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3,59

sur 64 notes
Ma critique de la malédiction du lamentin risque de ressembler à celle de L'empreinte du renard : le roman est trop court. Certes, Moussa Konaté met en scène une mort horrible : le chef d'une tribu de Bozos et son épouse sont retrouvés sans vie. Évidemment, les locaux croient à une malédiction, à une intervention divine. Leurs actions sont tournées vers la prière. Mais Habib croit plutôt à une intervention humaine, à un crime. Encore une fois, il doit se démener pour trouver le coupable tout en ménageant les traditions de ce peuple ancien. C'est une histoire originale, qui me dépayse beaucoup, mais…

En effet, il y a tellement plus que j'aurais souhaité apprendre. D'abord, de quoi a l'air l'inspecteur Habib ? On sait qu'il n'est plus très jeune mais quoi d'autre ? Rien. Est-il grand ? Bedonnant ? Grisonnant ? Porte-t-il une barbiche, at-t-il une cicatrice quelque part ? Et que fait-il de ses temps libres ? Beaucoup de questions qui permettraient de le faire ressortir du lot de tous ces enquêteurs qui pullulent dans les romans. Je ne m'attends pas à ce qu'il joue du violon comme Sherlock Holmes, qu'il aille à l'opéra comme Kurt Wallander ou qu'il consulte son dictionnaire comme Kostas Charitos, mais au moins qu'il ait ce petit quelque chose.

Ensuite, ces Bozos, à quoi ressemblent-ils ? Ont-ils des traits physiques particuliers qui les distinguent des Maliens ou des autres groupes ethniques, par exemple les Dogons ? Sont-ils plus grands, plus petits, plus trapus, ont-ils les lèvres plus épaisses, la peau plus sombres ? Et qu'en est-il de leurs attributs ? Portent-ils des signes particuliers, des vêtements plus traditionnels ? Bref, beaucoup de questions, peu de réponses. Les seules informations auxquelles on a droit se rapportent à leur culture. Sur ce point, en tous cas, c'est réussi. Konaté s'est visiblement bien renseigné sur la culture des Bozos, leur culture, leurs traditions, etc. Et il le rend bien.

L'enquête elle-même avance bonnement. En fait, je ne peux pas dire que l'inspecteur Habib y soit pour grand chose. J'ai l'impression que le dénouement s'est déroulé de lui-même, un peu par chance – voire beaucoup. Éventuellement, j'aimerais lire un de ses enquêtes qui se déroule à Bamako, son territoire, et qui ne met pas en scène un énième groupe ethnique de son pays. Il y a tellement d'autres sujets à aborder comme l'avancée du désert, la préservation du patrimoine, l'approvisionnement en eau des quartiers défavorisés, etc. Surtout, je souhaiterais qu'il nous démontre l'étendue son talent. À suivre.
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Si vous ne craignez pas de sortir des sentiers battus, n'hésitez pas à partir à la rencontre de Moussa Konaté, écrivain malien décédé en 2013 à l'âge de 62 ans.
Auteur protéiforme (oeuvres théâtrales, essais, romans et nouvelles) il se frotte également au roman policier au travers d'un cycle littéraire intitulé "Les enquêtes du commissaire Habib Keïta".
Puis-je cependant me permettre une petite mise en garde ?
En effet, si vous êtes adeptes d'investigations haletantes accumulant la viande froide, multipliant courses poursuites, échanges de tirs ou scènes gores ce livre n'est manifestement pas fait pour vous.
Si par contre, l'horizon de vos attentes coïncide avec :
- mise en perspective sans concession des contradictions d'une société écartelée entre "modernité" importée d'occident et traditions millénaires indigènes ;
- immersion dans un Mali aux multiples visages ethniques et culturels ;
- respect, bienveillance et empathie plutôt que condescendance, mépris et déni des origines ;
vous pourrez alors ici pleinement satisfaire votre curiosité.
Vous plongerez ainsi dans un petit polar ethnologique (200 pages) appréhendant le complexe labyrinthe de la mythologie des Bozos "Les maîtres du fleuve Niger" en suivant pas à pas un commissaire Habib (accompagné du jeune inspecteur Sosso, son fidèle adjoint et fils spirituel) qui, formé à l'école de la rationalité occidentale, a bien du mal à accepter que des meurtres puissent avoir une origine mystérieuse.
Pour conclure, je m'autorise, par cette modeste recension, à saluer la mémoire d'un ardent et infatigable ambassadeur des cultures, traditions et de l'histoire maliennes.
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Le chef des Bozos, Aliou Kouata, ainsi que sa seconde épouse, Nassoumba, sont retrouvés morts à Kokrini, îlot à proximité de Bamako sur lequel s'installe l'ethnie pendant la saison sèche, et sur lequel, pendant la nuit précédente, un violent orage inattendu s'est abattu. Pour tous, le responsable est Maa, ou le Lamantin, divinité légendaire protectrice des Bozos, peuple de l'eau, qui a depuis peu décidé de les maudire suite à des méfaits de la part de certains d'entre eux - tout ceci nous est expliqué au fil du récit.
Mais le commissaire Habib ne voit pas les choses ainsi : aidé de Sosso, inspecteur qu'il a formé et qu'il considère comme son propre fils, il est de son devoir d'enquêter avant de tirer la moindre conclusion sur cette mort punitive.

Roman policier somme toute plutôt classique, dans le genre que j'apprécie, à l'ancienne, qui prend le temps de décrire une ambiance, qui ne s'appesantit pas à faire de la violence pour de la violence, La malédiction du Lamantin fut d'une lecture agréable, alternant bien entre moments d'enquête et moments de description d'un commissaire pris entre deux feux, celui de son éducation de Blanc, et celui de sa tradition malienne, qu'il doit concilier tant bien que mal pour trouver les raisons qui ont causé la mort des deux victimes.

Le dénouement, et la résolution de l'enquête, sont malgré tout un peu précipités, et l'enquête reste finalement parfois trop invisible derrière le protagoniste et l'histoire du Mali qui nous est proposée par son intermédiaire.

Une lecture intéressante, mais en demi-teinte : l'ensemble aurait à mon sens gagné en profondeur par une enquête davantage développée.
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Refroidie en ayant lu des critiques, un challenge m'a poussée à lire cette enquête malienne au milieu des Bozos et leurs croyances (la divinité du Lamantin) et je suis agréablement surprise. Il ne faut pas vouloir une "intrigue captivante" comme c'est indiqué sur la couverture dans le sens "actions et suspense insoutenable" mais si on y va avec l'envie de connaitre un peu le Mali, c'est un petit roman qui se demande comment concilier savoir / pouvoir des Anciens et esprit cartésien venu des écoles françaises, avec un duo d'enquêteurs attachant (un commissaire et son jeune inspecteur) dans ce qu'ils semblent eux-même découvrir du pays dans lequel ils évoluent...
Ça n'a pas le style et l'humour d'un Mma Ramotswe détective, ni la langue d'un Janis Otsiemi (ou d'autres auteurs africains) mais ça m'a fait une lecture sympathique qui m'a appris des choses.
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Première enquête du commissaire Habib, ce roman est l'occasion de découvrir la structure sociale du Mali, organisée autour des sachants (ceux qui sont allés à l'école) et des ethnies encore gouvernées par des croyances d'un autre âge.
Ce sont dans ces conditions que le commissaire Habib et son assistant Sosso vont enquêter sur le décès d'un couple dont lui n'est autre que le chef des Bozos et elle, sa seconde épouse. Les Bozos ne croient pas en Dieu mais en Mâa, la divinité des eaux qui se présente sous la forme d'un lamantin (Les lamantins sont un genre de gros mammifères aquatiques herbivores, au corps fuselé, vivant en eaux littorales peu profondes, dans les lagunes ou l'embouchure des fleuves et les marais côtiers de la zone tropicale de l'Atlantique. Merci Wikipédia).
Le commissaire sera victime de menaces car tous croient que ces décès sont la juste vengeance de Mâa et que ce dernier n'hésitera pas à jeter des sorts à ceux qui viendraient mettre leurs nez impies dans les décisions de la divinité.
Les nombreuses pages sur la légende qui unit les Bozos au lamentin n'ont pas trouvé d'échos dans mon esprit cartésien. J'ai eu beaucoup de mal à aller au bout de ce roman et j'ai trouvé que le dénouement, rationnel celui-là, était trop facile, l'enquête ayant à peine eu lieu.
Malgré tout, le style était agréable, j'essayerai donc un autre titre de cet auteur.
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Je découvre le malien Moussa Konaté et son personnage le commissaire Habib. Un court récit (trop?) qui nous promène dans Bamako, qui nous fait découvrir l'ethnie des Bozos, qui nous affirme que la cohabitation est possible (islam et animisme) bref, qui nous présente une facette de l'Afrique contemporaine. La difficulté sera de comprendre que toujours l'irrationnel côtoiera le rationnel, que la modernité sera confrontée aux traditions solidement ancrées et que le commissaire Habib devra composer avec cette constante dualité. Cette lecture me laisse toutefois sur mon appétit. Oui cette lecture nous sort du familier mais ce qui m'a énervée je crois, c'est la naïveté des personnages qui leur enlève, selon moi, toute crédibilité. Il reste que d'un point de vue ethnographique, découvrir les Bozos, maîtres du fleuve et vivant de et par celui-ci est des plus intéressants.
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La malédiction du lamantin est le second roman que je lis de cet auteur mais il se situe auparavant dans la série. Je l'ai préféré à L'empreinte du Renard, l'autre roman en question, surtout parce que la fin est mieux construite je trouve, mais cela n'empêche pas quelques défauts...
Plus qu'un roman policier, c'est un roman d'atmosphère et tous les lecteurs qui auront envie d'un roman policier changeant un peu de décor, dans un genre littéralement envahi par les auteurs britanniques et américains, se délecteront de ce portrait de la société malienne. J'avoue que mes connaissances sur ce pays sont proches de zéro, mais cela peut être découvert sans la moindre difficulté pour autant et les complications de relations entre ethnies, entre tenants de la modernité et de la tradition, sont vraiment intéressantes et en même temps accessibles.
Et j'avoue de la tendresse pour ce personnage de commissaire vieillissant mais resté profondément humain, honnête et luttant pour ce qu'il estime juste. Comment ne pas être de son côté, attaché à cet homme qui cherche la vérité et qui se trouve à tout bout de champs confronté à des obstacles incompréhensibles pour lui, qui croit à la science et aux coupables, sûrement pas aux esprits?
Pas de grands effets de manches, non, juste des flics besogneux dans un pays compliqué, obligés de démêler les légendes ancestrales et les cadavres très actuels, le tout avec la constante opposition de tous ceux qui veulent stopper l'enquête car pour eux, c'est un blasphème d'enquêter sur la mort de personnes certainement tuées par l'esprit du lamantin!

Un roman à la fin un peu rapide mais qui se lit avec plaisir
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Ce polar m'a agréablement surprise.
Alors pas par sa structure, qui est somme toute classique. Un inspecteur et son acolyte enquêtent sur un meurtre avec le petit twist du dénouement.
Non ce que j'ai aimé, c'est la plongée dans la société malienne. Je l'ai trouvé très bien retranscrite. Ce déchirement entre traditions et modernité. Entre croyances ancestrales, guerres de clans et monde moderne. J'ai vraiment perçu toute la complexité de de leur pays, et j'ai été captivé par les récits de griots. L'inspecteur fait très "Personnage typique d'homme blanc" et il détonne dans cette galerie de personnages. Mais cela le rends d'autant plus atypique et intéressant. Une belle découverte.
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Voilà un livre policier bien déroutant où l'étrange et le surnaturel planent en filigrane à chaque page. C'est une plongée dans une culture totalement différente, où les croyances dans les divinités surnaturelles ont une place prépondérante et où la logique rationnelle du commissaire et de son équipe est questionnée tout au long de l'enquête. C'est sans faux-semblant et avec un regard percutant sur le poids politique des élites et l'héritage de la colonisation.
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Après une première enquête en pays Dogon, on continue de suivre le commissaire Habib Keïta, cette fois-ci au pays Bozo (peuple du delta du Niger (le Djoliba pour eux) au Mali que je ne connaissais pas). Il est cette fois-ci confronté à des meurtres qui sont attribués par la population à leur divinité et sur lesquels il ne faut donc pas enquêter de peur de « contrarier » cette divinité.

Le livre est intéressant car on est plongé dans une ambiance malienne où l'auteur prend le temps d'expliquer les croyances du peuple bozo, assez peu connues, ainsi que les mythes entourant la fondation de leur peuple. Par ailleurs, c'est très intéressant aussi de voir les relations sociales et l'auteur insiste bien sur l'opposition entre l'organisation sociale traditionnelle (où la connaissance et donc l'influence, la décision, est détenue par les élites (chefs, griots, guérisseurs)) et l'organisation sociale héritée des blancs (avec un pouvoir politique).

L'enquête n'est par contre pas très compliquée et le coupable n'est pas trouvé grâce à la grande sagacité des enquêteurs (ou à l'utilisation poussée de leurs petites cellules grises) mais plutôt grâce à leur persévérance et leur droiture. On ne retrouve pas non plus une grande poésie et l'écriture ne m'a pas touchée. C'est par contre un roman policier sympathique et dépaysant.
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