Dernier jour d'un auteur raté qui a la chance d'être choisi par ses camarades pour s'immoler par le feu et donner enfin sa voix à entendre pour la défense des opprimés. Notre héros va accepter, comme on accepte tout, spectateur de sa vie dans un pays qui a perdu sa magie, sa langue, son sens, ses saisons, son Dieu, son art. Drôle, grinçant et triste, cette oeuvre vous fait parcourir l'état d'esprit désabusé de l'opposition polonaise de la fin des années 70, qui voit dans un geste extrême, qu'une réaction biologique aussi hasardeuse et dérisoire que la naissance et la mort lointaine d'une étoile ou la chute d'un empire. Il lui manque peut-être une cohérence interne pour être un chef d'oeuvre (le livre n'étant pas chapitré, allant dans tous les sens dans ce qui n'en a plus, et s'essoufflant un peu à mesure que le personnage approche de son but), et être constamment à la hauteur de son excellent début.
Commenter  J’apprécie         10
Une satire des milieux intellectuels et politiques de la Pologne communiste des années 70 qui détaille les folies, délires et introspections de la (dernière ?) journée d'un auteur vieillissant. Comme toute satire, ce roman pourra être difficile à apprécier sans le contexte politique de cette période, et de nombreuses références et métaphores sont facilement perdues. Les moments de réflexion du protagoniste sont les plus éclairés et les plus appréciables dans leur justesse et leur conviction.
Commenter  J’apprécie         00
Description du Palais de Culture, monument emblématique de l’architecture stalinienne à Varsovie, écrit en 1979:
" Dans ce nuage ou ce groupe de nuages d'automne agglomérés flotte le Palais de la Culture qui, autrefois, au temps de ma jeunesse , était aussi celui de la Science et portait le nom de Joseph Staline. Cette immense construction toute pointue faisait peur et inspirait de la haine mêlée à une sorte d'horreur sacrée. Monument d'orgueil, statue de la dépendance, ce grand gâteau de pierre semblait se dresser là en signe d'avertissement. A présent ce n'est plus qu'une vaste baraque, une antique pissotière attaquée par le moisi ou oubliée à ce carrefour de l’Europe centrale."p.10
Tadeusz Konwicki : Roman de gare contemporain
Olivier BARROT présente "Roman de gare contemporain" de
Tadeusz Konwicki ; mise en scène : cadavre de femme sous un drap.