Ce lourd volume universitaire de 700 p. ne se lit pas, on s'en doute, "comme un roman". Daniel Pennac aurait bien des choses à dire là-dessus. Cette étude linguistique du verbe akkadien peut être abordée dans son entier dans une perspective linguistique, ou être consultée, grâce à ses multiples tables des matières (par sujets, problèmes abordés, mots analysés, etc), sur des points particuliers. Tout dépendra des attentes du lecteur : s'il ne se contente pas des grammaires descriptives destinées à l'initiation, comme les livres de John Huehnergard ou de Florence Malbran-Labat, il ouvrira Kouwenberg pour en savoir plus et chercher les raisons et les détails. C'est le tout dernier état de la recherche dans les langues anciennes et sémitiques, et comme tel, une somme impressionnante.
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... l'éblaïte, cette langue conservée sur des tablettes des archives des rois d'Ebla en Syrie du Nord, à placer environ vers 2400 av.J.C. L'éblaïte est très étroitement associé à l'akkadien, mais la nature de cette parenté reste débattue : le problème est de savoir si c'est un dialecte de l'akkadien, ou bien s'il faut le considérer comme une branche du sémitique oriental, une langue-soeur du proto-akkadien. L'éblaïte a un certain nombre de caractéristiques qui l'éloignent de l'akkadien, et à l'inverse, l'akkadien présente des phénomènes qui sont absents de l'éblaïte. Une innovation en éblaïte introuvable en akkadien est la réduction du L, l'affaiblissement apparent du phonème /l/ devenant peut-être /y/ ou /0/ (à moins que ce ne soit qu'un phénomène purement graphique, note 54). L'innovation courante en akkadien, que l'on ne retrouve pas en éblaïte, est la dissimilation du préfixe nominal ma- en na- dans les racines qui ont une labiale. (...) la quantité de différences milite pour l'opinion que l'éblaïte est un langage séparé et non un dialecte de l'akkadien. Je le traiterai donc dans mon étude comme le parent le plus proche connu de l'akkadien, mais comme une branche séparée du sémitique oriental.
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