Rares sont les passionnés en ce bas monde. Mais l'ours qui nous intéresse, lui, l'est pour deux. Sa quête : le miel. C'est bien simple, alors qu'Idéfix réfléchit en nombre d'os, notre plantigrade Dan Flakes estime tout en terme de miel, mesure, compare, soupèse le moindre objet en échange d'une portion sucrée. Il vous échangera facilement un bibelot si son intérêt guette. Pas bête, la bête ! le poilu a de la suite dans les idées et un estomac à faire pâlir plus d'un marquis de
Sade.
Réflexion sur l'écriture, l'anonymat, la célébrité, la médiatisation, l'image artificielle, la fabrication d'un personnage public, ce nouvel opus d'
Alain Kokor est finement mené. Pourtant adapté de
William Kotzwinkle, on y retrouve les thématiques fétiches de notre poétique havrais : l'ours tout d'abord, l'animalité, l'anthropomorphisme, ses magnifiques binômes constitués d'un bavard et d'un mutique, ses réflexions sur le monde global, l'écologie, la bêtise humaine, l'ensemble toujours teinté d'espoir et de pirouettes positives. Après les parfaits "
Kady", "
Balade balade" ou "
Supplément d'âme", profond avec un ton léger, l'artiste réussit encore ici un coup de maître.
La couverture est magnifique, soignée, l'ouvrage de très belle qualité comme toujours chez Futuropolis. C'est chic, intelligent, divertissant, drôle, tout public, donne à réfléchir, élève le lecteur et permet de rêver plus loin, plus haut. Ça file à toute vitesse, se lit, se mange, se boit, se déguste à pleine vie. du
Kokor quoi !