Citations sur Le Temps de l'altruisme (22)
La notion de coopération propre aux libertés individuelles implique une réciprocité au niveau théorique aussi bien que pratique. Cette observation est capitale. Elle impose logiquement que, comme individu, il m’appartient d’apprécier ce que je reçois tout autant que ce que je dois fournir à l’autre et aux autres. Les variables dont nous avons préconisé l’usage dans l’introspection rationnelle sont propices à cette analyse.
Selon cette définition, comme nous l’avons vu plus haut, la pauvreté est une privation de libertés. Alors que la liberté occupe une place centrale dans la plupart des théories économiques et politiques, la vision promue par Amartya Sen conduit à une analyse du développement des pays pauvres très différente de celle mise en avant par le libéralisme dérégulé.
Les libertés individuelles recouvrent, en effet, non seulement les processus qui permettent à l’individu d’exprimer ses choix, mais aussi les choix qui, dans la réalité, lui sont offerts, et donc la capacité de réaliser certains choix. Ainsi, je peux être libre d’acheter du pain, mais cette liberté de principe n’a guère de sens, si je n’ai pas l’argent nécessaire, ou si les boulangeries sont vides.
Dans le champ de ce qui est connaissable, il m’appartient de fixer les limites de ce que je veux chercher, ou non, à connaître. Il en va de même pour l’analyse de ma structure psychique, à ceci près que les approches sont très différentes et considérées comme moins objectives ou objectivables.
Quelle que soit la diversité des sociétés et des individus en leur sein, quels que soient les singularités, les modes de pensée et les croyances religieuses, toutes sont habitées par des valeurs dont certaines (telle que le respect de la vie humaine) sont quasi universelles. Voilà donc des bases de dialogue.
La science n’engendre pas une somme de vérités, mais une accumulation de faits dont le statut est, par construction, évolutif, et donc transitoire : même si beaucoup de briques de l’édifice résistent à l’épreuve des critiques et du temps, l’addition de nouveaux éléments le modifie forcément. L’essentiel réside dans la méthode et dans les processus qu’elle met en jeu.
Pour être efficace, performante et consensuelle, l’approche scientifique doit être centrée sur son objet. La critique adressée aux scientifiques, dans l’optique développée ici, est justement de ne pas faire l’effort de reconsidérer l’objet de science comme un objet ordinaire.
Notre démarche ne relève pas du holisme. Elle ne vise pas à saisir le tout. Elle n’a pas l’ambition de tout appréhender. Elle s’attache à progresser, même marginalement, dans la compréhension de la réalité, afin d’en tirer de meilleures règles pour de meilleures actions.
Il importe de souligner que cela vaut pour les sciences humaines et sociales, même si le consensus est plus difficile à construire qu’en physique ou en biologie par exemple. S’agissant des objets ordinaires, il s’agit donc bien de rassembler, sur ceux qui nous paraissent les plus importants, une somme de savoirs structurés, validés, et partageables. De la même manière, la méthode à suivre a vocation à produire du consensus. Celui-ci peut ne pas être atteint. Dans ce cas, une pluralité de points de vue raisonnés subsiste.
La connaissance de tous les gènes d’un organisme fournit une première base. À partir de quoi, il reste à analyser leur expression, les protéines dont ils dirigent la synthèse, leurs fonctions, et le monde des interactions entre les uns et les autres. Dès le début des années 2000, ces approches commencèrent à produire des résultats. On utilise souvent des réseaux, à deux dimensions ou plus, comme mode de représentation des systèmes complexes.