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3,76

sur 883 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Birahima, jeune garçon malinké de dix ou douze ans, a quatre dictionnaires pour raconter son blabla, sa vie de merde: le dictionnaire Larousse et le Petit Robert pour "chercher et expliquer les gros mots français aux noirs nègres indigènes d'Afrique", l'Inventaire des particularités lexicales du français d'Afrique pour la même raison mais dans l'autre sens, pour nous; et enfin le Harrap's pour nous expliquer le pidgin.

Car Birahima a beaucoup à nous dire sur sa vie d'enfant soldat, et il nous joint tout de suite, avec son insolence et son "parler petit nègre" à nous asseoir, à l'écouter et à noter tout ça.
Commence alors le récit de ces horribles années, la mort de sa mère, son enrôlement dans la guerre civile, son kalachnikov, la drogue, la mort, les massacres.
L'écriture est riche, orale, percutante, insolente comme ce gamin, et on en oublierait presque que c'est ce vénéré, ce grand et vieux Ahmadou Kourouma qui se cache derrière ce récit.
Les premières lignes surtout nous entraîne et une fois qu'on les a lues, ferré, on ne peut plus abandonner ce livre. Et tant mieux. Car en dehors de son indéniable qualité littéraire, il nous entraîne tout droit dans ce cauchemar qu'endurent des milliers d'enfants-soldats totalement déboussolés et manipulés dont on ne parle, bien souvent, qu'une fois le conflit apaisé.

A lire, absolument.
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Lecture très difficile et éprouvante, puisqu'elle nous raconte l'histoire de Birahima, jeune Ivoirien, enfant-soldat. Tout y est raconté sans concession... de son embrigadement, en passant par sa formation et ses crimes... Il faut avoir le coeur bien accroché, parce que rien ne nous est épargné... Mais c'est le genre de lecture nécessaire, afin de comprendre le monde dans lequel nous vivions... Malheureusement composé de ce genre de crime contre l'Humanité... Je ressors troublé de ma lecture. Les mots frappent forts et frappent dur... Les prix attribués à ce récit sont amplement mérités !
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Birahima, 12 ans, raconte sa vie d'enfant soldat au sein de la Sierra Léone et du Liberia. C'est un guerrier, armé de kalachnikov, balloté d'un chef à l'autre selon les victoires/défaites du moment. Il survit dans ces territoires de violences extrêmes grâce à sa capacité d'adaptation.
Le roman n'est jamais sinistre grâce à un parti pris dans l'écriture, celle d'un enfant alternant la langue française du Robert avec les locutions tribales africaines.
L'auteur apporte sa connaissance personnelle du conflit dans cette partie du monde; c'est donc aussi un roman historique, qui m'a permis de comprendre un peu mieux les enjeux de ces pays oubliés de l'Afrique.
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Voilà un livre dont on ne ressort pas indemne. L'Afrique de l'ouest livrée aux chefaillons, colonels, princes, présidents et autres féticheurs, tous athlètes de la corruption, de la dictature, complices pour s'entretuer et massacrer les populations innocentes et s'en mettre plein les poches, pendant que le monde se tait, y trouvant ses intérêts. Les enfants-soldats. Les avant-bras coupés. Les coeurs récupérés et cuisinés à l'huile de palme pour s'emparer de la force de l'ennemi (en les mangeant, bien sûr). Donc là, il s'agit du Libéria et de la Sierra Leone. On parle aussi de la Côte d'Ivoire (Pays de l'auteur), du Nigéria, et de tout un amalgame de pays réunis pour de grosses palabres qui coutent très chers…
Parlons du style : Il fallait oser. C'est un enfant-soldat qui raconte. La langue est cassée de toutes les manières, avec sa logique propre et ses rebondissements. Nous aimons cet enfant. Et nous remercions l'auteur de tant d'audace, de puissance, et de sincérité. Prix Renaudot bien mérité.
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Allah n'est pas obligé est une citation du Coran : non, pour le croyant le créateur n'est pas responsable de nos malheurs terrestres et ce serait blasphémer que de prétendre le contraire.
Musulman sincère Birahima l'orphelin se répète cette sourate au cours de son périple dans une Afrique déchirée par la guerre civile. Il vivait en Cte d'Ivoire. Il traverse Guinée, la Sierra Leone le Liberia pour retrouver une tante, une deuxième famille après la mort de sa mère. Chemin faisant il affrontera les horreurs de la guerre civile, tuera, violera se droguera. Mais il est lucide.
« Quand on dit qu'il y a guerre tribale dans un pays, ça signifie que des bandits de grand chemin se sont partagé le pays. Ils se sont partagé la richesse ; ils se sont partagé le territoire ; ils se sont partagé les hommes. Ils se sont partagé tout et tout et tout le monde entier les laisse faire. Tout le monde les laisse tuer librement les innocents, les enfants et les femmes. »
Enfant de la rue sans peur ni reproche, enrôlé, de force à 12 ans il devient enfant-soldat, un parmi d'autres, ni meilleur ni pire, cruel, sans morale, sans guide ni repère. 
Ce livre puissant nous révèle sans fard une vérité cruelle sur un moment de l'histoire dans un continent déchiré. Les scènes de violence et de massacres sont insoutenables et c'est pourtant dce qui s'est passé dans la réalité, et se poursuit aujourd'hui encore, ici et ailleurs.
Lien : https://livre.fnac.com/a1259..
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Un récit fort, comme l'annonce le résumé, il s'agit d'un enfant embrigadé dans une guerre dès son plus jeune âge. Il est précisé qu'il s'agit d'un roman et pourtant on croirait à un long article, il s'agit vraisemblablement d'un livre fait autour de plusieurs témoignages. C'est aussi une bonne occasion pour (re)voir son histoire sur l'Afrique de l'Ouest.
Barahima, un enfant lucide, avec son innocence il sait se poser les bonnes questions, il sait que tuer c'est mal même sous couvert d'une religion. C'est ce qui m'a le plus plu, l'intelligence de ce gamin est ce qui porte le roman, sans ça le roman serait probablement passé à côté de l'essentiel, et le petit serait mort avant la fin du livre.
Les chapitres sont longs mais se laissent dompter, il y a beaucoup à raconter, ça ne m'a pas dérangé car l'écriture est bonne, tous les détails sont utiles, bref il y a un bon rythme.

Impossible de rester insensible face à toutes ces tragédies, une intrigue d'une rare violence et cruellement vraie.
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Birahima est un enfant des rues "sans peur est sans reproche", il a dans les douze ans. Il va connaître ce que presque aucun occidental adulte n'aura jamais l'occasion de vivre. Au pays, en Côte d'ivoire, non loin de la Guinée Il vit avec sa mère. Promiscuité, insalubrité, hygiène inexistante,faim. Sa mère se meurt, suite à une blessure mal soignée,amputée d'une jambe, réduite à la solidarité de la communauté. Sa mère décédée, Birahima sans va courir sa chance par les chemins. Guinée, Libéria, Sierra Leone, Côte d'Ivoire. Durant ses pérégrinations, il rencontrera beaucoup de personnes qui l'aideront et partageront son sort Vu son âge, ses connaissances, et ses qualifications, une seule option s'offre à lui : devenir un enfant soldat. Kalachnikov à l'épaule il sert un clan, une tribut, au gré de la chance et des conditions de survie. Il change de camp continuellement selon les opportunités qui s'offre à lui. Un jour il combat pour un chef de guerre, un autre jour il est dans le camp d'en face. Et ce n'est malheureusement pas les opportunité qui manque. Guère civiles, guerres tribales, instabilités foncière et coup d'état, il va vivre l'horreur absolue. Il raconte son histoire, définit les mots qu'il emploie et qu'il trouve difficile par différents dictionnaires qu'il a récupéré, il clôt souvent ses confessions par des interjections ordurières dans son dialecte ou de proverbes et d'incantations à Allah

Allah n'est pas obligé est un livre dur qui incarne les maux de nombreux états d'Afrique; famine, corruption à tous les étages, coups d'état incessants appuyé par l'armée. Cette plongée passionnante dans la réalité du continent s'appuie sur les faits réels, évoque la venue au pouvoir de différents leader et chefs de guerre qui versent sans tarder dans la dictature, sont renversés par l'homme fort du moment, assassinés ou fuient dans un quelconque pays d'Afrique, emportant avec eux le magot qu'ils se sont constitué au détriment de l'état. Cette plongée dans l'indicible à reçu plusieurs distinctions littéraires dont le prestigieux prix Renaudot. Pour les lecteurs des romans primés, ici il n' y a pas de surprise, c'est un superbe livre.
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Roman réaliste qui donne le frisson. Tout semble vrai, et l'est sans doute. Un enfant-soldat (mesurons déjà l'absurde de cette situation...) raconte avec naïveté et lucidité sa vie de merde dans la guerre tribale, les crânes sur des poteaux à l'entrée de camps, les kalachs aux cous des bandits, les morts atroces, les viols, le hasch, le labyrinthe mortifère des factions politico-maffieuses du Liberia et de Sierra Leonne, le bordel des violences tout azimut. Lecture effarante quand on se dit que c'est aujourd'hui, que ce que nous montre l'actualité, la Côte-d'Ivoire au bord de la déchirure, ça aboutira fatalement (car c'est la fatalité, Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes ses choses ici-bas) à des horreurs comme celles décrites. Que faire ?
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Lorsqu'ils recherchent pouvoir et argent, les requins se retrouvent : ceux d'occident, richissimes et respectables, qui rentrent du conseil d'administration caresser leur chères petites têtes blondes, ceux des pays "sous-développés en voie de développement", qui citent la bible à longueur de journée et achètent des palaces grâce à l'aide humanitaire. Et les autres, tous les autres, actionnaires, cadres supérieurs, députés de démocraties libérales, présidents de républiques nauséabondes aux ministres nombrilistes assoiffés de notoriétés, militaires avides et policiers corrompus. La liste n'est pas clause, loin s'en faut. Tous ceux donc qui regardent ailleurs faignant ne pas savoir, de ne pas vouloir s'ingérer dans les affaires d'autrui, mais sont ébahis par les prouesses de leurs rejetons.
A ceux là on doit le pire que l'homme en quelques millénaires de barbarie ait pu produire : armer des enfants pour faire la guerre à leur place.
Allah n'est pas obligé d'être juste dans toutes les choses qu'il a créées ici-bas.” Telle est la maxime favorite du jeune Ibrahima pour justifier l'avalanche de malheurs qui s'est abattue sur lui depuis sa naissance.
Armé d'un Larousse, d'un Petit Robert, de l'Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire, il entreprend de conter son histoire sur un mode tragi-comique : celle d'un orphelin qui, envoyé chez sa tante au Liberia par le conseil du village, s'enfoncera dans la guerre civile en devenant enfant-soldat. En lui prêtant sa plume, Ahmadou Kourouma, l'une des plus grandes voix de la littérature africaine, fait surgir avec maestria toute l'horreur des destins arrachés à l'enfance par les affres de l'histoire contemporaine. Un livre bouleversant.
Lien : http://opoto.org/blog/wordpr..
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A la fois drôle et terrifiant, une "ballade" en Afrique de l'Ouest (Sierra Léone) en compagnie d'un enfant soldat. Où l'on constate que ce que l'on croit savoir est dérisoire, que la vérité est bien plus dérangeante. Les talents de conteur de Mr Kourouma sont exceptionnels.
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