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Avec le déplacement de l'adjectif qui en débanalise le sens ( la familia grande et non la grande familia)  Camille Kouchner attire l'attention sur le titre, inattendu, de son retentissant bouquin,  elle donne le "la"  et livre  une des clés de sa lecture.

La Familia Grande n'est pas un livre sur la pédophilie ni sur l'inceste. Même si c'est ce qui fait son succès commercial, compte tenu de l'identité de ceux qu'elle dénonce.

 C'est un livre sur un de ces microcosmes autoproclamés de non conformisme et de relation "libérée" , un de ces "entre-soi" élitistes et privilégiés auxquels ses membres-sans jeu de mots douteux- sont fiers d'appartenir par choix et par cooptation - tellement plus chic que le lien congénital- :  cette familia grande, cette famille au sens large , comme les idées qu'elle professe.

Comme tout microcosme, fût- il "grande" , celui-ci tient de la secte.
Tu y viens, tu y es adoubé, tu y entres, tu  suis les codes et tu fermes ta gueule.

Cette familia grande c'est celle d'un microcosme germanopratin qui a ses quartiers libres- et aussi d'été - à Sanary. 
C'est celle d'intellectuels de haut vol - une féministe, ancienne maitresse de Castro, une actrice de talent, un politologue, prof de droit dans une pépinière de futurs dirigeants, chouchou des medias, des amis, "rich and famous" de préférence,  et puis des enfants, des enfants de toutes provenances, adoptés,  affiliés, rattachés par leurs parents à la sphère artistique, journalistique ou politique...On est nudiste, libéré, libéral au sens noble, on est ouvertement tendre, gaiement non conformiste.

Tellement plus intelligente que les familles nombreuses, tellement au-dessus des grandes familles , la familia grande!

 Mais comme une secte, elle manipule , elle  asservit, la familia grande, elle réduit au silence puis abandonne ceux qui se rebellent et sortent du cercle pour tenter d'en dénoncer les rituels toxiques.

Ceux-là sont des traîtres  qu'on abandonne à leur double culpabilité : avoir subi, avoir trahi. Dont on refuse de relayer la parole alors même qu'on la sait fondée.
Dont on s'écarte comme de pestiférés.

La familia grande est l'histoire d'une culpabilité qui étouffe, d'un silence que l'on brise alors qu'on n'est même pas la victime du viol, de l'inceste, de la prédation.
Juste un témoin, pire, une complice . Et que parler est donc doublement difficile.

Le courage de Camille est d'avoir osé voler la parole à son frère. 

D'avoir dit son terrible sentiment de culpabilité quand son beau-père,  Olivier Duhamel pour ne pas le nommer, sortait de la chambre de son frère jumeau de 13 ans " apres s'être fait sucer" pour passer dans la sienne, plein "d'odeurs inconnues et aussitôt détestées",   pour s'assurer,  avec une tendresse toute paternelle, de sa collaboration et de son silence.

Le courage de Camille a été de tenter de parler à sa mère. Sans succès,  si ce n'est une incompréhensible solidarité avec son pédophile de mari.

Le courage de Camille est celui d'avoir écrit ce livre.

Il n'a ni la force, ni la clarté,  ni les qualités litteraires du Consentement de Vanessa Springora, ni le  brio  ni l'argumentaire fouillé de la Fabrique des pervers de Sophie Chauveau.  Ni la violence des récits d'Angot, ou de Féroces  de Robert Goolrick

La Familia Grande est un cri, parfois diffus, entrecoupé, encore teinté d'un reste de joie enfantine et de puérile admiration. le cri d'une ancienne petite fille de 45 ans qui n'a pas pu avoir confiance en sa maman, et qui, par-delà la mort, lui écrit une dernière lettre d'amour trahi et d'abandon douloureux .

C'est le cri de colère d'une petite fille qui avait peur de son vrai père (terrible portrait de Bernard Kouchner,  éruptif et cassant) et qui s' en etait choisi un autre, gentil, séduisant, attentionné.  Lequel a massacré son enfance et celle de son frère.

La Familia Grande devrait aider tous ceux et celles que musèlent la pression de l'amour  et le poids de leur culpabilité/complicité,   réelle ou figurée. 

Elle devrait les pousser  à  prendre la parole et à dénoncer  tous ces prédateurs au loup de velours  qui avancent masqués dans toutes sortes de familles, les  normales, les petites, les recomposées. 

Et les grandes aussi.

Et pour ce courage ,  nous pouvons la  remercier tous. .

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Ce livre est le témoignage émouvant, le cri de douleur d'un être blessé.

Le thème est connu : les abus sexuels établis et non contestés commis par Olivier Duhamel sur son beau-fils « Victor » Kouchner ; (on s'interroge sur l'utilité de ce changement de prénom,alors qu'il suffit de consulter la notice Wikipédia de son père pour connaître son vrai prénom)

Il convient de bien resituer les faits dans leur contexte :
Tout part de Paula Pisier, épouse de Robert Pisier, fonctionnaire colonial, en poste en Indochine pendant la guerre, puis en Nouvelle-Calédonie (voir sur cette période « Le Bal du Gouverneur » de Marie-France Pisier). Robert Pisier est très maltraité dans le livre. Aprés l'avoir quitté, son épouse a en effet appris à ses filles à le détester en raison de son passé ; elle lui reprochait d'avoir été collaborateur et maurrassien ; en fait, s'il est exact qu'il est resté à son poste sous le régime de Vichy, il n'a été accusé d'aucun fait de collaboration à la Libération. Quant à son maurrassisme, il était partagé par François Mitterand... En tout cas, il est interdit de rapports avec ses filles ; il semble qu'il soit resté amoureux de son ex-femme jusqu'à son suicide.
Cette haine sera transmise aux petits-enfants du couple.
Paula Pisier a une personnalité hors norme et mène une vie très libre ; elle fait l'objet d'une véritable vénération de la part de ses enfants et petits-enfants .Cependant le livre donne à voir des aspects déplaisants de sa personnalité ; ainsi lors du divorce entre Bernard Kouchner et Evelyne Pisier, Camille et son frère, âgés de six ans, vont chercher du réconfort auprès d'elle, après leur avoir expliqué que leur chagrin est anormal, elle les plante là, sur le trottoir (à six ans...) en leur enjoignant de rentrer seuls chez eux.

Cette mère toxique élève donc ses enfants dans une totale absence de contrainte, sauf celle, paradoxale, d'être « libres » ; elles sont tout à fait prêtes pour la « libération » de 1968 dans laquelle elles se donnent à fond.
Il est intéressant de rappeler que ladite « libération » implique le rejet de tous les tabous.
Notamment celui de la pédophilie.
On se souvient du livre où Cohn-Bendit (par ailleurs amant de Marie-France Pisier) affirme avoir pratiqué des attouchements sur les enfants d'une crèche allemande où il était employé ; il voudra s'en dédouaner par la suite sous le prétexte qu'il s'agissait d'affabulations destines à « choquer le bourgeois ». Admettons.
De même on vit à l'époque Bertrand Boulin (le fils du ministre), rédiger une « Charte des Droits de l'Enfant » (dont celui à des relations sexuelles avec des adultes) que certaine presse prit au sérieux.
Et jusque dans les années 90, Matzneff, qui bénéficia une génération durant d'une bienveillance unanime, tant de la droite en raison de ses opinions réactionnaires que de la gauche pour ses moeurs « libérées ». On se souvient du tollé soulevé par Denise Bombardier qui s'était permis de l'attaquer sur ce point dans les années 90 sur le plateau d'Apostrophes, et fut pour cela l'objet d'une condamnation presque unanime dans les milieux branchés.
Mais l'inceste aussi, et on s'en souvient moins, a bénéficié d'une certaine complaisance
Ainsi le film de Louis Malle « le souffle au coeur » qui décrit, entre autres choses, la relation incestueuse d'un garçon de 14 ans, avec sa mère, et cela de manière très positive.
Ainsi encore un débat de la même époque ; il portait sur le tabac, opposant un cancérologue qui aurait souhaité voir la cigarette bannie des écrans à divers intervenants partisans de la « liberté » ; l'un d'entre eux, Pierre Dumayet, eut alors cet argument que je cite de mémoire «mais, professeur, imaginez un film montrant un inceste père-fille ; la scène est très belle, la morale n'y trouve rien à redire ; et, après l'amour, le papa allume une cigarette ; vous censurez ? ».
Ce propos semble extravagant, il ne l'était pas à l'époque.
Et tout ceci nous permet d'arriver au phalanstère de la « Familla Grande », sur lequel règne le Patriarche Olivier Duhamel. La liberté règne, dans tous les domaines ; on mange, on boit , on fume un peu de tout, on refait le monde, on se permet toutes les libertés, on réalise tous les fantasmes, « il est interdit d'interdire », il faut « vivre sans temps mort et jouir sans entraves » y compris avec les enfants, qu'on laisse par ailleurs entièrement livrés à eux-même dans un bâtiment séparé.
Bref l'ordre du désordre organisé. Et l'utopie finit en dystopie, comme toutes les utopies.
Bien sûr Duhamel bénéficie dans ce milieu,artificiel et privilégié des mêmes louches complaisances que les autres
Mais attention ! le contexte n'excuse rien,, comme certains ont tenté de le faire valoir. Même, il aggrave, car le contexte n'a existé que par la décision collective et le consentement de ceux qui en ont profité.
Et le péché de ces gens-là est d'avoir manqué à ce qu'Orwell appelait la « Common decency », la décence des gens ordinaires, de ce peuple qu'ils prétendaient défendre et qu'en réalité ils méprisaient, de ce peuple que la pédophilie et l'inceste ont toujours révulsé, cette décence qu'Orwelle définissait ainsi en 1939 :« Tout le message de Dickens tient dans une constatation d'une colossale banalité : si les gens se comportaient comme il faut, le monde serait ce qu'il doit être »
Pauvre « Victor » ! Pauvre Camille ! Qui dénonce les bourreaux, mais qui, victime de quelque syndrome de Stockholm, pleure aussi sur eux et avec eux, qui garde un certain amour pour son monstrueux beau-père.
Pauvre Evelyne!Victime de l'éducation insensée que lui a donnée sa mère, éducation qu'elle a donnée elle-même à ses propres enfants. Pauvre Evelyne, pas toujours sympathique, n'en déplaise à l'auteur, Evelyne qui néglige ses enfants jusqu'à la maltraitance, qui refuse à sa fille le piano qu'elle a largement les moyens de lui offrir parce que c'est « bourgeois », qui est tellement sectaire qu'elle refuse d'aller voir sa soeur jouer Claudel, ce « réactionnaire », Guitry, ce « misogyne ».
Un seul personnage, quoiqu'il ne soit pas si bien traité dans  le livre, apparaît de manière vraiment positive:Bernard Kouchner, qui est le seul à tendre la main à son beau-père, dont tout le sépare pourtant, qui a une réaction vraie et humaine en voulant casser la gueule à Duhamel.
On rappellera quand même que Kouchner était cosignataire de l'odieuse pétition en défense de la pédophilie parue dans le Monde en 1977. On y trouve du beau monde..il est d'ailleurs curieux que la quasi-totalité desdits signataires disent aujourd'hui avoir signé la pétition sans la lire (ce qui en ferait, au mieux, des imbéciles). Rappelons encore que Sainte Dolto, qui apprit aux autres à élever leurs enfants en négligeant totalement son propre fils, tint elle aussi des propos très ambigus sur la pédophilie.
En conclusion, le livre de Camille Kouchner est utile, par ce qu'il nous dit explicitement , en apportant sa pierre à la condamnation de l'inceste et de la pédophilie, que notre époque a désormais actée ; et aussi par ce qu'il nous dit implicitement sur la génération 68, à qui ses enfants viennent maintenant demander des comptes.
Pour la"génération 68", on s'en souviendra sans doute comme d'une génération super-privilegiee qui détruisit d'abord l'ordre social qui lui avait permis d'être ce qu'elle était, fut incapable de lui trouver une solution alternative, se recycla faute de mieux dans le socialisme mitterandien et se convertit avec lui au libéralisme économique le plus éhonté, donnant ainsi naissance à une société, la nôtre, beaucoup plus éloignée de toute forme de socialisme que celle des années 60. Qui se souvient que De Gaulle voulut instaurer sous le nom de participation la co-gestion dans les entreprises ?
Par ailleurs réjouissons nous que la justice ait apparemment trouvé un moyen de poursuivre Duhamel.



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Lecture débutée avec réticence. Par manque de goût pur les déballages familiaux de ceux que leur lignée met au devant de la scène médiatique et la sensation d'être pris en otage par le biais de la littérature. Et impression d'être prise en flagrant délit de voyeurisme .


Parlons sans détour, je n'ai pas aimé l'écriture. Trop d'ellipses, de non-dits, de phrases que seuls les initiés peuvent comprendre. J'ai dû lire et relire certains paragraphes pour tenter, souvent en vain d'en découvrir le sens caché. Je comprends la difficulté de ces confidences, mais pour la lectrice que je suis, ce fut une épreuve.

Ce qui m'a aussi profondément troublée, c'est la chute d'une idole. le portrait qu'avait dressé Caroline Laurent d'Évelyne Pisier dans Et soudain la liberté, était celui d'une femme libre, allant jusqu'au bout de ses convictions, ce qui l'avait amenée à côtoyer des célébrités planétaires. La découvrir ici, décrite comme une mère déplorable, incapable de protéger ses enfants, les exposant même au pire sous prétexte de l'absence de contrainte, est une sacrée claque ; entre les deux se situe sans doute la vérité et une plaidoirie en faveur de l'accusée réussirait sans doute à la réhabiliter .

On ne découvre pas avec ce récit que les maltraitances de tous genre ne sont pas l'apanage des milieux sociaux précaires et que les détraqués sexuels se cachant aussi bien derrière les persiennes d'une barre de banlieue que derrière les portails ouvragés des villas bourgeoises. On sait aussi que ces derniers sont plus difficile à atteindre pour que justice soit faite. C'est dans doute la seule justification que l'on puisse concéder à l'auteure pour soumettre à un public large le fruit de ses réflexions et souhaitons lui que cela la soulage, ce qui n'est pas assuré, compte tenu de ce qui risque de lui revenir en boomerang.

Une issue positive, la plainte déposée pour la première fois par la victime contre son beau-père, ce qui n'aurait peut-être pas eu lieu sans la publication du livre de sa soeur.



Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Je ne suis que peu férue de récits autobiographiques où le lecteur est pris en otage dans l'oeil du voyeurisme se retrouvant souvent piégé entre empathie et critique acerbe.

Après Orange amère, on m'a conseillé ce livre qui trainait chez moi. Une émission de la grande librairie où Camille Kouchner s'exprimait avec tendresse et sensibilité, je me suis vite procuré ce livre. La-bas, je l'ai vue sourire lorsqu'elle parlait de son enfance, nostalgique quand il était question de parler de sa mère. Finalement, ce livre, j'ai traîné des pieds à l'ouvrir.
Une amie me dit que j'y retrouverai certainement ce microcosme apprécié dans Orange amère d'une enfance débridée. Voyons donc.

La familia grande c'est un mic mac de beaucoup de choses.
La genèse familiale servie sur un plateau d'argent où se côtoient les plus grands intellectuels. Dans ce milieu, on prône la liberté. Ne pas porter de culotte (laissons l'intimité respirer voyons), se promener nu, ne pas allaiter (indépendance a tout prix), prôner le depucelage a 12 ans, mimer à 10 des jeux sexuels, mesurer le sexe d'un enfant puis l'inceste. Pas étonnant dans cette famille qui accueille à bras ouverts la sexualité et la liberté des moeurs.

Entre toutes cette fantaisie débridée où il faut débattre, réfléchir non stop et être érudit à 2 ans, il y a l'amour pour la mère, Evelyne. Parce que c'est la mère. Et qui n'aime pas sa mère ? Mais dépeinte comme le fait ici Camille Kouchner je n'ai eu aucune admiration pour cette mère effacée qui fume, boit, fait valdinguer les valeurs et le bon sens et ne sait pas parler en terme de sentiments ni protéger et encore moins défendre ses enfants. Qui n'a visiblement aucune notion de droit ni de discernement entre le bien et le mal.

Le père de Camille et son jumeau Victor n'est guère mieux. Ça ne rigole pas chez lui et au moindre chagrin c'est un somnifère en guise de réconfort.

Puis il y a ce fameux beau-père que Camille aime tant car il brille partout et en toute circonstance. Dans la villa à Sanary, c'est La familia grande. Des soirées de libertinage à profusion.

On retrouve enfin une panoplie de sentiments confus entre amour et haine, culpabilité et honte. Camille n'avait que 14 ans quand son jumeau la met dans la confidence lui adjoignant de se taire. Ce qu'elle fera. Et il faudra faire avec.

C'est difficile de cerner ce livre tant je l'ai trouvé confus dans cette balance constante entre haine et amour, admiration et regret, mutisme et voix.

Les descriptions de ce monde petit bourgeois bien pensant de gauche ami de Chirac et Mitterand ne m'ont que peu séduite. La politique, des débats interminables, des intellectuels débridés, la vie c'est pas ça pour moi. Mais ce fut celle de Camille et Victor Kouchner.
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À l'instar de Vanessa Springora dans le consentement, Camille Kouchner offre un témoignage essentiel parce qu'il ouvre la voie à la voix : d'autres victimes de pédophiles ou d'adultes incestueux vont aussi parler, sans attendre 30 ans peut-être, grâce à elles.

Elles deux dénoncent, tout en justesse et sans étalage aucun, les déviances perverses envers des enfants et de jeunes adolescents dans des milieux que l'on penserait au contraire honnêtes et droits, et, tout aussi abjecte, l'absence de protection de la part de tous ceux qui savaient.

Ces écrivains, ces intellectuels, ces politologues, ces personnalités connues et reconnues, qui se montrent tellement humains et aimables en public, et qui dans le soir commettent l'impensable…

Un témoignage essentiel
Tout en sincère pudeur
Un récit en absence de fiel
Pour son frère, sa douleur.

Son calvaire révélé un jour
Mais il a muselé sa jumelle
Éviter le scandale par amour
La mère a su, déni éternel.

Les années ont coulé si lourdes
Les souvenirs rongent lentement
Les victimes aux plaintes sourdes.
Éclate la vérité, dénonce qui ment.

Spécialiste du droit constitutionnel
Criminel s'est octroyé tous les droits
Abject beau-père incestueux. Irréel
Avili le frère, innocence tuée. Désarroi

La honte était du mauvais côté
Lors des procès Justice injuste
Partout existent des familia grande
Où le mal nuit après nuit s'incruste.

Urgence. Que cesse le crime.
La loi n'est pas assez étendue
Impératif de croire les victimes
Pour une première main tendue

Le mouvement prend de l'ampleur partout, il est temps.
#metooinceste après #metoo
Trop longtemps la honte était du mauvais côté, ressentie par des enfants innocents.
Les adultes sont censés protéger les enfants, les leurs comme ceux des autres.
Les hautes écoles dont Sciences Po fabriquent les gouvernants de demain, mais qui violent leurs concitoyens ? Maintenant #sciencesporcs
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J'adore lire des romans noirs et là , j'avoue , bien que ce ne soit pas un roman , que tous mes fidèles amis et amies qui ne supportent pas la violence , n'ont pas dû se sentir à l'aise , tout comme moi , du reste . Lorsque je lis un roman noir , j'éprouve un certain plaisir , c'est vrai , sans doute ( et c'est ce que j'espère ) parce que, en mon for intérieur, la voix de la sagesse me dit que je suis dans le domaine de la fiction . Je me " dédouane " , je n'ai pas à porter le " fardeau " de l'histoire , celle - ci relevant de l'imagination de l'auteur ...Là , par contre , point de fiction , non , la " simple réalité " dans tout ce qu'elle a d'horrible , de violent , d' incompréhensible . Et au final , à nous , lecteurs , d'effectuer un nécessaire travail de reflexion, non pas sur un cas unique survenu dans une famille de bobos soixante huitards, mais sur un phénomène sociétal malheureusement plus " universel ".
Considérer cette" affaire " comme uniquement "réservée" à certaines " catégories " relèverait , à mon sens , de la malhonnêteté, les statistiques prouvant que ......hélas..
Par contre , qu'une voix d'un membre de cette " familia grande " s'élève , voix d'une personne " médiatique " , visant des personnages proches et tout aussi " médiatiques " , et peut - être pourra- t- on espérer des " avancées " dans cette " omerta " familiale qui protège les uns et enfonce les autres sans que rien ne soit certain , du reste.... Victor , Evelyne...
" Familles , je vous hais " .
Par chez nous , on recommande de toujours " laver son linge sale en famille " , de toujours " éviter de remuer la ....." ( pardon ) Ce témoignage en est un bel exemple par ses conséquences. Nous sommes pris comme dans une nasse . Point de certitudes , elles ont volé en éclats. Je me répète, je suis " remué " par ce récit qui , s'il ne m'a pas permis d'affiner mon avis , aura eu pour mérite de faire " craquer le vernis " de la " familia grande " , de rompre cette belle " harmonie de façade " si hypocrite, " protectrice " de la perversité au nom du " paraitre " . " Passage de l'événement aux pertes et profits " pour sauver la bienpensance et les intérêts...Omerta . " Motus et bouche cousue "
Je ne regrette pas cette lecture qui " titille les consciences " mais j'ai envie de demander " et maintenant ? " ....
L'auteure sait , et fort bien , écrire et , surtout , faire " circuler " des émotions, décrire des sentiments . Espérons que sa voix permette à tous ceux et celles qui n'osent pas s'exprimer , de se reconnaître et , à elle- même, Camille Kouchner , d'avoir trouvé une " paix intérieure " sereine .L'écriture sert aussi à ça , " faire sortir , évacuer " , soigner les maux par les mots . Quant à livrer "l'affaire " aux yeux de tous , c'est une autre question que je fuirai courageusement .
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Très chère Camille,

Tu permets que je te tutoie , vu que depuis que j'ai fini ton livre ( commencé et fini hier soir) , j'ai l'impression de bien te connaître. Comme une amie. Sauf qu'on ne se connaît pas, enfin, tu comprends ce que je veux dire. Depuis que je t'ai vue à La Grande Librairie, je t'aime bien, il y a des gens comme ça, dés qu'ils s'expriment, tu sais que c'est des gens bien, des gens intègres, honnêtes. Et toi Camille, tu es la droiture et la distinction. et je ne me suis pas trompée, tout ça , (ton caractère) transparaît dans tes pages . Ton livre qui raconte ta famille, celle d'une grande famille élargie aux amis. la maison de Sanary , celle de l'été, celle de ton beau-père est ouverte à tous , ça sera la maison du bonheur. Jusqu'à ce que ...

Et sur cet événement, sur ce que tu dénonces ( les agressions sexuelles sur ton frère jumeau adolescent par ton beau-père ), il n'y aura que trois lignes, deux mots en rapport avec le sexe. Tu es pudique Camille, d'autant plus que tu ne l'as pas vécu. Toi , tu t'es contentée de recevoir la visite dans ta chambre (après l'acte) de ton beau-père . Que venait-il chercher ? L'absolution ? La promesse que tu ne dirais rien en minimisant ce qui venait de se passer derrière cette cloison. En plaisantant avec toi , il banalisait, ce salopard, il te rendait complice, t'emprisonnait dans le silence, toi qui l'aimait tant. Comme un père.

Toi qui aime tant ton frère: tu lui as promis, tu ne diras rien, il a trop honte.

Et vous ne direz rien pendant des années. Des années à grandir, des années de construction, entre un père absent ou colérique, une belle-mère froide et distante, une mère déglinguée, une éducation aimante et rigolote , mais avec tellement de failles.

La grand-mère qui vous laisse rentrer seuls chez votre maman, dans Paris, alors que vous n'aviez que 6 ans !

Ton beau-père qui fait des photos, qu'il fait encadrer et expose dans votre maison de Sanary (celle des enfants, la maison rouge) de tes seins ou des fesses de ta petite soeur adoptée. Une copine de vacances qui se fait embrasser à 12 ans par le beau père... Il y avait des signes, mais personne n'a rien dit, n'a rien vu .

De sorte que quand le scandale éclate dans votre petit monde politico-journalistique, personne ne prendra parti contre lui, personne ne prendra la peine de vous téléphoner . Elle était où la Familia Grande, quand il y a des problèmes ? de toute façon, à part ta tante , personne n'a réagi normalement, à commencer par votre mère, qui vous accusera de bousiller la famille, votre réputation, bande de pervers ! Ton frère (celui qui...) l'avait prédit c'est peut- être pour ça qu'il ne voulait rien dire - [ Petit, mon frère m'avait prévenue : "Tu verras, ils me croiront mais ils s'en foutront complètement." Merde. Il avait raison. ].

Mais avec le livre, ils ne pourront plus faire semblant de ne pas savoir...

Sur des plateaux télé, on dira que c'était la génération des parents soixante-huitards. Oh! La belle, mais bancale, explication...

[ Certains diront que tu fais partie de cette "génération"-là. Moi, je crois surtout que tu fais partie de ces "gens"-là. ].

Ceux qui pactisent avec le diable, ceux que la pédophilie ne dérange pas...

[ Souviens-toi, maman: nous étions tes enfants."]

Et Camille raconte la rupture avec sa mère quand elle a su, mais n'a pas pris fait et cause pour ses enfants, choisissant de croire et protéger son mari.
Camille raconte sa culpabilité de n'avoir rien dit, rien fait, qui lui tordit le ventre. Les profs qui (seuls !) se rendent compte que cette gamine est triste. Puis, plus tard, le deuil impossible d'une mère si aimée, bien que mal-aimante et indigne.

Le tout avec énormément de pudeur.

Avant que ce scandale n'éclate, je ne savais rien de ta famille , Camille. Je croyais que Olivier Duhamel (ton beau-père) était le frère du journaliste Alain Duhamel .

Je ne savais pas que Bernard Kouchner avait eu trois enfants , avant d'en avoir un avec Christine Ockrent (ta belle-mère) et encore moins que c'était avec la soeur de l'actrice Marie-France Pisier, avec qui il était sorti avant. Ni que cette dernière avait épousé le cousin de ton beau-père. En "people" journalo-politiques, j'ai des lacunes...

Actrice, homme politique, journalistes... et si l'on rajoute toutes les personnes célèbres qui devaient graviter dans votre cercle, on comprend toute la peine que vous avez eu ton frère et toi à remuer cette boue dans ce milieu là. Chez ces gens-là...

Famille en vue, beaux quartiers, excellentes écoles.
Je me suis demandée comment, malgré tout ça, toute cette boue, ce secret, vous avez pu, ton frère et toi vous en sortir aussi bien ? Vois-tu Camille, chez les français moyens, la boue provoque la chute. L'adolescent a ses notes qui chutent, il glandouille, tombe dans l'alcool, les soirées , les joints, ou plus. J'ai vu tant de camarades de classe de mes enfants, sombrer après un deuil , un parent qui déconne, un parent absent.

Mais après avoir lu ton livre, j'ai compris. Tu as beaucoup reçu avant de tout perdre. le bon quartier, les bonnes écoles, les bonnes vacances, le soleil, les fous-rires, les jeux de société, les discussions intelligentes , les chansons de Julien Clerc et Souchon braillées à tue-tête dans la voiture, l''amour. Et c'est ça qui t'a construite, Camille, qui a fait la belle personne que tu es. Si forte pour avoir eu le courage de dénoncer . le courage de raconter.

Et tu les aimais tes parents, ce beau-père qui s'occupait si bien de vous, ta mère formidable, ta grand-mère adorée qui se suicida après le suicide de ce grand- père que tu ne connaissais pas, ou si peu. Comment voulais-tu dénoncer ton beau-père avec ce que ta mère était en train de traverser ? Elle était "par terre". On comprend, Camille.

Vous étiez coincés. Et il le savait ...

Seule ta tante a pris fait et cause pour vous. La seule "normale" dans toute cette Familia grande . Ça sert à quoi une si grande famille, ça sert à quoi tous ces puissants, ça sert à quoi toute cette intelligence, toute cette liberté, si tout ça ne défend pas les enfants ?

Une grande famille, Camille, ça sert de rempart entre l'innocence des enfants, et le monde qui peut être si cruel.

C'est pour ça que ton livre s'appelle La Familia Grande , si ironiquement, et pas La grande famille.

Merci pour ton courage Camille, merci pour cette cause que tu fais avancer, la honte, la boue doit changer de camp et le Duhamel, on ne l'entend plus, c'est pas grand-chose mais c'est déjà ça . Enterré médiatiquement ...

A un moment tu cites les textes du code civil et j'en ai eu froid dans le dos. Un rappel de la loi... J'avais oublié Camille que tu étais avocate. Il risque 20 ans, mais il ne les fera pas .

Les faits sont prescrits. Et ces mots font mal...


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La jeunesse de Camille, son amour pour sa famille, et la notoriété de celle-ci, lui ont rendu pendant longtemps difficile, pour ne pas dire impossible, la tâche de parler. Un silence qu'elle a payé au prix fort. Camille a mis des années à comprendre que ses maladies venaient de la révélation de son frère. Se culpabilisant tous les jours un peu plus, elle n'a eu d'autre choix pour sortir de cette situation inextricable que d'écrire ce livre. C'est sûrement ce qui fallait faire pour elle et son frère, les victimes principales de cette mauvaise vie, revendiquée comme une liberté par des intellectuels soixante-huitards avides d'innocence.

Alors bravo à Camille pour son courage, la sensible, intelligente et touchante Camille dont les détracteurs n'ont je pense pas pris la mesure de la protection des enfants. S'attaquer à un enfant est le pire des crimes et ceux qui en ont connaissance se doivent de le protéger, ce qui implique de dénoncer les adultes déviants, fussent-ils les parents, afin que même longtemps après qu'ils ont fauté ils répondent de leurs crimes.

Challenge MULTI-DÉFIS 2021
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Ce livre, c'est l'histoire d'une déflagration. Une bombe a été posée par le beau-père lorsque les jumeaux Camille et Victor avaient quatorze ans et elle n'en finit pas d'exploser pendant toute leur vie. Elle les atteint eux, et tous les membres de la « familia grande », en générant culpabilité pour eux qui sont pourtant victimes, déni pour les parents qui sont pourtant coupables, hypocrisie et complaisance pour la plupart des autres dont les pires se taisent avec ostentation pour montrer leur allégeance. Elle va même jusqu'à tuer la tante, Marie-France, la célèbre actrice. ● On ne peut pas ne pas voir l'influence du milieu dans ce qui est arrivé : ce milieu de gauche soixante-huitarde devenant caviar au fil du temps, très friqué, très influent, à l'entregent tentaculaire, où l'on se croit tout permis au nom d'une liberté qui prête à tous les excès, où l'on se vit paradoxalement au-dessus de tous les autres. ● Camille Kouchner raconte cela dans un récit pudique et courageux.
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Très court commentaire pour ce livre lu d'une traite poignant , bouleversant , incandescent , courageux , abyssal, déflagrant !
Je préfère ne pas m'épancher ..
Se taire , parler quand l'inconcevable s'est produit , crime infect , diabolique, l'inceste ,CRIME TU .....


Emporter sa douleur jusque dans la tombe ?
ÉCRIRE enfin , après trente années de mutisme , pour le salut de tous ?

Camille s'adresse à toutes les victimes d'inceste, ce serpent sournois , caché , étouffé , au coeur de ces grandes familles tortueuses , ces personnalités «  En vue » .
Son écriture ciselée , admirable de justesse , dans la folle farandole des souvenirs éveille les consciences , éclaire au grand jour ces paysages dévastés au nom d'une liberté soi - disant conquise : ON N'EST PAS DES COINCÉS » .
La littérature secoue le réel , un livre limpide , abrupt , qui ose enfin raconter ce qui a longtemps fait taire cette grande famille, pour que cesse cet infernal carnage à grande échelle !
Un livre ou la DOULEUR affleure , lu la gorge serrée !
Courage Camille !
Merci à vous !
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