ? Posé comme cela, la réponse est évidente, tel un contre-feu obligatoire pour juguler l'incendie. Soit. Maintenant, je repose la question : accepteriez-vous de voir toute votre famille abattue si cela doit épargner toute la nation.
Non, évidemment, non.
On sera toujours plus touché par la mort d'un proche que par l'ensevelissement sous un tsunami ou l'anéantissement par un virus de milliers d'inconnus au bout du monde.

Roubachov reconnait ce crime aux yeux des soviets : il a placé un moment l'humain au-dessus de l'humanité. Sacrilège. Et d'écrire sa confession sous la forme d'une thèse sur la maturité politique des masses, passionnante par ailleurs, qui veut que le peuple ne peut jouir d'une réelle démocratie que s'il maitrise le progrès technique. Pure chimère depuis l'ère industrielle : l'évolution technique va si vite qu'il nous est impossible de simplement suivre le train en marche. Nous serions donc tous condamnés à vivre sous une dictature.
Seulement, nous sommes des mammifères supérieurs, placés tout en haut de la chaine alimentaire et notre mode d'évolution est la stratégie K, selon les écologues McArthur et Wilson, développée en 1967 (soit 22 ans après le bouquin de Koestler) qui s'oppose à la stratégie R.
Dans le premier mode de civilisation, l'espèce mise tout sur le développement dans un cadre un tant soit peu sécurisé : une grande part est donnée à l'éducation. Nous partageons avec les primates et les prédateurs cette façon de perpétuer l'espèce. Dans le second mode, tout est basé sur une forte reproduction, à la croissance rapide et à la maturité précoce. C'est le système mis en place notamment par tous les insectes. Ces sociétés finalement assez proche du système soviétique (fourmilière, ruche). Et cela marche parfaitement : certaines espèces n'ont plus évolué depuis des dizaines de millions d'années, preuve que leur société est parfaitement équilibré et insérée dans leur environnement. L'humain ne peut et ne pourra jamais fonctionner de cette façon. Koestler en donne une preuve sans détour : le besoin qu'ont les prisonniers de communiquer entre eux, par un système de code.
D'aucuns vont penser que cela est d'un autre temps et d'un autre pays. En êtes-vous vraiment sûr ? le monde libéral et globalisé ne participe-t-il pas de la même logique ? Sous des dehors de totale liberté, nous sommes enfermés dans nos propres cellules en possédant même la clé mais ne pouvant s'en servir, ne le désirant même pas. A grand renfort de marketing et de publicité, ce monde libéral nous conditionne mieux que toutes les polices de Staline ou d'Hitler. le constat est simplement moins visible. Mais il est là : afin de gouverner les foules, on doit faire abstraction de l'individu. Machiavel n'est pas loin.
Cependant, à l'heure où refont surface dans toute l'Europe des nationalismes érigés sur des idées nauséabondes, ce libéralisme destructeur n'est-il pas le seul rempart face à une douloureuse répétition de l'Histoire ? Serions-nous condamnés à devoir choisir entre la peste et le choléra ? N'y a-t-il pas de troisième voie possible, souhaitable ? L'humain ne peut-il triompher de l'humanité ?
Notons, au passage, l'excellente idée du titre en français – chose rare – puisque l'original (ténèbres de midi) ne fait aucunement allusion au dilemme central du roman et se concentre uniquement sur l'interrogatoire qui se poursuit, par tranches, sans plus aucune notion du jour ni de la nuit.

Outre qu'il nous est bien difficile de nous identifier à Roubachov (n'a-t-il pas ce qu'il mérite, après tout ?), on ressort de ce roman avec un désenchantement qui nous colle à la peau comme une chemise glacée.
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Un roman, dense et complexe, sur l'écrasement des individus et sur l'échec des processus révolutionnaires.
Derrière la critique du régime de l'est dénoncé par Koestler, on peut faire un parallèle avec tous les systèmes totalitaires; non seulement politiques ou religieux, mais également ceux issus d'une idéologie institutionnalisée en organismes défenseur d'une cause quelconque.
En soi toute cause, même bonne, se radicalise par effet de groupe et d'institutionnalisation. L'intégrisme n'est jamais loin, et tout contradicteur, même pragmatique, sera à bannir.
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J'ai dû lire ce bouquin à 17-18 ans, et je n'ai jamais oublié Roubachov, victime des purges staliniennes après en avoir été lui même l'instrument.
Dans sa geôle, les crimes et les trahisons qui lui reviennent en mémoire lui paraissaient nécessaires, quand il éliminait en toute bonne foi ses anciens compagnons d'armes, autant qu'elles doivent paraitre aujourd'hui à celui qui est chargé de lui faire avouer à lui, Roubachov, ancien dignitaire du parti, des crimes imaginaires.
J'ai toujours en tête la dernière phrase, une des plus belle fin jamais écrite, qui me flanque encore les frissons ...
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Cinquante ans après l'avoir lu, je me souviens de l'escadre de cargos soviétiques qui vient briser une grève, de Roubachof emprisonné, du système qui, obéissant à une logique qui échappe au militant de base, broie dans sa progression infernale les humains et leur enthousiasme (ceci me rappelle « les dieux ont soif », d'A. France, qui se déroule un siècle et demi plus tôt).
J'encourage les jeunes lecteurs à lire ce livre.
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La longue introspection d'un prisonnier politique. Pas dénué d'intérêt, mais habité de quelques longueurs tout de même. Elles servent peut-être le propos, d'ailleurs, reflétant une atmosphère d'oppression psychologique puis physique.

Ce qui est magnifique dans les livres, c'est que même sans vous happer, ils vous permettent de vivre mille autre vies et de prendre le temps de réfléchir à des situations que vous ne vivez pas et donc de vous enrichir d'expériences variées. La lecture reste un des rares moments où l'on peut se poser, ralentir le rythme et laisser libre court à des pensées qui ne seront pas squeezées par des fenêtres pop-up ou autres gifs ou que sais-je encore…

Le zéro et l'infini était un des premiers titres d'une liste des cent meilleurs livres du siècle dernier, ou quelque chose du genre. Comme je souhaite parfaire ma culture littéraire, j'ai pensé que l'occasion était belle. Mais à trop attendre d'un livre le risque d'être déçu est plus grand. Ce livre ne me laissera pas le même souvenir impérissable qu'à d'autres.
Au suivant !

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Livre un peu ardu à lire décrivant avec beaucoup de justesse un simulacre de justice sous une dictature… ces 2 mots étant par nature opposés! Les débuts de l'ère soviétique sont évidemment en filigrane derrière ce texte.

Le zéro de l'individu dans un régime totalitaire s'oppose à la vision humaniste dans laquelle l'individu est infini.

L'auteur détaille avec précision cette fiction grammaticale où le 'je ' se perd au profit de la collectivité.

Un livre qui comptera dans mon parcours de lecteur.

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