"Le bracelet de grenat" est un cadeau d'anniversaire à la princesse Vera d'un inconnu, son admirateur secret depuis sept ans. Nous somme dans la province russe, dans la Russie tsariste et Vera sans enfants est la femme d'un maréchal de la noblesse de province.....
Un petit pamphlet sur l'Amour, le pouvoir de l'Amour, si elle existe. "En vérité, mon cher, est-il coupable d'aimer, et peut-on vraiment se rendre maître d'un sentiment tel que l'amour -un sentiment qui n'a jamais trouvé d'exact commentateur ?" demande le mari de Vera, s'adressant à son beau-frère outragé. Alors que Vera suite aux événements sera gagnée d'un trouble indicible et lui reviendra en mémoire les paroles d'un ami, " Qui sait ? Peut-être as-tu croisé sur ton chemin le véritable, le tout puissant Amour ."
Un magnifique récit émouvant d'un auteur russe du début du siècle dernier,"sanctifié" par la sonate nr.2, op .2, Largo appassionato de Ludwig van Beethoven !
Commenter  J’apprécie         920
Russie au début du XXème siècle. La princesse Vera et son époux, un maréchal de province, forment un couple aimant mais sans passion, désargenté et sans enfant. Ils organisent l'anniversaire de Vera à la campagne. Durant le repas, un inconnu, amoureux de Vera depuis sept ans, lui fait livrer un bracelet de grenats.
Cette courte nouvelle pourrait se résumer à « Il n'y a pas d'amour heureux ». Car comment savoir si vous avez croisé l'amour véritable de votre vie ? C'est très romantique, peut-être inspiré par un Werther empli d'un amour fou pour une femme inaccessible. A lire en écoutant la sonate 2 opus 2 de Beethoven.
Commenter  J’apprécie         320
L'action se déroule au bord de la mer noire en automne au début du XX ème siècle. La princesse Vera, une femme élégante et froide, s'apprête à recevoir à l'occasion de sa fête. Il y aura quelques membres de sa famille ainsi que des relations ennuyeuses de son mari, au bord de la ruine. Arrivent sa soeur, coquette et exubérante, mariée à un riche benêt ; un vieux général conteur d'histoires passionnantes qu'elles appellent grand-père et puis les amuseurs que l'on retrouve à tous ces dîners où il faut sauver les apparences. Le dîner arrive, tout se déroule comme prévu mais la Princesse reçoit un colis accompagné d'une lettre. Le paquet contient un bracelet de grenats et la lettre est signée G.S.J...
La nouvelle se lit d'une traite et c'est un petit bijou, de finesse, de subtilité.
Je l'ai lue gratuitement sur le site de la bibliothèque russe et slave dans la traduction d'Henri Mongault.
Commenter  J’apprécie         160
Qu'est-ce que l'amour véritable, et où le trouver ? Dans une union conjugale sans surprise, sereine mais sans véritable passion ? en flirtant avec les officiers de passage ? En acceptant les lettres d'amour d'un inconnu ?
Véra est riche, Véra est une princesse, mais Véra n'est pas particulièrement heureuse. Elle mène une vie mondaine classique, son mari est un homme bon, mais elle ne ressent pas un torrent d'amour pour lui. Elle n'est véritablement émue que par les lettres qu'elle reçoit d'un inconnu, dont elle ne connaît justement que la signature. Cet homme modeste sait tout d'elle, il la suit à l'opéra, au spectacle, il connaît les robes qu'elle portait... Cela pourrait être inquiétant, voire pervers, elle le prend comme une preuve d'amour et rêve sur ses lettres. L'imagination est plus forte que la réalité...
Néanmoins, le format est celui de la nouvelle. Il est dommage qu'on n'en sache pas plus sur les sentiments de Véra, plutôt que de la voir dans son quotidien de femme du monde choisissant les plats servis pour sa réception. de même, l'homme m'a davantage fait paniquer que rêver, je lui trouve plus le comportement d'un pervers narcissique que d'un amoureux fou...
Le véritable amour, celui que les deux soeurs cherchent, c'est sans doute l'amour paternel - voire grand-paternel, que leur porte le vieux général : c'est un amour inconditionnel, qui n'attend pas de retour.
Commenter  J’apprécie         80
Dans la plupart des cas, sais-tu pourquoi les gens se marient ?... Les femmes ? Par honte de rester filles, surtout quand leurs amies ont déjà trouvé preneurs. Par gêne de se sentir des bouches inutiles dans leurs familles. Par soif d'indépendance ; désir d'avoir leur chez soi, de devenir des "dames", des maîtresses de maison. Et puis par besoin, par pur besoin physique, d'être mères, de bâtir un nid. Les hommes se laissent guider par d'autres motifs. Tout d'abord, dégoût de la vie de garçon, du désordre et de la poussière dans leurs chambres, des dîners au restaurant, du linge déchiré et dépareillé, des dettes, des camarades par trop sans-gêne, etc... Ensuite sentiment bien net des avantages de la vie de famille pour la santé et la bourse. Puis envie d'avoir des enfants, illusion d'imortalité : "quand je mourrai, je laisserai pourtant sur terre une parcelle de moi-même". Enfin - et ce fut mon cas - séduction de l'innocence. Où places-tu l'amour dans tout cela ?
Peut-être n'est-ce qu'un anormal, qu'un maniaque... mais qui sait ? Peut-être aussi as-tu rencontré sur la route de la vie cet amour dont rêvent les femmes et dont les hommes sont désormais incapables...
Certes, Vérotchka. Je dirai même qu'en amour, presque chaque femme est capable de l’héroïsme le plus élevé. Songe donc : elle embrasse, étreint, se donne, et la voilà déjà mère ! Pour une femme amoureuse, l'amour renferme tout le sens de la vie, tout l'univers ! Ce n'est pas sa faute si l'amour humain a pris des formes mesquines et s'est rapetissé jusqu'à devenir une commodité, une distraction. Les coupables sont les hommes, qui à vingt ans sont déjà blasés - corps et âmes de lièvres - incapables de puissants désirs, d'actions héroïques, de tendresse et d'adoration devant l'amour. On prétend que tout cela n'existait auparavant, tout au moins dans les songes des meilleurs esprits et des meilleures âmes de l'humanité, poètes, romanciers, peintres, musiciens. Je lisais dernièrement l'Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut...eh bien, crois-moi si tu veux, j'ai fondu en larmes. Voyons, ma chérie, dis-moi franchement dans le fond du cœur, toute femme ne rêve pas de semblable amour - un amour unique, discret, prêt à tous les pardons et à tous les dévouements ?
D'un coup de ciseaux, Véra coupa la faveur qu'elle jeta dans une corbeille avec le papier portant son adresse. Elle découvrit alors un petit écrin de peluche rouge, qui semblait venir en droite ligne de chez un joaillier. Elle leva le couvercle doublé de soie bleu clair et aperçut, couché sur un fond de velours noir, un bracelet d'or ovale sous lequel reposait une lettre soigneusement pliée. Elle la déplia rapidement, l'écriture lui en parut familière, mais, en vraie femme, elle la rejeta de côté et se mit tout d'abord à examiner le bijou.
Soit, j'y consens...c'est une exception...Mais dans la plupart des cas, sais-tu pourquoi les gens se marient ?...Les femmes ? Par honte de rester filles, surtout quand leurs amies ont déjà trouver preneurs. Par gêne de se sentir des bouches inutiles dans leurs familles. Par soif d'indépendance; désir d'avoir leur chez-soi, de devenir des "dames", des maîtresses de maison. Et puis par besoin, par pur besoin physique, d'être mères, de bâtir un nid. Les hommes se laissent guider par d'autres motifs. Tout d'abord, dégoût de la vie de garçon, du désordre et de la poussière dans leurs chambres, des dîners au restaurant, du linge déchiré et dépareillé, des dettes, des camarades par trop sans-gêne, etc. Ensuite sentiment bien net des avantages de la vie de famille pour la santé et la bourse. Puis envie d'avoir des enfants, illusion d'immortalité : "Quand je mourrai, je laisserai pourtant sur terre une parcelle de moi-même."