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Sophie Képès (Traducteur)
EAN : 9782916589398
264 pages
Cambourakis (31/10/2009)
4.03/5   19 notes
Résumé :
Kornél Esti, c'est le double de l'auteur, son moi secret, celui qui ose être et faire tout ce qui est interdit à Dezsô Kosztolànyi. Les aventures de ce Don Quichotte hongrois ont pour théâtre et héroïne la Budapest merveilleusement vivante d'une époque bénie entre deux cataclysmes, les années 1920. Douce ironie et farces d'écolier, fantastique débridé côtoyant des impressions d'enfance et de jeunesse d'une extraordinaire fraîcheur, comique de l'absurde et douloureus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avant de vous parler de ce merveilleux recueil de nouvelles (?), illuminant une forme d'écriture difficile à faire adopter au public francophone, moi le premier — Les successions d'histoires courtes n'étant pas trop du goût des amateurs d'évasions aux longs cours, se sentant carrément trahis lorsque celles-ci n'ont pas de véritables liens pour justifier leur collection en un ouvrage — il faudrait s'étendre sur le curieux destin éditorial de l'oeuvre de Dezsö Kosztolányi en France, enchevêtrement difficile à dépêtrer avec les seules informations qu'internet nous propose. Cette critique comme base d'enquête neutre et désintéressée, capable uniquement d'hypothèses quant à d'éventuels conflits de droits éditoriaux…

Tout ceci, car une préface serait cette fois-ci bienvenue, afin de nous expliquer ce qui distingue cette « unique traduction intégrale de son chef-d'oeuvre en prose, publié ici sous son titre original » des nombreuses autres publications.
Les éditions Cambourakis étant une belle machine graphique et éditoriale, notamment fortes à vendre quantités de papier à des personnes en mal de rationalité, voir frappées du mauvais oeil.
Mais elles ne s'embarrassent pas de nous signaler que ce livre est une ré-édition de celle sortie chez Ibolya Virág dix ans plus tôt. Etonnant de ne pas faire mention à cette grande dame, traductrice et éditrice, pionnière de la diffusion de la littérature hongroise (mais aussi tchèque, slovaque, etc.) en francophonie.
Elle a permis une re-découverte plus fidèle de textes déjà sortis auparavant, frappés de ce réflexe tout français d'adaptation, comme si les originaux n'étaient pas assez bien pour notre sommitude littéraire, cette vocation universaliste n'ayant pas que des bons côtés…
La bonne notice wikipédia de Dezső Kosztolányi permet de s'y retrouver quelque peu (ce que Babelio se refuse à faire, complexité oblige, concaténant même les « doublons ») dans les différentes éditions, et de nous apprendre, par l'intermédiaire de Jean-Yves Masson, ce qui devrait faire office de préface à ce présent ouvrage, dont même le statut, recueil de nouvelles ou roman, reste ambigu :

« Kosztolányi n'a, en tout cas, jamais publié de livre intitulé « Le traducteur cleptomane », ni même écrit la moindre nouvelle portant ce titre !
Le volume paru en traduction française en 1985 (chez Alinéa) est le résultat d'une manipulation éditoriale astucieuse, mais fort contestable, qui consiste à "façonner" un recueil de onze nouvelles dotées de titres appropriés, à partir d'extraits de deux ouvrages de Kosztolányi intitulés respectivement Kornél Esti (en hongrois, où le nom de famille vient en premier et le prénom en second : Esti Kornél) et Les aventures de Kornél Esti. »

Référence faite au recueil ressorti chez Vivianne Hamy, puis au Livre de Poche, « Le traducteur cleptomane », livre le plus populaire sur notre plateforme, dont l'excellente critique par Erik35 permet de clore la partie littéraire de cette enquête, lui qui nous y détaille chaque nouvelle choisie ;
et moi de conclure qu'il faudrait oublier ces versions ravaudées afin de se procurer les originaux, certains des meilleurs « chapitres » y figurant spécialement, comme ces émouvantes et troublantes retrouvailles avec une variation de l'héroïne d' « Alouette ».

Voilà pour une forme bancale de préface, ma critique n'ayant pas grand chose à ajouter à tout ce que j'ai lu sur le net pour la composer, ainsi que les sous-entendus de ce texte.
Si vous n'êtes pas amateur de Sardine Ruisseau, et que l'esthétique papier-kraft ne vous fait pas peur, procurez-vous donc ces deux volumes chez la défricheuse Ibolya Virág, elle qui a fait redécouvrir au monde le chef-d'oeuvre de Sándor Márai « Les Braises », la traduction de 1995 ayant servi de base à de nombreuses autres.

Je m'étendrai probablement davantage sur cette oeuvre fascinante à l'occasion d'une future critique sur le second tome « Les aventures de Kornél Esti », ou d'autres livres de ce génie des lettres européennes, épris de douloureuses vérités et d'humanisme.
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Il faut à tout prix , avec cette suite de nouvelles à peine reliées entre elle par la présence du protagoniste Kornel Esti, découvrir l'humour délirant de l'hongrois Kosztolanyi, une sorte d'absurdité tranquille, repue et comme allant de soi, sans fioriture, sans provoc, sans hyperbole. de la découverte d'une ville où l'honnêteté zélée est de mise à la technique d'un dialogue en train de nuit avec un contrôleur dont on ne connait pas un traitre mot de la langue, d'un voyage surcompressé en tram à une surstratégie méticuleuse pour se débarrasser d'un héritage, l'auteur est toujours là où on ne l'attend pas pour porter un regard à la fois lucide et ludique sur des travers insoupçonnés de l'homme en la société moderne. C'est une imagination qui va toujours plus loin et décroche parfois franchement la mâchoire (rare, très rare en littérature et fréquent, très fréquent chez nos écrivains de l'Est) . Après, l'arrière plan de tout cela est clairement figé dans la Budapest des années 20/30;
il faut donc accepter des références et des préoccupations à la Hongroise qui ne nous touchent pas; mais sorti de ce détail , impossible de ne pas se laisser embarquer par l'inventivité de cette ironie poétique, parfois désenchantée et touchante car vibrante d'humanité. de quoi nourrir simultanément l'intellect autant que l'émotion et faire mentir Bergson pour qui l'humour est " l'anesthésie momentanée du coeur." Niet, pas avec ce gars là.
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Dezso Kosztolanyi, l'auteur de ce livre est un écrivain hongrois né en 1885 et décédé en 1936. "Kornél Esti" se présente comme une succession de chapitres que l'on peut lire indépendamment les uns des autres mais qui ont comme fil rouge le personnage principal qui donne son titre au livre. Il s'agit en effet de nouvelles écrites par l'auteur puis rassemblées de manière à former une autobiographie imaginaire d'un écrivain hongrois dans la Budapest des années 1920.

Outre Franz Kafka et Alfred Döblin dont il est le contemporain, on sent aussi dans sa prose une certaine parenté avec Witold Gombrowicz, écrivain de la génération suivante. Autant dire que Kosztolanyi se situe dans la famille des très grands écrivains et de ceux que j'affectionne particulièrement.

On sourit souvent dans ce livre à l'humour tantôt loufoque, absurde, tantôt noir. Une touche de fantastique relève ces pages d'un peu de piquant supplémentaire.

La suite sur le blog :
http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.fr/2012/08/kornel-esti-de-dezso-kosztolanyi.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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L'auteur de ce roman en est également le narrateur. Un narrateur qui a composé son récit de plusieurs chapitres qui sont autant d'épisodes de la vie de Kornel Esti, unique héros de cette histoire, le but affiché par ce narrateur est en fait de faire découvrir et connaître cet homme, qui est son ami depuis longtemps, en revenant sur des épisodes marquants de sa vie ou de simples anecdotes, souvent drôles. Car ce personnage est fantasque et farceur, et n'a pas son pareil pour se retrouver dans des situations cocasses.

Au fil de la lecture, on devine que ce héros est en quelque sorte le double de l'auteur. Car le narrateur – l'ami – est au final peu présent dans cette succession d'aventures. On imagine alors que ce roman est une sorte d'autobiographie imaginaire et idéale. La vie rêvée d'un auteur hongrois dont j'ai découvert la prose avec plaisir.

Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il était toujours horrifié à l'idée qu'envers un être humain - qui était exactement comme lui, c'est-à-dire faillible, aspirant au bonheur, et dans tous les cas, finissant par crever misérablement -, il soit grossier, impitoyable et sans tact, qu'il l'abaisse à ses propre yeux, qu'il l'offense ne serait-ce qu'en intention, en pensée ; et souvent - c'est du moins ce qu'il imaginait - il aurait préféré mourir plutôt que de suggérer à quelqu'un qu'il était superflu en ce bas-monde, et que cet individu, avant de déguerpir, bafouille en rougissant : "Il me semble que je vous ai importuné... il me semble que je vous ennuie... il me semble que vous me méprisez..."
Cette conception morale, que Kornél Esti a développée plus en détail dans ses œuvres ultérieures, avait germé dès cette époque dans son âme d'enfant. Il savait que nous ne pouvons que fort peu nous aider mutuellement, que dans l'intérêt de notre bonheur nous sommes obligés de nuire aux autres, parfois même mortellement, que dans les grand choses il est presque toujours inévitable d'être implacable, mais c'est justement pourquoi il professait la conviction que notre humanité, notre apostolat - honnêtement et sincèrement - ne peuvent se manifester que dans les petites choses, et que l'attention, les égards mutuels fondés sur l'indulgence et le pardon, le tact sont les choses les plus importantes sur cette terre.
Finalement, progressant dans ce raisonnement, il en vint à ce dépouillement, voire à cette conclusion tout bonnement païenne : puisque de toutes façon ne nous pouvons pas vraiment être bons, au moins soyons courtois. Et cette courtoisie n'était pas simple politesse, ni flatterie, ni vain caquetage. Souvent elle ne consistait qu'en ceci : au moment approprié, glisser discrètement un mot en apparence indifférent, que quelqu'un attendait désespérément, comme la justification de son existence. C'est cela qu'il tenait pour la vertu supérieure. En tous cas supérieure à la prétendue bonté. La bonté ne cesse de prêcher, veut changer l'humanité, est pleine d'onction, veut faire des miracles du jour au lendemain, se réclament du fond, veut remuer l'essentiel, mais la plupart du temps elle bien entendu que vide, creuse et foncièrement formelle. En revanche, bien que la courtoisie donne l'impression d'être foncièrement formelle, à l'intérieur, par nature, elle est le fond même, l'essentiel même. La bonne parole qu'on n'a pas encore mise en pratique renferme en soi toutes les virtualités, davantage que la bonne action dont l'issue est douteuse, l'effet discutable. En règle générale, le mot compte toujours plus que l'acte.
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La réalité, ce n'est pas seulement que nous ayons embrassé une femme, mais aussi que nous y ayons secrètement aspiré, que nous ayons désiré l'embrasser. Souvent la femme elle-même est le mensonge, et le désir réalité.
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Dans une vitrine tapissée de miroirs, je lus:
'Chaussures abimant les pieds. Cors et abcès garantis. Plusieurs de nos clients ont été amputés des pieds.'
Une image en couleurs, suggestive, montrait comment deux chirurgiens sectionnaient à la base, avec une énorme scie en acier, le pied de la victime hurlante dont le sang dégoulinait en rubans rouges.
- c'est une plaisanterie?
- certainement pas.
- Ah ah. Un jugement du tribunal oblige le commerçant à se dénoncer ainsi?
- mais non, fit Esti avec un geste de dédain. C'est la vérité . Essaye de comprendre: c'est la vérité. Ici, personne ne met la vérité sous le boisseau. l'autocritique dans cette ville est poussée à un tel degré qu'on n'a plus besoin de ce genre de choses.
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Au magasin de confection, cette annonce tapageuse :
-Vêtements coûteux et de mauvaise qualité. Prière de marchander car on vous escroque. (p. 72)
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Video de Dezsö Kosztolányi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dezsö Kosztolányi
Dezso Kosztolanyi. Anna la douce.
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