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EAN : 9782757863800
192 pages
Points (15/06/2017)
3.54/5   38 notes
Résumé :
À Kita la foule venue accueillir l’équipe de foot est repartie de la gare en dansant et en abandonnant sur place un mendiant immobile et surtout sans tête. Dans la nuit un esprit vêtu de rouge est passé dans la colline armé d’une torche. Le matin suivant, un autre mendiant décapité a été trouvé au marché. Le commissaire Dembélé et son adjoint, le moderne Sy, sont dépassés par la situation. Les notables et les religieux y voient un châtiment de la dépravation moderne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Mon premier polar africain. Moussa Konaté écrit comme un conteur. Il raconte avec une verve particulière les aventures du Commissaire Habib patron de la brigade criminelle de Bamako et de son adjoint le jeune capitaine Sosso, dépêché par le Préfet dans la commune de Kita pour résoudre une affaire de meurtres en série. Des corps sans têtes sont découverts dans différents endroits de la ville.
Sur place, le commissaire Dembélé un Malinké né à Dialaya non loin de Kita et son adjoint le lieutenant Sy, un Peul de la ville de Nioro, ne voient pas d'un bon oeil l'arrivée de policiers de la capitale, d'autant plus que Habib est un Malinké dont la famille habite toujours Kita et que Sosso, lui, est un Bambara.
Ne vont-ils pas démontrer, avec leurs méthodes peu conventionnelles, que Dembélé et Sy sont incapables de dénouer cette affaire ?
Diallo, un Peul, collaborateur de Dembélé est acquis aux méthodes des policiers de la capitale.
Kita se situe au Mali, ex Soudan français, la capitale est Bamako.
L'enquête policière est l'occasion pour Moussa Konté de faire découvrir l'histoire de ce pays d'Afrique où les Musulmans sont majoritaires. Les différents peuples qui y vivent, Malinkés, Kitankés, Peuls, Kassonkés s'affrontent au cours de l'enquête.
Les Malinkés traitent les Kassonkés de « fainéants passant leur temps à bavarder », « Malinkés balourds, mangeurs de pâte d'arachide. » répliquent ces derniers.
« Ne fais jamais confiance à un Peul » lance sous forme de boutade Habib à Dembélé en lui faisant remarquer que ses deux collaborateurs appartiennent à cette ethnie.
De la même façon il plaisante Sosso et Diallo, « J'espère que le Bambara et le Peul ne vont pas en venir aux mains… »
Avant l'arrivée d'Habib et Sosso, le Préfet convoque Dembélé à Moribougou, un quartier ancien de Kita où vivent les autorités tribales, le chef de village Fakourou Kéita, le chef des griots Balla Kouyaté et le devin Namory Dioumba.
Les structures administratives le plus souvent héritées de la période coloniale, Préfet, Police et Gendarmerie sont amenés à composer avec les anciens gardiens de la tradition « Tu es le chef, certes, mais nous sommes les anciens » préviennent-ils le Préfet, l'enjoignant de se soumettre aux cauris du devin exigeant un sacrifice (un mouton blanc et du lait) pour calmer l'esprit des ancêtres qui jugent les habitants de Kita coupables de céder aux sirènes de l'argent « L'argent achète tout désormais et nos filles vendent leurs corps. Nos ancêtres n'ont-ils pas raison ? Ne sommes-nous pas devenus indignes d'eux ?»
Les crimes en série sont-ils réellement commis par un esprit vengeur ou ne cachent-ils pas quelque manipulateur comptant sur la crédulité des habitants de Kita ?
Telle est la question à laquelle Habib et Sosso vont se trouver confrontés seuls, ne pouvant compter que sur l'aide de Diallo, tant les responsables locaux Dembélé et Sy semblent acquis à la thèse des esprits vengeurs ou par la suite à celle du fou possédé par l'esprit des ancêtres, un vagabond du nom de Ngaba qui se promène avec un coupe-coupe autour du cou.
La perspicacité d'Habib et Sosso viendra à bout de l'enquête et de ces croyances, se colletant avec des personnages emblématiques comme Kadia grande-gueule, « une femme unique en son genre. Elle a une bouche qui dit tout. Pour elle, le secret n'existe pas. En revanche, elle vend d'excellents fruits.», Kouassy l'Ivoirien « Oh, pour moi une fille est une fille. le reste je m'en fous. Je fais ce que j'ai envie, c'est tout. », le capitaine de gendarmerie Coulibaly, Mamadou Kébé le malfrat.
La ville de Kita, regorge d'arbres, témoins muets de l'enquête, kapokiers, manguiers, caïl-cédrats, tamariniers, flamboyants, une végétation que nous découvrons au fil des aventures d'Habib et Sosso.
Un roman très agréable à lire où l'on apprend beaucoup de choses sur l'Afrique, son histoire et les contraintes héritées des colonisateurs qui ont niés l'histoire du continent tout en s'appuyant sur certaines ethnies pour mener à bien leurs projets. Nicolas Sarkozy affirmait « L'homme africain n'est pas assez entré dans L Histoire », après la lecture du roman de Konaté je dirais plutôt qu'on a volé son histoire à l'homme africain.
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A Kita, petite village du Mali, les habitants et la police sont en émoi. Alors qu'il ne se passe en général pas grand chose dans la ville, un mendiant est retrouvé mort, décapité, sa tête introuvable.
S'ensuit alors une enquête endiablée pour le commissaire Dembélé et son adjoint, Sy. Alors que de nouveaux corps sans têtes sont découverts, le commissaire Habib et son adjoint Sosso, de la brigade criminelle de Bamako, sont appelés en renfort. Mais que se passe t'il donc à Kita? Est-ce les esprits des ancêtres qui sont en colère et qui le montrent ainsi comme le croient une majorité d'habitants? Ou est-ce le travail de tueur organisé et sans pitié? Telle est la question à laquelle Habib et Sosso vont devoir répondre.

J'ai aimé lire ce polar à la sauce malienne, assez différent de ceux que je lis en général, même si la fin avait un petit air d'Agatha Christie. En effet, à la manière d'Hercule Poirot, le commissaire Habib va réunir tous les protagonistes de l'histoire et dévoiler ses conclusions.
L'histoire est bien écrite et l'enquête est rondement menée par le duo de Bamako.
Une belle découverte
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Avant la critique proprement dite, je tiens à remercier les éditions Points pour leur concours Twitter... et mon conjoint, pour m'avoir filé son lot! xD
L'affaire des coupeurs de têtes était, des trois romans gagnés, celui qui me faisait le plus envie et, une fois n'est pas coutume, celui par lequel j'ai commencé, au lieu de le garder pour la fin.

Il s'agit d'un roman très court, presque une nouvelle, de même pas 180 pages et imprimée assez gros. Autant dire que l'on se doute tout de suite que l'auteur ira à l'essentiel... eh bien, oui et non.
Les protagonistes principaux n'arrivent qu'après les cinquante premières pages, destinées à planter le contexte, présenter quelques-uns des personnages, et surtout à montrer à quel point ceux-ci pédalent dans la choucroute... Point de sentiment de longueur toutefois, la narration se veut assez fluide, sans temps morts, au détriment toutefois des descriptions, purement et simplement inexistantes tout au long de l'ouvrage, ce qui constitue son plus gros point faible. L'immersion se trouve vraiment gâchée par un manque cruel de détails: on ignore totalement (!) à quoi ressemblent Habib, Sosso, le commissaire Dembélé et le jeune policier Diallo, et il faut se débrouiller avec l'esquisse de leurs traits de caractère. Il en va naturellement de même pour les lieux, alors que la ville de Kita parait être un décor haut en couleur que l'on aurait aimé découvrir un peu plus à l'occasion de cette enquête!

Mais, mis à part ça, L'affaire des coupeurs de têtes est vraiment un très bon moment de lecture, durant lequel on ne s'ennuie jamais. Et si Moussa Konaté a été chiche sur le décorum, il ne l'a pas été sur les messages de fond. On découvre en effet une ville souffrant d'un fort clivage entre la jeune génération désabusée à l'extrême, et les aînés réfugiés dans leurs croyances. le folklore occupe ainsi constamment l'arrière-plan du récit, et si l'on s'étonnera au tout début de voir un préfet et un commissaire de police, censés incarner la logique et la rationalité, rendre des comptes aux anciens et écouter le devin local, on comprendra rapidement que les deux ne sont pas forcément incompatibles, de la même façon que l'animisme côtoie sans mal l'islam dans le quotidien des gens.
Le déroulement de l'enquête, lui, se suit sans déplaisir. Moussa Konaté laisse traîner suffisamment d'indices pour que l'on aie une idée du coupable dès la moitié du roman, tout en brouillant suffisamment les pistes pour que l'on n'en aie pas l'absolue certitude avant la toute fin.
Chose étonnante, ce n'est pas le commissaire Habib, comme le résumé pouvait le laisser supposer, que l'on suit le plus, mais bien Sosso, qui mène l'enquête sur le terrain pendant que son supérieur... vérifie des trucs sur internet. Impossible donc de ne pas ressentir une légère frustration quand ().
Enfin, si l'ouvrage se veut parsemé de quelques touches d'humour apportant une bouffée de légèreté, celles-ci se veulent majoritairement tournées autour des différentes ethnies des protagonistes, qui laisseront forcément sur le carreau la plupart des lecteurs, comme une private joke, un peu comme si l'on balançait sans contexte à un Chinois une vanne sur les Bretons, les Normands et le Mont Saint-Michel.

En résumé, L'affaire des coupeurs de têtes est donc un petit polar sympathique, plutôt bien fichu, et agréable à lire, mais dont le principal défaut, à savoir l'absence de détails, ne parvient malheureusement jamais à se faire oublier.
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Dernier roman écrit par Konaté peu de mois avant sa mort. Roman policier qu'il a choisi de situer dans sa ville natale Kita.

Ce n'est pas le meilleur ouvrage que j'ai lu de cet auteur loin s'en faut. L'histoire est courte, ce qui n'est pas un défaut, mais l'intrigue fort simple, voire simpliste.

Ceci n'empêche pas l'auteur, comme à l'accoutumée, de nous présenter, et on le sent avec beaucoup de tendresse, les antagonismes qui nourrissent la population africaine, divisée entre animisme, croyance dans les esprits des ancêtres et islam, mais qui divisent aussi la population plus âgée aux plus jeunes, qui vivent, eux, pleinement à l'heure de la mondialisation.

Et c'est là que réside principalement l'intérêt de lire les oeuvres de Konaté, pour ce livre-ci également.

Merci à Babelio et aux éditions Metalié de m'avoir fait découvrir ce titre.
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« L'affaire des coupeurs de têtes » de Moussa Konaté est la quatrième enquête du commissaire Habib et de son fidèle acolyte le jeune Sosso. Les deux hommes n'apparaissent qu'à partir du chapitre 4. Les trois premiers chapitres sont là pour semer le désordre dans la ville de Kita au Mali dont est originaire le commissaire, et planter une situation où la tradition se heurte à la modernité d'un monde globalisé ou le billet vert est roi. Nous faisons connaissance avec le commissaire Dembélé, de l'ethnie Malinké et son séduisant adjoint peul, le lieutenant Sy. Ils sont dépêchés près de la gare de Kita où un mendiant sans tête a ruiné la fête donnée en l'honneur de l'équipe de football de la ville. Il y a aussi le docteur Sissé, frêle et chauve, et un fou surnommé Ngaba. Ce dernier, ne serait-il pas un esprit ? C'est ce que pensent les habitants de Kita, du moins ceux qui sont encore tyrannisés par les superstitions. Les anciens de Kita, les sages avertissent les autorités : les dieux sont en colère. D'ailleurs sur la colline Kitakourou, qui est sacrée pour les Kitankés, un esprit est apparu, tout de rouge vêtu. Il a effrayé le notable Fadiala Dembélé et l'animiste Gouloufin Kéita. Ce dernier en est mort de peur. C'est donc dans ces trois premiers chapitres que l'auteur fixe les qualités des protagonistes, les tensions, les influences de la société de Kita. Les imams inspirent davantage confiance aux habitants que la police. Les mentalités changent à Kita et pas seulement à Kita, mais dans l'ensemble du Mali et des territoires africains. Les ancêtres perdent de leur influence. Ce n'est pas une étude des moeurs au Mali. Mais, ce roman laisse entrevoir les effets de la mondialisation mais aussi de la décolonisation sur les peuples autochtones. La corruption n'est pas mentionnée. Et la précarité n'est pas cachée. On sent l'auteur respectueux des traditions. Ces traditions semblent s'effacer rapidement.
Je suis intriguée par cette culture que je ne connais pas.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Comme convenu avec son chef, Sosso confia le jeune Ivoirien terrorisé aux gendarmes et emporta ses bagages au Flamboyant après avoir remercié chaleureusement ses compagnons, qui s'étaient engagés à retourner sur le lieuoù les sacs de mil avaient été éventrés pour s'enquérir de l'identité du charretier afin qu'il fût dédomagé.
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- Les mythes et les coutumes qui ont façonné des générations ne sont pas non plus à l'abri de la mondialisation.
...
- C'est vous dire donc qu'il ne faut plus rêver. Notre vieux monde s'en va, le nouveau que véhicule la mondialisation est en train de s'installer.
[p. 147]
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J’ai moi-même aperçu une silhouette habillée de rouge arpenter la colline avec un flambeau. Et cette année là, il y a eu une épidémie de choléra et une invasion de criquets qui ont dévasté pratiquement tous les champs. Nous avons tous été convaincus que c’étaient les catastrophes annoncées par l’apparition. Aujourd’hui, j’ai de forts doutes, même si les coïncidences me paraissent toujours troublantes. Si un policier épouse de telles croyances, il n’a plus de raisons de mener une enquête. Donc, laissons les Kitankés croire comme ils le font, mais nous, nous opérons dans le rationnel.
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Puisque nos ancêtres sont en colère, nous ne pouvons plus compter sur leur protection. Ils ont donc laissé la place aux mauvais génies qui ne vivent que de la souffrance des humains. Voilà pourquoi les jours à venir seront cruels pour nous, habitants de Kita. Regardez la dérive de notre cité. tout le monde ne parle que d'argent, tout le monde ne pense qu'à l'argent. L'argent achète tout désormais et nos filles vendent leur corps. Nos ancêtres n'ont-ils pas raison ? Ne sommes-nous pas devenus indignes d'eux ?
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Si tu t'en vas et si tu perds ta tête, ne compte pas sur moi pour la chercher. Je ferai jeter tes restes dans une tombe et tu te débrouilleras pour répondre aux anges qui te demanderont pourquoi tu as fait le grand voyage sans ta tête.
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Des cadavres sans tête envahissent la belle ville de Kita au Mali. Une enquête haletante entre religion, football et ironie sur le pouvoir en place.
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