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EAN : SIE218535_180
(30/11/-1)
4.16/5   22 notes
Résumé :
Olessia est un des premiers récits de l'auteur et un de ses préférés, car très largement autobiographique. Le narrateur, envoyé dans une région aux confins de la Russie, y fait la rencontre d'Olessia, une jeune femme qui vit recluse dans les bois avec sa grand-mère que les villageois regardent comme une sorcière.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Olessia est un conte magnifique de 1898 qui se déroule au fin fond de la Polésie à la fin du XIXème siècle.
Le narrateur, Ivan, est un jeune barine pétersbourgeois et écrivain en herbe que le destin a jeté dans un trou perdu pour six longs mois. Il s'ennuie horriblement. Les moujiks du coin n'ont rien de chaleureux, ils sont renfermés et ils ne cessent de lui baiser les mains suivant une coutume datant du servage. L'intelligentsia du district est réduite à quatre personnes inintéressantes. Alors en attendant les jours où il pourra enfin chasser, Ivan s'occupe à jouer les médecins avec les habitants du bourg : un peu d'iode par-ci, un peu d'huile de ricin par-là. Et puis il entreprend également d'alphabétiser Iarmola le garde-forestier alcoolique qui lui sert de domestique. Dehors la tempête fait rage, l'hiver est dur, le vent hurle et la maison tremble au milieu du village perdu. Ivan demande soudain à Iarmola d'où vient le vent et celui-ci nonchalamment lui répond :
"Quand une sorcière vient au monde, le magicien s'amuse".
Le garde-forrestier lui raconte alors qu'au village il y avait une sorcière mais que les gars l'ont chassée avec sa petite fille en la traînant par les cheveux comme une bête. Elle empoisonnait les gens, tordait le blé et avait provoqué la mort d'un enfant parce que la mère lui avait refusé l'aumône.
Le jour de la chasse tant attendu arrive. Ivan se perd dans la sombre forêt. Ses pas le conduisent alors dans une humble chaumière où vivent deux femmes : une vieille femme édentée qui ressemble fort à une baba-yaga et sa charmante petite fille aux beaux yeux noirs...
le jeune petersbourgeois éduqué va tomber amoureux d' Olessia, la belle et pure sauvageonne. Elle est belle mais aussi très clairvoyante. Elle sait les choses, elle cerne la personnalité d'Ivan et prédit l'issue funeste de leur amour. L'intellectuel peut-il changer le cours des événements ?
Kouprine décrit avec beaucoup de lyrisme leur amour tragique. La nouvelle est très riche. Kouprine n'avait pourtant que vingt-huit ans quand il l'a écrite. Il connaissait bien le coin pour y avoir effectué son service militaire. le récit tient en haleine de bout en bout, l'alliage entre le naturalisme et la romance est réussi, les personnages secondaires sont intéressants, le narrateur est perçu de différents points de vue et on peut faire de cette histoire une lecture réaliste ou symboliste. Elle explore sans lourdeur morale un certain nombre de problèmes sociaux et spirituels : la misère, l'ignorance, la superstition engendrent la violence et arrangent la petite intelligentsia locale ainsi que l'église. Elle réunit enfin le temps d'un beau printemps deux Russie qui s'ignorent d'habitude.

J'ai lu cette nouvelle sur le site de la bibliothèque russe et slave dans la traduction fluide de Marc Semenov ( 115 pages).
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🎵 C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance … 🎶
… d'autrefois.

Je poursuis ma découverte de cet auteur.
Cette histoire d'amour où se mêlent destin, superstitions, sorcières, relève dans une certaine mesure du paradoxe : alors même qu'elle sort des sentiers battus, elle n'en demeure pas moins sans surprise et on ne peut plus prévisible.

En revanche, elle a un charme fou.

Ivan Timopheevitch, le narrateur, vient de la ville et se gorge de nature. Il faut dire qu'il s'ennuie. Elle est donc omniprésente avec ses odeurs, ses couleurs, ses murmures et ses râles, et nous enveloppe dans une ambiance feutrée.

Et puis, il y a le folklore. Aaaah, le folklore… c'est lui qui selon moi rend cette nouvelle particulièrement irrésistible.

Sans même nous en rendre compte, nous sommes transportés au XIXème siècle dans la culture et la langue d'un village isolé de Poliessié (quelque part entre l'actuelle Ukraine et Biélorussie), à travers les habitudes quotidiennes des habitants et leurs traditions. Nous côtoyons des moujiks, des panitch (seigneur), l'ouriadnik (celui qui veille à l'ordre du village). Nous pénétrons dans l'isbouchka (cabane) de présumées sorcières. J'ai adoré. Bravo à la traduction de Marc Semenoff !

Les personnages secondaires ont également beaucoup de charisme et volent même parfois la vedette aux deux personnages principaux. La babouchka et le garde forestier, Iarmola, par exemple, sont truculents. Ils sont certes enfermés dans leurs certitudes, mais tous les personnages de cette nouvelle se débattent avec leurs croyances. Il n'y a guère que nos deux amants qui tentent de les dépasser. Pas toujours très bien. le narrateur laisse aussi parfois transparaitre une condescendance assez agaçante mais c'est minime.

Parue en 1896, cette nouvelle reste cependant intemporelle. Les sentiments et les doutes y sont plutôt bien analysés et exprimés. En plus, l'écriture est vraiment agréable, elle oscille entre poésie et réalisme. Il m'a cependant manqué un je-ne-sais-quoi pour être complètement conquise. C'est un peu exaspérant, c'est comme si je sentais que l'auteur avait la capacité de faire beaucoup mieux mais qu'il gardait une partie de son talent en réserve et ne parvenait à le libérer que par intermittence.
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Je ne connaissais pas Alexandre Kouprine, j'ai découvert ce court roman grâce à une suggestion de Babelio. Une bonne suggestion...
J'y ai lu d'abord un conte : un jeune homme qui occupe un certain rang social - même si on ne sait pas exactement ce qu'il fait, on comprend qu'il vient de la ville, qu'il est relativement aisé, arrive sur son cheval au coeur d'une forêt, en quête d'une sorcière. Il trouve effectivement une vieille femme ridée, mal peignée, un peu infirme, qui prétend lire l'avenir dans les cartes. Il va aussi trouver une bergère ou une fée, en tout cas, il devient amoureux d'une jeune femme vivant comme une paysanne dans la forêt. Olessia est belle, intelligente, sensible, et elle aussi connaît des sorts. C'est un beau personnage tragique, elle connaît l'avenir, elle sait que sa passion sera funeste puisque le destin l'a décidé ainsi, mais elle s'y livre quand même.
On pourrait douter de l'époque durant laquelle se déroule le récit : les deux femmes vivent de façon traditionnelle dans la forêt, ignorant tout du monde, de la ville, de sa modernisation. Les paysans continuent à baiser la main des hommes puissants, comme au temps du servage, ils ne savent pas lire ni écrire. Et, surtout, ils sont dominés par la religion et surtout la superstition. La scène d'une véritable chasse aux sorcières pourrait évoquer la période de l'Inquisition en Europe occidentale.
Cependant, le texte date de la fin du XIX ème siècle. le servage a été aboli, la Russie est traversée par des chemins de fer, les terres incultes et sauvages doivent être domestiquées pour devenir rentables et productives. Quand au Narrateur lui-même, il porte un regard distancié sur ces paysans et leur mode de vie, un regard supérieur et paternaliste, comme une sorte de colon sur des peuples colonisés. J'y ai lu une forme d'hypocrisie bienveillante. D'ailleurs, il s'intéresse aux sorcières, pensant y trouver un sujet d'inspiration littéraire, il cherche du pittoresque, pour, lui aussi, l'exploiter. Il désire Olessia, mais l'aime-t-il vraiment ? Je n'ai pas apprécié ce personnage, ne le trouvant pas sincère.
Un texte intéressant donc par ses différents niveaux de lecture.
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Un fonctionnaire part pour une mission de 6 mois dans une région reculée, la Polésie, correspondant à une zone comprise entre l'Ukraine, la Biélorussie et la Pologne actuelles. 

Ses journées se passent entre ennui, parties de chasse, lorsqu'un soir, il entend parler d'une sorcière qui vivrait cachée dans la forêt. 

Il décide alors de rencontrer cette femme, friand d'anecdotes qui pourront lui servir à nourrir un futur récit pittoresque. Pourtant c'est une autre surprise qui l'attend au final.

Voilà une merveille de nouvelle, dès les premières pages, la magie opère. L'auteur nous entraîne à sa suite dans ce récit en partie autobiographique. 

Cette nouvelle est touchante, simple et pleine de poésie. Elle raconte l'émoi amoureux, la superstition et le destin.

La nature est décrite avec un charme et une délicatesse incroyable. 

Je n'avais jamais lu cet auteur mais me voilà conquise et j'ai hâte de découvrir d'autres de ses écrits.
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XIX ème siècle. Un jeune fonctionnaire est envoyé pour six mois dans un lieu perdu de Volhynie (actuelle région du Nord-Ouest de l'Ukraine frontalière de la Pologne et la Biélorussie). Hormis la chasse, peu d'activités s'offrent à lui et l'ennui le gagne. Il apprend qu'au coeur de la forêt vivraient des sorcières. Malgré les mises en garde des paysans, il décide d'y aller.

Certes, ce roman est plutôt court d'une centaine de pages mais on retrouve dans ce roman toutes les composantes de la littérature russe : les fonctionnaires, les paysans, les bouleaux, la déférence dévolue à certains et surtout un texte au vocabulaire riche avec une dynamique dans la narration et les dialogues.
Il s'agit ici d'une belle histoire d'amour. Belle ne signifie pas exempte d'obstacles, de tourments ou de douleurs. Pour autant, on ne verse pas dans des atermoiements.
J'ai bien aimé cette histoire et ses personnages typiques.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La neige avait complètement disparu, sauf quelques restes boueux dans les creux du sol et les coins les plus ombragés de la forêt. La terre apparut nue, humide et, respirant le repos de l’hiver, pleine de sèves fraîches, ayant soif d’enfantements nouveaux. Une brume légère s’élevait sur les vastes champs noirs remplissant l’air de toutes les odeurs qui suivent le dégel, ces fortes senteurs printanières qui pénètrent et enivrent et restent si particulières même dans les villes. Il me semblait qu’avec ces arômes une tristesse était versée dans mon âme, cette tristesse du printemps, douce et tendre, grosse d’attentes inquiètes et de vagues pressentiments, tristesse qui enchante, fait paraître belles toutes les femmes et se nuance d’un sentiment indéfini de regret des printemps passés.

Chapitre IV
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Le calme était profond, le silence d’une forêt, un jour d’hiver, sans vent. D’épaisses couches de neige faisaient ployer les branches donnant aux arbres un air enchanteur de fête. Par moment, un rameau tombait et j’entendais nettement, dans sa chute, le petit bruit sec avec lequel il heurtait les autres branches au passage. À l’ombre, la neige prenait des nuances roses et bleutées. Un doux ravissement s’empara de moi devant ce silence glacial et solennel... Je croyais sentir le temps qui s’écoulait lentement et sans bruit devant moi...

Chapitre III
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Je m’occupai ensuite de guérir les habitants du bourg. […] Malheureusement, il me fut le plus souvent impossible de formuler un diagnostic : je manquais de connaissances, et les symptômes de leurs maladies étaient toujours les mêmes chez mes clients : « j’ai mal au milieu », « je ne peux ni boire ni manger». […]
— Ne vous inquiétez donc pas, ils guériront eux-mêmes — me dit un jour le commis sous-officier. — Ça durcira… comme sur un chien…

Chapitre I
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Ces baisers des paysans me répugnaient profondément. (Il y avait même des moujiks qui se jetaient à mes pieds, luttant presque avec moi pour lécher mes bottes.) Ce n’était pas l’élan d’un cœur reconnaissant, mais une habitude rebutante née de siècles de servitude et d’oppression. Et je demeurais pétrifié en voyant avec quelle gravité imperturbable le commis sous-officier, et l’ouriadnik livraient leurs grosses mains rouges aux lèvres des paysans...

Chapitre I
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Je t’ai répété nombre de fois que l’homme peut ne pas croire, douter, se moquer même... Mais la femme... la femme doit être croyante sans raisonner. Je sens quelque chose de touchant, de féminin et de beau dans cette confiance simple et tendre avec laquelle elle s’abandonne à la protection « divine ».

Chapitre XI
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