Lorsqu’un marin s’égare loin de la mer, eh bien la mer le retrouve et… pour ainsi dire, se loge à l’intérieur de lui, il la porte en lui comme de la vodka qu’il aurait bue, jusqu’à tant qu’il retourne à la côte…
Certaines villes n’existent que pour qu’on rêve d’y aller un jour. Mais le rêve est quelquefois plus important que le voyage…
Le passé s’accumule, tandis que le présent coule sans s’arrêter. Un être humain, ce n’est jamais, en gros, qu’un vivant « appareil », très ordinaire et élémentaire, de transformation du futur en passé.
De manière générale, tout personnage de livre a quelque part son prototype qui se balade dans le monde. C’est certain !
Le monde passé était fait de conventions, c’est pourquoi il s’est désagrégé, dit-il, songeur. Ce monde actuel n’est pas différent, mais les conventions sont autres. Lui aussi se décomposera avec le temps. L’essentiel, c’est de protéger son propre monde intérieur de toutes les conventions, quelles qu’elles soient
Les poissons vivants n’ont pas leur place dans une cuisine ! Ils risqueraient de se méprendre sur tes intentions !
« Jimi, tu entends ? dit-il en s’adressant à la croix. Les services secrets viennent encore se mêler de nos affaires. Mais nous n’allons rien changer entre nous. Nous ne t’avons jamais trahi, ni avant le 18 septembre 1970, ni après. Pas une seule année nous n’avons manqué de nous rassembler ici pour arranger ta tombe. Même quand on avait très envie de nous en empêcher ! ».
Le temps, la nuit, passe vite quand on s’oublie à bavarder. Il ne s’écoule pas au rythme de la montre. Il s’installe à côté de vous à table, telle une tierce personne invisible qui veille au plaisir de votre conversation, en vous permettant de vous plonger sereinement dans les souvenirs. Il ne se fait jamais pressant.
Autrefois, au mauvais vieux temps des Soviets, la moindre petite table de cuisine rectangulaire, garnie de tabourets, eût paru immense. Ce temps-là et ces tables-là appartenaient désormais doublement au passé : c’était un autre siècle, et un autre pays. Aujourd’hui, on avait envie d’une vraie chaise – visiblement, avec les années, les fesses réclamaient de la douceur et du confort.
« Tu sais, déclara le Lituanien d’un ton assuré, certaines villes n’existent que pour qu’on rêve d’y aller un jour. Mais le rêve est quelquefois plus important que le voyage... »