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Critique de Lune


Lune
05 février 2012
L'émotion est à fleur de lecture.
Avec simplicité et une force puissante, l'auteure nous conte, entre réalité et fiction, l'histoire de la famille Brontë.
En se basant sur des biographies, des témoignages, des lettres et les livres écrits par les trois soeurs, Sheila Kohler restitue la famille, les espoirs, les souffrances de ces écrivaines qui occupent une place importante au panthéon de la littérature britannique du 19è siècle.
Elle reconstitue ce qu'auraient pu être les pensées de Charlotte qui amèneront progressivement à l'écriture de « Jane Eyre ». Nous assistons à la genèse d'un chef d'oeuvre. Pourquoi pas? Tout est respectueux et plausible dans le cheminement proposé par Sheila Kohler.
Les relations entre le frère, les soeurs ainsi que celles établies avec le père sont développées tout au long du roman et on comprend le poids dont elles pèseront dans l'édification des personnages de romans des trois soeurs. Les lieux, les relations sociales, le mépris des gens mieux nés, la religion, les animaux, l'amour sans retour ou trahi, tout intervient dans ces vies que le destin bafoue.
La place de l'écriture dans leur trio est mise en exergue. Là aussi, nous ressentons leur douleur, leur impuissance, leur rivalité inavouée...
Des femmes en mal d'être, en mal d'amour se débattent devant nous, en proie à des santés chancelantes, victimes d'une époque où il n'était pas facile d'être femme et d'écrire, souffrants de vivre dans une société où les classes vous cantonnaient dans la vôtre sans espoir d'en sortir (le frère l'apprendra à ses dépens), remplies d'un amour débordant incompris, mal compris, liées entre elles par ces intransigeants dogmes religieux et par cette impossibilité d'être ce qu'elles auraient voulu.
C'est une longue descente aux enfers même si le succès se dessine pour Emily et Anne et se confirme pour Charlotte.
Il y a tout le long du livre un parfum de mort : la mort de la mère et des deux grandes soeurs à dix ans, leurs tombes que l'on sait proches dans le cimetière qui entoure le presbytère, la tante insensible ou presque, la misanthropie du père, son exigence, l'austérité de la lande, les échecs auprès des éditeurs, la folie du frère, la sauvagerie d'Emily la mystérieuse, l'abnégation d'Anne la religieuse, les rêves de Charlotte la battante.
On verse quelques larmes, comme la vie est injuste, comme la vie peut être dure.
Leurs romans ont comblé des générations de lecteurs et continuent à fasciner, Haworth est devenu un « lieu de pèlerinage ».
Elles sont mortes jeunes, peu de clarté dans leur vie, juste la lumière de l'écriture et c'est en cela que le livre de Sheila Kohler est réussi : montrer et démontrer la force des mots transcendant leurs vies brisées.
L'autre mérite de ce livre est d'amener des néophytes à pénétrer cet univers d'un autre temps, à provoquer chez les autres l'envie de relire avec un nouvel éclairage « Jane Eyre », « Les Hauts de Hurlevent », « Agnès Grey » et de découvrir les oeuvres moins connues.
Les filles Brontë sont elles-mêmes des personnages qui fascinent et elles reçoivent, de façon posthume, tout l'amour dont elles ont rêvé et tout le respect que l'on porte à de grands écrivains.
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