Sergio Kokis est bien reconnu si ce n'est internationalement, du moins au Québec où quelques auteurs issus de l'immigration font leur marque. C'est cependant le premier roman que j'aborde de cet auteur. J'y ai trouvé un ouvrage dense aux deux sens du terme. C'est une véritable brique qui me tombait des mains littéralement, c'est-à-dire non pat manque d'intérêt mais par ce que l'objet était lourd et difficile à manier. Pourtant, il ne comporte pas tant de pages que ça et c'est probablement l'épaisseur du papier qui en est la cause. Ce reproche est donc à l'éditeur…. Dense aussi par le nombre de sujets abordés: la politique, la culture, l'errance, le déracinement, l'attachement, la création, le rôle de l'artiste… pour n'en citer que quelques-uns. Je pense aussi trouver un questionnement sur l'identité et j'en veux pour preuve, ne serait-ce que le patronyme du protagoniste qui signifie « Personne ». Il y a certainement une dimension autobiographique dans ce roman mais Kokis (/ Boris), avec habileté, nous met en garde de ne pas prendre tous les récits d'un auteur pour argent comptant: il donne quelques-unes de ses ficelles d'écrivain, en nous montrant, par exemple, comment un auteur peut s'approprier les récits d'un autre pour rendre les siens plus réalistes. On suit Boris dans ses fuites et ses
errances et on prend avec lui des chemins de traverse, des diverticules qui sont autant de digressions dans le roman. J'ai aimé le roman intéressant mais toutes ces digressions, si elles permettent à Kokis de raffiner sa pensée, sont autant de
culs-de-sac qui nous font perdre un peu le chemin principal; un peu comme dans la vraie vie ou l'on ne sait pas vraiment où l'on va et où nos
errances finissent par nous faire mûrir. Ma formation cartésienne fait que je me sens plus à l'aise dans un roman plus circonscrit dans l'espace, le temps, l'action…. Je ne me suis, par contre, pas ennuyée du tout et je suis sûre que je reviendrai à cet auteur prochainement.