Ouvrage découvert grâce à l'opération Masse Critique de mai 2017. le titre peut laisser penser qu'il s'agit d'un essai explicatif sur les grands courants politiques de nos sociétés occidentales. Il s'agit plutôt d'une compilation de différents articles parus dans la revue Commentaire pendant la période 1978-2008.
Leszek Kolakowski est un philosophe européen d'origine polonaise, qui a fui la dictature communiste et s'est réfugié à Oxford. Les sujets abordés sont divers et variés : politique, religion, métaphysique, philosophie...il y a pourtant une certaine cohérence dans cet ensemble en apparence hétérogène, et l'agencement et la sélection des différents articles ont du sens pour un lecteur attentif.
Tout d'abord, je souscris pleinement à ce que dit
Alain Besançon dans la préface : pour autant que je puisse en juger en simple amateur, sans avoir fait d'études de philosophie, Kolakowski a une érudition formidable, une connaissance intime de la plupart, si ce n'est de tous les courants philosophiques occidentaux, et il a également une capacité de synthèse et de vulgarisation digne d'un grand professeur. Je retiens l'ouvrage cité dans la préface, comme future lecture : Why is there something rather than nothing.
J'ai particulièrement aimé l'article « Les illusions de l'universalisme culturel », qui critique de manière intelligente et lumineuse les risques d'appauvrissement culturel des sociétés actuelles, à l'heure de la globalisation, qui entraîne chacun de nous vers le relativisme et la mise en question de sa propre culture, et de ses propres traditions.
Dans plusieurs articles, l'auteur critique avec virulence le marxiste-léniniste, dont l'expérience totalitaire en URSS a fait des millions de morts et de disparus. Aujourd'hui, a posteriori, nous connaissons l'existence historique des goulags, de la répression policière de toute opposition, de la censure généralisée, du contrôle de la population...Sans minimiser les horreurs qui ont eu lieu dans de nombreux pays sous l'emprise de la dictature communiste, faut-il pour autant rejeter complètement le marxisme et célébrer le libéralisme, comme Kolakowski semble le faire ? de nos jours, d'un point de vue économique, avec les répercussions sociales que l'on connaît, les excès semblent plutôt à craindre du néolibéralisme, et quelle est la puissance qui incarne le mieux et fait une meilleure promotion de cette idéologie, sinon les Etats-Unis d'Amérique ?
Cela dit, la pensée de l'auteur est subtile et critique, et je ne crois pas qu'on puisse le soupçonner d'une quelconque complaisance ou naïveté vis-à-vis du libéralisme, le sens du mot pouvant d'ailleurs varier un peu. Dans le dernier article « ce qui est vivant (et ce qui est mort) dans l'idéal social-démocrate », Kolakowski explique que selon lui, une idéologie politique, quelle qu'elle soit, ne saurait prétendre à combler le vide moral dans lequel la sécularisation a plongé nos sociétés occidentales.