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Citations sur Laitier de nuit (28)

Resté seul, Semion mit un long moment à achever son cognac. Tout en sirotant l'alcool, il réfléchit au pharmacien qui soit avait été tué, soit n'avait jamais existé. Il pensa à sa femme qui malgré tout s'était liée d'amitié avec la veuve de ce pharmacien. Il pensa au lait maternel que les politiciens devaient boire pour avoir une chance d'être élus. Et puis finalement, Semion cessa de penser, car toutes ses réflexions, qu'on les mît ensemble ou qu'on les considérât une par une, pouvaient prétendre à être qualifiées de délire de fou. Or il ne se tenait pas pour fou.
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Il est des histoires qui commencent un beau jour et jamais ne s’achèvent. Elles en sont tout bonnement incapables. Parce que leur commencement engendre des dizaines d’autres histoires indépendantes qui ont chacune leur prolongement
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[...] ... Durant les dix premières minutes de route, le prêtre se tint silencieux sur la banquette arrière.

- "Dieu nous a enseigné de partager avec les pauvres, n'est-ce pas ?" demanda-t-il soudain d'une belle voix de baryton, cependant que bourdonnait en fond sonore le programme de "Chansons."

Volodka [second garde du corps de Guennadi Ilitch et camarade de Semion] coupa aussitôt la radio et regarda dans le rétroviseur.

- "Eh ! bien, moi, je vous le dis, il faut partager avec les pauvres," répéta le prêtre. "Parce que les pauvres sont toujours en plus grand nombre et que, lorsqu'on est en plus grand nombre, on représente une force.

- Mais pourquoi nous parlez-vous des pauvres ?" s'enquit poliment Semion.

- "Oh ! juste comme ça, pour me disposer à la bonté," bâilla le prêtre.

Et comme il bâillait, la voiture s'emplit d'une odeur de bon cognac.

- "Comment trouvez-vous l'église de Guennadi Ilitch ?" demanda Semion qui avait perçu la senteur de l'alcool.

- "C'est une belle église, imposante. Elle n'a qu'un seul défaut. Elle n'a pas de paroissiens ! A part Guennadi Ilitch, personne n'y va à la messe.

- Mais lui, il y va ?" s'exclama Semion, surpris.

- "Oui. Il n'a appelé qu'une seule fois pour annuler. Au moins, ça m'a évité de me déplacer pour rien."

Semion tenta d'imaginer la scène : Guennadi Ilitch, tout seul, debout au milieu de l'immense église [qu'il avait fait construire], et devant lui le père Onoufri prononçant son sermon.

- "Des églises sans paroisse, comme ça, nous en avons pas mal aujourd'hui," poursuivit le prêtre. "Beaucoup de députés s'en font construire près de leur maison de campagne, des fonctionnaires aussi. Tant mieux, après tout ! Un député est un mortel et, à sa mort, que feront ses enfants ? Ils offriront l'église au peuple en mémoire de leur père chéri ... " [...]
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L’Ukraine est une fille-mère, répéta le visiteur, attentif à ses propres mots. Tous veulent coucher avec elle, mais se marier, jamais!
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Le jour où les gens ne s’entraideront plus que pour du fric, j’irai moi-même me flanquer à la flotte. Peut-être que tu me tireras de l’eau ce jour-là ! Qui sait ?!
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En politique, le plus important c’est d’avoir un teint de jeune fille, une mine de porcelet bien nourri, au sens naturel du terme. C’est pour les gens comme ça qu’on vote le mieux.
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Dima se sentit davantage intéressé par un couple de perroquets dodus logés dans une belle et vaste cage. Après cinq bonnes minutes passées à observer ces oiseaux qu’on eût dit doués d’intelligence, il lui fallut bien revenir à son problème initial. Il alla faire un tour du côté de la ligne de tramway, au-delà de l’enceinte du marché. Aux dires de la vieille aux chats siamois, il y avait là des SDF qui pour trois hryvnia vous vendaient « n’importe quel bâtard à poil gris ». À ces mots, Dima avait tout de suite pensé à Mourik. Mais ce jour-là aucun SDF trafiquant de chats de gouttière n’était visible derrière la clôture du marché. Et pour finir, Dima, transi jusqu’à la moelle, se retrouva devant une femme aperçue auparavant, chaussée de grosses bottes et vêtue d’une chaude pelisse de paysanne, aux pieds de laquelle, dans un panier posé sur l’asphalte, plusieurs chatons gris se blottissaient sous un morceau de couverture.
- C’est d’un grand gris que j’aurais besoin, déclara Dima dans un soupir.
- Grand comment ? s’enquit la femme emmitouflée.
Dima écarta les mains pour indiquer la taille approximative de Mourik. Puis il expliqua en quoi consistait son problème. Il parla du chagrin de sa femme et de la photographie du chat dans son cadre endeuillé d’un ruban noir.
- Oh ! moi-même, quand ma Torchonette est passée sous une voiture, j’ai frisé l’infarctus ! s’exclama la femme en levant les bras au ciel. Votre femme a de la chance d’avoir un mari comme vous ! Le mien m’a traitée d’idiote durant trois semaines d’affilée !
Dima goûta le compliment. Il faillit débiner l’époux indélicat, histoire de prolonger la conversation, mais se retint à temps : il venait de remarquer qu’une lueur s’était allumée dans les yeux de la femme.
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-Et qu'est-ce que vous voulez boire?
-Une double vodka, répondit Dima.
-Moi pareil, ajouta Valia.
-Toi, il ne t'en faut pas! (Dima regardait sa femme avec étonnement). Tu es enceinte !
-Bon alors, qu'est-ce qu'elle prendra? demanda le marchand en s'adressant cette fois-ci à Dima.
-Un verre de cognac, taille normale.
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D’un défunt, ou l’on dit du bien, ou l’on ne dit rien.
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Boris, qui arborait de somptueuses moustaches lui descendant jusqu’au bas du menton, lança un coup d’œil en direction du chien et de son maître, figé sur place. Et il se tut pour mieux observer. Son collègue, Génia, lui aussi tourna la tête.
– Il a repéré quelque chose, on dirait! s’exclama Génia.
– Merde! soupira Boris en hochant tristement la tête. Une mallette comme ça, et on pourrait se tourner les pouces jusqu’à la fin de nos jours!
Ils jetèrent chacun leur mégot par terre, et l’écrasèrent sous leurs grosses bottines noires, conformément aux règles de sécurité anti-incendie. Puis ils s’approchèrent de Dima.
– Alors quoi? demanda Boria, le moustachu, au maître chien. Tu vas encore refiler la prise à tes connards de chefs, pour qu’ils puissent changer leur BMW contre une Lexus?
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