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L'auteur s'est inspiré du parcours réel d'un tueur en série à partir duquel il a laissé libre cour à son imagination. Il reste peut-être à trouver la part de réel et d'imaginaire.
Le côté dérangeant, angoissant même du récit est renforcé lorsque l'on prend conscience que cela a pris ses racines dans une réalité d'un tueur en série. Ce malaise se prolonge tant les comportements apparaissent incohérents et tant le personnage principal apparaît manipulateur pour arriver à ses fins. Il fait alors preuve d'une intelligence certaine. Certes, le personnage réel a été interné en asile psychiatrique mais avant cela, et c'est l'un des thèmes de la pièce, s'intègre dans une réalité, dans notre réalité.
La gamine qu'il a violée n'est pas folle mais pourtant son comportement est lui aussi déroutant. Elle cherche à protéger son agresseur et on se demande même s'il est ne souhaite pas que l'expérience se renouvelle.
La forme de pièce de théâtre rend ces réalités encore plus présentes car, en raison des dialogues, les personnages sont encore plus présents. le lecteur se sent présent entre eux.

Pour le second texte, plus court, certains y voient une situation de relation incestueuse. Pour ma part, j'ai plutôt vu l'inquiétude d'une soeur aînée à l'égard de son frère pour qu'il ait le comportement attendu d'un jeune de son âge, à savoir aller au devant des filles pour les draguer.

Une expérience de lecture intéressante mais pour laquelle il faut savoir où on met les yeux.
J'ai été satisfait de découvrir cet ouvrage mais ce n'est pas un genre auquel je me confronterai de nouveau de sitôt.
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Cette pièce est la dernière écrite par J.M Koltès, mise en scène après sa mort, elle fit scandale, généra levée de boucliers et interdictions diverses.
Souffrant du SIDA, en fin de vie, Koltès croise le portrait de Roberto Succo sur une affiche. Il s'intéresse alors à la trajectoire de ce jeune Italien, parricide puis matricide. Diagnostiqué schizophrène, le garçon est enfermé dans un asile. Il s'échappe et va durant plusieurs années sillonner le sud-est de la France semant dans son sillage meurtres, viols et vols divers.
A partir de cette vie hors normes, Koltès construit une sorte de mythe en une quinzaine de tableaux. L'auteur ne fait pas oeuvre de biographe, selon moi, il transcende le parcours criminel pour parler de l'époque, de la société confrontée au SIDA. C'est l'amour impossible, trahit par le virus. C'est la mort et la souffrance, inexorable issue de la condition humaine.
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Je ne suis pas rentrée tout de suite dans la pièce qui est in fine composée de très courtes scènes. Étonnée par son écriture, il m'a fallu un petit temps d'adaptation.. Étonnée car il m'a fallu comprendre les liens entre les différents personnages et surtout comprendre qu'il n'y avait pas lieu de rechercher des conséquences ou de logiques particulières entre les actions se déroulant.
Après, ce n'est pas le genre littéraire qui m'attire normalement donc ceci explique peut être cela ?
J'ai lu par la suite que cet ouvrage s'était inspiré d'un fait divers.
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Je vais vous présenter une pièce de théâtre : Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltes ( une amie m'a proposé de le lire donc j'ai foncé).
Il s'agit d'une petite pièce de théâtre datant de 1988 (il fait 60 pages au maximum donc c'est très très court). Je le considère comme un OVNI dans le théâtre pour de multiples raisons (ça reste contestable bien sûr).
En effet, il n'y a plus de règles respectées du théâtre traditionnel (bon ok ça fait depuis le XIXème siècle qu'on a brisé plus ou moins les règles) mais pour faire simple, il n'y a même pas "scène 1, acte I...". Bref, on dirait plus un roman qu'une pièce de théâtre. Cependant, ça reste une pièce de théâtre car on a quelques didascalies, des paroles à profusion (normal), présentation des personnages à chaque nouvelle scène (on plante le décor quoi). Après, le théâtre, c'est un genre littéraire qui se doit d'être présenté, vu pour faire simple de manière générale donc une pièce théâtre écrite doit en théorie se jouer sur une scène. Je vous avoue que je plains les metteurs en scène car c'est techniquement méga compliqué de faire une pièce de théâtre dans un théâtre à cause des décors qui changent longtemps, etc. En outre, la question de la moralité est à prendre en compte car qui est Roberto Zucco ? Il s'agit d'un homme qui commet des meurtres sans remords. Donc la question de la moralité est importante surtout que dans cette pièce, nous avons des "mac" (proxénètes), des prostituées, des policiers, un meurtrier, d'autres personnages que je vous laisse découvrir. Ainsi, une pièce de théâtre très sombre centré sur notre "Jack l'Eventreur", notre "John le Rouge" (référence à Mentalist) qui fait des actes inhumains, immoraux (ne pas lire le spoiler si vous ne voulez pas savoir). En tout cas, c'est intéressant et la fin est une fin ouverte mais je trouve que c'est bâclé, c'est une coupure brutale comme si le dramaturge n'avait pas le temps de poursuivre (il s'avère que cette pièce s'inspire de faits réels). Sinon les émotions fortes comme la violence, la haine, la famille (ça a une place très importante) entre autres sont très présentes dans un monde "merdique". Pour conclure, une pièce de théâtre très avant-gardiste et très accessible pour l'interprétation. En outre, la pièce est tellement courte que nous n'avons pas le temps de pleurer ou de ressentir des émotions.
Quant à moi, je n'ai rien ressenti, ni détesté, ni aimé particulièrement, ça reste un OVNI à mes yeux. Je dirais juste que le format n'est pas adapté pour cette histoire, je trouve qu'en roman, cela aurait été mieux qu'en pièce de théâtre mais c'est normal. Je vous conseille de lire par curiosité et aussi pour sortir des sentiers battus. Pour info, des metteurs en scène ont osé le faire produire sur scène, j'irais regarder un jour ce que ça donne.
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Une romantisation du personnage du meurtrier et du violeur, un récit sans intérêt et bien loin de l'histoire réelle.
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Koltès s'est inspiré ici d'un fait divers qui a choqué à cette époque : le tueur fou Roberto Succo qui tue ses parents, s'échappe de prison, tue au hasard des rencontres alors même qu'il noue une relation amoureuse, se fait filmer sur le toit de la prison, en caleçon, provoque l'hélicoptère et les gardes. le comportement de Roberto Succo est profondément inexplicable d'un point de vue moral (là où certains crimes peuvent être intéressés, ou bien conséquence de colère, vengeance ou autre sentiment négatif). Ce furieux surgissement de la violence, fait peur, paralyse la pensée d'incompréhension. de nombreux dramaturges et romanciers se sont inspirés de faits divers (Genet avec Les Bonnes, Flaubert avec Madame Bovary…). Marguerite Duras a traité deux fois un même fait divers (Les Viaducs de la Seine-et-Oise en théâtre, l'Amante anglaise sous forme romancée), et avoue avoir été guidée par le besoin de comprendre pourquoi, pourquoi cette violence inouïe.
Mais Koltès s'inspire aussi librement d'Hamlet. La première scène où les gardes aperçoivent Zucco qui s'échappe, apparition fantomatique comme celle du père d'Hamlet qui réclame vengeance dans la première scène de la pièce de Shakespeare. Comme dans Hamlet, le père de Zucco est déjà mort avant le lever de rideau. Hamlet est un questionnement sur la vengeance, l'appel du sang vengeur et destructeur contre la morale humaine, le compromis… C'est bien le questionnement qu'on pourrait retrouver dans ces faits divers où la violence semble avoir écarter toute morale. La violence est normalement une réaction contre autre chose, une injustice, une douleur, donc quelque part une vengeance. D'où cette référence.
Cependant, ici, c'est Zucco qui a tué son père. Contre quoi donc se vengerait-il encore ? Ses parents qui l'auraient rejeté (nombre d'éléments de la pièce pourraient faire penser à l'homosexualité du personnage ou à une relation incestueuse : la relation très ambiguë à la mère, le goût de Zucco pour la laverie automatique, l'avis des prostituées…) ? Vengeance contre la société, contre le monde entier ? Violence gratuite contre rien ? Choqué par les agissements de ce tueur en puissance, sans limites, sans pitié, Koltès interroge en mettant son personnage dans diverses situations. L'explication psychologique n'est bien-sûr pas satisfaisante. La mère semble se forcer à croire à une folie de son fils pour expliquer son action. Cette explication est trop souvent une excuse pour ne pas chercher de responsabilité, d'explication logique qu'on ne veut pas voir. La mère ne comprend pas ce qu'est venu chercher son fils, ses intérêts, et le dialogue est rompu. Ce refus de voir ce qui ne va pas, c'est peut-être ce qui fait réellement basculer Zucco dans le meurtre. Refuse-t-elle de voir l'image oedipienne de son fils qui a tué le père – était-il aimé de la mère ? – et qui semble entretenir des relations très douteuses avec sa mère ? Zucco a-t-il donc comme Oedipe l'envie de punir et se détruire ?
« Le monstre » est également une explication donnée couramment face à des crimes inexplicables moralement. Or le personnage de Zucco s'en prend-il pour autant à des bonnes personnes innocentes et irréprochables ? Non (il épargne les personnages qui ne le jugent pas). le monde y est décrit comme mauvais, sale, les valeurs sont le plus souvent inversées, à l'image du policier sortant d'une maison close, qui semble mépriser la vie, aspirer à la mort, à l'image de la famille de la jeune fille, le rôle protecteur-persécuteur du frère, à l'image des héros couverts de sang, à l'image du fils qui moque sa mère… Un monde où ce sont finalement les prostituées qui paraîtraient presque comme les plus honnêtes et innocentes, qui regardent Zucco comme un enfant inoffensif. Zucco est d'ailleurs à rapprocher de la jeune fille innocente qui sera vendue à la maquerelle par son frère, au prétexte qu'elle aurait été salie. La famille qui ne comprend pas, l'alcool, les disputes, le rôle social attendu et écrasant l'innocence, encore plus choquant que l'acte de détournement de la jeune fille par Zucco. Elle devient le miroir de Zucco, figure comme lui de révolte contre la famille, et pourtant va le perdre en donnant son nom.
Koltès lance différentes interprétations sans jamais trancher, sans jamais refermer son personnage, qui jusqu'à la fin de la pièce, sera hors d'atteinte bien que terriblement proche de tous les maux qu'on lui prête, paradoxe qui culmine dans la dernière scène où Zucco est surélevé, brillant face au soleil, intouchable et proche de la chute.
Si Zucco est sensible et ne tue pas les gens perdus et fragiles, c'est bien un personnage de sang, comme Hamlet. N'est-il pas en cela un héros, comme il le dit lui-même, un héros ayant toujours du sang sur les mains ? Il existe par ses actes et paroles. Il se recrée lui-même, ayant rompu avec la société qui lui avait imposé un rôle. le tueur aurait-il comme objectif de réécrire, de désécrire, de déformer la réalité qui est la sienne ?
Malgré la gravité des faits, le caractère de comédie semble l'emporter sur le tragique. Les dialogues font toujours surgir le quotidien, absurde rencontre entre le trivial et ce qui est peut-être le plus fort de l'intime, ces sentiments qui font naître la colère, l'amour, la folie et les actes les plus puissants et graves que sont le meurtre. le spectateur ne peut qu'être mis à distance (à la manière de Brecht) et suspendre ses émotions premières, peur, antipathie, contre le meurtrier. Toutefois, le but n'est pas d'en arriver à un jugement froid des actes de Zucco (rien, pas même le meurtre du mauvais flic est excusable). Au détour de ces dialogues anodins, de ces mensonges, et même derrière ceux-ci, surgit un sens fort, une charge émotionnelle, une charge d'intensité de vie.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Une approche réaliste de la vie de Succo, tueur en série italien, sévissant dans les années 80. Koltès nous entraine dans le sillage de ce personnage digne d'un roman, dangereux et violent. C'est une pièce en 15 actes, courts et nerveux. Autour du héros, sa mère, sa petite amie, les matons et les flics... des gens ordinaires en prise avec la folie extra-ordinaire de Succo.
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Roberto Zucco est un personnage assez étrange. Il est à la fois aimable, touchant, détestable par ses crimes et empathique. La pièce à été conçue pour rendre ce personnage à la base dangereux, de divin, d'un dieu, celui du soleil car il précise que pour s'évader il faut toujours aller vers le haut. On lui fait en quelque sorte des étrennes, on célèbre presque ses crimes comme des exploits, commis par un homme puissant et divin.
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La dernière pièce écrite par Koltès, et l'approche tangentielle du meurtrier en série et de sa folie. Vertigineux.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/08/28/note-de-lecture-roberto-zucco-bernard-marie-koltes/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Bernard-Marie Koltès écrit en 1988 cette pièce sur Roberto Succo, un tueur en série qui à 15 ans a tué son père et sa mère. Il a été interné. Mais il était tellement normal qu'on l'a relâché, il a même fait des études à l'université. A 26 ans, il a tué 6 personnes, dans l'espace d'un mois, puis deux mois de cavale. Il finit en se suicidant dans l'hôpital psychiatrique, de la même manière qu'il avait tué son père.
Koltès a vu son arrestation à la télé, il était au milieu des gardiens et un journaliste lui a posé une question idiote. Il a répondu : "Quand je pense que je pourrais prendre cinq gardiens dans la main et les écraser. Je ne le fais pas, uniquement parce que mon seul rêve, c'est la liberté de courir dans la rue". Il a trouvé cette phrase sublime.Et , une demi-heure après il avait échappé aux mains de ses gardiens. Sur le toit de la prison, il se déshabillait et il insultait le monde entier. Koltès a trouvé ce personnage mythique, pendant sa cavale , son portrait était placardé partout, Koltès le trouvait très beau.
Dans sa pièce, Koltès prend ses distances avec le fait-divers: il fait exister Zucco grâce à ses rencontres, d'abord avec la gamine, un couple formé au hasard et aussitôt défait. Deux courses , deux évasions , comme des tentatives d'échapper à sa famille. le monde décrit est comme un labyrinthe dont on n'arrive pas à s'échapper. Ensuite la rencontre avec la Dame élégante dont Roberto Zucco tue le fils sur un malentendu. Et ce meurtre-là fait basculer dans une autre réalité où chacun, confronté à ce qu'il fait, dit ce qu'il pense, aux yeux du monde. Zucco devient l'ennemi public numéro 1 et finit dans la mort.
Dans la mise en scène de Richard Brunel au TNT en Janvier 2016, Pio Marmaï excelle tout en tant tension, violence et séduction.
Lien : https://deslivresetvous81.wo..
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