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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce grand monologue, soliloque, qu'importe, cette grande respiration âpre et rythmée est un appel au secours. Une bouée de mots jetée dans l'océan de solitude, d'errance et de désillusion du personnage central de ce texte.
A l'instar de Patrice Chéreau, la première fois que j'ai lu Koltes, je n'ai rien compris, aussi bien le sens, que la forme. Cela m'a découragée car je sentais dans cette écriture une richesse et une palpitation unique. Donc, j'ai respiré un grand coup et je m'y suis remise. Epouser le rythme, les mots, sans forcément vouloir absolument comprendre, juste ressentir. Se laisser envahir par le mystère de cette langue et en même temps l'éblouissante clarté du propos. Une gemme brute qui se doit d'être sertie telle quelle.
Dans cette pièce (mais aussi les autres ?) la rage présente ne peut s'allier qu'à la désespérance et à la sublimation des mots.
Ce jeune homme, anonyme parmi les anonymes, veut retenir pour un instant, une nuit, quelques heures, la silhouette accostée dans une rue. Il parle, parle… Il déverse sur cet inconnu des mots, des idées, des défaites, des espoirs. Qu'importe ce qu'il dit, entrechoqué d'émotion il ne veut pas être seul dans cette nuit pluvieuse et sordide ou les hommes se moquent, s'agressent, se frappent, s'oppressent. Ou l'amour n'a plus sa place, lui qui le réclame tant. Il s'agite, s'emporte, réclame la pitance de l'attention pour retarder la venue du vide. le néant de sa vie, dans cette ville hostile, étrangère et pourtant sienne où on veut l'asservir. Lui, l'esclave, lui l'homme démuni et bafoué. C'est une révolte amère, presque stérile, mais qu'importe. Un bras d'honneur à la vie et son miroir sans tain.
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Lecture assez déroutante. le texte est court car il tient en peu de pages, et long car ce n'est qu'une seule phrase (dénuée de point finale d'ailleurs). Les premières pages peuvent être difficiles, il faut trouver son rythme, mais personnellement j'ai assez vite été happée par les pensées de cet homme qui divague.
J'aimerais le voir sur scène pour le sentir différemment et admirer la performance de comédien que ce texte exige.
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C'est l'histoire d'un type qui aborde un inconnu dans la rue. Il lui parle de tout et de rien pour essayer de le retenir, pour ne pas passer la soirée seul ; il lui raconte ce qu'il a vu, ou fait, ou subit, et ce qu'il pourrait faire, aimerait faire, ou voudrait pouvoir faire.

C'est un monologue écrit du début à la fin en une seule phrase – techniquement ; en fait on pourrait remplacer les virgules par des points sans que cela ne change rien à la syntaxe. Écrire en "une" phrase n'a pas pour but d'impressionner le lecteur en concurrençant Marcel Proust ou Claude Simon, mais (à mon avis) de créer une impression de continuité dans le discours, de rendre compte d'un flot de paroles ininterrompu, langoureux, évitant l'intonation marquée que forcerait le couple Majuscule/point.

Hélas, cette nouvelle (ou cette pièce) n'aborde pas un thème particulier mais s'éparpille dans toutes les directions ; sont évoqués le communisme, les jolies femmes, les vols dans le métro, la vie dans la rue, les voyous qui trainent, sans se fixer sur rien de précis ; notre héro aborde son inconnu pour lui servir digression sur digression, puis c'est fini.

Koltès m'avait bien plus impressionné avec Dans la solitude des champs de coton, dont le style est plus poussé, le rythme moins immobile, l'histoire plus fixée sur un thème, et donne matière intéressante à interprétation.
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Une voix et un corps qui s'imposent au lecteur ou à l'auditeur. le monologue du protagoniste récolte les mouvements du monde et du moi dans un langage rythmé, parfois cru mais jamais vulgaire. La violence du mot et du monde font bouger les limites de la phrase et des représentations.
Un texte fort à la présence indéniable.
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Dans la nuit noire des ruelles parisiennes, le narrateur ivre, interpelle quelqu'un pour lui raconter de façon débridée ses déboires, sa vie désillusionnée, sa solitude et sa grande incompréhension du monde qui l'entoure. Ni plus, ni moins.
Alors que l'on peine à entrer dans l'écriture de Koltès souvent cryptée et complexe, le texte se met rapidement à nu pour exposer les problématiques d'une société que le narrateur dénonce : l'individualisme et la condition des homosexuels. Ce monologue, que l'on appellera aussi théâtre littéraire pour les plus pointilleux, nous plonge dans l'ivresse des nuits parisiennes, pleines d'histoires et d'attentes abandonnées sur un quai au petit matin. La stylistique tellement propre à l'auteur donne vie à son texte pour exprimer toute la lassitude du narrateur. Il nous emmène au coeur de lui-même, entre ce qu'il doit être pour la société et ce qu'il est vraiment tout en jouant sur une fausse introspection, un double-je torturé et fort à la fois.
Métaphoriquement apatride, le narrateur expose à son lecteur l'histoire d'une vie subie et condamnée. Koltès signe ici l'une de ses plus belles pièces pour celui qui sait s'arrêter un instant pour lire entre les lignes.
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C'est un cri, qu'il faut lire en une fois ! Comme si le personnage nous parle avec rage, révolte. Lui, l'étranger, nous raconte « les ministères, les flics, l'armée, le travail et les petites salopes blondes bouclées ». C'est fort, c'est toute la misère de la vie d'un étranger, une nuit en France, sous la pluie. Un coup de poing dans l'estomac ! H.S.
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