Je ne sais plus qui chez Babelio, dit que le vrai héros de ce roman (tome 2), c'est
le pingouin. Micha
le pingouin un peu triste. Je suis bien d'accord. Micha, c'est la vie, la vie fragile, mais qui vaut la peine d'être choyée. Je savais qu'il allait me manquer quand j'aurais fini le livre, et j'ai appelé mon perroquet "petit pingouin" pendant une bonne semaine, pour encaisser les adieux avec Micha. Maintenant ça va mieux, mais j'ai encore en tête sa silhouette qui se dandine en marchant, l'adorable.
J'ai aussi lu de Thrinécis que le tome 2 des aventures de Micha et son humain Viktor, était moins bien que le tome 1…
Eh ben je ne trouve pas.
Curieusement, ça m'a rappelé "Retour à Cold Mountain". le film avec Jude Law, soldat de la guerre de Sécession, qui rampe des jours et des semaines, à bout de force, vers la maison de la femme qu'il aime, à Cold Mountain. Je m'explique : Jude Law avançant pas après pas vers Nicole Kidman, Viktor avançant pas après pas vers Micha. On est entre l'enfer et le purgatoire, les âmes errent, les destins tiennent à on ne sait pas quoi, un simple mot de travers, un simple regard et tout peut se détruire. Dans cette zone d'un gris absolu, brumeux, silencieux, l'idée fixe des retrouvailles guide le héros perdu, le maintient plus ou moins en vie. Si j'allais plus loin, je dirais qu'on ne sait même pas si Jude Law et Viktor sont encore vivants. Sans être tout à fait morts. Un entre-deux.
Un entre-deux, écrit par un Ukrainien quelques années après la chute du mur, et l'indépendance de l'Ukraine. Ça a été comme un purgatoire, semble-t-il. le grand voisin projette toujours sa grande ombre menaçante, dévorante. On tente de s'adapter à ce nouveau monde, mais les résonances sont encore trop fortes pour s'y retrouver. Ça ressemble à avant, quand on n'était pas heureux mais qu'on s'y était habitué. Mais ça ne ressemble plus à rien. le goût de l'indépendance, de l'appartenance à un pays si souvent martyrisé, il arrive petit à petit, vaille que vaille. En attendant, on traverse des univers dévastés.
Viktor de retour à Kiev erre dans cette ville, il n'est plus trop chez lui. Il se laisse aller au hasard des rencontres, avec des chefs mafieux débonnaires mais qui peuvent péter les plombs à tous moments. La vie humaine n'a pas vraiment de valeur, si on tient à la sienne, on fait comme Viktor, on louvoie, on se débrouille. Micha est parti à Moscou ? Allez, le chef mafieux envoie Viktor à Moscou. C'est comme Kiev, un purgatoire, mais en beaucoup plus vaste, et avec des critères qui ne sont plus exactement les mêmes. Les Russes (des grandes villes notamment) voient les Ukrainiens comme des paysans bornés, sans élégance, bah Viktor ne veut pas faire carrière, il veut retrouver Micha.
Mais Micha est maintenant en Tchétchénie, alors, tu es partant pour plonger dans cette barbarie pour retrouver ton pingouin ? Pour les Tchétchènes, un Russe, un Ukrainien, c'est pareil, c'est du blond, du blond à qui ils ont fait la guerre, on ne sait plus trop qui a gagné, et on s'en fout, demain est un autre jour - une autre nuit.
Viktor plonge. C'est une descente aux enfers, acceptée. Comme s'il fallait passer par là pour renaître à la vie. Comme Jude Law à Cold Mountain ?
Je m'arrête là dans la narration, mais la séquence aux enfers est stupéfiante. Humaine, pourtant.
Drôle de livre en vérité.
Et un amour définitif pour les pingouins en cadeau.