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Rieder (31/12/1927)
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Souvenirs 1925
Dans les Souvenirs que Tania Kouzminskaïa née Bhers, écrivit en 1925, peu avant sa mort, elle raconte de manière fort touchante et dans un fort beau style la rencontre de son beau-frère, Léon Tolstoï avec Sonia sa soeur. Elle lève ainsi toute équivoque sur l'amour que lui portait Léon Tolstoï, elle avait quinze ans à l'époque, Sonia en avait dix-huit, et déjà le père Bhers, médecin à la cour impériale, n'était pas favorable à l'idée d'un mariage entre Sonia et Léon puisque la tradition voulait qu'on marie d'abord l'aînée qui s'appelait Lise, mais Léon n'avait pas d'atomes crochus avec elle. le choses finirent par s'arranger, mais en tout cas l'idée d'une union possible entre Tania, ici l'auteur, et Léon ne se posa même pas tant il paraissait évident que le problème eût été insoluble et pût provoquer une discorde définitive entre les deux familles, malgré des liens profonds qui remontaient aux aïeux.

Le sujet ne fut abordé par la suite, ni par Tania, ni par Léon. Mais ce qui est sûr une grande complicité, née quand Tania avait à peine dix ans, Tolstoï était alors militaire, jusqu'à la mort de celui-ci, les anima avec une belle constance.

On voit dans ce beau texte, que Tania ne voulut jamais mettre de l'huile sur le feu, qu'elle était heureuse pour sa soeur et qu'elle était à la hauteur de la situation avec beaucoup de dignité et de tact.

Elle rapporte ici la lettre en 1862, la "proposition" que Tolstoï fit à Sonia. Elle circule déjà dans d'autres livres. En voici un extrait de fin : "Ne me dites oui que si vous pouvez le faire hardiment, de toute votre âme. Ou bien, dites non si vous avez l'ombre d'un doute. Au nom du ciel, interrogez-vous à fond. J'ai peur d'entendre ce non, mais je le prévois et je trouverai en moi la force de le supporter. Mais si jamais, je ne dois être un mari aimé autant que je vous aime, ce sera terrible .."

Quand Tolstoï attendit sa réponse à l'étage, il était d'une anxiété extrême, et quand Sonia savait qu'il allait se passer quelque chose d'important dans sa vie ce soir là : jamais Tania ne l'avait vue ainsi de sa vie, c'était une personne transformée ..
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Un autre son de cloche

Tania Kouzminskaïa, née Bhers, nous apprend que sa soeur Sophie Tolstoï avait écrit un roman qu'elle voulait faire lire à son amoureux avant mariage, celui-ci émettait l'hypothèse d'un choix à faire entre un jeune prétendant, étudiant de son état, et un ours mal léché fort intelligent, selon ces termes :
"C'étaient nos derniers jours de villégiature. Lev Nicolaïevitch venait nous voir trois fois par semaine. Sonia s'était enfin décidée à lui montrer son roman (1).

Après l'avoir lu, il nota dans son journal intime (26 août 1862) :
"Allé à pied chez les Bhers. Calme. Intimidé.. Quelle énergie de vérité et de simplicité. L'indécision la tourmente. j'ai tout lu sans broncher, sans un soupçon de jalousie ou d'envie, mais "le physique" singulièrement peu attrayant" et "l'inconstance des jugements" m'ont touché au vif. Je me rassure : dans tout cela, ce n'est pas de moi qu'il s'agit ".

L'éditeur russe précise "Nous ne croyons pas nous tromper en affirmant qu'à l'heure actuelle (1925) il n'existe plus personne qui garde le souvenir du Tolstoï de 1850-1860 ; aussi les Mémoires de Mme Kouzminskaïa constituent-ils le dernier témoignage d'un contemporain sur la jeunesse du grand écrivain".

(1) Sonia avait déjà écrit un roman dont l'héroïne, Hélène, hésite entre deux hommes qui l'aimaient ; le premier, Smirnov, est le portrait de Polivanov, l'étudiant amoureux de Sonia ; le second, Doublitzky, homme d'un certain âge, d'une haute intelligence et d'un physique peu attrayant, représente Tolstoï.

Quelle est la prétendante qui n'a pas cherché à mettre à l'épreuve sur le terrain de l'amour la personne du sexe opposé qu'elle convoite, sous différentes formes évidemment, chacune n'a pas écrit un roman, à moins d'avoir la légèreté de Scarlett O'Hara, voire de Natacha sûre d'elle-même qui n'est pas à un échec pour un succès près.

Mais le propos n'est pas là pour moi, il ne s'agit pas de voir dans ces souvenirs si romantiques fussent-ils, un exemple de vertu à suivre, il est qu'on a un autre son de cloche de la part de quelqu'un qui était aux premières loges pour témoigner de ce que bien des écornifleurs ne se sont pas gêner de répandre à tort dans l'opinion par des versions approximatives et malveillantes.
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Durant sa jeunesse, le physique de Tolstoï le tourmentait beaucoup. Il se croyait d'une laideur repoussante. Je le lui ai entendu dire maintes fois. Il ignorait naturellement que l'attrait de sa physionomie résidait dans la force morale qui animait son regard profond. Il ne pouvait connaître ni saisir lui-même cette expression de ses yeux ; or c'était elle qui constituait tout le charme de son visage.
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