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Patrick Imbert (Traducteur)
EAN : 9782073018441
464 pages
Gallimard (05/10/2023)
4.11/5   75 notes
Résumé :
Alors qu’une sonde robotisée se pose enfin sur Mars, prélude à une première mission habitée vers la planète rouge, Elma York embarque à bord de la navette qui la ramènera sur Terre après une affectation de trois mois sur la Lune.
Mais le retour ne se passe pas comme prévu : un incident contraint son appareil à se poser en urgence dans un champ désert, loin du lieu d’atterrissage initial. Un groupe de terroristes appartenant au mouvement Earth First en profit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Je me suis replongée avec plaisir dans les aventures d'Elma York, la lady astronaute en route vers Mars.

Suite à la chute de la météorite en 1952, la Terre va devenir inhabitable. C'est un fait inéluctable. La colonisation d'autres planètes est une question de survie.

L'histoire se poursuit plus ou moins 10 ans plus tard. le programme a bien avancé. Il a bien sûr ses détracteurs, les membres de Earth First, qui voudraient que les efforts se concentrent sur la « réparation » de la Terre. C'est bien sûr impossible mais c'est aussi se faire des illusions de croire que tout le monde aura la possibilité de partir.

La majeure partie du roman concerne le voyage vers Mars. On va suivre le quotidien des astronautes. Pour des raisons politiques (et budgétaires) Elma va remplacer un membre de l'équipe au dernier moment. Cela n'aidera pas à son intégration.

On nage toujours un peu entre la condition féminine (les femmes s'occupent du linge pendant le voyage) et le racisme (« les saboteurs ne peuvent pas être Blancs »). Parfois j'ai trouvé que c'était un peu trop tiré sur la ficelle… et Elma n'a pas vraiment le sens de l'humour. J'ai l'impression qu'elle prend toujours tout au premier degré et Stetson Parker n'a souvent qu'un seul mot à dire pour se faire traiter de connard. Ce personnage a, cela étant dit, un peu évolué et est devenu plus intéressant.

Un tome plaisant à lire avec des passages drôles et parfois très émouvants.

Petit bémol sur ce tome : les répliques non traduites. Je trouve que cela aurait pu être fait dans une note de bas de page. Pour comprendre de quoi il est question, il faut passer son temps à retaper la phrase sur un site de traduction. Non, je ne parle pas l'afrikaans même si cela ressemble au néerlandais.

J'ai aussi été un peu déçue par la fin.

Une série que je vais poursuivre, vivement la suite.





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Challenge mauvais genres 2021
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Beaucoup entendu de bien de cette auteure, Mary Robinette Kowal et quand j'ai vu qu'une nouvelle (ebook) était disponible gratuitement sur un site (en V.O.), je me suis dit que c'était le bon moment d'essayer.
Nous sommes dans un futur lointain, l'humanité vit maintenant sur Mars. Elma York a eu son instant de gloire et est nostalgique de cette époque de voyage spatial. Je n'en dis pas plus puisque l'histoire se dévoile doucement au fil des pages (20 en tout), on apprend à connaitre cette sexagénaire, ses envies, ses regrets, ses choix... difficiles. Loin de la science-fiction tambour battant, on a ici une nouvelle SF émotionnelle. J'espère que Mary Robinette Kowal sera bientôt traduite en français, ce texte est assez facile d'accès mais sur un plus grand format, ça risque d'être plus ardu (pour moi). Cette nouvelle fait partie d'une série (un prequel de celle-ci).
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Après un premier tome passionnant dans lequel Mary Robinette Kowal proposait une réécriture de la conquête spatiale en la faisant advenir bien plus tôt que prévu, l'autrice revient avec « Vers Mars », second volume mettant à nouveau en scène l'astronaute Elma York, symbole de la lutte des femmes pour conquérir le droit de voyager dans l'espace au même titre que leurs homologues masculins. L'action se déroule près de dix ans après les événements relatés dans « Vers les étoiles », et la situation sur Terre a bien changé depuis l'écrasement en 1952 de l'énorme météorite qui causa la destruction d'une partie des États-Unis et engendra un profond bouleversement climatique qui, à terme, devrait rendre toute vie sur notre planète impossible. En effet, immédiatement après la catastrophe la majeure partie des pays du monde s'était accordée sur la nécessité d'une coopération internationale en vue de financer un programme d'exploration spatial ambitieux visant à développer des colonies humaines dans l'espace. Dix ans plus tard, de plus en plus de voix discordantes se font entendre et viennent remettre en question le financement même du programme qui, certes, a vu ses efforts couronnés de succès (une colonie existe sur la Lune et le projet est désormais d'en installer une sur Mars) mais demeure malgré tout très coûteux et pose des questions d'ordre moral. Beaucoup estiment en effet que cet argent devrait plutôt être utilisé pour tenter de trouver une solution pour sauver la Terre, tandis que d'autres craignent surtout que cet essaimage progressif de l'humanité se fasse au dépend des populations déjà les plus touchées par les bouleversements climatiques. Bien que sensible à ces critiques, Elma, elle, continue de ne rêver que d'une chose : explorer encore et toujours l'espace. Or, son travail sur la Lune commence à la lasser par son aspect routinier, au point que la jeune femme envisage d'abandonner purement et simplement sa carrière pour se consacrer davantage à son couple et, peut-être, à de futurs enfants. Une nouvelle opportunité va toutefois remettre en question ses plans puisqu'on lui propose de se joindre en court de route à l'équipage de la première mission d'exploration martienne. Une mission d'une durée de trois ans, aux côtés d'un équipage peu enthousiaste de la voir prendre au pied-levé la place d'un autre membre pour une question de marketing. Car Elma découvre rapidement que sa place dans l'expédition est moins due à ses compétences (pourtant bien réelles) qu'a son image d'icône de l'espace auprès du grand public…

Bien qu'un léger cran en dessous du premier, ce deuxième tome se révèle à nouveau de très bonne facture et offre un excellent moment de lecture. L'ambiance a évolué par rapport au volume précédent puisque, de calculatrice assistant aux premières loges (mais indirectement) aux premiers balbutiements humains dans l'espace, Elma est désormais une astronaute à part entière et se retrouve donc au coeur de l'action. Pour être honnête la conquête de l'espace n'est pas un sujet qui me passionne, alors même qu'il déchaîne depuis longtemps les passions du grand public (aujourd'hui encore, difficile de passer à côté des allers et retours de Thomas Pesquet sur l'ISS ou de la course de vitesse à laquelle se livrent Bezos et Musk en terme de tourisme spatial). J'appréhendais donc de voir la majeure partie du roman se focaliser sur le voyage de l'équipage de l'expédition martienne, craignant de ne pas saisir les références techniques ou de ne pas parvenir à partager l'enthousiasme et l'émerveillement des personnages. Peur infondée : le voyage se sera révélé captivant ! Alors certes, je n'ai effectivement pas compris grand-chose au jargon propre aux astronautes dont est parsemé le roman, mais, étrangement, cela ne gêne en rien le lecteur, même doté d'un faible bagage scientifique comme c'est mon cas. Disons que ça met dans l'ambiance, comme une sorte d'agréable bruit de fond qu'il n'est pas essentiel de pleinement saisir pour bien comprendre les enjeux dont il est question. La volonté de l'autrice de coller au plus près à la réalité est en tout cas louable, et on sent bien que certaines scènes sont le fruit de ses propres observations (elle a notamment pu visiter certains sites de la NASA et assister à des simulations) ou d'un minutieux travail de documentation. de plus, si de nombreuses précisions concernant le déplacement de la navette ou encore la façon dont les astronautes se repèrent dans l'espace sont bel et bien d'ordre scientifique, beaucoup d'autres anecdotes concernant les différents aspects de la vie à bord d'un vaisseau sont plus terre-à-terre et donc plus aisées à appréhender. L'espace, ça n'est pas franchement glamour, et l'autrice multiplie les petites scènes qui tendent à le démontrer, que cela concerne la cuisine, les déplacements, l'hygiène, l'intimité ou même la mort (on se croirait presque lors de certains passages dans la BD scientifico-humoristique « Dans la combi de Thomas Pesquet » de Marion Montaigne).

L'intrigue, elle, est relativement simple et pourrait même dans un premier temps paraître trop simpliste, si ce n'était sans compter sur le talent de conteuse de Mary Robinette Kowal grâce auquel on prend énormément de plaisir à suivre le quotidien des membres d'équipage tout au long de leur voyage vers Mars. Un quotidien régulièrement perturbé par des retournements de situation de plus ou moins grande intensité qui permettent à l'autrice de développer chaque fois une facette différente des membres de l'équipage, tout en mettant à l'épreuve la fragile cohésion du groupe. Les relations qu'entretiennent les personnages dans cet espace clos et relativement restreint sont au coeur du roman qui, comme dans le premier tome, n'hésite pas à aborder frontalement la question du sexisme et du racisme, deux thématiques centrales ici. On connaît bien toutes les difficultés auxquelles Elma a été confrontée durant son long combat pour accéder au titre d'astronaute, et on réalise ici que, malgré de nettes avancées, les choses sont encore loin d'être gagnées. Sans arrêt renvoyée à son genre, notre héroïne désespère (et nous avec) d'être traitée les trois-quart du temps comme une simple vitrine marketing, une sorte de pin-up de l'espace, censée rendre les voyages spatiaux moins effrayants et plus glamour aux yeux du public. L'autrice souligne toutefois intelligemment qu'être soi-même victime de discriminations n'empêche pas d'être aveugle à celles subies par d'autres, en l'occurrence ici les membres noirs de l'équipage. L'occasion pour Mary Robinette Kowal de raccrocher un peu plus son récit à notre propre histoire, quoiqu'avec de légères entorses, et ainsi de parler du mouvement de lutte pour les droits civiques aux États-Unis, de Martin Luther King, ou encore de l'apartheid en Afrique du Sud. Tous les personnages se retrouvent confrontés d'une manière ou d'une autre à ces thématiques, et leurs réactions se révèlent parfois surprenantes, révélant des personnalités plus ambiguës qu'on pouvait le croire (c'est notamment le cas de Parker, chef de l'expédition, qu'on avait appris à détester dans le premier tome mais qu'on découvre ici sous un nouveau jour).

Deuxième volet des aventures de « Lady astronaute », « Vers Mars » est un roman captivant qui fait la part belle à l'exploration spatiale dans un monde certes uchronique par certains aspects mais finalement peu différent du notre. Porté par une héroïne toujours aussi attachante, le récit décrit de façon remarquable le quotidien d'un équipage en route pour la planète rouge, tout en continuant d'interroger la place des femmes et des minorités dans la société en générale, et dans la conquête spatiale en particulier. Un vrai régal !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Après mon coup de coeur pour le premier tome, Vers les étoiles, je ne pouvais décidément pas passer à côté de sa suite, Vers Mars. Raison pour laquelle je l'ai sélectionné lors de la Masse critique d'octobre et je remercie Babélio ainsi que les éditions Denoël pour me l'avoir envoyé. J'ai passé un très bon moment de lecture même si l'effet de surprise est passé et bien que je n'ai pas eu de second coup de coeur pour ce second opus.

Le programme spatial sur la lune est un véritable succès : depuis le premier voyage en 1958, l'IAC (Coalition Aérospatiale Internationale) a établi une première base lunaire Lunetta, premier jalon de la colonisation de l'espace. Elma York devenue pilote sur les navettes de transport qui font la liaison entre la Terre et la Lune se demande si elle va poursuivre sa carrière ou se consacrer à son mariage et à sa famille. Alors qu'elle est de retour sur Terre en 1961, sa navette est prise en otage par des terroristes du Mouvement Earth First qui s'oppose au programme de colonisation de l'espace. Son sang froid lui permet de se sortir de cette situation épineuse et sa popularité s'en retrouve une nouvelle fois grandie. Son supérieur hiérarchique lui propose alors de faire partie du nouveau programme spatial vers la planète Mars. Après en avoir longuement discuté avec son mari Nathaniel, elle accepte…

Attention SPOILER : ma chronique qui suit, risque de dévoiler des éléments importants du premier tome Vers les étoiles.

La suite d'une Uchronie…

Rappelez-vous dans le premier tome, une météorite est tombée en 1952 dans l'Océan Atlantique près de la côte Est des Etats-Unis : Washington est détruite et la nouvelle capitale s'établit à Kansas City. Si les effets à court terme sont spectaculaires et ont eu des conséquences désastreuses sur les Etats-Unis, ceux à long terme pourrait bien sonner le glas de toute l'Humanité. En effet, la catastrophe est en train de provoquer un réchauffement climatique sans précédent et les conséquences ne se font pas attendre : des épisodes climatiques violents s'accélèrent partout dans le monde provoquant tempêtes monstrueuses et crues de grande ampleur. La course aux étoiles n'est donc plus un axe idéologique porté seulement par les Américains et les Russes dans le cadre d'une Guerre Froide écourtée mais bien un acte de survie pour toute l'Humanité menée par la coalition internationale IAC. Ainsi, les Hommes se sont rendus sur la Lune en 1958 (avec 11 ans d'avance par rapport à notre ligne temporelle) et ont développé une base lunaire Lunetta dont le développement technologique n'a pas d'équivalent dans notre Histoire. Mieux, après avoir envoyé des sondes sur la planète Mars, le premier vol habité constitué de trois navettes (La Pinta, La Nina et La Santa Maria du nom des trois navires de Christophe Colomb parti découvrir les Amériques en 1492) part en 1961. le but : poser le premier jalon de la colonisation de la planète.

… engagée…

Comme dans le premier tome Vers les étoiles, Mary Robinette Kowal aborde les thèmes :

Du sexisme : bien que des femmes fassent partie du programme spatial vers Mars, elles n'échappent pas aux différences de traitement vis à vis de leurs homologues masculins que ce soit à travers les tâches qui leurs sont confiées (notamment la cuisine et le linge car les hommes seraient « incompétents » dans ces domaines!), les attitudes des hommes à leur égard (Stetson Parker ne peut s'empêcher de faire des blagues sexistes et lorsqu'Elma le lui fait remarquer, il s'énerve lui reprochant son manque d'humour) et dans les médias (les articles de presse s'intéressent surtout à la teneur des discours des hommes et aux vêtements portés par les femmes!).

Et le racisme : l'IAC est un programme international qui intègre des femmes et des hommes de toutes nationalités et de couleur. Là encore, ces dernier(e)s sont victimes de racisme : Helen Carmouche va être retirée de la première mission spatiale vers Mars au profit d'Elma York ; Vanderbilt DeBeer est Sud-Africain et un défenseur de l'Apartheid, il refuse d'être soigné par le Docteur Kamilah et a posé une affichette sur les toilettes du vaisseau pour interdire son accès aux Noire(s) du vaisseau. Les activistes du Mouvement Earth First qui ont pris en otage la navette d'Elma sont également à majorité de couleur : ils dénoncent le fait que si la colonisation de Mars réussit, les Noir(e)s ne seront jamais prioritaires pour partir ; c'est pourquoi, ils préfèreraient que les efforts des scientifiques et le budget national soient davantage consacrés à lutter contre le réchauffement climatique.

… mais un peu en dessous du premier tome.

Ma lecture a été agréable en raison de l'univers uchronique développé, le style d'écriture fluide et plaisant et sa documentation (dans les remerciements, l'autrice évoque toutes les personnes qui l'ont aidé à construire son récit pour le rendre le plus crédible possible). J'apprécie toujours autant le personnage d'Elma York : malgré son anxiété chronique et son manque de confiance en elle, ses compétences et son amour porté à Nathaniel vont lui permettre de surmonter les épreuves et d'acquérir le respect de ses collègues. J'ai également trouvé le personnage de Stetson Parker plus affiné que dans le premier tome, il apparaît moins manichéen et plus humain.
Toutefois, quelques petits défauts m'auront fait passer à côté du coup de coeur : j'ai trouvé dommage par exemple que le roman ne débute que trois ans après le premier alunissage ; j'aurais voulu avoir plus de détails sur la construction de la base Lunetta. Il en est de même pour la mission pour Mars ; finalement, le lecteur assiste uniquement au voyage et très peu à la découverte de la planète rouge, j'ai eu une sensation de trop peu. Pour en revenir au trajet, l'autrice prend le parti de multiplier les rebondissements par la multiplication d'incidents techniques et de heurts entre les membres des équipages. Bien entendu, cela peut arriver, je pense mais j'avais le sentiment d'une surenchère. Dommage…

En conclusion, le second roman Vers Mars constitue une suite honorable à Vers les étoiles : bien qu'il soit émaillé de quelques défauts (manque de détails sur l'installation lunaire, surenchère des incidents techniques pendant le voyage vers Mars, personnages parfois un peu trop caricaturaux comme DeBeer, etc…), il n'en demeure pas moins intéressant par la qualité de son écriture, sa documentation technique, son engagement pour dénoncer le sexisme et le racisme ou le développement de son univers. Apophis dans sa chronique annonce que trois autres tomes sont prévus par la suite et je suis assez curieuse de poursuivre ma lecture.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Vers Mars est la suite de Vers les étoiles, cette formidable uchronie.

Rappelons la situation : une météorite s'écrase sur terre en 1952, détruisant une bonne partie de la côte Est des USA, engendrant d'irréversibles changements climatiques. Cet événement va pousser le monde à se coaliser pour chercher une échappatoire à une planète mourante. L'aventure spatiale est lancée avant l'heure.

Ce deuxième volet se déroule 3 ans après, alors que l'humanité a installé une base sur la Lune. On y retrouve les personnages du précédent livre, dont principalement Elma York, mathématicienne de génie qu'on a propulsé un peu contre son gré comme égérie de la conquête spatiale. La Lady Astronaute.

Les lecteurs enthousiastes du roman initial, qui a été bardé de prix littéraires, retrouveront ici ce qui en a fait le charme, sa profonde humanité, son engagement et son esprit aventureux.

Oui, c'est une uchronique engagée qui incrémente l'aspect ludique de véritables sujets de société. le « retour » aux années 60 permet de mieux mettre ces questions en exergue, alors qu'elles sont toujours cruellement d'actualité. Au-delà de cette quête vers les étoiles, c'est l'occasion de parler des problématiques climatiques, mais aussi de la condition féminine et du racisme.

Dans les années 60, la place de la femme était au foyer, et celle des gens de couleurs aux USA loin de toute responsabilité. Autant dire que cette mission vers Mars est aussi l'occasion de chambouler toutes les normes sociales de l'époque.

En soi, le roman de Mary Robinette Kowal se veut politique, au sens premier, sans jamais perdre de vue l'émerveillement de cette grande aventure humaine.

A la différence de Vers les étoiles, cette suite se déroule presque exclusivement dans l'espace, commençant sur la Lune avant de partir à la conquête de la planète rouge.

Imaginez un temps où l'Homme ne peut compter que sur lui-même, et sur ses capacités. Où les ordinateurs n'existent pas pour faire le boulot. Où chaque calcul, qui peut avoir des conséquences désastreuses, se fait de tête ou à la main. Les relations de confiance sont d'autant plus importantes.

Dans ce monde chamboulé par une catastrophe qui rend les relations sociales terrestres encore plus irrespirables, les accointances à l'intérieur d'un engin spatial s'en trouvent exacerbées.

L'engagement de l'autrice permet de mettre subtilement en perspective les rapports racisés des 60's, qui résonnent encore aujourd'hui, et de développer une autre des tares liées à la peur de l'autre et de l'inconnu : celle du repli sur soi par la violence. Et donc d'un certain type de terrorisme intérieur qui s'en nourrit.

Mais, dans ce contexte où la problématique climatique a brutalement pris le pas sur la guerre froide, la lueur d'espoir vient de cette obligation de s'entraider, de coopérer.

Du coup, ce voyage vers Mars dessine ce que devient l'humanité, mise sous cloche. Et cette incroyable odyssée s'en trouve intensifiée.

L'autrice parle avant tout de personnes, et fait passer des émotions, même si sa rigueur scientifique est présente à chaque instant.

Du coup, ce diptyque, qui se complète par la nouvelle Lady Astronaute parue en poche chez Folio (à lire après les romans), ne doit pas être réservé aux seuls amateurs de SF. C'est bien le genre d'histoire qui met l'humain au premier plan, avec des thématiques fortes qui pourront parler à tous.

Même si j'ai trouvé ce second tome un ton en dessous du premier, le destin de ces astronautes partis Vers Mars est passionnant à suivre.

Mary Robinette Kowal raconte des destinées exceptionnelles en restant toujours au plus près des femmes et des hommes. Et en donnant matière à réflexion autant qu'à nous mettre des étoiles plein les yeux. Son idée d'uchronie est pour ça vraiment épatante et sert formidablement bien son propos comme son histoire. Sans voir tout en noir et sans oublier l'espoir.
Lien : https://gruznamur.com/2021/1..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Avant de m'asseoir, j'ai attrapé un donut. J'ai pris place entre Sabiha et Imogene. J'ignore ce que Clemens a dit, mais je n'ai plus rien entendu après avoir mordu dans le donut. Laissez-moi vous expliquer... frire de la pâte, dans l'espace, on ne fait pas. Un donut, c'est un beignet très modeste tant qu'on ne l'a pas vraiment contemplé. Le glaçage commençait à se cristalliser, la pâte épongeant l'humidité du sucre. La coque sucrée s'est brisée quand j'ai mordu dedans pour révéler ses entrailles délicates. Du sucre et de la pâte, et du beurre, et Dieu... Dieu était dans le donut.
Imogène s'est penchée vers moi en murmurant : "Nathaniel sait que tu affiches cette expression-là en dehors de la chambre à coucher?"
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Il m’a fallu quatre heures de plus pour le débriefing et le bilan médical. Ensuite… laissez-moi vous décrire le bonheur d’une douche après trois mois de gant de toilette et de shampoing sec. Ceux qui ne sont jamais allés dans l’espace ne mesurent pas à quel point l’eau est un luxe. J’ai pris place sur un tabouret, sous le jet d’eau, dans la cabine de douche de ma chambre, au centre d’acclimatation. Les gouttelettes me martelaient le crâne, coulaient sur mes cheveux, puis dégoulinaient sur mon visage, mon cou. La chaleur liquide s’enroulait autour de moi, glissant avec un plaisir sensuel vers mes membres inférieurs.
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Le premier homme sur Mars s’adresse aux Nations Unies

Aujourd’hui, le Dr Leonard Flannery a évoqué la future Seconde Expédition Martienne à la tribune des Nations Unies. Le Dr Flannery commandera cette mission qui vise à établir une colonie sur Mars. Dans son discours, il a a appelé les nations à travailler dans un esprit de concorde, pour offrir un nouveau foyer à l’Humanité sur notre planète. Il ne s’agit pas, a-t’il précisé, de remplacer la Terre, mais bien d’offrir aux Terriens de nouvelles frontières et de nouvelles opportunités. En tant que Noir, a-t’il conclu, il est la preuve vivante que tous les hommes sont égaux dans l’espace. Le Dr Flannery espère inspirer les générations futures.
Il a été rejoint à la tribune par son copilote, le Dr Elma York, la célèbre « Lady Astronaute » qui participe au programme spatial depuis ses débuts. Elma York portait un magnifique ensemble bleu, ainsi qu’un collier de perles. (P. 425)
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Parker a gloussé. « Dites à Clemons que ça illustre parfaitement la nécessité de confier la buanderie aux femmes. Qu’on les envoie dans l’espace, très bien, mais qu’on tienne compte de leur expertise, au moins. »
Bien. C’était donc un authentique connard. 
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Sur Terre, même les gens qui n’appréciaient pas particulièrement le programme spatial se passionnaient pour tout ce qui venait de la Lune. Je suppose qu’après plusieurs millénaires à idéaliser cet endroit, il faut un bon moment pour se défaire des mythes et des légendes qui lui sont attachés.
Grissom et moi avions suffisamment volé ensemble pour que la check-list ne soit qu’une affaire de routine. Mais nous ne sautions pas la moindre étape. Routine ou pas, météo ou pas, nous restions assis sur une grosse bombe, en quelque sorte.
Amusant… comme on s’habitue à tout.
Deux heures plus tard, nous avions fini la préparation, les passagers étaient tous sanglés à leur siège. Grissom m’a jeté bref un coup d’œil en hochant la tête. « Allumons cette bougie. »
Les moteurs ont murmuré, presque silencieux à la surface lunaire. Nous avons décollé, l’accélération nous a donné du poids, comme si la Lune voulait nous retenir un peu. En bas, les cratères gris-brun se sont amenuisés, délavés par les flammes de notre tuyère.
J’ai dit qu’on s’habituait à tout. J’ai peut-être menti.
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