C'est bien en nous prenant "au vif de l'histoire" , titre de la collection de chez
Nicolas Eybalin que le journaliste mordant, essayiste et romancier connu qu'est
Guy KONOPNICKI, en ces temps où l'on parle surtout au présent, se renouvelle en faisant resurgir des explications et des ambiguïtés d'un passé lourd de leçons dont les étapes se dévorent comme celle d'un roman policier mené d'une plume alerte et d'une documentation exceptionnelle de celui qui a été dans les les années 6O/70 parmi les responsables des étudiants communistes et qui juge les têtes du parti sans pitié pour les uns comme Marchais, avec affection pour d'autres comme envers Waldeck Rochet.
Mais c'est toute la relation PC/
De Gaulle qui est décryptée depuis le pacte germano soviétique, Alger jusqu'aux années 58/69, avec une finesse considérable et l'aveu d'une part de fascination que cette forte gauche eut pour l'homme du 18 juin et sa forme de désarroi lorsqu'il a été liquidé par la réaction de 1969. Un désarroi qui débouche sur le choix du tribun paraissant consolider l'électorat communiste qu'est Jacques Duclos, avant que la montée très habile de Mitterrand ne coiffe Deferre et, les erreurs de Marchais aidant, finalement embobine le PC.
Un autre temps mais dont les lumières nous sont toujours utiles par la crudité que leur confère l'auteur
- ces grandes grèves ouvrières qui ont été le chant du cygne des luttes prolétariennes avant que le néo social libéralisme, lui aussi, n'embobine l'Europe;
- cette révolution gauchiste bien embarrassante de jeunes gens - nés plus de dix ans après ma propre génération - qui n'ont connu ni la guerre avec l'Allemagne, ni l'épreuve algérienne et qui , sans avoir la moindre conscience politique et en se faisant manipuler par les Services, vivent leurs fantasmes et veulent surtout jouir de toutes les libertés achetées par l'exploitation des pauvres qui les ont précédés;
- "sous la révolte étudiante, l'appétit féroce des élites montantes".
Une belle démystification de mai 68; comme une belle démystification des journées des dupes comme celle de Charlety où en fait Mendès France perd son avenir, etc...
Je tiens à dire que pour un homme comme moi - qui ait vécu l'autre côté de 1968 par rapport à celui de l'expérience de Konopnicki - puisque j'étais le type même de l'administrateur d'Etat, le directeur ( bien plus technique que politique) du cabinet de J. Chirac à l'Emploi, l'un des rares participants à la négociation de Grenelle et à celles concernant les grandes entreprises publiques qui ont suivi, puis parmi ceux qui ont conduit aux Finances les suites de cette période jusqu'à l'arrivée de VGE, mais aussi l'observateur impartial fidèle à lui-même qui na pas voulu chevaucher la vague pompidolienne - les analyses de GK me semblent convaincantes et que pour la part où j'ai connu cette période, je les conforte volontiers, de la même façon que je partage la manière dont manifestement il ressent ses suites.
PS
En 69 avec P. Creyssel en particulier nous avons été les collaborateurs de
Jeanneney pour la rédaction ( cf mes archives au centre d'Histoire de SC.PO) du texte référendaire, avec le regret qu'il ne soit plus court... ) et "du producteur aux consommateurs", pour ma part, j'ai essayé de le vendre dans tous mes contacts politiques, administratifs, syndicaux et par de nombreux déplacements pour de difficiles réunions en Province où je me suis heurté d'ailleurs à de gros éléments de la majorité théorique gaulliste d'alors. L'alliance était, comme le montre bien G.K. , complète entre les gauches qui refusaient le principe d'un gaullisme les ayant déçues ( sauf en politique étrangère) et les forces nostalgiques et conservatrices qui s'étaient provisoirement ralliées au Général avant de le couler et d'où va naître le néo libéralisme qui triomphe ensuite, en s'alliant à travers la construction de la souveraineté européenne, avec la social démocratie, ce qui se poursuit aujourd'hui dans le mariage entre le cynisme des uns et l'angélisme des autres .
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