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Nathalie Amargier (Traducteur)
EAN : 9782020789356
416 pages
Seuil (11/02/2005)
3.74/5   288 notes
Résumé :
De retour chez lui après un séjour mouvementé en Antarctique, Victor n’a qu’une idée en tête: retrouver Micha, son pingouin d’adoption. Un jour à Kiev, le lendemain à Moscou, le jour suivant dans les recoins les plus sombres de la Tchétchénie en guerre, Victor traverse sans jamais s’étonner de rien une région déboussolée, livrée à la corruption et aux situations les plus rocambolesques.
En funambule virtuose, Andreï Kourkov retrouve ses personnages fétiches p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 288 notes
La suite des aventures de Micha le pingouin, qui s'impose comme le personnage central du roman, même s'il en est invisible durant les 3/4, ce qui amène Victor, son "propriétaire", à effectuer une véritable odyssée pour le retrouver. Victor a changé, mûrit, il n'est plus cet écrivaillon égoïste égocentré et dilettant ; il se responsabilise, se préoccupe de ses proches, se dévoile stratège et manipulateur. Il devient un vrai pater-familias humaniste.

Il se fixe pour mission rédemptoire de ramener Micha le pingouin dans son milieu naturel, cette fois sans s'échapper au dernier moment.
Mais avant de l'accomplir il devra retrouver Micha l'arlesienne, et pour cela suivre les pistes qui le mèneront de Kiev à Moscou et en Tchéchénie, métamorphosant ainsi la chrysalide Victor en humain altruiste.

Cette tragi-comédie douce amère et grinçante se révèle différente de l'iconoclaste "Pingouin", l'effet de surprise loufoque s'est estompé et laisse place à un véritable réquisitoire dénonçant les mécanismes de la corruption et les marécages politico- financiers endémiques des régions traversées par ce héros redempté.
Il traverse son histoire non pas en spectateur cette fois mais en proactif de son destin qu'il va forcer pour achever son grand projet, projet qu'il façonne par l'habile exploitation de ses rencontres au fil de ses pérégrinations, au contraire du premier tome où il n'était qu'exploté, avant de laisser les événements parachever heureusement son oeuvre.

Une écriture fluide et rythmée, des situations originales, rendent la suite du "Pingouin" très agréable à découvrir ; la chute ouverte, avec des dernières lignes magnifiques, laissant des situations en suspens mériterait une suite...

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A la fin du roman précédent, le Pingouin, Victor avait abandonné ce dernier, Micha, pour partir à sa place en Antarctique, histoire de sauver sa peau. Or une opportunité s'offre à lui de rentrer à Kiev : un banquier rencontré dans ces confins du monde, lui confie avant sa mort – il a été empoisonné – une carte de crédit et une lettre à remettre à sa femme à Moscou. Plus un billet de retour…Retour qui s'avère compliqué pour Victor dont l'appartement est occupé par sa fille d'adoption, la petite Siona, la nounou de cette dernière Nina, et l'amant de Nina, un sinistre individu…Ne se sentant pas chez lui, il ère dans Kiev et atterrit au cimetière où il lui semble apercevoir Micha…Enlevé par un malfrat, le riche Sergueï Pavlovitch qui veut se lancer dans la politique, il accepte de devenir son conseiller et de rédiger son programme…avant de partir à la recherche de son pingouin…

Recherche qui va le mener de Moscou où il rencontre la veuve du banquier et apprend que Micha est dans les mains d'un certain Khatchaïev, en Tchétchénie. Il n'hésite pas à s'embarquer dans un bus de passeurs pour rejoindre ce pays en guerre. Et pour continuer dans le domaine du funéraire, il est employé comme esclave dans une entreprise de crémation qui marche à plein rendement et même parfois un peu trop…
Du loufoque dans le macabre, mais toujours ce souci de mettre en lumière les failles profondes de la société post-soviétique gangrenée par la corruption, la violence et la guerre, un système dans lequel celui qui dérange doit disparaître. Et si finalement risquer sa vie et payer une fortune pour récupérer un pingouin peut sembler complètement absurde et invraisemblable, c'est peut être une des choses les plus sensées à accomplir dans un monde déboussolé. Car on ne peut trahir une promesse faite à une enfant. Ni résister au regard mouillé d'un pingouin reconnaissant…
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Je viens de terminer cette géniale saga racontant les péripéties de Victor et de son pingouin Micha tentant de survivre dans cette période post soviétique entourés de mafieux, de politiques corrompus et même de mercenaires tchétchènes... mais qui toujours devoilent, in fine, un fond d'humanité. C'est un livre sur l'amitié, la tendresse. Kourkov nous dit qu'il ne faut pas désespérer de l'homme malgré ses lâchetés ou ses violences. Lisez cette saga et vous ne regarderez plus les pingouins de la même façon !
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Pour sauver sa peau, Victor a du quitter Kiev précipitamment et embarquer pour l'Antarctique à la place de Micha, son manchot royal qu'il souhaitait ramener dans son habitat naturel. A la base Vernadsky, Victor rencontre un ancien banquier moscovite qui se meurt lentement d'un empoisonnement et lui confie une lettre à remettre à son épouse. Quelque temps plus tard, Victor rentre à Kiev pour y rechercher son cher Micha. Mais le manchot a disparu, vraisemblablement à Moscou. Victor suit ses traces à Moscou et tombe entre les mains d'un homme politique mafieux qui le charge de mener sa campagne de communication en vue des élections à venir. Les pérégrinations de Victor se poursuivent ensuite jusqu'en Tchétchénie...

Une suite réussie et toujours aussi désenchantée du Pingouin, où Victor déambule dans les milieux corrompus et criminels, enrôlé de force, prenant sa part dans les basses besognes ou les combines du pouvoir sans le vouloir, mais se gardant de juger ouvertement pour ne pas perdre la vie et pour atteindre son objectif : retrouver Micha ! Désabusé, alcoolique et déprimé, Victor réussit pourtant à mener quelques bonnes actions, mais peine à s'occuper de sa fille adoptive Sonia et à lui assurer un foyer stable.

Contrairement au 1er tome, l'absurde a quasiment disparu pour faire place à des pages plus sombres – surtout celles relatives à son enrôlement forcé en Tchétchénie – qui dénoncent la noirceur des hommes politiques et l'horreur de la guerre. On y décèle aussi une certaine nostalgie pour "l'ordre" soviétique. Les seules lueurs d'espoir et touches de tendresse émanent de Sonia, cette improbable et courageuse petite fille qui s'adapte si bien à tous les abandons successifs qu'elle vit.

J'ai regretté que Micha avec son regard triste et expressif ne soit pas plus présent dans ce 2ème tome, ce qui est logique en soi puisqu'il s'agit de le retrouver ! Sa présence muette incarnait la conscience bien abîmée de son maître et l'humanisait. Finalement, c'est bien lui, Micha, ce bel oiseau, que l'on regrette le plus en refermant ce livre.

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Je ne sais plus qui chez Babelio, dit que le vrai héros de ce roman (tome 2), c'est le pingouin. Micha le pingouin un peu triste. Je suis bien d'accord. Micha, c'est la vie, la vie fragile, mais qui vaut la peine d'être choyée. Je savais qu'il allait me manquer quand j'aurais fini le livre, et j'ai appelé mon perroquet "petit pingouin" pendant une bonne semaine, pour encaisser les adieux avec Micha. Maintenant ça va mieux, mais j'ai encore en tête sa silhouette qui se dandine en marchant, l'adorable.
J'ai aussi lu de Thrinécis que le tome 2 des aventures de Micha et son humain Viktor, était moins bien que le tome 1…
Eh ben je ne trouve pas.
Curieusement, ça m'a rappelé "Retour à Cold Mountain". le film avec Jude Law, soldat de la guerre de Sécession, qui rampe des jours et des semaines, à bout de force, vers la maison de la femme qu'il aime, à Cold Mountain. Je m'explique : Jude Law avançant pas après pas vers Nicole Kidman, Viktor avançant pas après pas vers Micha. On est entre l'enfer et le purgatoire, les âmes errent, les destins tiennent à on ne sait pas quoi, un simple mot de travers, un simple regard et tout peut se détruire. Dans cette zone d'un gris absolu, brumeux, silencieux, l'idée fixe des retrouvailles guide le héros perdu, le maintient plus ou moins en vie. Si j'allais plus loin, je dirais qu'on ne sait même pas si Jude Law et Viktor sont encore vivants. Sans être tout à fait morts. Un entre-deux.
Un entre-deux, écrit par un Ukrainien quelques années après la chute du mur, et l'indépendance de l'Ukraine. Ça a été comme un purgatoire, semble-t-il. le grand voisin projette toujours sa grande ombre menaçante, dévorante. On tente de s'adapter à ce nouveau monde, mais les résonances sont encore trop fortes pour s'y retrouver. Ça ressemble à avant, quand on n'était pas heureux mais qu'on s'y était habitué. Mais ça ne ressemble plus à rien. le goût de l'indépendance, de l'appartenance à un pays si souvent martyrisé, il arrive petit à petit, vaille que vaille. En attendant, on traverse des univers dévastés.
Viktor de retour à Kiev erre dans cette ville, il n'est plus trop chez lui. Il se laisse aller au hasard des rencontres, avec des chefs mafieux débonnaires mais qui peuvent péter les plombs à tous moments. La vie humaine n'a pas vraiment de valeur, si on tient à la sienne, on fait comme Viktor, on louvoie, on se débrouille. Micha est parti à Moscou ? Allez, le chef mafieux envoie Viktor à Moscou. C'est comme Kiev, un purgatoire, mais en beaucoup plus vaste, et avec des critères qui ne sont plus exactement les mêmes. Les Russes (des grandes villes notamment) voient les Ukrainiens comme des paysans bornés, sans élégance, bah Viktor ne veut pas faire carrière, il veut retrouver Micha.
Mais Micha est maintenant en Tchétchénie, alors, tu es partant pour plonger dans cette barbarie pour retrouver ton pingouin ? Pour les Tchétchènes, un Russe, un Ukrainien, c'est pareil, c'est du blond, du blond à qui ils ont fait la guerre, on ne sait plus trop qui a gagné, et on s'en fout, demain est un autre jour - une autre nuit.
Viktor plonge. C'est une descente aux enfers, acceptée. Comme s'il fallait passer par là pour renaître à la vie. Comme Jude Law à Cold Mountain ?
Je m'arrête là dans la narration, mais la séquence aux enfers est stupéfiante. Humaine, pourtant.
Drôle de livre en vérité.
Et un amour définitif pour les pingouins en cadeau.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
- ce que tu écrivais, c'était précisément de la politique ! De la politique appliquée. Moi, ce qu'il me faudrait apprendre, ce serait plutôt le côté promesses... Tu vois ce que je veux dire ? En politique, c'est avec ça qu'on commence sa carrière. Explique-moi ce que je dois promettre.
- À qui ? Au peuple ?
- Au peuple, puisque c'est lui qui vote !
- Le peuple... C'est qu'il n'est pas homogène... Les pauvres ont besoin d'argent, les affamés, de nourriture, les repus, de confort et de baisses d'impôts...
- Doucement ! Tu dis des choses intelligentes, laisse-moi le temps de les mémoriser. On reprend... Non, attends un peu !
Il appela son garde du corps et lui demanda d'apporter du papier et un stylo.
Après quelques gorgées de vin, il étala une feuille devant lui, prit le stylo et leva les yeux sur Victor.
- Alors, dans l'ordre... Les pauvres ont besoin d'argent, répéta-t-il en prenant des notes.
Il regarda à nouveau Victor.
- Pour les affamés, de la nourriture, et pour les repus... Mais comment tu détermines qui est repu ?
Victor se plongea à nouveau dans ses réflexions.
- Quand je dis "les repus", c'est une image. On peut aussi bien dire "les riches".
- Non, minute !
Le patron posa son stylo sur sa feuille.
- Tu simplifies trop ! Repu et riche, ce n'est pas du tout la même chose. Un riche n'a jamais faim, à moins d'être au régime. Mais on peut être repu sans être riche ! Ça veut dire quoi ?
- Qu'il y a beaucoup plus de repus que de riches !
- Donc, ils comptent plus pour nous. De toute façon, outre qu' ils sont rares, les riches votent pour eux-mêmes.
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Il sortit aussitôt son portable et composa un numéro.
- Où on en est pour ma campagne ? demanda-t-il d'un ton sévère.
Il écouta la réponse durant plusieurs minutes, raccrocha et rangea son portable.
- Deux cent mille tracts avec ton programme et ma profession de foi ont été remis aux électeurs, quatre-vingt-dix mille colis de nourriture distribués à des retraités, on a établi une liste de tous les nécessiteux qui toucheront une aide après ma victoire, trois écoles ont été équipées en ordinateurs, sans parler d'un tas d'autres petits trucs ! Et sans oublier tes prothèses, d'ailleurs ! Tu trouves que ça ne suffit pas ?
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Chaque pays est une sorte d’immense corps composé de milliers d’organes et de millions de petites cellules qui s’agitent en tous sens, les humains. Plus ce corps est grand, moins il est sain. Il faut en permanence le traiter, l’opérer, anesthésier certaines parties en espérant ne jamais avoir besoin de recourir à une anesthésie générale. Cette crainte contribue à multiplier les anesthésies locales. Tous les organes et toutes les cellules concernés adoptent alors un comportement étrange, en fonction de la puissance du produit. Pour entrer ou sortir de ces zones, il faut être soi-même anesthésié, totalement, afin de ne ressentir ni douleur ni émotion trop vive en passant la frontière, et rester indemne.
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La traversée du détroit de Drake avait duré quatre jours,et il en fallut presque autant à Victor pour se remettre.Il avait embarqué sur l'horizon dans le port d'Ushuaïa,en Argentine,avec des chercheurs spécialistes du pôle. Dès l'arrivée, ses compagnons de voyage s'étaient mis au travail ,en pleine forme et pressés de réaliser mesures et analyses avant l'imminente période de nuit polaire.Victor ,lui,était resté allongé dans sa chambre au premier étage du bâtiment principal ,où vivait le personnel de la base.(Page 7).
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[...] Chaque pays est une sorte d'immense corps composé de milliers d'organes et de millions de petites cellules qui s'agitent en tout sens, les humains. Plus le corps est grand, moins il est sain. Il faut en permanence le traiter, l'opérer, anesthésier certaines parties en espérant ne jamais avoir besoin de recourir à une anesthésie générale. Cette crainte contribue à multiplier les anesthésies locales.
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« le Pingouin », d'Andreï Kourkov. C'est à lire en poche chez Liana Levi.
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