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Critique de coco4649


 
 
Anise Koltz, grande poétesse, vient d'avoir quatre-vingt dix ans
– le 12 juin dernier ‒, et publie un recueil intitulé
« Pressée de vivre suivi de Après ».
Le titre, un rien provocateur, laisse entendre sa hâte d'en finir
avec cette vie actuelle et connaître « cet Après » qu'elle ne connaît
pas et qu'elle appelle fatalement de ses voeux.
Il est à noter son goût pour les antagonismes, pour les contraires
qui loin de s'opposer se complètent et s'expliquent, tels l'ombre et
la lumière, la fin et le commencement, la vie et la mort.
Selon Laurent Albarracin :
« c'est bien l'exacerbation de la guerre
des contraires, …, qui manifeste le vivant.
La vie après la mort n'est pas la vie sans la mort.
N'est donc pas non plus la mort sans la vie, mais
le lieu où la vie et la mort sont un, dans leur lutte
impossible à terminer.»
La poésie peut-elle aider à comprendre ?

" Mes poèmes interrogent
ils n'expliquent pas
p.118

" le ciel fatigué
ne sait où se poser

Le soleil ralentit
comme bloqué
par un frein invisible

La nuit finit par s'effondrer
sur nous
sans lieu
sans Dieu

L'invisible palpite
dans l'obscurité
p.113

" Mort
je te connais
je te provoque
je ne te déguiserai
d'aucune croyance

Je ne te donnerai pas mes pensées
ni mes paroles

Je ne te donnerai pas mon ombre
qui me devance à chaque pas

Comme aux chiens
je ne te donnerai
que mes os à ronger
p.114

" Que restera-t-il de ma vie
de ma mort ?

J'inspire
j'expire
pour qui ?
pour quoi ?
p.116

" le vent écrit ses lois
dans le désert
s'associant à la solitude
du sable
qu'il sache devant lui
comme dans une meute
de chiens haletants
traversent à la fois
commencement et fin du monde
p.117

" Vie et mort
se perdent dans le vide
sans nous toucher encore

Leurs regards
nous regardent
sans regarder
p.119

" On ne meurt pas
uniquement de sa propre mort

Je partirai
sans crainte
libre de croyances
mais avec l'espoir
de te retrouver

Ta voix résonne encore en moi
comme la mer
dans un coquillage
p.121

" Dans mes poèmes
l'atmosphère retentit
comme un tambour
que personne n'entend
mais qui bat
comme une métaphore
du silence
p.126

" le soleil
n'est déjà plus le soleil
repoussé par des signes nocturnes

Une fois la lumière endormie
les origines s'éloignent
les images s'enterrent doucement
p.123

" La main lourde du soleil
se repose sur ta nuque
la chaleur se déchaîne
le temps
suit les chameaux
qui traversent lentement
le désert
p.129

" le soir quand l'horizon s'écroule
je mène une seconde vie
dans mes rêves

Souvent je marche
pendant des éternités
sans me rencontrer

J'erre parmi mes rêves
non encore rêvés

p.131

" le silence n'a ni fin
ni commencement

Il appartient
à une plaine illimitée
p.135

Et APRES ?

" le matin me réveille
par les cris des mouettes
qui m'appellent

L'océan s'établit
sur la plage
jetant des coquillages
par-dessus bord

J'enlève mes sandales
pour sentir cette eau sauvage
sur ma peau

Je m'associe
à ses vagues éclatées
qui se noient
dans l'étendue du sable
p.141

" L'obscurité diminue
les alentours changent

Le matin s'illumine
la poésie traverse
une migration de paroles
p.142

" Derrière ma fenêtre
commence l'infini
p.144

" Je marche
sans m'apercevoir
que je marche

La distance est intérieure

J'essaie de toucher
des présences
à peine visibles

Je tourne en rond
suspendue à une fin
qui s'efface
p.146

" Entre commencement et fin
la lumière s'est éteinte

Un nom brûle quelque part
faisant tourbillonner le vent
qui emportera mes cendres
p.147

" Soudainement
le poème se lève
sous ma plume

Jusqu'ou le suivrai-je
n'ayant gardé
que sa mélodie

Les paroles s'isolent
pour se noyer
dans le noir
p.149

" de la naissance
à la mort
le temps nous dirige

Mais le soleil
s'empare de notre ombre
pour nous faire entendre
les chants de la terre
qui résonnent
à notre insu
p.160
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