AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782369560753
128 pages
Editions Intervalles (15/03/2019)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Adolescente dans la Tchécoslovaquie des années 1980, Karolina rejoint dès qu'elle le peut un centre équestre à la périphérie de sa ville pour fuir sa famille. Elle se lie d'amitié avec Romana et Matilda avec qui elle forme une équipe de voltige équestre. La fin du bloc de l'Est et l'arrivée soudaine de l'économie de marché viennent bousculer ce fragile équilibre.
Que lire après L'écuyèreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans la Tchécoslovaquie de la fin des années 1980, une adolescente solitaire, élevée dans une famille dysfonctionnelle exclusivement féminine, trouve refuge dans sa perception onirique du monde et, surtout, dans un centre équestre où elle découvre l'amitié et la pratique de la voltige au sein d'une équipe. La chute du régime communiste en 1989 et l'ouverture du pays à l'économie de marché viennent toutefois brutalement anéantir les projets de compétition sportive de la jeune fille.


Ce court et étonnant roman au style âpre et direct, pour ne pas dire cru, est l'histoire métaphorique de deux émancipations pleines d'espoir, qui sombrent l'une comme l'autre dans la désillusion et l'amertume. Tandis que la tendre adolescente découvre les cruautés de la vie et voit fondre ses rêves, l'ex-Tchécoslovaquie troque ses barbelés contre la cage dorée d'une société de consommation individualiste en manque d'idéal.


Comme souvent dans les pays de l'Est soviétique où sévit une surmortalité masculine, les femmes ont dans cette histoire l'habitude de se débrouiller seules face à l'absence, la violence ou l'alcoolisme des hommes. Dans cette société autoritaire et refermée sur elle-même, les personnages apparaissent finalement tous aussi cabossés les uns que les autres. Marginaux, inadaptés, mais plutôt solidaires, ils parviennent toutefois tant bien que mal à trouver leur place et à subsister. Cela leur devient bien plus compliqué lorsque le chacun pour soi franchit le rideau de fer et les laisse sur le carreau de la compétitivité, anéantissant leurs naïfs espoirs d'une vie meilleure. Il n'est pas jusqu'au vieux et fidèle Cyril, le cheval de voltige, qui ne se retrouve tristement condamné à la boucherie...


Ce récit sombre et amer, dont la causticité s'assortit de pépites de tendresse et de poésie, est le saisissant instantané de la fin d'un monde qui renaît sous une autre loi du plus fort, avec son même lot de laissés-pour-compte.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          714
Quelle jolie découverte, originale et inattendue!

Cru, direct, hyper réaliste, avec des comparaisons imagées, insolites et proches du burlesque, le récit de la vie de L'écuyère commence par sa propre fin dans un duel mythologique avec un étalon.

Karolina naît dans une famille de femmes, dans la Tchécoslovaquie socialiste. Élevée par une grand-mère au franc-parler et aux méthodes éducatives musclées puis par une mère volage, la petite fille voit le monde qui l'entoure encombré de visions oniriques, et grandit dans une solitude enfantine difficile.

Le bonheur va se concrétiser par la découverte de la voltige et le succès rencontré dans une équipe de compétition. Quelques petites années qui se racontent en récit d'apprentissage et d'indépendance, d'enthousiasme et de désillusions, à l'image du désir de liberté collective d'un pays qui ouvre ses portes en 1989.

Auteure slovaque confirmée, femme engagée, Ursula Kovalyk n'a été traduite en français que deux fois et mérite d'être découverte pour sa verdeur de ton et son aisance à décrire l'humain.

Une excellente pioche de Masse critique et mes remerciements aux Éditions Intervalles
Commenter  J’apprécie          235
Un grand merci aux Editions Intervalles et à la Masse Critique de Babelio.

La romancière slovaque Ursula Kovalyk n'avait pas pleinement convaincu avec Une femme de seconde main, son premier livre traduit en français. L'écuyère, malgré une relative brièveté, est bien meilleur, trouvant parfaitement un ton original mêlant poésie, humour narquois, et franche causticité, parfois. le personnage principal, Karolina, une pré-adolescente, et son émancipation progressive sont pourtant monnaie courante dans la littérature mais Ursula Kovalyk échappe aux clichés éventuels en faisant de son héroïne une fillette de "seconde main", vivant dans une famille dysfonctionnelle et intégralement féminine et finissant par passer son temps dans un centre équestre où elle rencontre une future amie de son âge, aussi peu orthodoxe qu'elle. Il est évident que la romancière aime les personnages marginaux déclassés et cela se vérifie même pour les animaux avec ce vieux cheval qui va contribuer à donner un nouveau sens à la vie de Karolina avec l'entraînement puis les compétitions de voltige équestre, ces dernières étant décrites de façon très pittoresque. Précisons que Karolina va vivre ses plus belles années alors que la Tchécoslovaquie est sur le point d'en terminer avec son régime communiste. le basculement vers le libéralisme correspond au moment où l'écuyère devient femme. Les dernières pages du livre sont les plus belles, avec l'abandon de l'innocence et de l'insouciance en quelque sorte, pourtant vécues au sein d'une société autoritaire et repliée sue elle-même. Un paradoxe que Ursula Kovalyk explique et exprime avec mélancolie et émotion dans une langue simple et attachante.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          190
Dans la Tchécoslovaquie des années 80, Karolina et Romana sont deux pré-adolescentes à la vie morne. Coincées dans des familles bizarres (voire malsaines), piégées dans des corps contournés et maladroits, enfermées dans un pays que régente la propagande socialiste, isolées des autres jeunes par leurs esprits trop indépendants et leurs comportements peu conventionnels, elles trouvent enfin une échappatoire à ces multiples prisons. Et c'est un troisième personnage, tout aussi central, qui leur offre cette possibilité d'évasion : Cecil.
Cecil, qui deviendra leur meilleur camarade de jeu, n'est pas un enfant de leur âge : c'est un vieux cheval, peu gracieux, mais qui a su rester fier et se montre, surtout, très coopératif quand les deux jeunes filles, encouragées par une monitrice de l'école d'équitation, se lancent dans un défi inimaginable pour leurs corps bancals : faire de la voltige équestre.
Le choix d'un rythme vif et d'un style sobre, aux phrases courtes, sans fioritures, permet à Uršuľa Kovalyk de rendre aussi bien la laideur des décors (nouvelles constructions pas finies ou vieux bâtiments décrépits), que les questionnements et les émois de Karolina, gamine qui devient femme au fil des pages, ou encore la volonté et la force de ces deux acrobates inattendues. Par cette plume très réaliste, l'auteur sait aussi parfaitement évoquer la puissance de la musique (Pink Floyd, King Crimson...) qui transporte Karolina loin de son quotidien gris, et elle parvient à créer toute une galerie de personnages secondaires et, à travers eux, à nous immerger dans la réalité des dernières années de cette république socialiste. On découvre alors surtout des femmes (la mère, la grand-mère, les tantes de Karolina, ainsi que ses coéquipières de voltige) et les quelques hommes qui apparaissent brièvement ou sont même simplement nommés s'avèrent tous peu fréquentables : pervers, ivrognes, violents, dominateurs, ils semblent n'être là que pour démontrer que la moitié de l'humanité ne vaut pas grand chose. Sujet à méditer... Finalement, seul Arpi, un ado marginal qui initiera Karolina aux groupes de rock impérialistes et à la cigarette, relève un peu le niveau de la gent masculine. Et encore...
Dernier point à signaler, le contraste entre ce réalisme, parfois très cru, et le "pouvoir " de Karolina, capable de sonder les âmes des personnes qu'elle croise. Est-ce un effet de son imagination ? une manifestation de son hypersensibilité ? une forme très particulière d'intelligence émotionnelle? ou encore une petite touche de surnaturel dans un univers trop concret ? L'auteur ne nous en dit rien... et c'est très bien ainsi : elle nous laisse le plaisir d'imaginer l'explication qui nous convient.
En conclusion, L'Ecuyère est un roman élégamment écrit, et plutôt sombre, même s'il est émaillé de scènes d'amitié ou de tendresse maternelle qui posent, de loin en loin, quelques points de lumière. C'est aussi un roman qui permet une plongée dans une époque et un mode de vie révolus, tout en initiant des réflexion sur l'amitié, le dépassement de soi et la place de la différence. Un roman court, mais qui continue à faire réfléchir une fois la dernière page tournée.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
Commenter  J’apprécie          70
Karolína vit avec sa mère et sa grand-mère dans la Tchécoslovaquie de la fin des années 1980. Lorsque sa grand-mère meurt, elle se retrouve souvent seule, sa mère travaille et fréquente beaucoup d'hommes. La jeune fille fugue alors et se lie d'amitié avec Romana et Matilda dans un centre équestre. Il y a aussi Arpi qui lui fait découvrir les Pink Floyd et la cigarette.

La vie d'une petite fille devenue adolescente dans ces années-là qui virent le passage du régime totalitaire à la démocratie. La vie de Karolína est relativement détachée du régime politique, même si, les leçons apprises par coeur à la gloire du parti, les règles strictes, les conditions de vie sont bien présentes et n'encouragent pas à l'ouverture d'esprit ni à l'épanouissement. Elle l'est beaucoup moins sur le passage à l'adolescence, sur les rivalités entre enfants. Et puis il y a les rencontres, avec Romana d'abord, puis avec le cheval incarné ici par un vieil et doux étalon nommé Cecil.

Uršuľa Kovalyk écrit là son deuxième roman paru chez Intervalles après le très bon Femme de seconde main, déjà traduit par les mêmes garçons. Court roman très différent du précédent, puisque ici, c'est une adolescente mal dans sa peau qui s'exprime. La romancière use d'une langue simplifiée, directe, qui va au plus court et raconte son histoire en moins de 130 pages sans que rien ne manque. Les situations sont parfois tragiques, parfois comiques, le langage est cru sans être grossier. Des exemple ?

"Une fois que j'ai appris à parler et que ma cervelle a fonctionné à plein, j'ai demandé à quoi ressemblait mon grand-père. Mamie a alors souri mystérieusement avant de sortir du tiroir une photo sur laquelle on voyait un grand monsieur avec une fine moustache noire sous le nez. Il avait les cheveux gras, tenait un chapeau dans la main et une jeune femme avec deux longs traits noirs en guise de sourcils s'appuyait contre lui. Elle portait elle aussi un chapeau, mais le sien était orné de magnifiques fleurs. Mamie a dit que Grand-père était un beau gosse doublé d'un sacré queutard. [...] Elle [Mamie] lui [maman] disait qu'elle avait un clitoris à la place du cerveau. Je m'imaginais qu'elle avait une très belle fleur dans la tête, quelque chose comme un glaïeul." (p.13/14)

L'humour est parfois plus tragique, plus noir. Karolína étant doté d'un caractère fort, elle ne se fait pas que des amis et doit se défendre contre des attaques pas toujours fines. C'est un roman à la fois caustique et poétique, drôle et émouvant, celui d'une jeune fille qui se métamorphose en même temps que son pays. Uršuľa Kovalyk est une romancière à découvrir rapidement, une plume singulière et riche.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Saint Nicolas est arrivé en décembre pour nous offrir la chute définitive du gouvernement communiste. (…)
Nous étions naïves. Surtout maman qui avait le syndrome du canari en cage. Persuadée que des temps meilleurs s’annonçaient, elle avait quitté son emploi pour se mettre à son compte, car elle était convaincue qu’on allait nous rendre l’ancien bistrot de Mamie. (…)
Mais en vain. Nous n’avions pas droit aux restitutions et maman a dû accepter un poste de secrétaire mal payé chez un ex-membre de la sécurité d’État. Tout avait changé : nouvelles fringues et nouveaux produits alimentaires dans les magasins, portrait de Lénine évincé au profit d’une publicité pour Coca-Cola et automate à bouteilles pour remplacer la vendeuse de la consigne. Des voitures rapides de marques étrangères klaxonnaient avec rage contre les piétons tandis que les vieux autobus socialistes déparaient à présent sur les routes.
Finalement, personne n’est allé en taule pour ce qu’avaient subi Grand-père et Mamie. Tout le monde a changé d’apparence et les livrets communistes ont cédé la place aux comptes bancaires. Des changements ont également eu lieu au centre équestre : le camarade responsable est devenu Monsieur le directeur. Quant au garage d’Arpi, il a été démoli pour qu’on puisse construire une salle de jeux clignotante remplie de machines à sous. On a commencé à mesurer le temps sur la base de l’argent et les journaux se sont mis à utiliser de nouveaux mots tels que « marché », « concurrence » ou « privatisation par coupons ». À la télé, les discours sur la liberté ont été muselés par les slogans criards des publicités et dans les kiosques, les magazines porno ont détrôné les revues de bricolage. Nous avions changé nos barreaux bordés de barbelés pour une cage dorée. Tout le monde devait tout d’un coup avoir une nouvelle voiture, un nouveau costume – et même parfois une nouvelle épouse. Le directeur est arrivé au centre équestre dans sa BMW toute neuve et a viré le gardien ivrogne pour le remplacer par un agent de sécurité au crâne rasé.
Commenter  J’apprécie          170

autres livres classés : littérature slovaqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Uršuľa Kovalyk (1) Voir plus

Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Coupe du monde de rugby : une bd à gagner !

Quel célèbre écrivain a écrit un livre intitulé Rugby Blues ?

Patrick Modiano
Denis Tillinac
Mathias Enard
Philippe Djian

10 questions
861 lecteurs ont répondu
Thèmes : rugby , sport , Coupe du mondeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..