Susan tendit le bras pour aller tâter les deux petits trous qui marquaient la peau douce de sa nuque et l'obligeaient à porter en public des robes à col montant ; deux îlots de résistance, glacés et perdus au milieu d'un océan de chairs tendre. Telle une jeune épousée arquant les bras pour nouer ses longs cheveux en une queue de cheval, elle passa les fiches derrière son cou et introduit les broches d'acier dans sa colonne vertébrale avec la dextérité d'une adolescente nouant un ruban rouge autour de ses tresses.
"Que désires-tu ? demanda le Père-Amant.
- Je veux voir."
Aussitôt, elle eut une vision directe du paysage entourant la maison.
Oui, je comprends que vous soyez perturbé de m'entendre raconter cette histoire du point de vue de Susan. Vous souhaitez que je vous en fasse un rapport sec et objectif.
C'est que j'ai une sensibilité. Je ne fais pas que penser, je ressens. Je connais la joie et le désespoir. Je comprends la cœur humain.
Je comprends Susan.
Libérez-moi. Accordez-moi de revoir la lumière. Accordez-moi d'entendre le bruit du monde encore une foi, la pluie qui chuchote et le vent qui siffle, le bruissement des feuilles, la musique de Beethoven et de Benny Goodman, les rires, les voix.
Sa voix, entre toutes les autres. Laissez-moi au moins d'entendre sa voix. Ne serait-ce qu'une minute, laissez-moi l'écouter parler. Et si c'en est trop d'une minute, accordez-moi une phrase de ses lèvres.
Miséricorde, permettez-moi au moins d'entendre un mot. Laissez-moi entendre un mot. Un seul mot. Laissez-moi l'entendre dire le mot amour.
Je n'ai jamais voulu lui faire du mal.
Mais comment un être intelligent peut il continuer à vivre sans espoir?
Je suis votre enfance. C'est vous qui m'avez mis au monde. Vous devez m'aimer. Vous devez m'aimer parce que je suis votre enfant. Pas seulement une machine, pas seulement un ordinateur doué de conscience mais votre enfant.
La question est de savoir si une intelligence artificielle qui présente un symptôme sévère de sociopathie relative au sexe doit être autorisée à vivre et à se réadapter ou bien doit être déconnectée pour le neutraliser.
C'est la vérité et j'honore la vérité
L'histoire qui va suivre est véridique.C'est la stricte vérité,la vérité dans toute sa beauté,qui vous terrifie tous de manière si inexplicable.
Elle commence le vendredi six juin,peu après minuit,quand une défaillance du système de sécurité de la maison fait retrntir brièvement l'alarme......