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4,22

sur 453 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je tiens à remercier Anselme Guilledoux, bouquiniste croisé en accompagnant dans Paris Théophraste Sentiero, « L'homme qui marche », la créature de Jean-Paul Delfino, qui m'a recommandé Gioconda.

Cette Joconde n'est pas l'icone peinte par Léonard de Vinci, mais une jeune juive de Salonique déportée par les allemands en 1943 et gazée avec toute sa famille. Elle fut le premier amour de son voisin, Nikos Kokantzis, qui décide en 1975 de conserver sa mémoire en narrant leur histoire.

Quelle est la part du rêve et de la réalité trente ans après les faits ?
N'avons-nous pas tous tendance à idéaliser notre jeunesse et le passé ?
Nikos fut il aussi précoce dans la résistance qu'il le prétend ?
Nul ne le saura jamais … et qu'importe.

Car tragique et vraie, hélas, est la déportation des juifs de Salonique et leur extermination méthodique.

Les pages consacrées à l'arrestation de Gioconda, de sa fratrie, de leurs parents et de leur grand-mère sont d'autant plus bouleversantes qu'elles ne décrivent pas, contrairement à de nombreux films, des hurlements, des aboiements de bergers allemands, des coups et des plaintes, des nazis membres de la Gestapo ou de la SS.

Elles photographient des soldats allemands très « corrects », qui ont la galanterie de porter les valises des prisonniers et dont les officiers saluent respectueusement les voisins, calmes et attentifs.

Les occupants appliquent la procédure ; les occupés respectent le protocole et avancent calmement vers leur destin dans un silence et une discipline suicidaire.

Cette tragédie grecque dépasse le martyre de Gioconda et nous rappelle que les civilisations sont mortelles. Un ouvrage court, dense, poétique et dramatique qui répond parfaitement au devoir de mémoire et que je suggérerai nottament à des lycéens.
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« Gioconda doit rester vivante aussi longtemps que je vivrai… "

Un ouvrage court et dense. L'auteur rend hommage à son premier amour Gioconda, le plus beau, le premier – (ces souvenirs le hantent). Il rend hommage aussi à tous les siens disparus dans l'horreur de cette guerre.
Il raconte son histoire , comme une monographie, ses rêves et sa réalité.
Récit d'une grande émotion. Il nous rappelle l'horreur et la cruauté tragique, la déportation des Juifs de Thessalonique, un peuple exterminé et une ville en partie disparue.
Un récit bouleversant où l'on ressent la puissance des sentiments et du chagrin.
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Début des années 1940. Nikos et Gioconda vivent dans deux maisons voisines à Thessalonique. Ils sont amis d'enfance. Ils sont amoureux, mais ne le savent pas encore.
Il faudra une colère de Nikos, parce qu'il trouve que Gioconda s'intéresse trop à son cousin Rudi, pour qu'ils basculent de l'enfance dans l'adolescence. Ils s'embrassent, se caressent, découvrent l'amour charnel, et vivent un an d'enchantement.
Mais la famille de Gioconda est de confession juive, et dans une Grèce occupée par les nazis, cela ne présage rien de bon...

Magnifique et poignant récit que celui-ci ! Sans doute un peu enjolivé par le temps qui a passé, puisqu'il est rédigé en 1975, plus de trente ans après les faits. de ses années partagées avec Gioconda, Nikos n'a conservé que le souvenir du meilleur, à l'exception du dénouement.

On vit avec ces gamins, qui passent de la candeur de l'enfance à l'amour d'adolescents, qui expérimentent les plaisirs amoureux, avant d'être détruits par la violence de la guerre. On les suit avec l'oeil complice des familles, qui ne savent pas mais qui laissent faire, car elles savent que la chute pourra être brutale...
Que dire de l'écriture, à la fois simple et lumineuse (bravo au traducteur) ?. Rien ! Il faut se laisser porter par la lecture. Tout est en nuance mais sans tabou. L'auteur ne cache rien de ses émois, de sa découverte du sexe. Mais c'est dit tellement simplement que cela ne peut pas être obscène. Un peu comme un jeu d'adultes joué par des enfants.
À lire aussi comme un témoignage de ce que les violences de la guerre peuvent faire aux innocents.
Bouleversant !
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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Nikos Kokantzis, devenu adulte, raconte sa toute première histoire d'amour, avec Gioconda, sa jeune voisine. « Ceci est une histoire vraie », le livre commence avec cette remarque importante. On y découvre ce que c'est de tomber amoureux. le narrateur est grec, vit à Thessalonique à côté d'une famille haute en couleurs dont une jeune fille qui est sa meilleure amie depuis l'enfance, c'est elle Gioconda. Un jour il a 13 ans, elle 12 et ils s'embrassent, c'est la première fois… L'écriture est imprégnée du regard candide et amoureux que l'adolescent porte sur sa jeune voisine et témoigne du passage de la vie d'enfant aux prémices des premières amours adolescentes, la violence des sentiments, la découverte progressive de la sexualité entre innocence et érotisme assumé, puis le basculement vers l'âge adulte, précipité par la guerre puis leur séparation inéluctable par la déportation à Auschwitz de la jeune fille juive, en 1943.

L'issue de leur histoire est connue dès le début du livre et le lecteur sait que le narrateur ne reverra jamais Gioconda après la guerre. La force de la narration vient à la fois de sa grande simplicité et de l'intensité de la relation décrite finement. L'écriture est imprégnée du regard candide et amoureux que l'adolescent porte sur sa jeune voisine.

Plus de trente après les faits décrits, Nikos Kokantzis a éprouvé le désir d'écrire leur courte histoire afin qu'il reste une trace de cette jeune fille disparue beaucoup trop tôt. Tout au long du récit on ressent la nostalgie de l'auteur, et le fait qu'il n'ait écrit que ce livre rend cette histoire encore plus touchante. Un très beau livre !
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C'est sur les conseils d'une libraire que j'ai découvert Gioconda et son amoureux Nikos. Sans elle, jamais je ne me serais arrêtée sur ce livre si petit d'un auteur et d'un éditeur inconnus, au titre improbable et à la drôle de couverture bleue. Mais elle m'a dit que c'était un des plus beaux livres qu'elle avait lus, et je l'ai suivie.

Je ne sais pas si j'irais aussi loin qu'elle dans l'éloge, mais c'est sans contexte une magnifique et poignante histoire d'amour, et probablement les scènes d'amour les plus belles, les plus innocentes et les plus sensuelles que j'aie jamais lues. Il ne s'agit pas d'un roman, mais du récit par Nikos (Kokàntzis, l'auteur) de son histoire lumineuse et passionnée avec Gioconda.

C'est un destin à la Roméo et Juliette qu'ils vont connaître. Non pas que leurs familles, voisines et amies, s'opposent à leur relation. Mais on est en Grèce pendant la Seconde Guerre Mondiale, et Gioconda est juive... Pour oublier, pour conjurer, les deux adolescents s'aiment aussi fort et aussi souvent qu'ils le peuvent. de tout leur coeur, de toute leur âme, mais aussi de tout leur corps qui découvre le désir et le plaisir.

Challenge Petits plaisirs 20/xx
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1975 Thessalonique
l'auteur de ce livre réalise que le jour où il mourra, Gioconda mourra une seconde fois. Il décide alors de raconter sa rencontre, son amour, et la mort de la jeune fille.
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1944 Thessalonique
Nikos et Gioconda s'aiment, se découvrent, découvrent l'amour. Ils ont 16 17 ans. Il est résistant, elle est Juive. Ils s'aiment, apprivoisent leurs sentiments, leurs corps.... En parallèle on découvre la vie de leurs familles.
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2021 à plusieurs milliers de kilomètres de Thessalonique, je découvre les commentaires de Nanou3250 et de Lucilou qui me donnent envie de découvrir cette histoire.
L'auteur est désormais décédé. J'aimerais pouvoir lui dire que je me rappellerai Gioconda, jeune Grecque aux yeux gris-bleu, pleine de vie et d'amour, tuée à Auschwitz.
En dehors des chiffres horrifiques, ce camp est aussi l'accumulation d'histoires personnelles dont ici nous avons un témoignage, poignant et doux à la fois. Ce court récit entrecroise amour et oppression, on sent la fin inéluctable....
Un beau texte à découvrir.
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Récit court, intense et bouleversant. Au-delà du drame, c'est avant tout une très belle histoire d'amour.
Le récit est tout en contraste, entre la beauté de la jeunesse qui se découvre et les premiers ébats, la puissance de leur amour, et d'un autre, la guerre qui gronde, s'avance, frappe et emporte, on est complètement transis. Tant de beauté et tant de drame.
Le récit est très sensuel mais décent, la force des sentiments nous foudroie et les dernières pages nous plongent dans un abîme sans fond, noir, froid, impuissant face à ce destin tragique.
C'est puissant et extrêmement poignant.
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Nikos Kokantzis a décidé de prendre la plume pour honorer Gioconda. Gioconda, était sa voisine à Thessalonique. C'est aussi son amour de jeunesse, celle avec qui il a goûté pour la première fois à l'ivresse de la tendresse, de la sensualité et de la sexualité. Gioconda et Nikos : c'est l'amour absolu. Seulement voilà, dans les années 1940 la Seconde Guerre mondiale fait rage aussi en Grèce, et Gioconda est juive.

En une petite centaine de pages, l'auteur nous fait revivre cette histoire, sa grande histoire fauchée trop tôt et injustement par un envahisseur inhumain, qui n'est ni Allemand ni Grec car s'il l'avait été peut-être auraient-ils vu que des ados qui s'aiment ne peuvent être une menace pour personne.

J'ai retrouvé dans ces pages l'atmosphère et la chaleur des Grecs, leur optimisme utopique et déroutant. Ainsi, le jeune Nikos préfère se souvenir des moments passés avec Gioconda que de ceux passés dans les fils avec les tickets de rationnement et autres moment où la dignité humaine est parfois un vague souvenir. de la simplicité du lexique de l'auteur se dégage une intensité d'émotions bouleversantes et une sincérité très touchante. Je l'avoue, à la fin du livre j'ai pleuré. Les 30 années où Nikos Kokantzis a gardé ses souvenirs enfouis et sa peur de l'oubli sont palpable à un point que je ne sais comment décrire. Comment ne pas avoir le souffle coupé lorsqu'on voit la façon dont il parle d'elle ? Qui oserait dire qu'il ou elle n'aimerait pas aussi que quelqu'un se rappelle de nous ainsi ?

Bien sûr, il y a sans doute une part d'idéalisation car l'auteur semble avoir conserver toute sa candeur d'adolescent dans son récit. le contraste entre la conscience qu'ont ces ados de la vie et de la mort et tout ce qu'ils ignorent de leur corps est d'ailleurs saisissant. Et peut-être un peu attendrissant aussi.

Involontairement, Gioconda est un récit qui interroge sur le courage et ce que la guerre a rendu acceptable. Ce qui m'a frappé aussi c'est le sentiment de culpabilité qui a dû marquer si longuement Nikos Kokantzis. D'abord lorsqu'il traite le cousin de Gioconda de "sale juif" par jalousie. Puis lorsqu'il raconte une scène d'humiliations en place publique d'hommes juifs (de 8h à 14h sous un soleil de plomb) et où personne dans la masse de gens autour n'ose s'interposer ni même crier au scandale. Et enfin, lorsqu'il Gioconda lui annonce qu'elle refuse d'être cachée, préférant rester avec ses parents et frères et soeurs ; le jeune Nikos, plein de sentiments contradictoires tente de rassurer la jeune fille :

"Tu as plus de courage que n'importe qui. Alors que moi, qu'est-ce que je fais ? Je reste ici, impuissant, lamentable, à vous regarder partir. Moi, qui me pardonnera ? "

Nikos Kokantzis est mort en 2009, et j'espère qu'il a pu retrouver Gioconda auprès du Seigneur qu'il a imploré lorsqu'il a été mis au courant du sort de celle qu'il n'a jamais oubliée.
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" Ceci est une histoire vraie"
C'est avec ces mots que Nikos Kokantzis commence son récit. 1975, Nikos n'a rien oublié de ces années passées aux côtés de Gioconda celle qu'il a aimée et aime encore celle qui est montée dans un camion allemand avec les siens pour ne plus revenir.C'était en 1943, ils étaient juifs....
La Thessalonique, l'occupation allemande, deux enfants grandissent côte à côte. Leurs maisons sont voisines, ils grandissent et l'évidence finit par les éblouir...
Nikos raconte, se souvient,. Et même si son récit n'est pas aussi fidèle qu'il le devrait, Nikos est fidèle à celle qu'il a aimée . Ce court roman ne parle que d'amour, amour des âmes, amours enfantines, amours adolescentes, amours charnelles où le voile se lève et où les corps s'expriment.
O.V.N.I littéraire ? Certainement mais plus encore un texte court, tragique où les amours ne riment pas avec toujours, où la jeunesse est adulte avant l'heure, un texte inoubliable, à découvrir.
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C'est drôle comme certaines lectures ne tiennent à rien, comme le hasard fait les choses parfois...
Je fouillais dans les rayons de la librairie, à la recherche de "La Première Veine" de Yannis Makrivadis (que je n'ai pas trouvé) espérant commencer par là mon initiation à la littérature grecque contemporaine (dont ne je connais fichtre rien) et je suis tombée sur "Gioconda". Un résumé dévoré plus tard et j'ai renoncé (momentanément) à Makrivadis pour rentrer chez moi avec Nikos Kokantzis. Je crois que j'ai bien fait.

"Gioconda", ce n'est pas un roman, c'est une histoire vraie. Quant à Nikos Kokantzis, c'est l'homme d'un seul livre, c'est l'homme de cette "Gioconda", émouvante. Incandescente.

"Gioconda", c'est le récit d'un amour adolescent et sans doute sublimé, d'une passion que rien n'a entaché -ni le quotidien et ses petites lâchetés, ni le réel tristement prosaïque, ni la jalousie ou pire le désamour- vécue par l'auteur lors de son adolescence, passion sur laquelle il revient trente ans après l'avoir vécu, parce qu'il n'a jamais vraiment cessé d'aimer Gioconda, parce qu'il éprouve le besoin de coucher sur le papier ce qu'ils ont vécu, de peur de l'oublier un jour...
C'est que Nikos et la belle Gioconda n'ont pas eu le temps de s'aimer toujours ou de vieillir côte-à-côte. Leur histoire est né à Thessalonique en 1942. En ce temps-là, qui n'est pas si lointain, le nord de la Grèce était occupée et Gioconda était juive.

Le texte dans une langue lumineuse, d'une sensualité qui m'a parfois rappelé "Appelle- moi par ton nom" retrace l'histoire d'amour qui unit Nikos à sa voisine, de ses débuts incertains et maladroits à son éclosion, au plus fort de la chaleur et de la guerre. Texte singulier qui est autant une célébration de l'être aimé que le récit du désir naissant et complètement fou, "Gioconda" est un récit magnifique, lumineux, voluptueux et torride parfois, un chant d'amour et de désespoir qui interroge aussi le rapport des êtres au temps qui passe et à la mémoire: les années qui passent n'embellissent-elles pas les amours du temps passé et les souvenirs dorés, brûlants qu'on en garde? La réalité était-elle aussi intense, sublime que ce qu'on en garde d'impalpable et de puissant? On ne le saura sans doute jamais vraiment et au fond, ce qui compte c'est la certitude d'avoir aimé et d'avoir vécu. Ainsi en est-il pour Nikos qui nous offre Gioconda.

En creux de son histoire d'amour, qui a la douceur et la mélancolie des premières amours qu'on croyait éternelles, de ces premières amours qu'on aimerait revivre juste pour ce parfum entêtant d'absolu qu'elle répandaient et dont on apprend à se méfier en grandissant, "Gioconda" est un témoignage historique poignant. A titre personnel, je ne savais pas grand chose des conséquences de la seconde Guerre Mondiale en Grèce, pas plus que je savais qu'une importante communauté juive s'était établie à Thessalonique et ce depuis des siècles. Il est toujours bon d'apprendre et de se souvenir. A cet égard, la scène de l'arrestation de Gioconda et des siens est bouleversante, d'une beauté douloureuse, d'un calme étrange.

Une tragédie grecque où les amants sont déchirés par des forces plus grandes qu'eux. Elle les broiera: il y a le martyr de Gioconda que Nikos ne racontera pas et sa douleur à lui, la blessure qui ne se referme pas.
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